La responsabilité médicale du radiologue Docteur Isabelle Fortel Médecin légiste Anatomopathologiste Chef de service Service de médecine légale, Corbeil Essonne Expert près la Cour d’Appel de Paris Responsabilité médicale du radiologue 1/ responsabilité indemnitaire : -responsabilité civile -responsabilité administrative 2/ responsabilité pour sanctionner -responsabilité pénale -responsabilité ordinale La responsabilité indemnitaire est engagée : 1/ procédure civile : praticiens exerçant une activité libérale, praticiens hospitaliers exerçant une activité libérale, établissements de soins privés 2/ procédure administrative : praticiens hospitaliers (sauf si exercice libéral) - Médecins longtemps irresponsables : dommages subis attribués au destin - Arrêt de la Cour de cassation du 18 juin 1835 (arrêt Dupin) : responsabilité médicale reconnue, de type délictuelle - Arrêt Mercier, Cour de Cassation, 20 mai 1936 : responsabilité médicale de type contractuelle. Ne concernait que les médecins pratiquant une activité libérale, les établissements de santé privés - Loi du 4 mars 2002 (Code de Santé Publique : CSP) Arrêt Mercier, 1936 « il se forme un contrat comportant pour le médecin l’engagement sinon bien évidemment de guérir le malade ce qui n’a d’ailleurs jamais été allégué, du moins de lui donner des soins non pas quelconques mais consciencieux, attentifs, les réserves faites de circonstances exceptionnelles conformes aux données acquises de la science» Responsabilité médicale de type contractuel • Suppose un contrat avec des obligations pour les deux parties : le médecin a la charge des soins au patient et celui ci a la charge de le rémunérer (peut être gratuit) • Inexécution des obligations d’une des parties : art 1142 et 1147 CCiv = réparation du dommage • Contrat oral Responsabilité médicale de type contractuel Obligations du médecin : 1/ obligations de soins : obligation de moyens prodiguer à son patient des soins consciencieux, attentifs et conformes aux données acquises de la science 2/ devoir d’humanisme recueillir le consentement du patient et de l’informer Responsabilité médicale de type contractuel Basée sur une faute pas de définition juridique de la faute Faute = anomalie que le professionnel de santé placé dans les mêmes circonstances normalement diligent et compétent n’aurait pas dû accomplir : « référence au standart du bon médecin » Soins : attentifs consciencieux et continus Soins conformes aux données acquises de la science : référence à des données sûres, validées au moment du dommage Faute si le professionnel n’a pas tenu compte des nouveautés Nature des soins : actes positifs et abstentions Loi du 4 mars 2002 texte de référence : art. L 1142 - 1 -alinéa 1 Code de la Santé Publique : «hors le cas où leur responsabilité est encourue en raison d’un défaut de produit de santé, les professionnels de santé mentionnés à la 4ème partie du présent corps ainsi que tous les établissements, services ou organismes dans lesquels sont réalisés des actes individuels de prévention, de diagnostic ou de soins ne sont responsables des conséquences dommageables d’actes de prévention, de diagnostic ou de soins qu’en cas de faute..» ce texte pose le principe de la responsabilité pour faute en l’assortissant d’une exception (défaut d’un produit de santé) ce texte concerne tous les professionnels : médecins, sage femmes, pharmaciens et auxiliaires médicaux et tous les établissements publics ET privés Loi du 4 mars 2002 • Réaffirme la responsabilité contractuelle (arrêt Mercier) • Principe de la responsabilité médicale : basée sur une faute • Unifie la faute en matière judiciaire et administrative • La faute n’a pas de définition précise • Ignore la distinction entre faute de type contractuel et délictuel • Est contenue dans le Code de Santé publique Responsabilité médicale de type délictuel 1/ responsabilité du fait des choses 2/ responsabilité du fait d’autrui : si le personnel accomplit des actes directement sous l’ordre du médecin (actes sous contrôle médical) = le praticien est responsable à l’égard du patient des faits commis par ce personnel Responsabilité médicale pour faute 1/ faute médicale (gravité de la faute indifférente) - technique - éthique 2/ faute dans l’organisation et le fonctionnement du service Exceptions au principe de responsabilité pour faute : – aléa thérapeutique (régime spécifique d’indemnisation) – Infections nosocomiales – Dommages liés aux produits de santé défectueux La faute médicale 1/ Faute technique : manquements aux règles de l’art, aux données acquises de la science (pratiques actuelles, performantes et accessibles à la connaissance) -faute dans l’établissement du diagnostic -faute dans la réalisation de l’acte médical -faute dans la prescription du traitement -défaut de surveillance 2/ Faute d’imprudence et de négligence La faute médicale 3/ Fautes contre l’humanisme : = manquements du médecin à son devoir de déontologie: -défaut d’information -défaut du recueil du consentement -violation du secret médical (art L1104-4 CSP) Responsabilité médicale indemnitaire : (civile, administrative) 1/ existence d’une faute 2/ préjudice ou dommage Certain, direct, personnel Corporel, moral, matériel Preuves apportées par la victime SAUF en cas de défaut d’information : c’est au médecin de prouver qu’il l’a bien délivrée 3/ lien de causalité rapport de cause à effet direct entre le fait dommageable et le dommage Certain et direct Responsabilité médicale indemnitaire (civile, administrative) Préjudice lié au défaut d’information = préjudice d’impréparation Sauf Urgence (n’étant pas informé le patient n’a pas su se préparer à l’éventualité de sa survenance) Art L1111-2 CSP : toute personne a droit d’être informée sur son état de santé Donner une information loyale, claire et appropriée sur son état, sur les investigations et les soins qu’on lui propose Obligation du professionnel d’informer son patient sur l’ensemble des risques même exceptionnels Renversement de la charge de la preuve Responsabilité médicale indemnitaire (civile, administrative) Procédure propre à la loi du 4 mars 2002 Principe de réparation en cas d’aléa thérapeutique (Arrêt Bianchi 1993) : - indemnisation par la solidarité nationale (Oniam) - et -procédure de règlement amiable (CCI) CCI : commission de conciliation et d’indemnisation règlement des affections iatrogènes, nosocomiales, et aléas thérapeutiques Règlement par l’Oniam et si faute par l’assureur Procédure rapide, simple, gratuite Concerne les accidents graves La responsabilité pénale Responsabilité pénale • Sanction des comportements interdits par la loi (Code Pénal) • Responsabilité du fait personnel : = TOUS les médecins sont concernés quelles que soient leur modalités d’exercice = assurance professionnelle ne couvre pas les sanctions Responsabilité pénale Différents types de fautes : -imprudence, négligence -maladresse, inattention -manquement délibéré à une obligation particulière de prudence ou de sécurité prévue par la loi ou le règlement -acte d’omission - non assistance à personne en péril (art 223-6 CP) Responsabilité médicale Infractions pénales : • Homicide involontaire • Blessures involontaires • Violation du secret médical • Exercice illégal de la médecine Responsabilité du radiologue 1/ lors de l’indication de l’examen 2/ information du patient 3/ lors de la réalisation de l’examen 4/ lors de l’interprétation 5/ la rédaction du compte rendu Responsabilité du radiologue 1/ lors de l’indication de l’examen Le radiologue reste juge de l’indication de l’examen Il contrôle l’opportunité et la nature de l’examen en prenant en compte la pathologie du patient en analysant la balance risque et bénéfice La responsabilité engagée est parfois partagée avec le prescripteur. Responsabilité du radiologue 2/ L’information du patient Obligatoire même oralement Responsabilité partagée du prescripteur et du radiologue Conserver une trace Responsabilité du radiologue 3/ la réalisation de l’examen -Etre attentif à la réalisation technique et à l’environnement (positions spécifiques, âge , pathologie du patient…) -Sur le plan technique : Vérifier que les conditions techniques sont réunies Technique dans les respects dans les règles de l’art Nombre et choix des clichés sous la responsabilité du radiologue Clichés doivent être Irréprochables Responsabilité du radiologue 4/L’interprétation : - obligation de moyens : la responsabilité n’est pas engagée s’il s’agit d’une erreur ou d’un défaut de diagnostic surtout si celui ci est difficile MAIS - responsabilité engagée si l’erreur relève d’une négligence ou d’une ignorance des données acquises de la science ou si le radiologue n’a pas mis tous les moyens à sa disposition pour obtenir une interprétation correcte (par ex : nombre de clichés) 5/ La rédaction du compte rendu Conclusion Responsabilité médicale indemnitaire : procédure civile (praticiens libéraux) et administrative (praticiens hospitaliers) -Loi du 4 mars 2002 -Basée sur une faute Responsabilité pénale : sanction -comportement interdit par la loi (Code Pénal) - TOUS les médecins Je vous remercie de votre attention