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UNE AFFAIRE CLASSÉE
AU XIVE SIÈCLE
ESSAI
EMMANUELLE DUPONT
15.58
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Couverture: Classique
[Roman (130x204)]
NB Pages: 194 pages
- Tranche: 2 mm + (nb pages x 0,055 mm) = 12.67
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Une aaire classée au XIVe siècle
Essai
Emmanuelle Dupont
777045
Essai / Etude autres
EMMANUELLE DUPONT
UNE AFFAIRE CLASSÉE AU XIVE SIÈCLE
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Préface
Les faux documents sont aussi anciens que l’écriture.
Il existe à ce sujet, au temps de Charlemagne, un antécédent
fameux que nous livre un historien contemporain1 :
« Les bureaux pontificaux sont de grands spécialistes de
faux en écriture. Falsification de documents, fabrication de
fausses chartes : à Rome, on ne recule devant aucun
mensonge pour renforcer la diplomatie. Le chef-d’œuvre date
justement du VIIIè siècle, et sera utilisé au cours des
négociations avec Charlemagne, c’est la fausse Donation de
Constantin. A une date que l’historien de l’Eglise Eugen Ewig
situe aux alentours de 774-778, la chancellerie pontificale
fabrique une fausse charte de l’empereur Constantin, qui, au
début du IVe siècle, avant de s’installer à Constantinople,
aurait donné au pape Silvestre le gouvernement de Rome, de
l’Italie et de la partie occidentale de l’empire. Ce document
est utilisé par Hadrien Ier, puis par Léon III pour légitimer
leurs revendications sur les ex-territoires byzantins de l’Italie.
Curieusement, une fraude aussi énorme ne soulève ni
1 Georges Minois : « Charlemagne ».
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soupçons ni protestations. Elle ne sera dénoncée que sept
siècles plus tard, en 1440, par l’humaniste Lorenzo Valla,
dont la Declamatio ne sera imprimée qu’en 1517 par le
luthérien Ulrich von luthérien Ulrich von Hütten. ».
Au décours d’une recherche sur Jean, seigneur de Thil-
en-Auxois, connétable de Bourgogne en 1345, j’avais
accumulé des informations sur une famille princière, celle
des Châteauvillain, qui est liée de très près à celle du
connétable. Ce sont les incohérences du discours officiel sur
la descendance de ce dernier qui m’ont amenée à entamer
une seconde recherche dont le résultat m’a semblé assez
étonnant pour en faire l’objet de cet ouvrage.
Jean, sire de Thil, est mort vers 1355 et un héritier mineur
lui a succédé, nommé Jean également. Ce dernier sera donc
seigneur de Thil-en-Auxois, puis héritera du fief important de
Châteauvillain en Champagne dont il prendra le nom.
Notre récit se situe durant la Guerre de Cent ans. Le
désastre de Poitiers en septembre 1356, a entraîné la mort
de beaucoup de grands seigneurs, proches du roi Jean le
Bon, dont celle du jeune sire de Châteauvillain.
Cette défaite a une autre conséquence : des bandes de
soldoyers, débauchés après la bataille, se répandent dans les
campagnes avec leurs armes et entretiendront la désolation
dans le royaume de France avant que Charles V ne mette fin
à ce désordre. C’est dans ce cadre que survient l’épisode,
mille fois raconté dans la chronique Bourguignonne, de la
prise en 1366 de la forteresse de Thil-en-Auxois par un
détachement de routiers, mené par le « Petit d’Arby » et de
la mise à rançon de la dame de Thil.
Cependant le récit qui nous est fait de l’épisode par les
historiens ne concorde pas avec les textes rédigés à l’époque.
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L’identité de la dame de Thil semble en conséquence bien floue
et plus encore celle du mineur qui serait son fils, celui-là même
qui héritera vers 1389 de la seigneurie de Châteauvillain.
Le connétable Jean de Thil aurait épousé Jeanne de
Châteauvillain en Champagne vers 1345. Le frère de Jeanne
est Jean, seigneur de Châteauvillain, qui est donc mort à la
bataille de Poitiers en 1356, sans avoir encore été marié.
Jeanne aurait ainsi hérité Châteauvillain de son frère.
De son mariage avec Jean de Thil serait né un fils, héritier
des deux terres, Jean de Thil-Châteauvillain, que nous
appellerons Johannis de Thillio pour le différencier de Jean
de Thil, contable de Bourgogne. La réalité de ce mariage
constitue une vérité intangible que toutes les sources
autorisées présentent comme une certitude.
Johannis de Thillio a certes hérité des deux domaines,
mais notre recherche met en évidence une filiation
beaucoup moins simple que la tradition ne l’indique.
Il existe en fait un texte et un seul qui affirme la filiation
de Johannis de Thillio. Ses contemporains, puis les
généalogistes à leur suite ont tous considéré la réalité de son
état civil sur la foi de ce seul document dont les commentateurs
du XIXe siècle ont relevé le caractère « bizarre ». Il s’agit du
testament de Marie de Châteauvillain, sœur de Jeanne, dont le
lecteur pourra prendre connaissance au fil de ces pages.
Si ce mariage n’a pas existé, qui donc est Johannis et
comment a-t-il pu hériter de Châteauvillain ? Ce sont les
petits rébus que je me suis attachée à essayer de résoudre,
rébus qui mettent en scène un personnage célèbre. Il s’agit
d’Arnaud de Cervole, chef de Grandes Compagnies, dont la
mort violente et inexpliquée pourra prendre du sens au
travers de ce récit.
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