me physique (e.g., les lancers de projectiles, les coups portés sur une person-
ne). Par ailleurs, les motivations et les intentions des auteurs des comduites
d’incivilité paraissent très variées: la déception, la frustration, le désir de se
faire entendre, de se distinguer des autres, etc. On y reviendra plus loin.
Enfin, les espaces dans lesquels ces actes se manifestent sont également de
nature différente. Le plus souvent, il s’agit d’espaces ouverts au public (rue,
transports en commun, bureaux de poste, commerces, écoles), mais il peut
également s'agir d'espaces privés, par exemple au sein des entreprises. On
s’aperçoit, alors, que la notion d’incivilité comprend de multiples facettes,
tout comme d'ailleurs celle d'insécurité (Amerio & Roccato, 2004). Par com-
séquent, vouloir en donner une définition trop stricte serait nécessairement la
réduire à un cadre interprétatif spécifique. Sans prétendre à l'exhaustivité, on
l’abordera ici en tant que conduite fondamentalement sociale.
Le caractère interactif de l’incivilité
L’incivilité sous toutes ses formes n’est pas un simple comportement
individuel, mais le résultat d'une interaction entre l’acteur et l’objet (Moser,
1992) ou plutôt entre les acteurs et l'enjeu, réel ou imaginaire, de leur con-
frontation. Et cet enjeu a toujours un caractère social.
Quelques exemples issus de la présente enquête exploratoire permet-
tent d’illustrer ce point. Au guichet un client présente directement sa de-
mande sans saluer l’employé: “Un billet pour Paris” (client A de la
SNCF
)
ou “100 euros” (client B de La Poste souhaitant effectuer un retrait d’espè-
ces). Il peut paraître à première vue que de telles conduites, pouvant être
perçues comme relevant de l’incivilité par absence de politesse, n’ont pas
de motifs particuliers ni de buts précis. Alors on les expliquera par exemple
par le fait que le client “manque d’éducation” (Agent
SNCF
, Gare du Nord)
ou encore parce que “notre société va de plus en plus mal” (Employé de La
Poste, bureau ‘climat d’insécurité’). De même, une dégradation du matériel
par un employé C des Galeries Lafayette pourrait être imputée à sa “deres-
ponsabilisation” (Manageur des Galeries Lafayette). Toutefois, en prenant
connaissance de nombreux témoignages, on peut se rendre compte que la
réaction qualifiée d’”incivile” est fréquemment décalée dans le temps par
rapport à la situation de départ. C’est précisément ce décalage qui induit en
erreur lorsqu'on essaie d’attribuer cette réaction (que l’on a tendance à per-
cevoir comme un événement en soi, complet, auto-suffisant) à la personna-
lité de l’individu, ou encore à des processus sociaux dont on a pour tout dire
une théorie naïve.
En examinant les ‘antécédents’ possibles de ces conduites, on pour-
rait, par exemple, voir que le client A subit presque quotidiennement des
annulations et des retards de trains, quelle qu'en soit la raison, qui pertur-