consacrées à l’étude des textes médicaux et à la clinique,
les années suivantes à la thérapeutique. La préparation
des médicaments - cueillette, collecte et fabrication -
fait aussi partie des études.
Au cours de la première année, on apprend le Tantra de
base. La physiologie et la physiopathologie tibétaines
intègrent les quatre humeurs de la tradition méditer-
ranéenne, les trois humeurs de la tradition indienne,
les souffles qi et le principe yin-yang de la tradition
chinoise.
La vision du corps et de la maladie est dominée par la
culture ayurvédique. L’espace est occupé par les cinq
éléments (air, feu, eau, terre et éther). Le corps véhicule
trois humeurs (ou Nyepa) rLung, mKhris-pa et Bad-
kan (chacune possédant cinq formes). Il est soumis à
trois poisons, causes à long terme du déséquilibre des
trois humeurs et de l’apparition des maladies : le désir,
la haine et l’ignorance.
Le rôle du médecin est de maintenir ou de rétablir
l’équilibre de ces humeurs.
Le climat et les saisons, l’influence des esprits, des er-
reurs de régime alimentaire et/ou un comportement
inadéquat sont les facteurs déclenchant la maladie [4].
Le diagnostic dans la médecine tibétaine est appris au
cours de la troisième année. Il consiste à évaluer le dé-
séquilibre des Trois Humeurs et s’appuie sur l’obser-
vation (examen du teint, des yeux, de la langue et des
urines (mirées, humées, fouettées) ; la palpation (prise
des pouls radiaux) et l’interrogatoire.
Il est important qu’avant le temps de l’examen, le pa-
tient soit aussi reposé que possible. De même pour le
médecin. Celui-ci place l’index (à un demi pouce du
pli du poignet), le médius et l’annulaire sur les artères
radiales. Le médecin explore le pouls des deux mains,
en commençant par le poignet gauche pour l’homme
et par le poignet droit pour la femme. Il existe un déca-
lage net dans la position des doigts : ils sont plus proxi-
maux au Tibet qu’en Chine [5].
 partir de la 4ème année, pour le futur médecin tibétain
ou « amchi », l’apprentissage est clinique et pratique. Il
se déroule dans les hôpitaux.
Nous ne nous sommes pas intéressés, faute de connais-
sance préalable et d’intérêt personnel, à l’astrologie tibé-
taine qui entre dans le cursus de ces études et dans la di-
mension thérapeutique de cette médecine traditionnelle.
Principales indications et traitements
Les pathologies aiguës les plus courantes correspondent
aux sphères ORL et digestives. La grippe et la tubercu-
lose pulmonaire sont très rares (ce qui n’est pas le cas
pour les tibétains exilés en Inde).
Les rhumatismes articulaires aigus et chroniques sont
fréquents surtout en raison de la précarité des condi-
tions de travail et du manque de moyens techniques.
C’est une zone de forte parasitose : gale, ténia, ascaris
et trichocéphale.
Les patients que l’on a pu voir à l’hôpital et en consul-
tation présentaient pour la plupart des problèmes hé-
patiques liés à l’alimentation carnée et grasse, à l’alcool
et aux hépatites virales.
Il y a quatre sortes de traitements : des conseils sur le
régime alimentaire et sur le mode de vie, des médica-
ments et les soins externes dont la chirurgie (voir le
thangka en couverture) [8].
La riche pharmacopée tibétaine est composée à 95 %
de plantes. Certaines sont d’origine chinoise, indienne
ou népalaise, mais la plupart sont tibétaines. Des subs-
tances d’origine minérales et animales sont également
utilisées. Des minéraux et métaux précieux entrent
dans la composition de certaines pilules désignées sous
le nom de Rinchen rilpo.
Les médicaments traditionnels tibétains se présentent
sous la forme de billes d’une dizaine de millimètres de
diamètre résultant de l’agglomération des substances
thérapeutiques préalablement réduites en poudre. Elles
sont absorbées dissoutes dans de l’eau bouillante.
Le traitement physique peut comporter des massa-
ges, des moxas, des cautérisations à l’aide de stylet ou
d’aiguille en or (chauffés à une flamme) ou de pierre
(chauffée par frottement sur une planche de bois).
Les maladies chroniques répondent bien à la médecine
tibétaine dont les médicaments n’ont pas d’équivalents
en occident. Leur commercialisation n’est pas autorisée
dans nos pays.
Patrick Sautreuil, Pilar Margarit Bellver
Acupuncture & Moxibustion
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