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Le directeur exécutif du Fond
d'aide au développement scientifique et
technologique (FONDEF), Jorge Yutro-
nic, affirme que : « Entre toutes les
transformations qui nous ont envahis, les
dernières décennies ont été caractérisées
par la révolution technologique (...) qui
se reflète dans la quantité de produits,
processus et services qui ont été géné-
rés. »2 Il ajoute que : « le Chili ne se
maintient pas à l'extérieur de ce proces-
sus mondial et vit actuellement un mo-
ment particulier de son histoire, considé-
ré par certains comme singulièrement
avantageux pour le pays. »3 Selon ses
dires, un autre changement d'importance
est la globalisation du marché, ce qui
signifie une économie ouverte et partici-
pative à l'intérieur de laquelle existe sur
l'ensemble du globe une circulation de
produits et de gens échangeant leurs
connaissances scientifiques et technolo-
giques. Yutronic affirme également que
le Chili devance les autres pays de
l'Amérique latine parce qu'il est cons-
cient de ces changements et qu'il s'y en-
gage. Il ajoute que l'économie chilienne
a obtenu jusqu'à maintenant certaines
réussites et que ce pays est un exemple
de développement économique pour
d'autres nations qui éprouvent des diffi-
cultés. Cependant, il précise que la crois-
sance économique nécessitera la partici-
pation de tous les Chiliens, c'est-à-dire
que ceux-ci doivent s'approprier les mé-
canismes de développement technologi-
que. Cependant on ne peut changer un
pays aussi traditionnel en un pays inno-
vateur du jour au lendemain. Les univer-
sités se coordonnent donc au sein d'un
programme « Cultura de la inovacion »
pour diffuser le concept et faire ressortir
la portée économique et sociale de l'in-
novation technologique. Ce programme
cherche ainsi à imprégner la culture chi-
lienne d'une mentalité plus novatrice.
DES OBSTACLES AU DÉVELOP-
PEMENT TECHNOLOGIQUE
Effectivement, le Chili s'est en-
gagé au changement technologique.
Mais il rencontre sur son chemin des
difficultés ou des embûches qui ralentis-
sent sa marche. La principale difficulté
est sa dépendance envers le capital
étranger. Malgré différents programmes
incitant à la recherche scientifique et
technologique au pays, l'État y investit
encore trop peu. En effet, le Chili pré-
sente un faible taux d'investissement en
recherche et développement; il y consa-
cre seulement 0,38 % de son produit
intérieur brut (PIB). Si nous nous fions
au pourcentage du PIB des investisse-
ments des pays développés en recherche
et développement (1,35 % au Canada en
1989), le taux chilien devra augmenter
considérablement pour produire les ef-
fets de créativité, de productivité et de
compétitivité que désire le gouverne-
ment, pour autant qu'il existe une rela-
tion claire entre les niveaux de dévelop-
pement et les taux d'investissement en
recherche et développement dans les
pays développés. Comme la plupart des
pays de l'Amérique latine, le Chili a re-
cours à la Banque Interaméricaine de
Développement, qui incite l'innovation
par des mécanismes financiers, pour
assumer un rôle actif dans l'application
de ses politiques de développement
scientifique et technologique. Cepen-
dant, la bourgeoisie chilienne est une
bourgeoisie de commerçants réfractaires
à l'innovation : « Attachée au cordon
ombilical de la terre, »4 elle investit peu
dans les innovations technologiques chi-
liennes; « elle se met plutôt à genoux
devant l'autel de la technologie des pays