Le fait d’avoir une médecine à deux vitesses, avec d’un côté le système publique (gratuit) et
privé a des conséquences directes sur la médecine et les patients. Une radiographie du thorax,
faite dans un hôpital publique se faite seulement sur un hémi thorax, le côté demandé, et non
les deux poumons. Ceci pour économiser de l’argent.
Les consultations chez les spécialistes illustrent également ce principe : un patient dans le
système publique attend en général plus d’un an pour avoir sa consultation si le pronostic vital
n’est pas en danger. Néanmoins, une lésion de la peau peut se transformer en un an en un
carcinome sans que le patient n’ait eu le temps de voir un dermatologue ! Alors que dans le
privé, une consultation se prend beaucoup plus facilement et avec les meilleurs médecins.
Chaque jeudi après-midi est consacré à une réunion axée sur la discussion des cas les
plus préoccupants :
- patients dépressifs qui ne viennent plus en consultation depuis un an, que sont ils devenus ?
Sont ils toujours sous traitement ? Pour la patiente en question, un médecin et un psychologue
sont allés lui rendre visite sans l’aviser pour voir comment elle allait. Le faite de voir des
personnels médicaux qui s’inquiétaient d’elle l’a vraiment touché et elle a accepté de
reprendre des rendez vous réguliers avec le psychologue !
- parents ayant pris de la pasta base (un dérivé de la cocaïne qui entraine par les suites une
agressivité..) et dont on ne voit plus les enfants à l’école. Ces enfants sont ils en danger, sont
ils victimes de sévices, sont ils en train de travailler alors que cela est interdit ? Un médecin
est donc allé voir si les enfants allaient bien.
- Un patient atteint de schizophrénie non traitée qui se prend pour le président du Chili et
devenant agressif s’il est confronté à un refus d’autrui. Ce patient est il devenu une menace
pour la société, doit on le faire interner dans un service de psychiatrie ? Donc visite à domicile
par un psychologue.
Ceci ne sont que les quelques cas dont l’équipe a discuté pendant mon mois avec eux.
J’ai également assisté à des consultations faites par les nutritionnistes pour conseiller
les patients atteints de diabète, d’hypercholestérolémie, obésité etc. En effet, la population
présente 80% de surpoids et 30% d’obésité!!! Ceci s’explique par le faite que le sport n’est
pas dans les coutumes, associé à une alimentation très riche en graisses (avocat, friture..). De
plus, les personnes n’ont pas l’habitude de cuisiner des légumes, qui servent juste à
assaisonner les plats, et ne parlons même pas des poissons (cela coûte trop cher pour un
individu de salaire bas ou moyen).
Dans cette clinique, se trouve un centre de rééducation, avec des kinésithérapeutes.
Les patients viennent donc pour se rééduquer avec des machines, se soigner avec des
manipulations... Les kinésithérapeutes adaptent les patients aux béquilles, une chose
important puisque cette clinique se trouve dans la campagne (beaucoup de côtes et de chemins
non entretenus).
J’ai suivi une infirmière lors de visites à domiciles qui avaient pour but de coter le
degré de handicap de certains patients. Si un patient a au-delà d’un certain degré, on l’intègre
au programme « immobilité » qui permet aux patients d’avoir des visites de médecin, kiné,
infirmières, aides soignants, au minimum une fois par mois.
C’est à ce moment la que se note les inégalités sociales qui sont présentes dans ce village :
une femme a sa chambre toute équipée pour elle, salle de bain incluse, avec une infirmière
privée qui vient tout les jours. Cinq minutes plus loin, se trouve une adolescente ayant des
malformations congénitales qui ont empirées suite à l’absence de soins, dans une maison qui
n’a même pas de fenêtres…