8 | 23 JANVIER AU 5 MARS 2017
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Santé
L’effet placebo conscient
De récentes recherches indiquent que les comprimés sucrés, sans principes
actifs, s’avèrent efficaces même lorsque le patient sait qu’il s’agit d’un placebo.
Selon l’American Chiropractic Association,
les Américains dépensent chaque année
plus de 50 milliards de dollars dans le trai-
tement de leurs maux de dos, à noter que
cette estimation ne concerne que les coûts
identi ables directement.
En y ajoutant les pertes de revenus et la
baisse de la productivité, les coûts doublent,
d’après les calculs de l’American Academy
of Pain Medicine – soit 100 milliards de
dollars. Cependant, une nouvelle étude,
publiée dans le numéro d’octobre dernier
de la revue Pain, suggère que les patients
ressentiraient de réels soulagements avec
un simple placebo – même lorsqu’ils sont
conscients du faux-semblant. Font o ce
de placebo une pilule à base de sucre ou
un comprimé de cellulose inactif.
Le coauteur de cette étude, Ted Kapt-
chuk, directeur du programme d’études
des placebos au centre médical Beth
Israel Deaco-
ness et profes-
seur à l’école
de méde-
cine de Har-
vard, a rme
que ces résul-
tats peuvent
modi er
notre compréhension sur ce qui provoque
l’e et placebo. D’après lui, le phénomène est
bien plus compliqué qu’une simple admi-
nistration de pilules sucrées. «C’est une
question de symbole, comme le stéthos-
cope. Ce sont les rituels répétitifs tels que
la prise de comprimés, l’interaction entre
le patient et son clinicien qui apporte un
soutien a ectif, ainsi qu’une con ance
mutuelle qui s’instaure. Voilà les ingré-
dients qui sont actifs.»
L’étude
Une centaine de patients atteints de lom-
balgie chronique ont été sélectionnés après
avoir reçu une explication de 15 minutes
sur l’e et placebo. Les sujets étaient ensuite
répartis au hasard dans l’un des deux
groupes: celui des traitements classiques
et celui des placebos.
Les participants du groupe sous place-
bos ont reçu un acon de médicaments
étiqueté «placebos», avec la directive de
prendre deux capsules deux fois par jour.
Les participants des deux groupes
devaient poursuivre leurs traitements
médicaux durant les trois semaines de
l’étude (principalement des anti-in amma-
toires non stéroïdiens comme l’aspirine et
l’ibuprofène, les personnes sous opioïdes ne
pouvant pas participer). Les sujets n’étaient
pas autorisés à modi er leur mode de vie
par de nouvelles habitudes qui auraient pu
avoir un impact sur leur douleur, comme se
lancer dans un programme sportif.
Au terme des trois semaines de prescrip-
tion, le groupe sous placebos a signalé une
réduction de 30% de la douleur habituelle,
mais aussi du niveau de la douleur maxi-
male; le groupe sous traitement classique
témoignait respectivement de 9% et 16%
de réduction
seulement.
Le groupe
sous place-
bos a égale-
ment présenté
une baisse de
29% des han-
dicaps liés à la
douleur, tandis que l’autre groupe n’a res-
senti aucune amélioration.
La plupart des patients du groupe sous
placebos s’étaient avoués sceptiques avant
le traitement, mais, à la n de l’étude, plu-
sieurs d’entre eux ont demandé une pres-
cription de ces mêmes placebos. Dans cer-
tains cas, la réduction de la douleur était
si importante que les participants étaient
convaincus d’avoir pris de vrais médi-
caments. Trois participants ont déclaré
que les fausses pilules «ont été si e caces
qu’elles devaient contenir quelque chose».
L’e et placebo
De simples comprimés sucrés ont-ils
vraiment un pouvoir de guérison? C’est
plus complexe que cela, nuance M.Kapt-
chuk. L’interaction des professionnels de
la santé avec les patients joue aussi un rôle
essentiel, précise-t-il.
«Autrement dit, le médecin fait par-
tie du médicament. L’in rmière fait par-
tie du médi-
cament. Le
chiroprati-
cien fait par-
tie du médi-
cament. Ils
représentent
quelque
chose de
plus que les outils médicaux dont ils dis-
posent», précise M.Kaptchuk.
Un sondage de 2008 révélait qu’environ
50% des médecins américains prescri-
vaient des placebos à leurs patients si aucun
traitement e cace n’était disponible – car
dans bien des cas, les placebos permettent
aux patients de se sentir mieux – même
si selon la politique de l’American Medi-
cal Association, les médecins ne peuvent
y avoir recours pour faire des diagnostics
ou des traite-
ments qu’avec
l’accord de
leurs patients
informés.
Dans les
faits, il n’est
pas nécessaire
de dissimuler
le placebo, au contraire, pour M.Kaptchuk,
celui-ci joue clairement un rôle essentiel
dans l’identi cation de remèdes e caces.
Il explique pourquoi: «En les utilisant
vous apprenez si le médicament ajoute vrai-
ment quelque chose aux soins et au contexte
de la relation prescripteur patient.»
Voilà qui met en évidence l’apport le
plus important de l’étude de M.Kapt-
chuk: on prend conscience que les traite-
ments médicaux dépassent le simple cadre
des médicaments, des procédés et de la
chirurgie. Dans un monde de soins fon-
dés sur les données probantes, il est facile
d’oublier que les relations et les systèmes
de croyance en la médecine conservent
encore un pouvoir de guérison substan-
tiel. «Il s’agit d’activer les propriétés d’au-
toguérison dont nous sommes tous pour-
vus», con e M.Kaptchuk.
D’autres études
Quatre études précédentes avaient testé
l’e et d’une prescription de placebos faite
en toute franchise, toutes indiquaient
que cette pratique était béné que pour le
patient.
L’enseignement principal de ces études
venait des observations de patients atteints
du syndrome du côlon irritable (SCI). À
l’instar de la recherche sur le mal de dos, les
études IBS montrent d’importants avan-
tages, contrairement à une absence de trai-
tement.
M.Kaptchuk souhaite voir ces études
reproduites sur de plus grandes popula-
tions et sur de plus longues périodes. Tou-
tefois, il espère que son travail pourra déjà
aider les médecins à réaliser que les pla-
cebos peuvent être e caces même si les
patients comprennent ce qui se passe. Il
estime que ces derniers apprécieront juste-
ment cette honnêteté et cette transparence.
Conan Milner
Époque Times
La relation entre le médecin et son patient représente un enjeu inestimable dans le traitement.
CANDYBOXIMAGES/ISTOCK
Dans certains cas, la réduction de la douleur était si importante que les participants étaient
convaincus d’avoir pris de vrais médicaments.
PIXABAY.COM
« Il s’agit d’activer les propriétés
d ’autoguérison dont nous sommes
tous pourvus. » – TedKaptchuk
Ces résultats peuvent modi er
notre compréhension sur les causes
qui provoquent l’e et placebo.
L’avocat, un puissant antioxydant
Quelle pensée vous vient à l’esprit à la vue
d’un avocat? C’est un fruit importé. Certes,
la démarche n’est pas très écologique,
cependant l’avocat est l’un des champions
de la protection contre les radicaux libres.
Il est bien connu que l’avocat a de puis-
santes vertus anti-in ammatoires et pré-
vient les maladies cardiaques et vasculaires.
Il contient également une petite quan-
tité de sucre, est riche en bres, a un faible
indice glycémique et un e et anti-cancer.
Toutefois, ce n’est pas tout! L’huile d’avo-
cat, selon les scienti ques, peut protéger nos
cellules, même lorsque le corps a beaucoup
de radicaux libres.
Les radicaux libres sont des molécules
actives qui accompagnent le développe-
ment de la maladie et conduisent au vieillis-
sement. Ils détruisent les molécules à par-
tir desquelles les cellules sont construites.
Les antioxydants contenus dans les
fruits et les légumes, comme les carottes
ou les tomates, protègent contre les radi-
caux libres. Le problème est qu’ils ne fonc-
tionnent pas au niveau des mitochondries.
Si les mitochondries – ces éléments dont
le rôle essentiel est d’assurer l’oxydation, la
respiration cellulaire, la mise en réserve de
l’énergie par la cellule et le stockage de cer-
taines substances – ne sont pas protégées,
la cellule meurt plus vite.
C’est un peu comme une fuite de pétrole
dans l’océan. Nous pouvons toujours
essayer de recueillir avec des bidons le
pétrole, si nous ne colmatons pas la fuite,
le pétrole formera une nappe et les pois-
sons mourront.
L’avocat protège les mitochondries
Une étude a constaté que l’huile d’avocat
a permis à des cellules de levure de survivre
même à des concentrations élevées de fer. Il
est à noter qu’une trop grande quantité de
fer dans l’organisme peut être dangereuse,
car il se produit une réaction chimique qui
augmente la quantité de radicaux libres.
L’huile d’avocat aide les mitochondries
à produire de l’énergie, même lorsqu’il y
a une concentration élevée de radicaux
libres. L’huile d’avocat n’est pas si répan-
due en Europe et elle est chère, mais cer-
tains scienti ques disent que l’huile d’olive
a une composition identique et peut agir de
manière semblable.
Cyril Belan
Époque Times
Il est bien connu que l’avocat a de puissantes vertus anti-in ammatoires et prévient les mala-
dies cardiaques et vasculaires.
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