ISCRA Méditerranée Institut Social et Coopératif de Recherche Appliquée 14, rue de la République 34 000 Montpellier Tél/fax/répondeur : 04 99 06 07 31 www.iscra.org Révéler les situations de stigmatisation : un enjeu de citoyenneté Olivier NOËL 1996 Résumé Cet article, interrogeant les pratiques et les stratégies professionnelles des agents intermédiaires (formateurs, correspondants en Mission Locale, agents ANPE, etc.) entre les jeunes d'origine étrangère et les entreprises, dévoile des systèmes de codage qui traduisent des situations de discrimination à l'occasion d'une recherche d'emploi ou de stage de formation. Il propose un basculement de la problématique telle qu’elle est (im)posée par les pouvoirs publics, à savoir que les jeunes, notamment ceux issus de familles immigrées, présentent un déficit de citoyenneté. L’auteur considère que l’enjeu de citoyenneté est de révéler, à la fois aux jeunes et à l'opinion publique, que l'origine étrangère, réelle ou supposée, constitue indéniablement un obstacle supplémentaire dans l'accès à l'emploi. Cet article s’appuie sur quatre années d'observation (1992-96) en tant que chargé de mission "jeunesse" à l'Observatoire de l'intégration en Languedoc-Roussillon. Il a été publié dans AGORA Débats/jeunesses, n°6, 4ème trimestre 1996, pp. 69-82. Révéler les situations de stigmatisation : un enjeu de citoyenneté JEUNESSES ET EMPLOI Qui sont les jeunes "immigrés" ? Existe-t-il des spécificités dans leur processus d'intégration ? La jeunesse comme transition(s) Pierre Bourdieu a dit de la jeunesse qu'elle n'était qu'un "mot". Pourtant, comme l'ont montré Olivier Galland1 ou encore Gérard Mauger, la jeunesse se dessine comme un nouvel âge de la vie. Au départ de ce mouvement, il y a bien entendu la prolongation de la scolarité. Elle a pris, depuis la Libération, une réelle ampleur. On peut parler jusqu'aux années 70 d'une véritable explosion scolaire (l'explosion universitaire suit à 10 ans d'intervalle). C'est le premier élément constitutif de la jeunesse. La jeunesse s'est constituée sur fonds de "crise économique" (ou du moins ce que l'on a nommé comme tel) depuis le début des années 70. Cette crise dont on parle depuis plus de 20 ans, symptôme du passage à une économie de service, a de nombreux effets sur le volume d'emploi disponible. Il n'est plus suffisant pour absorber la population active, ceci est particulièrement vrai pour la jeunesse qui se construit désormais comme un monde à part pendant ce temps d'insertion, de transition qui devient une donnée majeure de nos sociétés contemporaines. La jeunesse joue un rôle de révélateur. Le retard dans l'accès à l'emploi, ce que Gérard Mauger nomme la transition professionnelle, est le second élément constitutif de la jeunesse. La nouvelle représentation associée à la jeunesse est désormais celle de la génération sacrifiée sur "l'autel de l'emploi". L'apparition d'un "nouvel âge de la vie", celui que l'on nomme désormais jeunesse, transforme les conditions de cet âge ; il a des facettes multiples : c'est tout d'abord un allongement de la transition école-emploi. En 1954, 59% des jeunes étaient actifs à 16 ans et 80% à 18 ans, en 1987, ils ne sont plus que 1% à 16 ans et 27% à 18 ans. De la même façon, en 1968, on a 49% d'actifs contre 36% de scolarisés chez les moins de 25 ans, en 1990, ces données sont inversées, on compte 27% d'actifs contre 60% de scolarisés. C'est aussi un allongement de la transition familiale (surtout dans la période récente), qui est corrélatif à l'allongement de la transition professionnelle : le recul de l'âge du mariage est de 3 ans entre 1972 et 1987. De la même façon, l'âge médian de formation d'un couple est retardé de 1 an entre 1982 et 1987 et, de 1982 à 1989, le % de jeunes qui vivent chez leurs parents passe de 21 à 27%. Ce phénomène est révélateur du maintien de la dépendance économique tardive vis-à-vis de la famille. Doit-on parler de la jeunesse ou des jeunesses ? L'existence d'une nouvelle phase de la vie aux traits culturels communs (la socialisation dans la consommation) m'amènerait à penser qu'il existe une jeunesse. 1 GALLAND O., Sociologie de la jeunesse: l'entrée dans la vie, éd. Armand Colin, Paris, 1991. Olivier Noël Révéler les situations de stigmatisation 2 Pourtant le maintien des clivages sociaux et l'affrontement de cette période de transition avec des "atouts" (culturels, familiaux, économiques...) très différenciés m'amènent à dire qu'il existe plusieurs jeunesses au sein de la jeunesse. Je ferai mienne cette esquisse de typologie d'Olivier Galland qui distingue trois jeunesses : celle qu'il nomme la "Jeunesse traditionnelle" issue de la bourgeoisie et du milieu ouvrier artisanal, elle reproduit sans heurt le système qu’on lui a légué. La "Jeunesse prolongée" se compose d'étudiants issus des classes moyennes et d'ouvriers qualifiés, pour laquelle on observe une prolongation volontaire de cette transition pour repousser les engagements familiaux et développer la sociabilité amicale. Enfin une "Jeunesse en voie d'exclusion" qui connaît un allongement subi de cette phase de transition, fait de galère, chômage, petits boulots, précarité... La jeunesse est devenue la catégorie à insérer Le chômage juvénile se stabilise malgré une multiplication des "mesures" et une diminution importante du taux d'activité de cette catégorie d'âge. Le fonctionnement du marché du travail reporte, plus que dans d'autres pays, la pénurie d'emploi sur les moins de 25 ans. La plus importante des mutations dont rend compte le chômage juvénile est la tendance croissante de la jeunesse à rester au seuil de la vie active. Cela résulte d'une modification des conditions d'insertion professionnelle des jeunes. La part des jeunes actifs passe de 19% en 1970 à 12% en 1987. La part des moins de 25 ans dans les recrutements passe de 14% en 1977 à 8% en 1987. Cela se traduit par un développement des statuts précaires : seulement 56% de jeunes "stables" en 1990. Est-ce qu'on peut donner une définition de la jeunesse ? Pour Gérard Mauger2, « la jeunesse, c'est la séquence biographique qui s'étend de la sortie de l'appareil scolaire à l'entrée dans la vie active. Être jeune, c'est ne plus être à l'école et pas encore marié. C'est donc le moment de l'insertion professionnelle et des "choix", de la conquête de l'autonomie et des stratégies matrimoniales, le moment où "l'héritage" (capital économique, scolaire culturel, social, corporel) est convoqué pour que tout se joue et quand rien n'est encore joué ». Cette définition nous amène à envisager la jeunesse comme le processus d'une double transition : la transition professionnelle qui s'effectue de la sortie du système scolaire à l'obtention d'un emploi et la transition familiale qui s'opère entre la famille d'origine et la famille de procréation, selon les termes employés par Gérard Mauger. Une autre jeunesse ? Au sein de la jeunesse, il y a une jeunesse désignée spécifiquement : ce sont les jeunes dits "immigrés". Pour ces derniers, l'enjeu d'un accès à l'emploi et la création d'un foyer est double car il est le marqueur d'une insertion sociale et professionnelle et d'une intégration à la société d'installation. Il semble que l'on soit confronté à une véritable difficulté à décrire ce groupe social alors qu'il existe un consensus sur sa désignation. Doit-on les nommer jeunes d'origine étrangère, jeunes issus de l'immigration ou jeunes de la deuxième génération ? La première spécificité que l'on peut leur accorder réside dans le fait qu'au-delà de la double transition qui s'opère durant la jeunesse, entre le monde de la formation et le monde du travail et entre la famille d'origine et la nouvelle famille (de procréation), les jeunes issus de l'immigration effectuent une troisième transition, qui 2 MAUGER G., Les définitions sociales de la jeunesse : discontinuités sociales et évolutions historiques les politiques d'intégration des jeunes issus de l'immigration, éd. CIEMI/L'Harmattan, Paris, 1989. Olivier Noël Révéler les situations de stigmatisation 3 se greffe sur les deux précédentes, entre la culture d'origine traditionnelle (dont de nombreux travaux ont montré qu'elle était plus figée encore dans les familles en situation d'émigration) et une nouvelle culture que l'on peut nommer "plus moderne". Cette dernière transition est bien souvent génératrice d'une crise identitaire auprès de cette partie de la population jeune, le refuge dans une identité religieuse étant parfois la solution adoptée par certains. Pour Brigitte Fichet3, le fait de les désigner différemment devrait signifier qu'il existe une spécificité dans leur processus d'intégration et s'il n'y a pas de spécificité dans leur processus d'intégration, alors pourquoi les distinguer ? Ne serait-on pas en présence de ce que Erving Goffman4 nomme un processus de stigmatisation ? La tentative de Brigitte Fichet de mettre en perspective à la fois l'unité et la diversité de ce groupe social nommé particulièrement nous conduit à examiner les différents registres d'une manifestation éventuelle de cette spécificité. Premièrement, les catégories juridiques et statistiques (découpage opéré par les économistes ou encore les sociologues) ont une réelle utilité analytique. Pour autant, ces découpages ne correspondent pas à un découpage sociologique suivant les contours d'un groupe réellement existant. Deuxièmement, la nationalité et le lieu d'habitation sont des critères de discrimination de la catégorie "personnes issues de l'immigration". Or ces critères sont de moins en moins valables et conduisent à une absence de visibilité des populations d’origine étrangère. Donc, il semble qu'un certain nombre d'éléments (caractéristiques statistiques communes, situations sociales semblables et distinction, par les conditions sociales et économiques, d'autres ensembles de la population) nous permettent de définir une entité analytique pour le groupe des jeunes issus de l'immigration. En aucun cas, ces critères utiles à l'analyse ne permettent de définir l'existence d'un réel groupe social qui impliquerait d'autres éléments (interrelations entre ses membres, la conscience d'un "nous" différent et opposé à d'autres, la conscience d'intérêts communs, l'existence de stratégies de groupe et des organisations collectives ou politiques susceptibles de les porter). Une forte assimilation culturelle et une faible intégration professionnelle A cet égard, Didier Lapeyronnie5 a montré que les jeunes d'origine maghrébine ont des difficultés à construire un mouvement social autonome car ils sont privés d'une identité spécifique du fait de leur forte assimilation culturelle. Leur action collective entamée en 1983 ne porte pas sur une identité ou une culture, elle ne fait pas référence à un héritage, elle est plutôt fondée sur un ancrage territorial et concerne essentiellement le monde de la "banlieue". Le point de vue d'Ali Rachedi en 1986 (alors vice-président de l'association Chabab à Nanterre), qui a été un des acteurs de l'action collective des jeunes Maghrébins en France, souligne que « Les jeunes viennent dans les associations car ils sont stigmatisés, mais il n'y a pas dans les associations de revendications de type culturel, religieux ou identitaire ». D'ailleurs W. Thomas et F. Znaniecki insistent bien sur le fait que « ce n'est pas tant l'idée d'une origine commune qui détermine l'unité du groupe, que le groupe qui invoque ses origines comme facteur d'unification lorsque celle-ci apparaît problématique ». 3 FICHET B., "Peut-on parler d'une spécificité propre aux jeunes issus de l'immigration?", Les cahiers du CEMRIC, n°2, 1993. 4 GOFFMAN E., Stigmate, les usages sociaux du handicap, éd. de Minuit, Paris, 1975. 5 LAPEYRONNIE D. et DUBET F., Les quartiers d'exil, éd. du Seuil, Paris, 1992. Olivier Noël Révéler les situations de stigmatisation 4 Pour François Dubet6, nous nous trouvons face à un processus paradoxal : à la fois une forte assimilation culturelle et une faible intégration sociale due essentiellement à la massification du chômage. Nous entendons par assimilation la « distance culturelle (cette notion imprécise est à discuter et à approfondir) qui existe entre les groupes migrants et les groupes de la société d'accueil avec lesquels ils sont en relation ». La forte assimilation culturelle des jeunes immigrés se mesure par des attitudes culturelles plus proches des attitudes des jeunes Français de souche que des jeunes du pays d'origine. En effet, en France, les jeunes issus de l'immigration maghrébine notamment sont souvent porteurs des phénomènes de modes provenant des USA (tenues vestimentaires, musique...). Il semble que cette culture propre aux jeunes issus de l'immigration est une culture d'opposition à la fois à la culture du pays d'origine mais également à la culture adulte du pays d'accueil. On peut d'ailleurs se poser la question de savoir s'il s'agit d'une véritable assimilation culturelle au sens où l'entend François Dubet ou tout simplement une phase de transition culturelle qui viendrait renforcer la période d'indétermination (transition professionnelle et transition familiale) pour cette partie spécifique de la jeunesse que représentent les jeunes issus de l'immigration maghrébine. Cette forte assimilation des jeunes issus de l'immigration élève leur niveau d'aspiration sociale au moment où les conditions économiques y sont très défavorables. Le marché du travail n'a plus la capacité à intégrer sa propre classe ouvrière et les jeunes d'origine immigrée entrent, pour une partie importante, dans des secteurs économiques et sociaux de la société française les plus atteints par la crise. J'émettrai donc l'hypothèse que c'est cette situation paradoxale entre une forte assimilation culturelle et une faible intégration sociale et professionnelle qui crée le stigmate. La définition du stigmate donnée par Erving Goffman est la suivante : c'est « la situation de l'individu que quelque chose disqualifie et empêche d'être pleinement accepté par la société ». Je préfère la notion de stigmatisation (qui renvoie à une interaction entre deux individus) à celle de discrimination qui implique "le fait de séparer un groupe social d'un autre en le traitant plus mal". On est bien ici dans une relation individuelle employeur-demandeur d'emploi. D'ailleurs, ce quelque chose qui disqualifie le jeune Africain, Maghrébin ou Asiatique est un stigmate "tribal" (comme les nomme E. Goffman) lié à la couleur de sa peau, à son faciès. En l'absence de ce signe distinctif, la stigmatisation est moindre. La représentation des jeunes d'origine immigrée doit donc sa prégnance à la fonction qu'elle remplit de critère de stigmatisation. En ce sens, les jeunes issus de l'immigration sont devenus un objet de la pensée sociale ou une population-cible et c'est en ce sens qu'on peut leur prêter une seconde spécificité, au-delà de la spécificité transitionnelle culturelle. ACCÈS A L’EMPLOI DES JEUNES ÉTRANGERS OU D’ORIGINE ÉTRANGÈRE Face à une difficulté d'accès à l'emploi, les jeunes étrangers ou d'origine étrangère manifestent-ils une éventuelle spécificité dans les stratégies qu'ils adoptent ? Leurs conditions d'accès à l'emploi sont-elles spécifiques ? L'attitude discriminante des entreprises comme obstacle à l'intégration des jeunes d'origine étrangère Un rapport de l'IGAS sur "les difficultés d'insertion sociale et professionnelle des jeunes étrangers ou d'origine étrangère" a apporté les conclusions suivantes sur leurs difficultés spécifiques. 6 DUBET F., "Quelques caractéristiques sociologiques des jeunes issus de l'immigration", Revue MigrantsFormation, n°86, Sept. 1991. Olivier Noël Révéler les situations de stigmatisation 5 Elles sont de cinq ordres : - l'application en matière de titre de séjour ; - l'attitude de certaines entreprises qui refusent l'embauche de jeunes étrangers ou d'origine étrangère ; - le comportement des jeunes eux-mêmes ; - l'emprise de la famille sur les jeunes filles qui les empêche de sortir de la maison ; - l'absence de maîtrise de la langue française pour les jeunes venus tardivement en France dans le cadre du regroupement familial. Les conclusions de ce rapport7 m'ont amené à m'interroger plus particulièrement sur la relation entre d'une part le monde de l'entreprise et d'autre part les jeunes étrangers ou d'origine étrangère en recherche d'emploi, voire de stage. La préférence pour un réseau d'accès informel Dans leur mode d'accès à l'entreprise, les jeunes d'origine étrangère se caractérisent par une sous-utilisation des solutions institutionnelles (dispositif, lieu d'accueil, aide sociale) pour accéder à l'emploi. Dans une étude conduite à Cergy-Pontoise sur l'accès à l'emploi des jeunes d'origine étrangères8, Anne-Marie Fréaud écrit : « Les jeunes étrangers ou d'origine étrangère disent avoir trouvé un emploi grâce à des amis, à la famille, à des voisins. L'ANPE ou les missions locales n'ont quasiment pas été citées. Dans leur discours, accéder à l'emploi, c'est l'affaire du réseau relationnel. Selon eux, il y a si peu de travail disponible qu'il n'est possible de compter que sur les personnes que l'on connaît ». Cet accès au marché du travail par le réseau relationnel correspond bien à une réalité du fonctionnement du marché du travail comme l'a montré par ailleurs Claude Dubar. Une autre étude conduite à Roubaix, Tourcoing et Marseille par l'Observatoire des mutations et des migrations internationales de la Région Nord Pas-de-Calais9 dresse un constat quelque peu différent et constate que « L'aggravation de la situation de l'emploi pénalise les jeunes sans qualification, qui, ne pouvant plus compter sur les filières informelles d'introduction au marché du travail (relations familiales et personnelles), passent par les circuits officiels qui leur sont défavorables ». Ce constat m'amène à soulever plusieurs questions : - Le fait de privilégier les "réseaux", correspond-il à une pratique qui serait spécifique aux jeunes d'origine étrangère ? - Est-elle liée à une intériorisation du phénomène de stigmatisation de la part des jeunes ? - Les jeunes dits "immigrés" ont-ils constaté l'inopérationnalité du "dispositif" face aux problèmes de stigmatisation ? Les jeunes étrangers ou d'origine étrangère privilégient toujours le réseau proche (familial ou amical) et c'est la disparition progressive de ce dernier qui constitue un véritable obstacle à leur intégration professionnelle. De nombreuses études ont d'ailleurs montré une sélectivité de chacun des dispositifs mis en place en direction des jeunes : sélection systématique en fonction du niveau de qualification en 7 LEMOINE M., "L’accès à l’emploi des jeunes étrangers", Revue Française des Affaires Sociales, n° hors série, déc. 1992, pp. 173-180. 8 FRÉAUD A.-M., "L'insertion professionnelle et l'accès à l'emploi des jeunes d'origine étrangère à CergyPontoise", Migrations Études, janv. 1993. 9 OMINOR, "La situation au regard de l'insertion professionnelle et à l'accès à l'emploi des jeunes d'origine étrangère à Roubaix, Tourcoing et Marseille", Migrations Études, n°38-39, 1993. Olivier Noël Révéler les situations de stigmatisation 6 privilégiant des jeunes qui ont un niveau de formation le plus élevé au détriment du public prioritaire de la mesure mise en oeuvre. Inopérationnalité du "dispositif" : position, rôle et comportement des institutions en interface Avec la disparition des possibilités d'accès à l'emploi par le réseau informel, le rôle des agents intermédiaires (formateurs, correspondants, agents ANPE...) dans l'interface entre les jeunes d'origine étrangère et les entreprises est accru. Une relation biaisée des "agents intermédiaires" au jeune. Une série d'entretiens"10 conduits avec des intervenants sociaux chargés de l'insertion professionnelle des jeunes nous a permis de dégager quelques réactions-types concernant la question de pratiques stigmatisantes. Face à ce phénomène de stigmatisation, on peut analyser la façon dont réagissent les opérateurs chargés de favoriser leur intégration sociale et professionnelle (accueillants PAIO, agents ANPE, formateurs...). En effet, bien souvent ils peuvent anticiper sur telle ou telle réaction stigmatisante voire raciste de la part de tel ou tel chef d'entreprise. Donc de ce point de vue, leur rôle est crucial si l'on veut éviter une intériorisation trop forte de ce sentiment de stigmatisation chez les jeunes d'origine immigrée. Une stratégie d'évitement Les intermédiaires, la plupart du temps, évitent d'aborder la question du racisme et de la discrimination éventuelle que le jeune risque de rencontrer dans l'entreprise. La question est occultée et nombre de formateurs avouent chercher d'autres causalités à l'échec d'un jeune dans son accès à l'entreprise ; sont invoqués : - la mauvaise présentation lors de l'entretien ; - le faible niveau de qualification ; - la morosité de la situation économique. Un premier type de réaction, face aux pratiques discriminatoires de la part des entreprises, consiste à protéger les jeunes gens. Par exemple, cette orientatrice de PAIO qui connaît les entreprises qui ont ce genre de pratiques et évite d'y envoyer les jeunes : « On laisse le jeune faire un petit peu sa démarche, de trouver son lieu de stage lui-même mais si on voit que c'est un petit peu trop difficile et qu'il va essuyer des affronts supplémentaires... là je crois que les formateurs sont assez vigilants pour aider le jeune à franchir cette étape, toujours difficile et frustrante pour les jeunes ». Malgré un constat quotidien de situations de stigmatisation Certains acteurs font le constat quotidien de la discrimination de chefs d'entreprise, comme cette directrice de PAIO qui nous raconte : « Je vais vous citer un exemple, une jeune fille qui est partie en entreprise, qui est venue me voir pour me dire qu'elle était très contente de son entreprise, que ça marchait bien et puis j'étais un petit peu surprise de l'endroit où elle se trouvait en lui disant "tu n'as vraiment pas de problèmes ?" et elle me dit non non, j'ai dit que j'étais espagnole...c'était une jeune maghrébine, algérienne mais je lui ai dit attention quand il va voir tes papiers et que tu as menti, ça risque… "oh bien ça fait rien parce qu'il aura eu le temps de m'apprécier alors il verra que ça fait rien..." ». 10 NOËL O., Représentations et stratégies d'intégration des jeunes de premiers niveaux de classification du quartier de La Paillade à Montpellier, Mémoire de Maîtrise AES - Développement Social, sept. 1992. Olivier Noël Révéler les situations de stigmatisation 7 Dans ce premier type de stratégie, il y a une volonté d'occulter la question du racisme. Les motivations des agents intermédiaires pour refuser de confronter un jeune d'origine étrangère à une entreprise sont diverses : - Volonté de protéger le jeune d'une discrimination ; - Sentiment d'une inadaptation du jeune à la vie en entreprise ; - Volonté de préserver un réseau d'entreprises (qui représente une source de débouchés pour d'autres stagiaires). Les diverses stratégies adoptées par les agents intermédiaires vont en fait répondre à un double jugement sur la capacité d'accueil de l'entreprise et la capacité d'un jeune à répondre aux exigences de la vie en entreprise. Une stratégie de confrontation Pour d'autres, la question de la stigmatisation est niée. Il n'y a pas de traitement spécifique pour les jeunes étrangers ou d'origine étrangère. La difficulté d'accès de cette partie de la jeunesse au monde du travail est liée avant tout à la situation du marché de l'emploi. De plus les jeunes, par leur faible niveau scolaire, sont inadaptés à ce marché, donc cette situation est jugée transitoire et le problème d'accès à l'emploi passager. Même si de nombreux acteurs de l'intégration refusent d'aborder ce sujet ou le nient, il est évident que ce phénomène est assez fréquent. Pour cet agent de l'ANPE, la stigmatisation des entreprises est inexistante car celles-ci privilégient la logique économique par rapport à l'idéologie ; il refuse d'admettre l'existence de pratiques discriminantes : « Le patron, ça ne lui pose pas de problème de savoir que le gars est français ou arabe. Son problème, c'est de savoir si le jeune tient la route ou s'il ne vaut pas un clou » et il ajoute : « je n'ai jamais vu de gens au niveau de l'employeur qui aient vraiment un a priori qu'ils font passer avant l'intérêt de l'entreprise. Exemple : si la fille est hyper compétente et qu'elle est pas chère... tiens ça peut s'arranger, elle est arabe mais pas vraiment ! ». Ce type d'attitude consiste à susciter la confrontation entre le jeune et le chef d'entreprise, l'agent intermédiaire adopte ici la démarche du laisser-faire : « Il y a parfois des entreprises où il y a de véritables problèmes raciaux, des entreprises qui nous disent j'ai une équipe d'Espagnols, je ne veux pas d'Arabes. Moi, service public, je lui envoie tout le monde mais je sais que je vais déplacer des gens pour rien. Je le sais, mais que puis-je y faire ? ». La position de ces intervenants consiste à penser que si le jeune est compétent, capable d'accomplir efficacement sa tâche, son accès à l'entreprise ne pose plus de problème. Dans ce cadre, la responsabilité est renvoyée totalement au jeune. Les intervenants vont donc jouer sur les potentialités du jeune (sérieux, compétence, séduction). Une stratégie d'intervention juridique Un dernier type de stratégie adoptée serait une attitude juridique ; c'est l'exemple d'un formateur : « Un chef d'entreprise me dit l'autre jour "Ne m'envoyez pas d'Arabes", qu'est-ce que je peux lui dire ? J'en profite pour lui dire que le délit raciste, c'est 5000f d'amendes voire 6 mois de prison. En général, il révise son comportement ou sinon il s'arrange avec la loi ». Ce dernier type de stratégie qui consiste à positionner le problème de discrimination vis-à-vis de la loi est rarement mis en oeuvre, car une volonté d'éviter le conflit avec l'entreprise prédomine. Pour conclure, face aux pratiques stigmatisantes d'une partie des entreprises, on peut observer des comportements des acteurs de l'intégration sociale et Olivier Noël Révéler les situations de stigmatisation 8 professionnelle fort différents allant de la résignation à la réaction forte en passant par l'indignation sans qu'il y ait pour autant concrétisation dans l'action. Le dispositif d'insertion en situation de dépendance vis-à-vis du monde de l'entreprise : seule clef d'explication ? Les intervenants sociaux sont dans une situation de dépendance vis-à-vis du monde de l'entreprise. En effet, ce sont les entreprises qui maîtrisent l'offre de stages d'alternance. Ainsi, même lorsqu'un employeur signifie clairement sa volonté de ne pas recevoir de stagiaires de couleur (par exemple pas de "31", qui correspond au code ANPE de la case étranger), les organismes de formation ont une stratégie de préservation de leur réseau d'entreprises car une place de stage est toujours précieuse. Il s’en suit plusieurs interrogations : Les opérateurs intermédiaires indignés par ces attitudes et souhaitant les dénoncer bénéficient-ils d'un appui institutionnel émanant de leur structure ? Les organismes de formation et les structures d'accueil n'ont-ils pas à poser certaines exigences éthiques dont ils pourraient faire état auprès des pouvoirs publics qui les mandatent ? Cela ne conditionne-t-il pas la qualité de la formation des autres jeunes ? Doivent-ils accepter que des jeunes "bon teint" soient envoyés dans des entreprises ayant une pratique visiblement raciste et discriminatoire ? Des problèmes de stigmatisation au moment de l'embauche Le moment du recrutement est déterminant pour l'insertion socioprofessionnelle d'un jeune d'origine étrangère. Il apparaît que la stigmatisation se joue essentiellement au moment du recrutement et le niveau de formation initiale ou encore le manque d'expérience invoqués apparaissent bien souvent comme des prétextes. L'exemple de cette jeune fille en témoigne : « Pendant l'année scolaire, je voulais faire du baby-sitting pour avoir de l'argent. Par téléphone tout allait bien et puis, quand je me présentais, on me disait n'importe quoi pour ne pas m'embaucher parce que je suis noire. Pour le SIVP cela a été pareil. Dans le milieu de la restauration où je cherchais, quand je me présentais, il n'y avait rien pour moi. Et puis quand mes amis blancs passaient juste derrière moi, ils étaient pris tout de suite ». Il semble donc ici que le caractère identifiable (la couleur de peau) soit le véritable stigmate, d'autres cas montrent que, pour des jeunes ne présentant pas de caractéristiques ethniques identifiables, la progression de l'entretien de sélection s'est poursuivie de façon satisfaisante jusqu'à la demande du nom patronymique où l'entretien a basculé négativement. II est ici évident que les critères d'appartenances apparents seront d'autant plus présents qu'il n'y aura pas d'autres critères de choix. Tout travail précis sur la définition et les profils de poste, les compétences et qualification du jeune tendront à mettre au second rang des critères relevant plus de la subjectivité. Peu de problèmes de stigmatisation identifiés pendant la période en entreprise Lorsque l'obstacle du recrutement est passé, l'enquête conduite par le CIMERSS (Centre interdisciplinaire méditerranéen de recherches en sciences sociales) en 1987 a montré qu'une fois le stage ou l'emploi obtenu les choses se passent généralement bien. Les cas d'exclusion ou de stigmatisation sont exceptionnels. Les seuls cas identifiés sont venus le plus souvent de la volonté du patron d'éviter le contact avec la clientèle, lorsque celui-ci était inclus dans la définition de poste. Olivier Noël Révéler les situations de stigmatisation 9 Le constat a également été fait que dans l'hôtellerie et la restauration les emplois proposés étaient le plus souvent des postes de cuisine, de plonge ou de ménage en chambre. Les argumentations développées par le chef d'entreprise pour ne pas embaucher un jeune étranger ou d'origine étrangère sont souvent liées au rapport avec la clientèle. Il semble ici que l'entreprise stigmatisante invoque toujours une contrainte extérieure pour justifier sa pratique. ENJEUX ET RÉPONSES POSSIBLES DANS LA PRISE EN COMPTE DES SITUATIONS DE STIGMATISATION Les pratiques discriminantes des entreprises et les représentations stéréotypées vis-à-vis des jeunes, en particulier ceux d'origine étrangère. Il y a une interaction permanente entre Le rôle des agents intermédiaires: enseignants, formateurs, orientateurs, accueillants, travailleurs sociaux... Les comportements au sein de l'entreprise d'une partie des jeunes (en particulier d'origine étrangère) et les stéréotypes véhiculés sur le monde de l'entreprise. Mon hypothèse centrale est que les agents intermédiaires, ne renvoyant pas aux jeunes d'origine étrangère la réalité de la stigmatisation de certaines entreprises, renforcent l'intériorisation du vécu de la stigmatisation. LES RISQUES D’INTÉRIORISATION DES SITUATIONS DE STIGMATISATION La rupture de lien d’une partie de la jeunesse avec la société française ? Un refus de confrontation avec le monde de l’entreprise ? L'occultation de la question de la stigmatisation dans les entreprises risque d'entraîner auprès de certains jeunes un véritable refus, voire un prétexte, pour éviter la confrontation avec le monde de l'entreprise, comme l'atteste l'exemple de ce jeune Maghrébin intégré dans le champ social qui dit ne pas avoir tenté de démarches dans le secteur privé par peur du racisme : « Je n'ai pas été confronté directement à ce problème, mais d'avoir vu mes copains maghrébins se faire refuser par les employeurs ne m'incite pas à tenter l'épreuve ». L'intégration des jeunes issus de l'immigration dans la société française passe par la reconnaissance de leur propre différence et son acception par eux-mêmes et par les autres. Des travaux conduits en 1981 par Hanna Malewska-Peyre11 au Centre Interdisciplinaire de Vaucresson (CRIV) ont permis de constater une meilleure insertion sociale et un moindre degré de déviance sociale chez les jeunes qui ont 11 MALEWSKA-PEYRE H., L'expérience du racisme et de la xénophobie chez les jeunes immigrés. Crise d'identité et déviance chez les jeunes immigrés, éd. CRIV, Vaucresson, 1981, pp. 53-64. Olivier Noël Révéler les situations de stigmatisation 10 gardé un lien avec leurs familles et les valeurs de la culture d'origine. Les pratiques déviantes sont observées surtout chez des jeunes issus de l'immigration "sans racines", c'est-à-dire méconnaissant et rejetant la culture de leurs parents, dévalorisant ainsi leur propre identité. L'existence de pratiques stigmatisantes de la part de certaines entreprises entraînent pour un certain nombre de jeunes un refus de confrontation avec le monde de l'entreprise et les conduit à s'orienter soit vers un milieu plus "protégé" ou plus favorable à leur intégration (action sociale, animation), soit à abandonner toute recherche d'emploi. L'attitude stigmatisante de certains chefs d'entreprise concourt à une crise identitaire des jeunes issus de l'immigration. Ils sont confrontés à un dilemme entre l'inscription dans la lignée culturelle de leurs parents (attachement à la religion musulmane, plus culturel que politique qui constituerait une sorte de fidélité familiale et serait porteur d'un certain conservatisme social) et les conditions de leur intégration sociale et professionnelle (bien qu'aggravées par un surplus de stigmatisation des entreprises, elles sont en de nombreux points semblables à celles que connaissent les jeunes de souche française dans les milieux populaires : mêmes types de trajectoires scolaires, mêmes difficultés d'entrée sur le marché du travail, mêmes lieux de résidence). Le rejet d'un traitement spécifique de la part des jeunes Il est d'ailleurs intéressant de souligner que le traitement spécifique est souvent rejeté par les jeunes d'origine étrangère qui expriment très souvent une volonté de traitement égalitaire. Une éventuelle spécificité est rejetée par les jeunes qui « se considèrent la plupart du temps comme Français à part entière et ne font que rarement état des difficultés qu'ils auraient pu rencontrer du fait de leur origine ethnique »12. La question se pose alors de savoir si cela correspond à une volonté des jeunes de minimiser les problèmes et de jouer ainsi coûte que coûte la carte de l'intégration, ou bien apparaît comme le résultat d'une absence de problèmes rencontrés du fait de la spécificité liée à l'origine ? L'impérative nécessité de prendre en compte les situations de stigmatisation Dans le cadre de l'apprentissage, la sélection au faciès est prégnante (la responsable emploi d'une Mission locale a enregistré que, sur 31 offres d'apprentissage, 21 d'entre elles spécifiaient vouloir un européen !). Cette situation est préoccupante lorsque l'on sait que des choix politiques ont été faits pour favoriser l'apprentissage au détriment des dispositifs publics. L'importance du problème doit être prise en compte par les pouvoirs publics afin d'éviter un rejet définitif d'une partie de la jeunesse déjà confrontée à des problèmes d'accès à l'emploi et qui doit de surcroît faire face à des problèmes de stigmatisation. Ces différentes observations témoignent d'une difficulté permanente spécifique aux jeunes d'origine immigrée : l'origine étrangère constitue indéniablement un obstacle supplémentaire et augmente la difficulté d'accès à l'emploi. La loi contre le racisme date de 1972, Martine Aubry a introduit dans le Code du travail un certain nombre de clauses anti-discriminatoires, mais il s'agit de situation de discrimination directe dont il faut faire la preuve or, sans preuve, nombre de procès se sont retournés contre les plaignants et ont été portés en diffamation. 12 CIMERSS, "Les jeunes étrangers et les mesures d'insertion sociale et professionnelle. Le cas des TUC et des SIVP des Bouches du Rhône", Migrations Études, n°8, Fév. 1990. Olivier Noël Révéler les situations de stigmatisation 11 Autre fait à souligner, malgré l'introduction de clauses anti-discriminatoires dans le Code du travail, les syndicats n'ont à ce jour pas modifié leurs statuts pour se porter partie civile dans des situations de discrimination. Reconnaître les situations de stigmatisation : un enjeu de citoyenneté L'ensemble du système (les opérateurs intermédiaires, les employeurs, les agents publics...) concourt à : - euphémiser la question de la stigmatisation, en partie parce qu'elle repose sur un rapport individuel; -bloquer en organisant un discours sur la négation du racisme alors que des codes implicites circulent : "pas de 31" (qui correspond au code personne étrangère au sein de l'ANPE) signifie que l'on ne souhaite pas avoir une personne "de couleur"; - empêcher une reconnaissance du problème en le renvoyant à une série d'anecdotes qui ne font pas sens et n'ont rien de structurel. Si l'on revient à l'analyse de Goffman, « L'individu stigmatisé, privé de l'information salutaire que pourraient lui renvoyer les rapports sociaux quotidiens, l'isolé volontaire risque de s'enfoncer dans les soupçons, la dépression, l'agressivité, l'angoisse et le désarroi... ». Il semble donc que le travailleur social, l'agent ANPE, le correspondant de PAIO et de Mission Locale, ou le formateur aient un rôle prépondérant à jouer afin d'éviter une intériorisation du phénomène de rejet. À un moment où la citoyenneté est brandie comme un vecteur fort de l'intégration, il semble difficile de contourner cette question. L'agent intermédiaire en occultant la question de la stigmatisation au sein des entreprises ne rend plus le jeune titulaire de sa propre intégration. Enfin, la reconnaissance de ce phénomène passe par la réalisation d'études et de recherches autour du vécu de celui qui est "stigmatisé", "racisé" en tant qu'individu avant qu'il ne devienne "discriminé" en tant personne appartenant à un "groupe". Olivier Noël 1996 Indications bibliographiques: DE RUDDER V., "Le racisme dans les relations inter-ethniques", revue L'Homme et la Société, État et société civile, n° 4, 1991, pp. 75-90. DE RUDDER V., "La prévention du racisme dans l'entreprise en France. Les immigrés face à l'emploi et la formation", Cahier du GREC, n°12, 1995, pp.31-38. JOIN-LAMBERT T. et LEMOINE M., Enquête sur l'insertion des jeunes immigrés dans l'entreprise, éd. IGAS, janv. 1992. LORREYTE B. et al., Les politiques d'intégration des jeunes issus de l'immigration, éd. CIEMI/L'Harmattan, Paris, 1989, 411 p. NOËL O., "Une catégorie à insérer : la jeunesse. Jeunesse et citoyenneté", revue Hommes et Migrations, n°1196, mars 1996. NOËL O., Citoyenneté(s) entre parenthèses pour jeunesse(s) en mal d'insertion, Mémoire de DEA en Science politique "État et Politiques publiques", Université Montpellier I, sept. 1995. PAPADOPOULO D., "La situation au regard de l'insertion professionnelle et à l'accès à l'emploi des jeunes d'origine étrangère à la cité des Indes de Sartrouville", revue Migrations Études, n°38-39, 1993 Olivier Noël Révéler les situations de stigmatisation 12