Comment on viole les neutralités perpétuelles [fin] - E

Comment on viole les neutralités perpétuelles
[fin]
Autor(en): Feyler, F.
Objekttyp: Article
Zeitschrift: Revue Militaire Suisse
Band (Jahr): 60 (1915)
Heft 5
Persistenter Link: http://doi.org/10.5169/seals-339649
PDF erstellt am: 25.05.2017
Nutzungsbedingungen
Die ETH-Bibliothek ist Anbieterin der digitalisierten Zeitschriften. Sie besitzt keine Urheberrechte an
den Inhalten der Zeitschriften. Die Rechte liegen in der Regel bei den Herausgebern.
Die auf der Plattform e-periodica veröffentlichten Dokumente stehen für nicht-kommerzielle Zwecke in
Lehre und Forschung sowie für die private Nutzung frei zur Verfügung. Einzelne Dateien oder
Ausdrucke aus diesem Angebot können zusammen mit diesen Nutzungsbedingungen und den
korrekten Herkunftsbezeichnungen weitergegeben werden.
Das Veröffentlichen von Bildern in Print- und Online-Publikationen ist nur mit vorheriger Genehmigung
der Rechteinhaber erlaubt. Die systematische Speicherung von Teilen des elektronischen Angebots
auf anderen Servern bedarf ebenfalls des schriftlichen Einverständnisses der Rechteinhaber.
Haftungsausschluss
Alle Angaben erfolgen ohne Gewähr für Vollständigkeit oder Richtigkeit. Es wird keine Haftung
übernommen für Schäden durch die Verwendung von Informationen aus diesem Online-Angebot oder
durch das Fehlen von Informationen. Dies gilt auch für Inhalte Dritter, die über dieses Angebot
zugänglich sind.
Ein Dienst der ETH-Bibliothek
ETH Zürich, Rämistrasse 101, 8092 Zürich, Schweiz, www.library.ethz.ch
http://www.e-periodica.ch
REVUE MILITAIRE SUISSE
LX* Année 5Mai 1915
Comment on viole les neutralités perpétuelles.
(Fin.)
La violation de la neutralité belge, en 1911, doit être
rapppochée de celle de la neutralité helvétique, en 1813.
Réunis, ces deux exemples historiques deviennent des plus
suggestifs. On ne saurait mieux exposer celui de la Belgique
qu'en résumant le récit de M. Emile Waxweiler, et en repro¬
duisant les passages essentiels du premier chapitre de son
volume 1.
«Le roi Leopold II était mort àla fin de 1909 ;le roi
Albert lui avait succédé. Ce n'est un secret pour personne, fait
remarquer M. Waxweiler, que sous le règne de Leopold II les
relations de la cour de Belgique avec la cour d'Allemagne ne
témoignaient d'aucune cordialité particulière. La politique colo¬
niale du Roi, diverses autres circonstances, avaient peu favo¬
rablement disposé les cercles officiels de Berlin. Les choses
changèrent dès les débuts du nouveau règne. On connaissait
les relations personnelles du couple royal avec le kronprinz ;
oir savait que l'un des témoirrs du roi àson mariage avec la
duchesse Elisabeth de Bavière avait été l'empereur lui-même,
qui témoignait au jeune souverain belge une affectueuse sym¬
pathie. Quelques mois après leur avènement, en juin 1910, le
roi et la reine se rendaient àBerlin ;des toasts inspirés de
sentiments de réelle bienveillance réciproque furent échangés.
»Le prince impérial, après avoir présenté au roi et àla reine
de Belgique ses souhaits de cordiale bienvenue au nom de l'em-
1La Belgique neutre cl loyale, par Emile Waxweiler, Lausanne 1915.
Payot et Cie, éditeurs. Alors même que le résumé ci-dessus suive de très près
le récit, les lecteurs désireux de pénétrer cette page d'histoire feront bien de
consulter l'original, car tous les détails contribuent àla lumière.
191."i io
194 revos »ulitaire fec;sst,
pereur empêché, les assura «des sentiments de sincère consi-
»dération que le gouvernement et le peuple nourrissaient, en
»Allemagne, pour Leurs Majestés », puis il ajouta notamment :
Des souvenirs historiques relient nos peuples. La consanguinité
existe entre nos familles.
Dans la maison princière allemande, Votre Majesté atrouvé une
compagne avec laquelle Sa Majesté donne un si brillant exemple
d'une vie de famille heureuse.
Votre Majesté doit être convaincue que tout ce qui contribue à
fortifier l'amitié des membres de nos maisons trouve un vif écho dans
le cœur allemand.
»Le roi Albert répondit par un toast non moins cordial.
»Peu de temps après, en octobre. 1910, l'empereur et l'impé¬
ratrice, accompagnés de la princesse Victoria-Louise, venaient
rendre àBruxelles la visite que les souverains belges leur avaient
faite. L'Empereur ne cacha pas le plaisir que lui causait l'accueil
de la population bruxelloise. Au dîner du Palais, des paroles
sympathiques furent encore prononcées. Au toast très accueil¬
lant du roi, l'empereur répondit :
La brillante réception qui nous aété préparée par LL. MM. et le
peuple belge dans cette splendide capitale nous aprofondément tou¬
chés et aéveillé des sentiments de gratitude d'autant plus vifs que
nous voyons dans cet accueil un gage de l'union étroite qui existe non
seulement entre nos familles, mais encore entre nos peuples. Plein
d'une amicale sympathie, je suis et j'observe, comme toute l'Alle¬
magne, le surprenant succès que le peuple belge, d'une infatigable
activité, remporte clans tous les domaines du commerce et de l'indus¬
trie. »
L'empereur termina par le vœu de voir les relations rem¬
plies de confiance et de bon voisinage des deux peuples se res¬
serrer davantage.
Avec la Frarrce, les rapports n'étaient pas moins confiants,
si bien qu'en Belgique beaucoup d'hommes politiques esti¬
maient que jamais le pays n'aurait àcraindre une invasion.
Dans une séance de la commission nommée en 1900 pour
étudier la réorganisation de l'armée, on avait vu des ministres
d'Etat et des chefs de parti jouissant d'une grande autorité
quitter la salle des délibérations, estimant qu'il était inopportun
COMMENT ON VIOLE LES NEUTRALITÉS PERPÉTUELLES 195
de modifier le régime militaire existant, qui était alors encore
basé sur le système de la conscription par tirage au sort. «Ce
serait, disait l'un d'eux, affaiblir la force des traités qui garan¬
tissent l'inviolabilité de la Belgique, que de les mettre en
doute. >>
Acette même époque, d'ailleurs, l'Allemagne avait montré
le souci qu'elle avait de voirla politique belge se maintenir dans
les limites strictes d'une neutralité absolue: une initiative prise
par les bourgmestres des quatre grandes vibes tendait àla
constitution d'un corps de volontaires destinés àdéfendre en
Chine les intérêts belges, qui se trouvaient menacés par la ré¬
volte des Boxers. L'Allemagne fit observer avec énergie qu'une
telle mesure était interdite àla Belgique en raison de sa situa¬
tion d'Etat neutre. La Belgique s'inclina, malgré le péril auquel
étaient exposés ses représentants politiques et ses nationaux.
En compensation, elle croyait avoir acquis un témoignage cer¬
tain de la position militante que sa puissante voisine entendait
occcuper comme garante de sa neutralité.
»Ce témoignage devait se renouveler clans la suite avec plus
de netteté encore.
»En 1911, au cours de la polémique soulevée par le dépôt
du projet hollandais concernant les fortifications de Flessingue,
certains journaux avaient affirmé qu'en cas de guerre franco-
allemande la neutralité belge serait violée par l'Allemagne.
»Le ministère des Affaires étrangères de Belgique avait sug¬
géré l'idée qu'une déclaration, faite au Parlement allemand à
l'occasion d'un débat sur la politique étangère, serait de nature
àapaiser l'opinion publique et àcalmer ses défiances, si regret¬
tables au point de vue des relations entre les deux pays. M. de
Bethmann-Hollweg fit répondre qu' 1avait été très sensible
aux sentiments qui avaient inspiré la démarche de la Belgique.
// déclarait que iAllemagne n'avait pas l'intention de violer la
neutralité belge, mais il estimait qu'en faisant publiquement
une déclaration, l'Allemagne affaiblirait sa situation militaire
vis-à-vis de la France qui, rassurée du côté du Nord, porterait
toutes ses forces du côté de l'Est. (Livre gris, 12.)
»Cette réponse du chancelier de l'Empire avait été communi¬
quée verbalement, d'après ses ordres, au gouvernement belge,
196 REVUE MILITAIRE SUISSE
qui se rendit aux objections qu'avait faites le chancelier àla
déclaration publique souhaitée. (Id., id.)
»En 1913, des déclarations plus précises encore avaient été
faites au cours de la séance du 29 avril de la commission du
budget au Reichstag ;la Norddeutsche Allgemeine Zeitung, dont
on connaît le caractère officieux, en rendait compte en ces
termes (id., id.) :
»Un membre du parti social-démocrate avait dit :«En
»Belgique, on voit avec appréhension s'approcher une guerre
»franco-allemande, car on craint que l'Allemagne ne respec-
»tera pas la neutralité de la Belgique. »
«M. de Jagow, secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères,
répondit :«La neutralité de la Belgique est déterminée par des
»conventions internationales el l'Allemagne esl décidée àrespecter
»ces conventions. »
»Cette, déclaration ne satisfit pas un autre membre du parti
social-démocrate. M. de Jagow observa qu'il n'avait rien à
ajouter aux paroles claires qu'il avait prononcées relativement
aux relations de VAllemagne avec la Belgique.
»A de nouvelles interrogations d'un membre du parti social-
démocrate, M. de Heeringen, ministre de la Guerre, répondit :
«La Belgique ne joue aucun rôle dans la justification du projet
»de réorganisation militaire allemand ;celui-ci se trouve jus-
»tifré par la situation en Orient. L'Allemagne ne perdra pas
»de vue que la neutralité belge est garantie par les traités inter-
»nationaux.» \Xn membre du parti progressrste ayant parlé de la
Belgique, M. de Jagow fit remarquer ànouveau que sa décla¬
ration concernant la Belgique était suffisamment claire.
En dépit de ces assurances, les incidents de la politique
européenne faisaient sur les dirigeants de la Belgique une vive
impression. L'impression s'affirmait darrs les chancelleries et
les cercles militaires de certaines capitales qu'une guerre euro¬
péenne devenait imminente. Pour mettre le comble àces préoc¬
cupations, la Belgique avait reçu, en 1912, d'un souverain qui
n'appartenait ni àla Triple-Entente ni àla Triple-Alliance, et
dont les milieux diplomatiques connaissaient la haute sagesse,
ainsi que la grande expérience des affaires européennes, le roi
Charles de Roumanie, le conseil amical d'avoir àveiller sur la
1 / 16 100%

Comment on viole les neutralités perpétuelles [fin] - E

La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !