1830 LA REVOLUTION BELGE
Histoire du règne de Louis-Philippe/ Victor de Nouvion/1879-Gallica.bnf
Lacarre
De toutes les œuvres accomplies au congrès de Vienne par le
droit de la Victoire cela méritera bien une page sur le sujet - la
création du royaume des Pays-Bas était la plus malheureuse, en même
temps, la plus hostile à la France.
Elle avait incorporé 4 millions de Belges catholiques à un peuple
de 2 millions de Hollandais.
En bonne voisine et en amie fidèle, la Belgique a gracieusement
associé notre pays aux fêtes anniversaires de l’indépendance. Cette
indépendance, elle la dût surtout à l’intervention française. La
révolution belge fut le contrecoup des journées de juillet qui virent
chez nous la chute de Charles X
Depuis 1815, sous l’empire de la force, les Belges subirent sans
l’accepter la réunion à la Hollande : ils ne cessèrent jamais d’être
Belges. Le peuple n’attendait qu’un exemple pour s’insurger et c’est
Paris qui le lui donna.
Le mouvement révolutionnaire éclata en pleine période de fêtes.
Cet imprimé faisait allusion à l’anniversaire de la naissance du roi, qui
devait se célébrer le 24 août et qui portaient :
-Lundi, feu d’artifice
-Mardi, illuminations
-Mercredi, Révolution.
Et cette affiche « A bas Van Maanen ! Mort aux Hollandais ! »
Le programme fut exécuté à la lettre et était parti du théâtre de
la Monnaie. On jouait ce soir là « Muette de Portici » La salle était
enthousiaste et énervée, vingt fois la représentation fut interrompue.
Les allusions si nombreuses dans la pièce avaient mis les
imaginations en feu.
Toute l’assistance debout, entonnant le chant patriotique.
Sortant du théâtre, la foule quitta la salle en criant : « Vive la France !
Imitons les Parisiens ! A bas les Hollandais ! ». Les bureaux du journal :
« Au National ! », suspecté de sympathie au gouvernement hollandais,
furent saccagés et son matériel détruit.
1830 LA REVOLUTION BELGE
Histoire du règne de Louis-Philippe/ Victor de Nouvion/1879-Gallica.bnf
Lacarre
La troupe fit usage de ses armes sur la place du Sablon, puis les
officiers belges refusèrent d’exécuter les ordres de leurs chefs et
paralysèrent leurs efforts.
Le peuple avait proscrit la cocarde orange, effacé les armes
royales et déployé le drapeau aux trois couleurs du Brabant, rouge, noire
et jaune, quant à lhymne patriotique, un Français, lacteur Jenneval,
écrivit les vers de la Brabançonne.
Un gouvernement provisoire fut constitué : catholiques et
libéraux s’unirent pour la défense du pays.
Dix mille Hollandais marchèrent sur Bruxelles ; ils furent vaincus
et contraints à battre en retraite. Le congrès proclama la monarchie
constitutionnelle. Il offrit d’abord la couronne au duc de Nemours, fils
cadet de Louis-Philippe, mais celui-ci n’osa pas accepter. Ce fut le duc
Léopold de Saxe-Cobourg qui fut proclamé roi des Belges sous le nom de
Léopold Ier – 1831.
Mais le roi de Hollande ne s’était pas résigné à la perte de la moitié de son
royaume. Une nouvelle armée envahit la Belgique. C’est alors que l’intervention
française sauva la jeune nation belge.
Le maréchal Gérard fut envoyé contre les Hollandais, à la tête de 50.000
soldats. Le roi de Hollande n’osa pas engager la lutte ; il rappela son armée,
mais il garda la place d’Anvers.
Le siège de cette ville fut le dernier acte de la révolution belge. Le
maréchal Gérard et le général Haxo, le menèrent avec une brillante activité. Le
duc d’Orléans – celui-là qui ramènera le corps de Napoléon, quelques années
plus tard – et le duc de Nemours, s’y firent remarquer par leur courage.
La tranchée avait été ouverte le 29 novembre 1832. Le 3 décembre, la
pace se rendait. La Belgique était désormais libre.
Dès le lendemain ; la nation belge songea à témoigner sa gratitude à la
France. M. de Bock, conseiller de la Régence, proposa l’élévation d’un
monument de reconnaissance à l’armée française. L’idée fut accueillie avec
enthousiasme puis, la proposition tomba dans l’oubli, mais, chaque année, on ne
manquait pas d’associer le souvenir des soldats français à celui des Belges
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tombés pour la patrie.
Tournai, la vieille cité de Chilpéric, fut de tous temps française par l’esprit,
par les mœurs aussi bien que par le langage. Ce fut donc là que le monument fut
élevé aux soldats français – Place de Lille -.
Un second monument fut érigé, bien plus tard, au cimetière de Berchem-
lez-Anvers.
Ainsi, en Belgique, deux monuments perpétueront le souvenir de
l’intervention française de 1832.
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