
On peut concevoir différents niveaux d'écoute et d'intervention qui allient la fonction
maternelle et la fonction paternelle. D'une part aider le collègue a démarrer, le soutenir,
parfois le rassurer, lui remonter le moral, lui redonner confiance ce qui relève de la mère
symbolique. D'autre part le reconnaître, le questionner, trancher, exiger, cadrer, analyser,
poser la loi ce qui relève du père symbolique. Une difficulté pour le superviseur est de ne
pas imposer ses croyances, son système de valeurs. Or souvent, voir inconsciemment nos
collègues nous pousse à le faire en termes de : est-ce que j'ai bien fait ?, Est-ce que j'ai mal
fait?. Comment sortir de ce questionnement et renvoyer le collègue à l'analyse de son
contre-transfert, au positionnement juste par rapport à son patient. Le collègue a-t-il
conscience de ses croyances et système de valeurs, ainsi que du comment il respecte où il
questionne ceux du patient ? On pourra aussi aider le collègue à débusquer les contre-
transferts sociaux et culturels, les comportements sociaux propres au groupe
d'appartenances, pour l'ouvrir et s'ouvrir avec lui à une vision du monde plus altruiste et
accueillante. (Exemple : la posture masculine ou féminine, le rôle de la mère ou du père
dans d'autres cultures, dont on évitera de projeter la vision occidentale, pour s'ouvrir à
d'autres visions du monde).
La responsabilité (Porteur du sens)
Lorsqu’un collègue arrive en difficulté face à un patient, ayant fait une erreur technique ou
éthique, le superviseur s'interroge aussi. Parfois il y a des urgences face à des situations
dramatiques. Comment aider le psychothérapeute à faire face ? Il nous est demandé en tant
que superviseur, d'avoir un certain bon sens. La responsabilité est de même partagée,
comment et quand le collègue va-t-il trouver en lui la base sur laquelle il appuiera sa pratique
? Est-il honnêtement passé par l'épreuve de lui-même, peut-il dialoguer avec son ombre,
peut-il recevoir le transfert aussi bien positif que négatif, a-t-il assez travaillé sur sa
motivation de devenir thérapeute ?
Comment réagissons-nous quand un supervisé n'est pas à sa juste place, qu'il commet un
manquement éthique ou bien qu'il tombe dans la routine ? Notre place n'est-elle pas d'aider
l'autre à progresser ? Cette fonction est délicate comment être exigeant et humain à la fois ?
La fonction symbolique du superviseur peut en l'occurrence recouvrir la responsabilité du
grand-père ; le père (le praticien), et l'enfant (le patient). Il y a donc des fonctions
symboliques différentes. Le grand-père ou la grande mère représente le lien avec la société,
les anciens, en termes de filiation. Le superviseur peut aussi être considéré comme un frère
ou une sœur aînée ; le superviseur est donc porteur du sens ; il interroge le supervisé sur
le sens de pratiquer ce métier, sur le prix à payer, sur les bénéfices psychiques qu'il retire
etc.. C'est avant tout la distance qui permet au superviseur de questionner le collègue, il en
ressort des visions différentes qui peuvent s'enrichir les unes, les autres.
Faire et Etre
Le praticien débutant arrive parfois en supervision avec des questions telles que : « qu'est-ce
que je dois faire ? » La peur du mal faire, la peur du silence, la peur du vide, sa difficulté à
suivre le processus décrivant une séance puis une autre. Le superviseur est souvent amené
alors à le faire travailler sur :
- L'accueil du patient, l'empathie
- La qualité de son écoute