Mais du côté académique, les éléments théoriques portant sur ce nouveau concept restent sans
bases solides (Henneberg et O’Shaughnessy, 2009). En effet, le principal courant lancé par
Kotler durant les années 70 et associant les techniques du marketing social au marketing-mix
(les 4P) apporte peu de réponses quant à ce que recouvre ce champ. D’abord, parce qu’il
n’implique pas la composante stratégique (Russmann, 2011) et ensuite parce qu’il ne prend pas
en considération plusieurs éléments primordiaux du e-marketing politique : les électeurs (les
militants, les sympathisants, les réseaux et les autres électeurs), les stratégies des candidats
adverses et leur parti politique, les groupes de pressions, les donateurs, les variables
environnementales et surtout la spécificité du web.
L’objectif de cette communication est de redéfinir ce nouveau champ. Nous utiliserons ainsi les
principes de la théorisation enracinée pour intégrer les différentes facettes de ce nouveau
champ d’étude. Ceci nous permettra d’appréhender ce nouveau champ d’une façon plus
acceptable au regard des critères scientifiques (Carmines et Zeller, 1980). L’absence de
définition claire implique que la portée des recherches en e-marketing politique restera limitée
et aura un impact limité sur le long terme (Orton, 1997 ; Pfeffer, 1995 ; Van Maanen, 1995 ;
Garreau, 2010). Cette redéfinition pourra être critiquée, modifiée, améliorée et complétée, ce
qui permettra de faire avancer la recherche autour de ce nouveau champ.
Nous utiliserons la méthode de grounded theory pour opérationnaliser le concept de e-
marketing politique. Selon Garreau (2010), la grounded theory ou la théorisation enracinée est
« une méthodologie d’analyse générale liée à la collecte et l’analyse de données, qui utilise un
jeu de méthodes systématiques pour générer une théorie inductive sur une aire substantive »
(Glaser, 1992 In Garreau, 2010). L’absence de bases théoriques consensuelles autour du
concept de e-marketing politique justifie l’utilisation de cette démarche (Locke, 2001). Nous
adopterons une posture post-positiviste et nous intégrerons ainsi le quatrième courant de la
théorisation enracinée lancé récemment par Garreau (2010).