concerne l’empire belge, le Rwanda – Urundi, ancienne partie de l’Afrique orientale
allemande, est également à la Belgique en mandat par la SDN (1923) puis en tutelle par
l’ONU (1946). Les interventions américaines par le biais du conseil de tutelle ont notamment
contribué à abolir le travail forcé dans ces territoires.
Les sources et les acteurs non gouvernementaux
L’histoire des relations internationales ne se limite pas cependant à l’histoire diplomatique.
D’autres protagonistes jouent un rôle sur le continent africain, indépendamment de la
politique officielle définie à Washington. Certains de ces acteurs interviennent directement
sur le terrain alors que d’autres agissent au Congrès sous la forme de groupes de pression.
Notre recherche doit tout d’abord s’intéresser à la communauté noire américaine. De
nombreux Afro-Américains font le voyage en Afrique. Ainsi, Martin Luther King est présent
aux cérémonies d’indépendance du Ghana en 1957. Certains mouvements tentent de
promouvoir le retour en Afrique de Noirs américains, comme le Pacific Movement de
Chicago, le Peace Movement of Ethiopia ou l’African Nationalist Pionneer Movement.
L’étude de la presse noire américaine permet de prendre la mesure de l’intérêt croissant des
Noirs américains pour l’Afrique. Ainsi, au milieu des années 1950, lorsque le magazine
Ebony demande à ses lecteurs de classer par ordre d’importance une série de dix sujets,
l’Afrique apparaît au dernier rang. Au début des années 1960, un autre sondage fait apparaître
que l’Afrique est désormais au premier rang.
Notre étude se consacre également au développement des études africanistes dans les
universités américaines au cours des années 1950. Le professeur Herskovits est un exemple de
ces universitaires qui promeuvent les échanges éducatifs. Chef du département
d’anthropologie de la Northwestern University de Chicago, Herskovits y a créé un des
premiers Instituts d’études africaines. Ce sont cependant les universités noires qui, les
premières, établissent des liens entre la communauté américaine et les peuples d’Afrique. La
petite université noire Lincoln, par exemple, a eu pour élèves N’Krumah et Azikiwe.
Progressivement, d’autres universités développent des liens entre les États-Unis et les jeunes
élites africaines. Elles invitent des étudiants et des administrateurs africains à venir étudier
aux États-Unis. Cette politique d’échanges reçoit l’appui du département d’État et l’aide
financière de fondations, comme l’Institute of International Education ou l’Institute of African
American Relations. Depuis 1953, la fondation Ford envoie ainsi une vingtaine d’étudiants
américains par an en Afrique.
Les archives des syndicats américains doivent également retenir toute notre attention.
Théoriquement indépendants du gouvernement américain, leur but semble être de contrer
l’influence des syndicats communistes et de mettre du côté du syndicalisme « libre » les
leaders de la future Afrique indépendante. L’AFL-CIO développe des activités en son nom
propre, en étant, par exemple, représentée à la conférence de tous les peuples d’Afrique à
Accra en 1958. En août 1957, Joseph C. Satterthwaite, adjoint au secrétaire d’État pour les
Affaires africaines, recommande d’utiliser les sentiments anticolonialistes des Africains pour
les rallier au monde libre. Cette action doit être menée « par l’intermédiaire des
correspondants que l’AFL-CIO possède dans le monde du travail africain» [16]. Il serait
intéressant de pouvoir consulter les archives des services de renseignement afin de définir les
liens exacts entre les activités des syndicats et le gouvernement des États-Unis.
En dernier lieu, on s’attardera sur les sources les plus importantes pour notre étude, celles du
mouvement missionnaire. Les missionnaires constituent en effet la majorité des Américains
vivant en Afrique (sur 1 000 Américains vivant au Congo en 1960, 900 sont des