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SOCIÉTÉ
CETTE MALADIE SANS MAUX
Mais dans cette belle histoire, il y a un hic de taille, on ne sait rien ou presque
des raisons qui conduisent a cette dilatation. 80 % des personnes qui ont
un anévrisme abdominal n’ont aucun symptôme, ne ressentent aucune
douleur particulière. Ces « grosseurs » se développent lentement et passent
inaperçues, En France le dépistage n’est pas obligatoire, il l’est dans nombre
de pays européens, ou encore aux États-Unis, et du coup les décès y sont
4 fois moins importants.
«
Bien sûr, nous savons l’existence de plusieurs facteurs à risque : l’hérédité,
le tabac, l’âge… d’autres évoquent l’athérosclérose. Ce qui est sûr, c’est qu’un
simple dépistage, une échographie, permettrait d’éviter le pire, d’anticiper,
pour enfi n intervenir
», explique Nicolas Louis.
Retrouvailles, cette fois dans le bloc opératoire. Nicolas Louis retrouve ce
patient dont l’image vue sur l’écran quelques jours plus tôt disait l’urgence
de l’intervention. Un autre chirurgien offi cie en face de lui, des assistants
s’affairent, les mots s’échangent, on blague parfois mais chacun comprend
la nécessité du silence, lorsque davantage de concentration est requise. Les
instruments se posent dans les mains gantées, le rythme demeure lent, rien
ne semble venir troubler la précision du geste, tant de fois répété. Par la veine
du bras, le guide s’introduit. Par la fémorale, le « stent » trouve son chemin.
L’objet avec lequel le chirurgien jouait voilà quelques jours, démontrant ainsi
sa robustesse, sa souplesse, faisait alors 2 cm de diamètre, une dizaine de
long. Le voici cette fois tout juste visible mais suffi samment prédécoupé, pour
permettre le passage d’autres vaisseaux. Un travail en amont d’une bluffante
précision, cet objet va donc parcourir, guidé par la sonde venue du bras,
les centimètres qui le placeront là ou l’anévrisme menaçait de rompre et le
patient… de mourir.
Aux Franciscaines, on sait la gageure et la réputation. Nicolas
Louis en est devenu l’un des ambassadeurs réputés : sa
maîtrise, ses doigts, le conduisent à pratiquer et du coup
à former nombre de confrères, du nord au sud du pays.
Sa technique et les stents utilisés aujourd’hui (fabriqués en
Argentine), font presqu’oublier les premières interventions de
ce type, c’était en 1991, un moyen âge chirurgical. 23 ans
plus tard, l’angioplastie écrit ce nouvel élément dans l’extraor-
dinaire aventure médicale. Dans le monde, plusieurs millions
de patients ont bénéfi cié de ce type d’intervention, quelques
années plus tôt, ils auraient dû subir une opération classique :
on aurait « ouvert » comme dit Nicolas Louis avec, précise t-il,
« les risques cardiaques inéluctables ».
Tous les ans, dit-il encore, je pratique une
soixantaine d’interventions de ce type, et
cette clinique demeure dans la région la
première à l’avoir tentéE. Cela, grâce à la
volonté d’un type de 38 ans aux allures
de bûcheron, et qui étudiant dans les
années 90, se passionnait déjà pour ces
interventions qui sont depuis devenues sa
spécialité, sans qu’il ne sache vraiment
pourquoi. Alors, au moment de se sépa-
rer, voilà comme une étrange impression,
cette question restée sans réponse, et ce
chirurgien robuste qui semble jouer avec
les images incompréhensibles du quidam,
et qui défi lent sur ses écrans. Mais enfi n,
la démarche sentimentale de ces gens là
s’explique si bien qu’il n’est point besoin
d’insister sur leur mouvement du… cœur.
« La clinique
des Franciscaines
demeure dans la région,
la première a avoir tenté
ce type d’intervention ».
N°42DÉCEMBRE2014
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