CLAUDE
BERGE.
seulement que la plupart des théoriciens des jeux infinis supposent
que l'ensemble dans lequel le joueur fait son choix doit être repéré
numériquement (hypothèse d'énumérabilité); cette restriction, bien
entendu, est superflue avec la définition
ensembliste.
On connaît
d'ailleurs des jeux pour lesquels l'ensemble des alternatives a une
puissance supérieure à celle du continu.
L'élimination de l'hypothèse 6, tout d'abord, a laissé apparaître des
phénomènes étranges; c'est ainsi, notamment, que Gale et Stewart [13]
trouvèrent que le théorème fondamental de
Zermelo-von
Neumann
pouvait
être
mis en défaut. Comme il importe que de telles anomalies
soient évitées ici, nous définirons le but du joueur au moyen de rela-
tions de préférence sur toutes les positions rencontrées. Ceci nous
permettra, notamment, d'obtenir des résultats analogues pour les
jeux de durée bornée et ceux de durée non bornée.
En écartant l'hypothèse c, nous avons eu primitivement pour but
d'appliquer à la théorie des jeux certains résultats élégants de l'algèbre
des applications multivoques [2]. La théorie classique, en ramenant
tout jeu à une forme ordonnée, est à ce point de vue moins souple, et,
dans le cas où tous les antécédents d'une position n'interviennent pas
dans le paiement final, elle alourdit la donnée d'une « position »
d'éléments étrangers au problème. Enfin, un autre avantage de la
formulation non-ordonnée est qu'elle contient naturellement les
concepts de programmes dynamiques
(*),
de machines
(2),
de
missions (
l)
(en tant que jeux à une personne).
Un jeu sur un espace abstrait X étant considéré comme une
« structure », définie par un ensemble de règles et de préférences, il
sera naturel d'étudier, aux chapitres II et IV, le cas où X est un
espace topologique. La notion intuitive de « voisinage » d'une posi-
tion apparaît dans de nombreux jeux connus, comme par exemple les
jeux de poursuite; si, en outre, les règles et les préférences sont
continues, on pourra parler de «jeu topologique », au même titre,
par exemple, que de « groupes topologiques ». Les possibilités de
cette nouvelle incidence sont encore insuffisamment explorées.
Au chapitre V, nous analyserons la structure algébrique des
coali-
(1)
R.
BELLMAN,
Proc.
Nat.
Acad.
Se,
t. 38,
1962,
p.
716.
(2)
J.
RIGUET,
C.
JR.
Acad.
Se,
t. 242,
ig56,
p.
4$5.
(a)
Bf.
VERHULST,
Naval Research
logistic
quaterly,
t. 3,
1956.
p. ¢5.