dépendances en bref Service d’alcoologie, CHUV, Lausanne La consommation abusive d’alcool est un facteur de risque pour le cancer de l’estomac Le rôle étiologique de l’alcool dans le cancer de l’estomac n’est pas certain : bien qu’il soit suspecté d’être un facteur de risque, il semble également que l’alcool diminue les infections dues à l’Helicobacter pylori (H. pylori). Des chercheurs ont utilisé des données de l’étude «European Prospective Investigation into Cancer and Nutrition» (EPIC) afin d’évaluer l’association entre la consommation d’alcool de base et le risque de développer un cancer de l’estomac. Des personnes qui buvaient de très petites quantités * (0,1-4,9 g ou moins d’une demi-boisson standard ** par jour) ont été comparées à d’autres qui buvaient plus (de 5 à M 60 g par jour). Parmi les 478 459 participants qui ont contribué pour plus de quatre millions d’années-personnes, il y a eu 444 cas de cancer de l’estomac. En prenant des modèles de Cox : •uneconsommationd’alcoolM 60 g par jour était associée au cancer de l’estomac (hazard ratio (HR) : 1,7), mais seulement avec les cancers de l’antre et ceux de type intestinal ; •aprèsajustementpourletypedeboisson, une consommation de bière (mais pas le vin ou les alcools forts) M 30 g par jour était associée au cancer de l’estomac (HR : 1,8) ; •l’associationentrealcooletcancerdel’estomac était indépendante du tabagisme et des infections à H. pylori, et était plus évidente chez les hommes que chez les femmes. Commentaires : cette étude de cohorte prospective suggère qu’il y a un risque élevé de cancer de l’estomac de type intestinal et de l’antre en lien avec une consommation d’alcool abusive. Les analyses effectuées n’ont toutefois pas pu établir pourquoi ces cancers étaient uniquement associés à la consommation de bière, ni s’il existait un seuil d’exposition ou s’il s’agissait plutôt d’une association linéaire. Néanmoins, les résultats font craindre que deux à trois portions standards de bière par jour pourraient augmenter le risque de cancer de l’estomac, particulièrement chez les hommes. Dr Aikaterini Gkouveri (traduction française) Daniel Fuster, MD, PhD † Richard Saitz, MD, MPH (version originale anglaise) * les non-buveurs n’ont pas été utilisés comme groupe de référence en raison du fait que 56% de ceux qui ont rapporté une absence de consommation d’alcool à l’inclusion étaient d’anciens consommateurs. ** boisson standard = 13,5 g d’alcool dans cette étude. Duell EJ, Travier N, Lujan-Barroso L, et al. Alcohol consumption and gastric cancer risk in the European Prospective Investigation into Cancer and Nutrition (EPIC) cohort. Am J Clin Nutr 2011;94:1266-75. † Contributing Editorial Intern and Research Scholar, Clinical Addiction Research and Education (CARE) Unit, Section of General Internal Medicine, Boston University School of Medicine, Boston, MA. Lien vers la version intégrale de la lettre d’information : www.alcoologie.ch/alc_home/alc_documents/alc-lettre information-2.htm Revue Médicale Suisse – www.revmed.ch – 16 janvier 2013 74_77.indd 4 165 14.01.13 11:52