4 Brève histoire économique

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Brève histoire économique
Définition : qu’est-ce que l’économie ?
Le terme économie vient du grec oikos (maison) et nomos (règle). Etymologiquement, l’économie représente donc l’art de
bien administrer une maison, de gérer les possessions d’une personne, puis par extension d’un pays. Dans son sens actuel,
l’économie désigne l’ensemble des activités d’une société qui visent la production, la distribution et la consommation de biens et de ressources.
Dans les années 1940, l’économiste australien Colin Clark a établit la notion de secteur d’activité économique. Cette expression désigne le classement des activités économiques en trois grandes catégories :
- Le secteur primaire qui regroupe l’ensemble des activités liées à l’exploitation directe des ressources naturelles (agriculture, pêche, viticulture, etc.) ;
- Le secteur secondaire qui rassemble l’ensemble des industries de transformation des matières premières (agro-alimentaire, production de biens de consommation, etc.) ;
- Le secteur tertiaire, également appelé le secteur des services, qui regroupe l’ensemble des activités ayant pour objet la
fourniture de services immatériels (assurance, banque, administration, commerce, etc.).
Les secteurs d’activité économique sont dépendants les uns des autres. Ainsi, le pêcheur qui se rend en haute mer pour y
prendre du poisson travaille dans le secteur primaire. L’industriel qui conditionne ce même poisson pour en faire un produit
surgelé exerce une activité industrielle classée dans le secteur secondaire. Le commerçant qui propose à la vente ce poisson
mis en barquette exerce une activité de service classée dans le secteur tertiaire.
Comment est née l’économie moderne ?
Les premiers échanges
Les tous premiers échanges se sont opérés dans le cadre d’une économie de troc, c’est-à-dire un système dans lequel on
échange directement une marchandise contre une autre marchandise. L’origine du troc remonte à l’âge néolithique (pour la
Suisse entre 5’500 et 2’200 avant J.-C.), période au cours de laquelle l’homme passe du stade de chasseur cueilleur à celui de
producteur sédentaire : il domestique les animaux (chèvres et moutons dans un premier temps) qu’il ne faisait que chasser
durant le paléolithique, prépare ses récoltes en semant des grains et améliore son milieu naturel par des labours et des travaux
d’irrigation. L’invention de l’agriculture et de l’élevage assure alors aux hommes une sécurité alimentaire et leur permet
d’échanger leurs surplus. Des marchés prennent donc place dans les premiers villages (les historiens estiment que la première
ville, Catal Hoyuk en Anatolie, a été fondée en 6’000 avant J.-C.) et les hommes y troquent des objets non périssables (perles,
outillage de pierre), mais également des céréales, des animaux, des poissons et des coquillages.
Puis, durant l’âge du Bronze, avec l’augmentation des villes et l’accroissement des échanges, apparaissent des systèmes économiques liés à des denrées, des objets et des métaux. Rapidement, pour simplifier les échanges, un étalon monétaire s’impose
dans chaque société : coquillages, haches de bronze, bijoux, minéraux précieux ou utiles (sel), petits lingots de métal, etc. On
sait alors que telle marchandise équivaut à telle quantité du référentiel.
En Chine, par exemple, la monnaie utilisée a longtemps été un petit coquillage de la famille des porcelaines : le cauri. A Babylone, achats et ventes
se réglaient en orge tandis que durant l’Egypte
antique, les transactions quotidiennes étaient payées en blé.
A l’île de Pâques, n’importe quelle marchandise pouvait être
échangée contre des rats ! En effet, sur une île sans gibier, ces
petits rongeurs représentaient des mets particulièrement prisés…

Différentes formes primitives de monnaie
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Parallèlement, des circuits d’échange sur de longues distances s’établissent dans l’espace méditerranéen. A ce titre, les
Phéniciens (originaires du Liban actuel et fondateurs de
Carthage) représentent certainement les plus grands commerçants et marins du monde antique. Pendant le premier
millénaire avant J.-C., leurs flottes parcourent toute la Méditerranée jusqu’à l’océan Atlantique ; les commerçants troquent des céréales de Mésopotamie, des minerais d’Afrique
(cuivre, argent et surtout étain), des papyrus d’Egypte ou
encore des parfums de Syrie. Les Phéniciens organisent des
routes commerciales dans toute la Méditerranée et créent
de nombreux comptoirs : notamment à Marseille, Cadix et
Carthage, ainsi que dans les îles de Rhodes et de Chypre. Ils
ouvrent ainsi la voie au grand commerce intercontinental.
Les comptoirs phéniciens en Méditerranée 
océan
Atlantique
mer
Noire
Marseille
Ibiza
Cadix
Lixus
Mogador
Tharros
Rachgoun Carthage
Hadrumète
Tarse
Motyé
Cnossos
mer
Méditérannée
Malte
Arwad
Byblos
Sidon
Tyr
Memphis
Source : http://www.memo.fr/article.asp?ID=ANT_PHE_000
Il faut attendre l’an 687 avant J.-C. pour voir apparaître la première véritable pièce de monnaie
métallique. C’est le roi de Lydie (Etat grec de l’Asie Mineure), Gygès, qui l’invente. Dans sa capitale,
Sardes, en plus du troc, on commence donc à utiliser des pièces d’électrum (alliage naturel d’or et
d’argent), d’un poids invariable (14,5 grammes) et de même forme, marqué d’un poinçon authentifiant leur origine. Il s’agit du statère. Très rapidement, les Grecs vont étendre l’utilisation du statère,
si propice aux échanges, au bassin de la Méditerranée et à l’Orient : monarques, aristocrates, cités et
institutions se mettent donc à frapper des monnaies à leur effigie.
Drachme athénienne du Vème siècle av. J.-C. 
Source : http://www.memo.fr/article.asp?ID=ANT_PHE_000
Le monnayage, s’il représente un moyen de propagande et de diffusion de l’autorité politique, constitue également un moyen
de faciliter les échanges et d’assurer le développement du commerce. La monnaie permet, en effet, de mesurer et de comparer
la valeur d’objets très différents.
Un autre facteur va permettre le développement du commerce : l’utilisation de grandes voies commerciales. A partir de l’an
100, la fameuse Route de la Soie relie l’Orient à l’Occident.
La Route de la Soie
La route de la Soie représente l’une des premières voies
commerciales de grande importance. Elle est établie
aux environs de l’an 100 av. J.-C. et relie, sur une
distance de 6’000 km, la Chine au Moyen-Orient et
à l’Europe occidentale. La Route de la Soie part de
Xi’an en Chine et passe par l’Asie centrale, l’Afghanistan, l’Iran, l’Irak, la Syrie pour aboutir à la côte
orientale de la Mer Méditerranée. Les caravanes sont
bien évidemment chargées de soie chinoise, mais également d’épices et de pierres précieuses d’Inde, de récipients
en argent d’Iran, de tissus de Byzance et d’autres marchandises. Les marchandises s’échangent dans les oasis, devenues des comptoirs importants que fréquentaient, outre les commerçants, des pèlerins et des soldats.
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Le Moyen Âge
Le haut Moyen Âge (Vème siècle - Xème siècle) correspond à une période troublée de l’histoire. La désintégration économique et les invasions barbares, puis l’établissement de tribus germaniques à l’intérieur des frontières de l’Empire romain
d’Occident, changent la face du continent européen. Entre conflits, désorganisation sociale et épidémie, le haut Moyen Âge
apparaît comme une période de régression. Mais à partir de l’an mille (début du bas Moyen Âge), l’économie occidentale
se développe considérablement. Les villes poussent comme des champignons (le nombre de très grandes villes, comptant
plus de 100’000 habitants, a été multiplié par cinq entre le début du XIème siècle et le milieu du XIVème siècle), la population
augmente très vite (elle double entre l’an mille et 1340, quelques années avant que la Peste noire touche l’Europe et tue un
tiers de sa population), le commerce s’enfièvre. De nombreuses inventions permettent d’augmenter la productivité agricole :
on parle d’ailleurs de révolution économique médiévale. Citons entre autre l’amélioration de l’outillage (notamment de la
charrue), l’extension de la rotation triennale (jachère) et l’augmentation des surfaces cultivées (grâce notamment à un puissant
mouvement de défrichement des forêts.)
Ce gain de productivité associé à de nombreux progrès dans les transports (constructions de routes, de ponts, naissance des
caravelles, etc.) et à de nouvelles techniques (moulins à vent et à eau, métier à tisser horizontal, etc.) engendrent une nette
augmentation des échanges et le développement de groupes de commerçants tels que les colporteurs (marchands ambulants
transportant leurs marchandises de ville en ville). Les villes de foires italiennes (Gênes, Venise) traversées par les routes commerciales développent et financent ces activités (apparition des prêteurs, ancêtres des banquiers).
La Renaissance et la découverte du Nouveau Monde
Après les affres de la Guerre de Cent ans, qui opposa entre 1337 et 1453 les deux grandes puissances européennes qu’étaient
l’Angleterre et la France, avec la période de la Renaissance, l’Europe vit une période d’épanouissement culturel, artistique,
technique et économique. Ainsi, durant cette période, plusieurs découvertes fondamentales ont été réalisées par les Européens, à l’image de l’imprimerie et du Nouveau Monde.
Si l’imprimerie par xylographie (impression de feuillets entiers à l’aide de planches gravées)
existait en Chine depuis l’an 868, l’allemand Johannes Gutenberg est traditionnellement
considéré comme l’inventeur de l’imprimerie européenne. En effet, vers 1450, Gutenberg
utilisa pour la première fois des caractères mobiles métalliques en plomb, permettant une
production en série : cette invention signe la naissance de la typographie. Grâce à cette découverte, Gutenberg commença à imprimer la Bible en latin ainsi que d’autres livres plus modestes. Dès lors, l’imprimerie se développa très rapidement : on estime qu’entre 1450 et 1500,
plus de 6’000 oeuvres ont été imprimées. L’imprimerie en série provoqua une véritable
révolution culturelle : le livre, auparavant si rare et généralement réservé à une élite savante,
devient enfin accessible au public. L’accès plus facile à la connaissance et au savoir favorisera
l’émergence d’un esprit critique et, avec lui, de l’humanisme.
La « Bible de Gutenberg » 
surpasse de loin en beauté
et en art tous les livres qui
l’ont précédé.
Au XVème siècle, les Portugais, sous l’impulsion d’Henri le Navigateur, entreprennent la
reconnaissance systématique des côtes occidentales de l’Afrique dans le but d’établir des
comptoirs commerciaux et d’atteindre les Indes. Cette volonté économique et politique
est accompagnée de progrès techniques favorisant la navigation : des tables de déclinaison établies par des mathématiciens
rendent plus juste la détermination de la latitude et les cartes marines se font plus précises. Un nouveau bateau, la caravelle,
permet de s’aventurer au large. Dès le début du siècle, l’une des ambitions des Européens est d’atteindre les Indes par l’Ouest.
La raison en est simple : depuis le XIème siècle, les musulmans contrôlent les principales routes de commerce entre l’Orient
et l’Occident et prélèvent de lourdes taxes sur les épices et les soieries. Les Européens sont donc à la recherche de nouvelles
voies de communication leur permettant d’entrer en contact direct avec les Indes et la Chine.
Le 3 août 1492, le navigateur et marchand génois Christophe Colomb se lance dans l’aventure. A la tête de trois navires (la
Pinta, la Niña et la Santa Maria), Christophe Colomb aborde le 12 octobre 1492 ce qu’il croit être l’Inde : il s’agit en fait d’une
île des Bahamas (Guanahani), qu’il baptisera San Salvadore. Au cours des semaines suivantes, Christophe Colomb, toujours
persuadé d’avoir débarqué en Asie, se rend sur plusieurs îles, dont notamment Cuba qu’il dénomme Juana et La Española,
devenue par la suite Hispaniola (comprenant les territoires actuels de la République dominicaine et de Haïti.)
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Ci-dessous la Santa Maria de
Christophe Colomb. Il s’agit
du plus grand des trois navires
de l’expédition (30 mètres).
39 hommes en constituaient
l’équipage. 
La « découverte » du Nouveau Monde par Christophe Colomb ouvre une période qui
durera plus de quatre siècles : la colonisation.
L’occupation espagnole de l’Amérique commence dès octobre 1492. En effet, lors de ce
premier voyage, Christophe Colomb laisse un petit groupe de colons sur l’île d’Hispaniola (Haïti) et revient l’année suivante avec une équipe plus importante. Rapidement, les
conquistadores (terme qui signifie conquérant en castillan) s’emparent d’immenses
territoires en Amérique latine au nom de la couronne espagnole, dont notamment
Cuba en 1511, l’immense Empire aztèque en 1521 et le Pérou en 1532.
De son côté, le royaume du Portugal affrète ses navires sur le littoral oriental du Brésil et
y établit, dès 1500, des comptoirs économiques. Au service de Lisbonne, l’italien Amerigo
Vespucci poursuit l’exploration des côtes brésiliennes jusqu’à la baie de Rio de Janeiro,
puis jusqu’au sud de la Patagonie. Les Portugais s’installent au Brésil de façon permanente
en 1532.
Si, dans un premier temps, la colonisation a surtout été axée sur les métaux précieux (pillage de l’or amérindien), à partir de 1570, la culture des produits tropicaux (sucre, cacao,
café, etc.) devient une priorité. Le Portugal, qui manque de main-d’oeuvre agricole pour
l’exploitation intensive de ces produits dans les nouveaux territoires, est le premier pays
européen à satisfaire ses besoins en main-d’oeuvre en faisant venir des esclaves d’Afrique :
c’est la traite des Noirs.
« Des êtres humains capturés, enchaînés, déportés, vendus comme des marchandises, exploités,
torturés. Dix millions ? Vingt millions ? Le chiffre exact n’est pas connu, mais importe-t-il vraiment
au regard du drame vécu par ces personnes déshumanisés, ces familles désunies, ces peuples
déchirés, ce continent dépossédé de sa plus grande richesse ? »
Jasmina Šopova, rédactrice à l’UNESCO
Sugar, tobacco, and
cotton to Europe
Slaves to the
Americas
Textiles, rum and
manufactured
goods of Africa
La traite des Noirs a donné naissance à un circuit commercial que l’on
appelle le commerce triangulaire : entre 1550 et 1850, les navires négriers partent d’Europe pour l’Afrique occidentale chargés de marchandises (armes à feu et barils de poudre, textiles, perles et autres produits
manufacturés, rhum et eau de vie notamment) qu’ils échangent contre
des esclaves. Ces esclaves sont ensuite transportés en Amérique pour être
vendus aux colons. Avec le produit de la vente, les négriers achètent sur
place des produits tropicaux (café, coton, sucre, chocolat, etc.) qu’ils revendent en Europe. Le bénéfice réalisé par les négriers à chaque voyage
avoisine les 400 %.
Source : http://img.search.com/d/d3/300px-Triangle_trade.png
On estime que ce commerce aboutira à la déportation de 14 à 20 millions d’Africains. A ce terrible chiffre, il faut ajouter les
morts sur le chemin de l’exil, les victimes des razzias, les destructions des récoltes et des réserves, à l’origine de famines. Au
final, cette ponction démographique est aujourd’hui estimée entre 50 et 80 millions d’individus.
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Avec la découverte du Nouveau Monde et celle de voies maritimes menant au continent asiatique (Cap de Bonne-Espérance
par Vasco de Gama en 1498), de véritables Empires coloniaux européens se mettent sur pied. Pour caractériser ce phénomène, on parle souvent de « partage du monde ». Les Espagnols s’assurent ainsi la domination de toute l’Amérique du Sud (à
l’exception du Brésil appartenant au Portugal tout comme plusieurs régions d’Afrique), de presque toute l’Amérique centrale,
de la majorité des Antilles, ainsi que de certaines parties de l’Amérique du Nord (Californie, Floride). Plus tard, l’Angleterre va
dominer la majorité de l’Inde, le vrai royaume des épices, qui lui confère un pouvoir économique de très grande importance,
puis l’Australie.
Une nouvelle géométrie des échanges se met donc en place à partir du XVIème siècle : le concept d’économie monde
s’établit progressivement. En effet, l’espace économique passe d’une échelle essentiellement tournée vers l’étranger
proche à une échelle mondiale. D’abord par l’implantation de comptoirs économiques européens sur l’ensemble de la planète entre le XVIème et le XVIIIème siècle : colonies américaines, comptoirs esclavagistes en Afrique, comptoirs hollandais,
anglais et français en Inde, ports de commerce britanniques à New York ou Baltimore.
Emprise européenne entre le XVIème et le XVIIIème siècle 
Québec
Baltimore
Boston
New York
Casablanca
Mascat
La Havane
Port-au-Prince
Paramaribo
Para
Aden
Bahia
Cochin
Elmina
Recife
Lima
Concepcion
Goa
Georgetown
Cartagena
Santiago
Guangzhou
Port of Spain
Luanda
Benguela
Mogadiscio
Zanzibar
Cape Town
Manila
Penang
Colombo
Bantam
Macassar
Timor
Toamasina
Rio de Janeiro
Curitiba
Macau
Madras
Maputo
Montevideo
Buenos Aires
Source : http://people.hofstra.edu/faculty/Jean-paul_Rodrigue/downloads/EEM%20Chapitre%202.pdf
Ensuite par les différentes phases de la colonisation territoriale : la première consacre l’extension de l’influence européenne
en Amérique (XVIème et XVIIème siècles) et la seconde (celle du XIXème siècle) l’étend à l’Afrique, à l’Asie du Sud et du
Sud-Est (colonisation des Indes par le Royaume-Uni et contrôle des routes terrestres et maritimes vers l’Inde). L’Europe
occidentale est le centre du système tandis que les régions exploitées d’outre-mer représentent la périphérie. Les Européens
transforment profondément l’économie des territoires colonisés. Ils cherchent avant tout à s’assurer un approvisionnement
en matières premières nécessaires à leurs industries et à développer les cultures d’exportation comme les épices ou le
café, au détriment des cultures vivrières comme le riz ou le manioc. Dans cette optique, certaines régions perdent leur autosuffisance alimentaire et deviennent de plus en plus dépendantes des pays colonisateurs.
Parallèlement à l’élargissement de l’espace économique des nations européennes, la conception du commerce se modifie : il
est dorénavant conçu comme un moyen d’enrichissement, sa finalité consistant à attirer les richesses du dehors afin de les
conserver au-dedans, c’est le mercantilisme.
Le mercantilisme
Le mercantilisme représente l’une des premières doctrines de l’histoire économique. Elle
prévaut en Europe entre 1500 et 1800. Le mercantilisme part de l’idée que la richesse
et le pouvoir d’une Nation sont mesurés par la quantité d’or qu’elle possède. Le mercantilisme prône donc l’intervention de l’État pour développer et accroître la richesse
nationale, en particulier les possessions d’or et de métaux précieux. L’accroissement
de ces richesses est assuré par les échanges commerciaux et plus particulièrement
par l’excédent des exportations sur les importations.
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La première Révolution industrielle
A partir des années 1770-80, une nouvelle transition économique se profile en Grande-Bretagne : il s’agit de la première
Révolution industrielle, c’est-à-dire le passage d’une économie artisanale et agricole vers une économie mécanisée et industrielle. Elle se propage dans l’Europe de l’Ouest à partir de 1820 : d’abord en France, puis en Allemagne (1830) et aux EtatsUnis (1870), avant d’atteindre la Russie et le Japon dans les années 1890. La Révolution industrielle représente un tournant
majeur de l’histoire économique mondiale.
Les historiens mettent en avant plusieurs éléments explicatifs de cette transition mais insistent sur l’importance d’une invention : la machine à vapeur. Le perfectionnement de ce dispositif par James Watt en 1769 permet en effet la mécanisation du
travail, c’est-à-dire d’utiliser des machines mécaniques à la place de la force humaine et animale. Dès 1800 par exemple, 80 %
de la production cotonnière de l’Angleterre est mécanisée. Dans les transports, le piston à vapeur de Watt permet le développement de la locomotive et du navire à vapeur. Le recours massif à la houille, substitut du bois, permet la multiplication des
machines à vapeur.
Parallèlement, au début des années 1800, de nouveaux procédés métallurgiques permettent d’améliorer les alliages et de produire de l’acier.
Ce dernier est d’abord utilisé dans l’architecture (pont) avant d’être
mis sur des rails et de donner naissance à la grande vedette de la révolution industrielle : le chemin de fer. L’acier devient donc un produit
courant qui permet la construction de navires, de rails, de charpentes
d’édifices et de machines à vapeur.

Part de la population agricole dans la population active, 1820-1910.
Grande-Bretagne
France
Allemagne
Etats-Unis
Source : http://trainsdumonde.chez-alice.fr/locomotive.htm
Comme l’illustre le graphique ci-contre, à partir de 1820, l’emploi dans le secteur agricole baisse drastiquement. Pour l’Allemagne, par exemple, la part de la
population agricole passe de 80 % en 1820 à 18 % en 1910. La force de travail
est ainsi transférée de la production des produits primaires à celle de biens
manufacturés et de services. On assiste donc à un exode rural et à une urbanisation massive. Manchester, grand centre industriel de l’époque, passe, par
exemple, de 25’000 habitants en 1770 à 300’000 habitants en 1850. Vers 1901,
les trois quarts de la population anglaise habitent dans des villes.
Source : Rioux, J-P (1989) La révolution industrielle 17801880, Paris: Éditions du Seuil, p. 197.
Avec la Révolution industrielle, l’usine remplace le travail agricole et artisanal. On dit d’ailleurs de cette époque que l’Europe s’habille d’un « manteau
d’usines ». Les ouvriers vendent désormais directement leur travail, créant
ainsi une nouvelle classe sociale, le prolétariat. Des syndicats et des partis
politiques se forment afin de défendre les intérêts du prolétariat face aux
propriétaires des moyens de production. Karl Marx et Friedrich Engels
lancent les attaques les plus virulentes contre le capitalisme comme
forme d’exploitation de l’homme par l’homme ; leurs écrits deviennent la
référence intellectuelle du socialisme et du communisme européens. La
réorganisation sociale voit l’émergence de la bourgeoisie face à l’aristocratie de l’Ancien régime.
Source : http://www.reflet-du-passe.fr/mettre%20sur%20site/gpcpa/gp6305.jpg
Capitalisme et Prolétariat
La Révolution industrielle consacre un système économique dont le but principal est l’accumulation de capital : 
il s’agit du capitalisme. Dans ce système, deux classes sociales se distinguent : d’une part la bourgeoisie qui
possède les moyens de productions (usines, capital, etc.) et d’autre part le prolétariat (ou classe ouvrière)
qui ne possède que sa force de travail. Pour accroître ses profits et sa richesse, la bourgeoisie cherche la
meilleure productivité possible, en exploitant notamment au maximum la force de travail des ouvriers.
Les notions de prolétariat et de lutte des classes sont intimement liées à Karl Marx (1818-1883) et à son
ouvrage majeur, le « Capital ». Pour Marx, les classes ouvrières du monde entier, opprimées et exploitées
par la bourgeoisie, devraient s’unir pour renverser cette classe dominante et la supprimer. D’où cette phrase
très connue : « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! » Marx représente le symbole
de la lutte des classes.
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La Révolution industrielle engendre une augmentation considérable du volume de la production industrielle tandis que la
révolution des transports tend à raccourcir les distances du marché mondial. Les exportations fournissent rapidement un
débouché indispensable aux produits manufacturés des nations industrialisées. En contrepartie, les puissances européennes
importent de grandes quantités de matières brutes : coton, lin, bois, minerais, charbon, pétrole. Dans cette optique, à partir
de 1850, le volume des échanges internationaux ne cesse d’augmenter : on estime ainsi que, durant le XIXème siècle, le
volume du commerce mondial est multiplié par 25. Au début du XXème siècle, les nations européennes possèdent un réseau d’échange mondial, un pouvoir financier sans rival, d’innombrables possessions coloniales et des zones de peuplements
aux dimensions continentales (Amérique du Nord, Australie). La période s’étendant de 1880 à 1914 est considérée comme la
première véritable phase de mondialisation économique qui désigne la structure planétaire d’interdépendance et d’interpénétration des économies nationales.
A partir des années 1840-1850, on assiste à une augmentation rapide de la circulation des capitaux
(investissements à l’étranger). Le stock brut des investissements à l’étranger passe de 1,2 milliards en
1825 à presque 48 milliards en 1913 ! Le Royaume-Uni est très largement prédominant : en 1913, plus
de 40 % des capitaux présents à l’étranger sont d’origine britannique. La plus grande partie des capitaux (37 %) est investie dans les pays de peuplement européen, qu’il s’agisse de l’Amérique du Nord,
de l’Océanie ou des pays tempérés d’Amérique latine.
La deuxième Révolution industrielle et après
A partir des années 1880, de nouvelles innovations techniques ouvrent la voie à la deuxième Révolution industrielle. Cette
nouvelle étape de l’histoire économique va très rapidement bouleverser le visage de l’activité industrielle et du travail humain.
Alors que jusque-là le monde entier s’éclairait au gaz ou plus généralement à la bougie, l’américain Thomas Alva Edison conçoit, en 1879, la première ampoule électrique à incandescence. Avec ses nombreux collaborateurs, Edison met également au point des dynamos, des régulateurs, des interrupteurs,
des lignes souterraines, etc., si bien qu’à partir du 4 septembre 1882, il peut alimenter en courant et en
lumière électrique une partie de Manhattan à New York. Ces premiers réseaux d’éclairage public et de
distribution font de l’électricité le symbole de toute une époque. A Genève, suite à un voyage aux EtatsUnis où il rencontre Edison, le genevois Théodore Turrettini fonde, en 1882, la Société d’appareillage
électrique. Celle-ci obtient des autorités municipales l’autorisation de fournir le courant électrique pour l’éclairage public en
1887.
Les retombées industrielles de l’électricité se profilent très rapidement puisque, dès 1880, le moteur électrique est mis au
point. Capable de produire de l’énergie mécanique à partir d’une alimentation électrique, il offre la possibilité d’une alimentation individuelle à chaque appareil. Outre les économies de matériel et le gain en sécurité, l’électricité donne une liberté
nouvelle pour rationaliser l’organisation spatiale des activités. Elle consacre ainsi le modèle de la grande usine.
Après la mise au point du moteur à explosion au milieu des années 1880, Carl Benz, puis Gottlieb Daimler lancent avec
succès les premières voitures à essence. Dès lors, la demande pour les automobiles s’emballe et l’industrie se développe très
rapidement : en France, par exemple, on estime que l’industrie automobile est passée d’une production de 1’850 véhicules en
1898, à 45’000 à la veille de la Première Guerre mondiale.
Aux Etats-Unis, pour répondre à la forte demande et pour produire à moindre
coût un modèle de véhicule accessible au grand public, Henry Ford instaure la standardisation du produit automobile et met en place les premières techniques de
production de masse. Pour ce faire, il s’inspire de l’organisation du travail tayloriste et instaure le travail à la chaîne (1913). Grâce à l’introduction de la chaîne
de montage, Ford parvient à réduire le temps de montage à 93 minutes, alors qu’il
était de 728 minutes auparavant. Le prix du véhicule passe, quant à lui, de 850 $ en
1908 à 265 $ en 1922.
Chaîne de montage des automobiles
Ford 
Source : http://www.lecerveau.mcgill.ca/flash/a/
a_06/a_06_s/a_06_s_mou/a_06_s_mou.html
 La Ford T est l’emblème des débuts de la production
de masse : elle sera vendue à plus de 15 millions
d’exemplaires entre 1908 et 1927.
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Le taylorisme et l’organisation scientifique du travail
Le taylorisme est un système d’organisation du travail mis au point par l’ingénieur américain Frederick Winslow Taylor (1856-1915) au début du XXème siècle. Cette méthode de travail repose sur ce qu’il a appelé
« l’Organisation Scientifique du Travail » (OST) dont le but premier est d’accroître la productivité dans
les usines. Pour ce faire, il a mis au point plusieurs mesures : la division verticale du travail (« tout travail
intellectuel doit être banni de l’atelier pour se concentrer dans les bureaux de planification et d’organisation »), la division horizontale du travail (c’est la parcellisation des tâches entre ouvrier : à chaque ouvrier
est attribuée une tâche élémentaire, la plus simple possible, afin d’automatiser et d’accélérer les gestes) et
le salaire au rendement (les gestes sont chronométrés : chaque tâche correspond à un temps d’exécution ;
le chronomètre détermine alors la rémunération de l’ouvrier en écart au temps référentiel). Avec le taylorisme,
l’ouvrier devient un automate dépossédé de toute participation à la réalisation du produit. La mise en œuvre, à
grande échelle, de ces principes a permis de recruter et de mettre au travail des ouvriers peu ou pas qualifiés et de les
astreindre à des tâches répétitives sans les former. Le taylorisme connaîtra son apogée de 1920 à 1950, appuyé par la
standardisation des produits.
Signalons encore qu’une autre vague d’innovations caractéristique de la seconde Révolution industrielle s’opère dans la
chimie. Les domaines d’application de cette industrie s’étendent énormément dans le dernier quart du XIXème siècle et la
mise au point de procédés nouveaux multiplie les capacités de production de la chimie de base et ses débouchés possibles :
plastiques, colorants, explosifs, consommations intermédiaires industrielles, etc.
Au final, de la première à la deuxième Révolution industrielle, un glissement s’est opéré du secteur des biens de consommation
non durables (textiles) vers la fabrication de biens durables (véhicules à moteur, tramways électriques, appareils électro-ménagers, etc.), de produits intermédiaires et de biens d’équipement (chimie, matériaux, machines).
La crise de 1929
On appelle « crise de 1929 » la crise économique déclenchée aux États-Unis, le jeudi 24 octobre 1929, par le krach boursier de
Wall Street. Cette crise s’est propagée rapidement au reste du monde et a plongé de nombreuses économies dans la récession
pendant les années 1930.
A la fin des années 1920, malgré la bonne santé affichée par l’économie américaine, les bases de la croissance sont de plus en
plus fragiles en raison notamment de la surproduction industrielle, de la spéculation boursière et du recours important
au crédit par les ménages américains.
Durant le mois d’octobre 1929, à l’annonce de la baisse des prix et des bénéfices industriels, certains spéculateurs décident
de vendre leurs actions au moment où les cotations boursières de Wall Street à New York sont encore à un niveau élevé. Très
rapidement, l’effondrement des cours s’étend à toutes les valeurs boursières et des centaines de milliers de petits actionnaires
sont ruinés. Les banques, qui ont multiplié les crédits pendant plusieurs années, ne peuvent récupérer leurs fonds auprès des
personnes endettées.
Les banques américaines réclament donc le remboursement de leurs prêts à l’étranger et rapatrient les capitaux qu’elles y ont investis : c’est ainsi que la crise va s’étendre au reste du monde.
La crise frappe d’abord le domaine financier avant de devenir une vaste crise économique : la
paralysie du crédit et l’inquiétude générale freinent la consommation et découragent l’investissement. Dès lors, les prix chutent, des milliers d’entreprises font faillite et un chômage de
masse fait son apparition : en 1932, on compte 30 millions de chômeurs dans le monde
(contre 10 millions en 1929). Dans toute l’Europe, les populations se paupérisent : au milieu
des années trente, on estime par exemple qu’un cinquième de la population britannique est
sous-alimentée. Pour sortir de la crise, différents gouvernements mettent en place des politiques
économiques dirigistes. Aux Etats-Unis, le président Roosevelt lance le New Deal (programme
économique basé sur un fort interventionnisme étatique) tandis qu’en Allemagne, Adolf Hitler,
qui a amplement profité de la crise économique pour accéder au pouvoir, mène une politique
d’industrialisation et de militarisation soutenue. Ceci étant, certains pays, à l’image de la France,
ne seront toujours pas sortis de la récession lorsqu’éclate la Seconde Guerre mondiale en 1939.
Source : http://www.authentichistory.com/ed/1930s/images/1929_
panic_on_wall_street.jpg
11
Les Trente Glorieuses
L’expression « les Trente Glorieuses » a été inventée par l’économiste français Jean Fourastié pour désigner la période de forte
croissance économique qu’ont connu les pays industrialisés entre 1945 et 1975. Entre ces deux dates, le taux de croissance
moyen s’est établit à 4,5 %, alors qu’il était environ de 2 % entre 1920 et 1930. La croissance exceptionnelle des Trente Glorieuses n’est pas due à une seule cause, mais bien à une conjonction de plusieurs facteurs.
En 1945, les pays européens sortent complètement dévastés de la Seconde Guerre mondiale : la production agricole et minière
a presque cessé et une grande partie de la population est menacée par la pénurie de denrées alimentaires. Le début de la Guerre
froide, l’idée que cette situation économique désastreuse constitue un terreau favorable à la propagation du communisme sur
le continent européen (Doctrine Truman, du nom de son initiateur, le président américain Harry S. Truman) et la volonté de
trouver de nouveaux débouchés pour leurs produits, poussent les Etats-Unis à adopter, le 5 juin 1947, un programme d’aide
financière destiné à l’Europe. Il s’agit de l’European Recovery Program (Programme de reconstruction européen), mieux
connu sous le nom de Plan Marshall.
A partir de 1948, 16 pays européens bénéficient de l’assistance financière américaine (13 milliards de dollars dont 80 % de
dons). Cette aide a donné l’impulsion décisive à la croissance européenne.
Parallèlement, les Etats interviennent plus franchement et plus durablement dans l’effort économique national. La croissance
est soutenue par l’intervention des Etats : ils jettent les bases de politiques industrielles ambitieuses en soutenant les secteurs
clés, qui deviennent les moteurs de la croissance. C’est le cas de l’aéronautique, de l’automobile, ou encore des industries mécaniques et électriques. Dès 1949, la production de biens manufacturés retrouve son niveau d’avant-guerre et ne cessera plus
de croître jusqu’en 1975.
L’Etat intervient également pour redistribuer plus équitablement les fruits de la croissance. C’est les débuts de l’Etat-Providence ou « Welfare State » avec le développement des protections sanitaires et sociales, ainsi que la création des assurances
chômage.
Publicité typique de l’ère de consommation
de masse qui débute en 1945 
Cette période voit également l’apparition de la consommation de masse. La croissance, le plein-emploi et la nette augmentation du niveau de
vie permettent, en effet, aux ménages de consacrer une plus grande part
de leur budget à la consommation. Après les privations de la Guerre,
les populations découvrent avec enthousiasme de nouveaux objets, tels
que le réfrigérateur, le lave-linge ou le téléviseur. De plus, alors que les
revenus des familles augmentent, les prix des produits, standardisés et
fabriqués en masse, baissent : ils deviennent relativement bon marché et
ne sont plus réservés à une élite. Grâce à l’automobile, on part désormais
en week-end et en vacances. Le tourisme de masse se développe.
Les Trente Glorieuses s’achèvent au moment du premier choc pétrolier.
12
Les deux chocs pétroliers de 1973 et 1979
Au début des années 1970, les pays producteurs de pétrole (regroupés au sein de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole, OPEP) veulent réagir face à la dégradation du prix du brut qui, depuis 1950, a baissé de 40 % par rapport aux produits
industriels. Nécessaire pour faire face à la croissance et à la production mondiales, le pétrole est alors une énergie bon marché. Ce sont deux événements politiques qui vont servir de détonateurs au début de la première crise pétrolière : la guerre
israélo-arabe de 1967, puis et surtout la Guerre du Kippour en 1973. Pour la première fois de l’histoire, « l’arme pétrole »
va être utilisée.
En juin 1967, la Guerre des Six-Jours oppose Israël aux pays arabes,
soit l’Égypte, la Jordanie et la Syrie, soutenues par l’Irak, le Koweït,
l’Arabie saoudite, le Soudan, le Yémen et l’Algérie. Très vite, les Etats
arabes décrètent une suspension momentanée des livraisons de pétrole
aux États-Unis et à la Grande-Bretagne, accusés de soutenir Israël. Les
prix augmentent, mais sans véritables conséquences.
Gisement de pétrole en Arabie Saoudite, premier
producteur de pétrole au monde 
Par contre, lors de la guerre du Kippour (opposant à nouveau les pays
arabes à Israël), les dix membres arabes de l’OPEP décident un embargo complet envers les États-Unis, les Pays-Bas, le Portugal et l’Afrique
du Sud, jugés trop pro-israéliens. En outre, l’OPEP décide de réduire
la production de pétrole brut arabe de 5 % chaque mois, jusqu’à ce que
les Israéliens se soient retirés des territoires occupés. Par conséquent,
entre octobre et décembre 1973, le prix du baril de brut quadruple, Source : http://www.er.uqam.ca/nobel/oei/veille/IMG/jpg/NYTimes_oil_field_2_375.jpg
passant de 2,32 dollars à 9 dollars. Pour les pays très dépendants de
leurs importations de pétrole (par exemple la France et l’Italie qui importent respectivement 70 % et 80 % du pétrole qu’ils
utilisent), les incidences du choc pétrolier sont importantes. Contraints de réduire leurs importations, ces pays vont connaître
un ralentissement de leur activité économique, une augmentation rapide du chômage, une inflation galopante, une aggravation
des déficits commerciaux et un ralentissement de la croissance. En France par exemple, les faillites augmentent de 17 % dans
le courant de l’année 1974 et le chômage dépasse 900’000 personnes l’année suivante. Pour la première fois depuis 1945, la
production industrielle baisse de 1974 à 1975.
Les prix du pétrole finiront par se stabiliser en 1975. Mais la période de récession initiée en 1974 mettra fin à la prospérité des
Trente Glorieuses.
La stabilisation des prix du pétrole entre 1975 et 1978 ne résistera pas aux nouveaux troubles politiques qui agitent le MoyenOrient. La chute du chah d’Iran en janvier 1979 et le début
de la guerre Iran-Irak en 1980, vont provoquer une baisse de
la production (en Iran, entre septembre 1978 et février 1979, la
production passe de 6 millions de barils par jour à 400’000), une
ruée sur l’or noir et une nouvelle envolée des prix : le baril passe
de 12,70 dollars en décembre 1978 à 32 dollars à la fin de l’année
1980. Les effets sur les économies industrialisées sont directs : la
croissance mondiale chute de 3,4 % en 1979 à 1 % en 1980 ; celle
du commerce international de 6,1 % en 1979 à 3,2 % en 1980.
Dans le même temps, l’inflation passe de 8,9 % à 11,5 % et les
pays industrialisés comptent 23 millions de chômeurs en 1980.
Les deux chocs pétroliers mettent en lumière à la fois l’importance cruciale du pétrole pour l’économie mondiale et le
fait qu’il se concentre uniquement dans quelques régions du monde.
En tant que première source d’énergie mondiale, le pétrole est, en effet, utilisé dans de nombreux domaines tels que les transports, l’industrie et l’agriculture. Notre civilisation industrielle moderne dépend du pétrole et de ses dérivés ; il fournit près
de la moitié de la demande totale d’énergie primaire.
13
Le pétrole est partout. Il sert de combustible sous forme de fioul
pour le chauffage par exemple ou pour la production d’électricité. Il
recouvre routes et bâtiments sous forme de bitume. On le retrouve
aussi dans l’agriculture et pas uniquement pour alimenter les tracteurs
et moissonneuses-batteuses. Les engrais azotés et la plupart des pesticides sont produits à partir de lui. Le pétrole et ses dérivés sont utilisés dans la production de médicaments, de produits agrochimiques
et alimentaires, de matières plastiques, de matériaux de construction,
de peintures et de fibres synthétiques, de détergents et de caoutchouc,
ainsi que dans la production électrique. Mais comme l’illustre le graphique ci-contre, les transports représentent le plus grand poste
d’utilisation du pétrole, sous la forme d’essence.
Concernant la concentration du pétrole dans
quelques pays du monde, un chiffre illustre bien
ce phénomène : les douze pays de l’OPEP ( Algérie, Gabon, Indonésie, Iran, Irak, Koweït, Libye,
Nigeria, Qatar, Arabie saoudite, Émirats arabes
unis et Venezuela) recouvrent à eux seuls 78 %
des réserves mondiales de pétrole brut prouvées.
Comme l’illustre la carte ci-contre, c’est au Proche-Orient que les réserves prouvées sont les plus
abondantes : l’Arabie Saoudite, l’Iran, l’Irak, le
Koweit et les Emirats arabes unis sont, dans l’ordre, les cinq nations les plus dotées en or noir.
Selon certains spécialistes, 944 milliards de barils ont été extraits à ce jour. Il resterait 764 milliards de barils extractibles dans
les réserves connues et 142 milliards que l’on considère comme encore à découvrir. Nous nous approchons donc du fameux
« pic de Hubbert », c’est-à-dire du point où 50 % des réserves mondiales ont été consommées. A ce déclin des réserves, il
faut ajouter une augmentation continue de la demande mondiale. La consommation de la Chine a ainsi augmenté de 17 % en
une année et devrait doubler dans les 15 années à venir.
La troisième Révolution industrielle
Aujourd’hui, les sociétés industrialisées vivent au rythme de la troisième Révolution industrielle. Celle-ci puise ses racines
au sortir de la Deuxième Guerre mondiale grâce à plusieurs inventions : le téléphone (Bell en 1876), la radio (Marconi en
1898), le tube à vide (De Forest en 1906), le premier ordinateur (1946), le transistor (1947), puis le microprocesseur (1970).
Ces inventions engendrent l’essor de l’informatique et le développement accéléré des sciences et des technologies de la
communication et de l’information, c’est la troisième révolution industrielle. Ce phénomène transforme radicalement les
sociétés occidentales.
L’utilisation massive des ordinateurs permet l’automatisation et la robotisation du
travail. Elle tend ainsi à réduire l’intervention humaine - dans la métallurgie, la mécanique de précision, l’automobile - à des fonctions de contrôle et de supervision, et
placent les sociétés occidentales dans une logique de diminution continue de l’emploi
industriel, ou du moins de modification profonde des critères de sélection et de formation de la main-d’œuvre.
Nous avons abordé les révolutions industrielles en nous concentrant sur une chronologie occidentale. Nous devons donc signaler que ce vaste mouvement d’industrialisation a touché l’ensemble de la planète mais de façon différée : si aucun pays non Source : www. weinbrenner-online.com
occidental, mis à part le Japon, n’a amorcé de véritable processus de développement
moderne au cours du XIXème siècle, les choses commencèrent à changer à partir des années 1930. Dès cette date, certains pays
d’Amérique latine, à l’image par exemple de l’Argentine, débutent leur processus d’industrialisation et développent rapidement leurs activités. Suivent, dès les années 1960, certains pays asiatiques comme la Corée du Sud ou Singapour
qui sont aujourd’hui aussi industrialisés que les pays occidentaux.
14
L’accroissement du commerce mondial
Comme l’illustre ce graphique, ce sont principalement
les échanges de produits manufacturés qui ont explosé
depuis les années 1950.

La période qui s’ouvre en 1945 est marquée par une
croissance spectaculaire du commerce mondial, si
bien qu’entre 1949 et 1974, le taux de croissance des
échanges sera supérieure à celui de la production. De
même, entre 1970 et 1993, la valeur du commerce mondial est passée de 292 milliards de dollars à 4’252 milliards de dollars, soit une croissance de 1’356 % en 20
ans. En outre, tandis qu’en 1970 le commerce international ne comptait que pour 25 % du PIB mondial, ce
chiffre a atteint les 45 % en 1990.
Commerce mondial des
marchandises par grand
groupe de produits, 1950-2006
http://www.lyc-arsonval-brive.ac-limoges.
fr/jp-simonnet/IMG/jpg/0Aa2G.jpg
Selon les économistes contemporains, cette accélération des échanges de marchandises durant le XXème siècle est liée à plusieurs facteurs essentiels, dont les trois suivants :
La libéralisation du commerce international
Le libre-échange, c’est-à-dire la réduction générale des mesures protectionnistes sur les marchandises, a également largement contribué à l’augmentation des échanges commerciaux internationaux. Comme nous l’avons vu, l’institution de l’Accord
général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT) en 1947 a représenté le principal instrument de cette libéralisation du
commerce mondial.
Depuis 1950, la libéralisation des échanges commerciaux est donc en constante progression. Les chiffres
ci-dessous font état de la réduction pondérée de l’ensemble des droits de douane entre 1948 et 1999 :
1948–63 : Cinq premiers cycles du GATT (1947-1962) : – 36 %
1968–72 : Kennedy Round (1964-1967) : – 37 %
1980–87 : Tokyo Round (1973-1979) : – 33 %
1995–99 : Cycle d’Uruguay (1986-1994) : – 38 %. Avec la mise en œuvre des résultats du Cycle d’Uruguay, les droits de douane sur les produits industriels importés par les pays développés ont été ramenés
de 6,3 à 3,8 %.
Les négociations commerciales menées sous l’égide du GATT ont permis un énorme accroissement du commerce mondial
grâce à deux moyens :
- en assurant la non-discrimination entre partenaires commerciaux au moyen de la clause de la nation la plus favorisée
(si deux pays négocient afin de réduire, entre eux, une quelconque barrière douanière ou une autre forme de protection,
alors cette concession doit être applicable à l’ensemble des autres États membres),
- en posant également le principe de réciprocité (le pays qui accepte une concession doit en consentir une en retour sur
une base d’avantages mutuels et réciproques).
L’amélioration des moyens de transports
Depuis les années 1950, les moyens de transports ont connu de nombreuses améliorations qui ont permis de les rendre plus
rapides, de diminuer leur coût de fonctionnement et d’augmenter largement leurs capacités de transport, c’est-à-dire le volume
qu’ils sont capables de charrier. Ainsi, par exemple, les améliorations techniques intervenues dans les transports maritimes qui
prennent actuellement en charge 3/4 du volume de commerce mondial de marchandises ont permis de diminuer le coût du
transport maritime de 2/3 entre 1929 et 1960. En outre, l’apparition des navires porte-conteneurs à la fin des années 1950 a
révolutionné le transport maritime international : les quantités transportées par voies maritimes sont passées de 500 millions
de tonnes en 1950 à plus de 8,17 milliards de tonnes en 2008. Les plus récents porte-conteneurs peuvent ainsi transporter
quelque 6’000 conteneurs qui, une fois à terre, nécessiteront 6’000 camions ou 30 trains complets.
15
Evolution du trafic maritime
mondial en volume de 1960 à 2000
 Comme l’illustre ce graphique, le volume du trafic
millions de
tonnes
3500
3000
2500
2000
1500
1000
Pétrole et produits pétroliers
mondial maritime a largement augmenté depuis
les années 1960. Selon la CNUCED, 80 % du
commerce international passe par la voie maritime
en 2009.
Marchandises sèches
(vracs majeurs compris)
500
0
1960 1970
Vracs majeurs
1980 1990 2000
Les multinationales et la délocalisation de la production
Grâce aux progrès des moyens de communication et de transports, il est devenu possible de concevoir un produit dans un
bureau d’étude et de le faire fabriquer à moindre coût dans une usine située ailleurs sur la planète : on parle généralement de
multinationales ou de firmes transnationales. Ces entreprises sont définies par l’ONU comme contrôlant des actifs dans
au moins 2 pays en plus de celui dans lequel se trouve le siège social. La fabrication des produits est divisée en plusieurs étapes
pouvant chacune être effectuée dans un pays différent.
Le cas de la console Xbox de Microsoft
La fabrication de cette console de jeu est un bon exemple de délocalisation de la production. Sa fabrication est confiée à une entreprise taïwanaise. Mais selon le PNUD : les processeurs Intel proviennent
de l’un des onze sites de production, y compris de ceux situés en Chine, au Costa Rica, en Malaisie et
aux Philippines ; les processeurs graphiques sont fabriqués à Taiwan ; le disque dur est assemblé en
Chine et est constitué de composants fabriqués en Irlande ; le lecteur DVD est produit en Indonésie ; et
finalement, les opérations d’assemblage ont récemment changé de site de fabrication, passant de celui
situé au Mexique pour être dirigées vers un site chinois.
L’évolution de la multinationalisation des firmes s’est fortement accélérée depuis 1945 et leur confère aujourd’hui une place
de premier ordre dans le commerce mondial. Elles réalisent actuellement près des deux tiers des échanges, une part sous
forme d’exportations, une autre part sous forme d’échanges interentreprises entre société mère et filiale. En 2006, l’ONU
recense plus de 40’000 multinationales contre 7’000 à la fin des années 1960.
Une multinationale suisse : l’exemple de Nestlé
Au milieu des années 1860, le pharmacien allemand Henri Nestlé développe un
produit de substitution au lait maternel, espérant ainsi réduire le taux de mortalité
des nourrissons qui ne peuvent être allaités. Convaincu de la qualité nutritive de
son produit, Nestlé fonde à Vevey sa société dénommée Farine Lactée Henri
Nestlé. En 1905, sa société fusionne avec Anglo-Swiss Condensed Milk, une
société américaine concurrente, donnant ainsi naissance au groupe Nestlé and
Anglo-Swiss Milk Company. Au cours de la Première Guerre mondiale (1914-1918), la hausse
de la demande en produits laitiers incite la société à développer son implantation à l’étranger.
À la fin du conflit, Nestlé dispose de plus de quarante sites de fabrication dans le monde et
son volume de production a été multiplié par deux en l’espace de quatre ans. Aujourd’hui, Nestlé
représente la plus grande société agroalimentaire du monde : elle emploie plus de 250’000 personnes à travers plus de
80 pays, possède 500 usines qui ont généré en 2005 un bénéfice net de 8 milliards de francs.
Les 500 premières firmes multinationales
- 2005 Canada
487 998
Finlande
Suède
Norvège
Etats-Unis
Danemark
87 918
76 909
243 634
Belgique
154 910
Portugal
Russie
140 866
47345
Pays-Bas
France
(millions de $ us)
9 437 801
Royaume-Uni 1 608 300
Irlande
1 010 409
Japon
Israël
Arabie Saoudite 311 608
Mexique
80 714
EAU
38 077
Espagne
344 673
Inde
89 731
Suisse
606 142
Italie
474 080
Allemagne
149 520
Taïwan
105 006
Hong-Kong
223 563
Thaïlande
13 802
14 486
678 904
Singapour
Pays-Bas
/ Royaume-Uni 302 633
Brésil
1 313 575
Corée du Sud
19 438
13 671
Autriche
Valeur marchande
au 31 mars 2005
89 892
176 477
131 572
Australie
52 860
221 887
Australie
/ Royaume-Uni 127 233
Etats-Unis
/ Royaume-Uni 44 262
Afrique du Sud
29 311
source : Financial Times, FT 500 2005, http://news.ft.com/
Benoît MARTIN, Atelier de cartographie de Sciences Po, août 2005.
Au cours des trente dernières années, le volume du
commerce mondial des biens et des services a donc
été multiplié par 5, une progression deux fois plus rapide que celle de la production mondiale. Mais si les
échanges mondiaux ont fortement augmenté, la participation des différents Etats dans ces échanges est très
variable. Certains y participent beaucoup, d’autres très
peu. Ainsi, en 2000, les trente pays de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques comptant les pays les plus développés du monde)
représentaient 75 % des exportations mondiales, avec
près de 80 % pour les services et près de 73 % pour les
marchandises.
Source : http://www.sciences-po.fr/cartographie/cartes/monde/economie/04_500_fmn_2005.jpg
16
Dans l’ensemble, la part de l’Afrique dans les exportations mondiales est tombée d’environ 6 % en 1980 à 3,5 % en 2008,
et sa part dans les importations mondiales de 4,6 % à 2,9 % sur la même période. En même temps, la part de l’Asie dans
le commerce mondial a augmenté au fil des ans (de 17,9 % des exportations mondiales en 1980 à environ 27,7 % en 2008;
d’environ 13,1 % des importations mondiales en 1980 à près de 26,4 % en 2008).
En 2008, l’Allemagne était le plus grand exportateur
de marchandises au monde avec une part de 9,1 %.
Elle devançait ainsi la Chine (8,9 %) et les EtatsUnis (8 %). La Suisse avait une part de 1,25 % du
total.
Au niveau des importations, nous retrouvons le
même tiercé : Etats-Unis (13,21 %), Allemagne
(7,3  %) et Chine (6,9 %). Concernant la composition actuelle des exportations mondiales de marchandises, notons que 66,5 % de celles-ci sont des
articles manufacturés, 22,5 % sont des combustibles et des produits des industries extractives, et
8.5 % sont des produits agricoles (dont 7,1 % sont
des produits alimentaires).
Source : http://pharouest.ac-rennes.fr/e352009U/lycee/HGLyceeIdeF/OMC/Cartes_Croquis/Cartographies.htm#
La balance commerciale des Etats-Unis
En août 2006, la première puissance économique mondiale a affiché un déficit commercial record. La
balance commerciale des Etats-Unis, c’est-à-dire la différence entre les exportations de marchandises
et les importations présentait en effet un solde négatif de 69.9 milliards de dollars. La balance commerciale des Etats-Unis est négative depuis plus de vingt ans déjà. Actuellement, cette contre-performance
est en partie à mettre sur le compte des cours élevés du pétrole et donc sur la facture énergétique du
pays. Le prix moyen du baril de l’or noir a atteint 66,12 milliards de dollars en août - un niveau sans précédent - contre 64,84 dollars en juillet. Résultat : la balance pétrolière des Etats-Unis affiche sur le seul mois d’août un déficit
de 27,2 milliards de dollars, un montant là encore record.
Evolution de la balance commerciale des
Etats-Unis depuis 1988
Evolution de la balance commerciale de
l’Allemagne depuis 1988
L’Afrique subsaharienne souffre d’une très faible intégration dans le marché mondial
et celle-ci tend encore à diminuer depuis quelques années. A l’heure actuelle, la part de
ses exportations dans les exportations mondiales représente 0,45 %, soit moins de la
moitié de la part de la Belgique. Soulignons que l’Afrique subsaharienne exporte principalement des produits agricoles traditionnels comme le cacao, le coton ou le café. Selon
la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), les
faibles résultats commerciaux de l’Afrique subsaharienne s’expliquent par le fait qu’elle
ne bénéficie pas des éléments déterminants pour le commerce international : des sources de financement suffisantes, une logistique efficace et un accroissement des ressources en capitaux et en compétences.
De même, une grande partie de l’Afrique subsaharienne reste tributaire des produits de
base.
Source : PNUD, Rapport mondial du
développement humain, 2005.
 Baisse de la part de l’Afrique subsaharienne
dans le commerce mondial
17
En 2003, un rapport de la CNUCED concernant la situation économique en
Afrique évoquait les responsabilités de la communauté internationale envers
l’Afrique et sa situation commerciale. Selon cette agence des Nations Unies, la
dépendance des pays africains aux produits de base dont les prix fluctuent beaucoup et le manque de diversification de l’économie n’expliquent pas tout. En
effet, la communauté internationale (notamment les pays occidentaux) ont une
part non-négligeable en ce qui concerne la situation commerciale du continent.
Par exemple, les subventions agricoles accordées aux paysans par les gouvernements des pays riches entraînent de grosses pertes pour les producteurs africains : les produits subventionnés arrivent sur le marché africain à des prix plus
bas que les produits locaux. La Banque mondiale cite le cas des subventions accordées aux producteurs de coton américains et européens en 2002 qui ont entraîné un manque
à gagner de 300 millions de dollars pour l’Afrique. Autre exemple, les entreprises étrangères qui
engendrent de grands profits alors que les revenus des producteurs africains baissent. La vente
au détail de café rapporte en moyenne 70 milliards de dollars par an, alors que les producteurs de
café ne perçoivent que 5,5 milliards de dollars.
 http://www.rfi.fr/actufr/articles/050/article_26643.asp
http://mathilde.despierre.free.fr/
Galerie/galleries/Afrique/Libye/
Libye.html
Les années 1990 sont marquées par l’augmentation des exportations de services (biens immatériels) tels que les services bancaires, les assurances, les télécommunications et
le tourisme. Ces courants d’échanges représentent 20 % du
commerce mondial et proviennent essentiellement des pays
développés : en 2004, les Etats-Unis représentent le plus gros
exportateur de services avec 15 % du total, devant le Royaume-Uni (8,1 %) et l’Allemagne (6,3 %). Nous retrouvons le
même trio de tête au niveau des importations de services.
Ici encore, nous voyons qu’une vaste partie de l’Afrique ne
participe pas aux échanges. Au final, les pays industrialisés
assument 80 % des exportations et 75 % des importations de
services. Plus encore, les trois membres de la Triade (les
Etats-Unis, l’Union Européenne et le Japon) représentent à
eux seuls 60 % des échanges de service.
Source : http://pharouest.ac-rennes.fr/e352009U/lycee/HGLyceeIdeF/OMC/
Cartes_Croquis/Cartographies.htm#
La Triade
Le terme Triade a été popularisé en 1985 par le
japonais Kenichi Ohmae, directeur général de
l’entreprise McKinsey au Japon et auteur de
nombreux ouvrages économiques à succès. Il
désigne l’ensemble des trois pôles développés
de l’économie mondiale dont les piliers sont les
Etats-Unis, l’Union européenne et le Japon, et
dont l’espace s’étend sur l’Amérique du Nord,
l’Europe occidentale et l’Australasie. Outre une certaine atmosphère mystérieuse, la notion de Triade signifie
que, réunis, Japon, Etats-Unis et Union européenne dominent
le monde, qu’ils constituent un ensemble cohérent et de plus
en plus homogène, au service des mêmes valeurs capitalistes, libérales et démocratiques. Ces trois pôles ont de plus
tendance à s’équilibrer, aucun d’entre eux ne l’emportant totalement sur les deux autres.
1. La Triade, coeur de l’économie mondiale
2. La Triade, domine les échanges internationaux
Les 3 premiers ports mondiaux
Japon Les 3 pôles de la Triade
Métropole aux pouvoirs importants
Ensemble urbain économiquement
et politiquement puissant (mégalopole)

Les 3 premiers aéroports mondiaux
Flux majeurs de marchandises
3. La Triade exerce une influence économique sur le reste du monde

Espaces très liés à la Triade
Flux commerciaux avec les zones d’influence
Source : http://www.keepschool.com/Breal/Images/SQHGBrevet/76.gif
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La mondialisation financière
La mondialisation financière, également appelée globalisation, peut être définie comme le gigantesque accroissement des
flux financiers entre les pays à travers le monde. Aujourd’hui, la mondialisation financière est assurée par une forte mobilité
des capitaux à l’échelle internationale, elle-même permise par le vaste mouvement de libéralisation des mouvements de
capitaux né dans les années 1980. Le principe de libre circulation des capitaux se traduit par l’interdiction de toutes les restrictions aux mouvements de capitaux et l’interdiction de toutes les restrictions aux paiements (pour l’acquisition d’un bien
ou d’un service).
La libéralisation et le développement rapide des marchés financiers internationaux à partir de 1985, puis la mise en place de
procédures de déréglementation des investissements directs étrangers (IDE) et les innovations dans le domaine des
nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) ont provoqué une envolée spectaculaire des flux
d’IDE dans le monde. Selon la CNUCED, ceux-ci n’ont cessé de croître jusqu’en 2000, date à laquelle ils ont atteint 1’271 milliards de dollars. Le ralentissement de l’activité économique mondiale et le contexte d’incertitude consécutif aux événements
du 11 septembre 2001 expliquent la régression sensible de ces flux (824 milliards en 2001). En 2007, un nouveau record a été
battu avec la somme de 1’500 milliards de dollars.
Les investissements directs étrangers (IDE)
La Banque mondiale définit l’IDE comme un « investissement étranger établissant un intérêt durable dans
une entreprise ou permettant d’en contrôler effectivement la gestion. Il peut par exemple consister à acheter
des parts de capital d’une entreprise basée dans un autre pays, à réinvestir les bénéfices d’une entreprise
sous contrôle étranger dans le pays où elle est basée, ou, dans le cas de sociétés mères, à
accorder des prêts à leurs filiales étrangères ».
Evolution des investissements directs à l’étranger (IDE)
entre 1980 et 2004 (en milliards de dollars)

Le graphique ci-contre met bien en lumière l’augmentation importante des flux d’IDE dans le
monde.
Entre 1973 et 2000, les flux d’IDE mondiaux ont
été multipliés par 53 (soit une augmentation de
16 % par an).
Source : http://www.unctad.org/en/docs/wir2005_en.pdf
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Montants des investissements
directs étrangers (millions de dollars)
1 351 000
638 000
Pays de la « Triade »
314 000
Pays émergents
128 000
50 000
10 000
1 000
Autres pays en développement et d’Europe orientale,
dont les pays les moins avancés
Sources : CNUCED, World Investment Report 2003,
Annexes, table 6.3, pp. 257-260.
Source : http://mappemonde.mgm.fr/num3/articles/art04301.html
Comme l’illustre cette carte, les IDE sont concentrés dans certains pays, ce qui témoigne de la très inégale intégration de l’ensemble du monde dans la globalisation de l’économie. En 2010, près de 60 % des stocks mondiaux d’IDE se concentraient
aux Etats-Unis, au Japon et au sein de l’Union européenne.
Les 50 pays les plus pauvres du monde représentent un stock d’IDE dérisoire : 0,64 % du total mondial en 2002 et 2 % seulement de celui des pays en voie de développement. Dépourvus de tout, souvent lourdement endettés et n’ayant au mieux
que des produits primaires agricoles et miniers à exporter, les pays les plus pauvres sont presque totalement délaissés par les
investisseurs étrangers à l’exception de quelques très rares secteurs d’activité (hydrocarbures, certaines matières premières
minérales et agricoles).
Comme le montre cette carte, de nombreux investissements directs étrangers en Afrique se font là où les matières premières sont présentes. C’est la cas notamment des
investissements chinois, qui se font principalement (chiffres de fin 2007) en Afrique du
Sud (21,3 %), au Nigéria (20,2 %), en Algérie (11,9 %) et au Soudan (9,2 %). Les transports et les télécommunications sont également des secteurs dans lesquels la Chine
investit. Mais le pétrole reste le domaine privilégié d’investissements directs chinois
en raison de la croissance rapide du pays et donc de son besoin en énergie. En effet,
l’Afrique fournit un tiers du pétrole dont la Chine a besoin.
Rien qu’au premier semestre 2009, les investissements directs chinois en Afrique ont
augmenté de 81 %. Environ un millier de sociétés commerciales chinoises sont présentes sur le continent africain.

Carte montrant la répartition et le
montant des IDE sur le continent
africain en 2008
http://www.ladocumentationfrancaise.fr/
cartotheque/investissements-directs-etrangersentrants-afrique.shtml
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Un autre aspect de la globalisation financière est la prédominance des marchés financiers et des échanges boursiers.
Rappelons que la bourse est le lieu où s’échangent les produits financiers, principalement des actions et des obligations.
- Une action est un titre de propriété représentant une fraction du capital d’une entreprise et donnant à son porteur le droit de vote aux assemblées et le droit à l’information.
- Une obligation est un titre de créance représentant la fraction d’un emprunt contracté par une société ou par l’Etat, remboursable à une date et pour un montant fixé à l’avance et qui rapporte un intérêt.
La Bourse met donc en relation des acheteurs et des vendeurs. Parmi les vendeurs, nous trouvons des entreprises (publiques
et privées) et des Etats à la recherche d’argent pour financer leur développement et parfois assurer leur pérennité. Les
acheteurs sont d’une part les ménages qui disposent d’une épargne à placer (en mars 2005, on comptait 6,3 millions de
Français actionnaires) et, d’autre part, certaines entreprises qui ont des liquidités qu’elles désirent placer. La motivation de
l’actionnaire est de réaliser des plus-values, c’est-à-dire de gagner de l’argent en vendant plus cher ses actions qu’il ne les a
achetées. Le risque est évidemment que le prix de l’action baisse et qu’il perde ainsi de l’argent.
En effet, le prix fluctue en fonction de l’offre et de la demande, et est également tributaire d’une multitude de paramètres
comme les rumeurs, le climat politique, l’annonce des résultats de la société, etc.
Imaginons que vous ayez acheté une action de l’UBS en 2005 à 53 CHF. Vous
avez choisi cette action parce que vous savez que l’entreprise est en bonne
santé et que des bénéfices important sont attendus d’ici quelques mois.
Vous espérez alors pouvoir revendre votre action plus chère que ce que
vous l’avez acheté.
Aujourd’hui, cette action vaut plus de 70 CHF. Si vous décider de la vendre,
vous empocherez un bénéfice (ou plus-value) de 23 CHF. Mais vous pouvez
égale- ment penser que cette action va encore grimper et qu’en attendant un peu, vous
pourrez la vendre encore plus chère. Cette anticipation du cours à venir est ce que l’on appelle la spéculation.
Ci-dessous, la bourse de Zurich (SWX
Swiss Exchange) est la première
bourse entièrement électronique du
monde 
Les actions et les obligations s’échangent sur les différentes places boursières
mondiales, à New York, Londres, Francfort et Tokyo. Plusieurs indices boursiers
servent à mesurer l’évolution générale des cours. Ils sont des indicateurs de
performance économique d’une région, d’un pays ou d’un secteur. Les titres les
plus représentatifs et les plus traités en bourse sont sélectionnés pour constituer la
composition de ces indices. En Suisse, par exemple, le SMI (Swiss Market Index)
regroupe les 27 principales valeurs du marché dont notamment Novartis (pharmacie),
Nestlé (alimentaire), Hoffmann-La Roche (pharmacie) et UBS (banque). Le Nikkei
225 est l’indice de référence de la Bourse de Tokyo qui regroupe les 225 plus grosses
capitalisations. Le Dow Jones est l’indice du New York Stock Exchange, le marché
de référence de Wall Street et le CAC 40 est le principal indice boursier français.
La crise financière
La crise financière a commencé en juillet 2007 à travers deux mécanismes : le
dégonflement de bulles spéculatives (il y a une bulle spéculative lorsque les
agents, anticipant la hausse du cours de certains titres, demandent ces titres et
leur prix augmente ; cela pousse les cours artificiellement vers le haut jusqu’à ce
que la bulle « éclate ») et les pertes importantes enregistrées par des institutions
financières, pertes provoquées par la crise des subprimes (prêts hypothécaires
à risque aux Etats-Unis). Une seconde phase de la crise voit le jour en 2008
avec la faillite de plusieurs établissements financiers et les interventions
étatiques dans différents pays touchés. En Suisse, la Confédération a par
exemple établi un plan de sauvetage de la banque UBS à la hauteur de six
milliards de francs. La crise financière, qualifiée comme la plus grosse secousse
sur l’économie mondiale depuis la crise de 1929, est toujours en cours en
2010. Les conséquences les plus notables sont la chute des cours des marchés
boursiers, le ralentissement de l’activité économique, voir les récessions.
http://medias.lemonde.fr/mmpub/edt/ill/2008/10/13/v_8_mecanisme_contagion.gif
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