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patientes de leur relation avec leurs proches. En Europe, l’évaluation du programme éducatif intitulé
« Learning to live with cancer » montre une amélioration chez les patientes de la compréhension du matériel,
une meilleure connaissance des traitements et de leur maladie ainsi qu’une facilité à se confier, à parler avec
les professionnels de santé et à adopter une stratégie d’ajustement, de « coping » [14]. Il convient de préciser
que les patientes ont non seulement développé leurs connaissances sur la maladie et les traitements mais aussi
sur les processus d’adaptation suite au diagnostic de cancer [15] avec notamment une amélioration de leurs
connaissances et de la compréhension de leur cancer ainsi qu’une meilleure habileté à communiquer sur leur
maladie avec les autres personnes et avec le personnel médical [16]. Une autre étude a montré que l’éducation
modifiait les effets du cancer sur l’employabilité des patients [17]. Aux Etats Unis, un travail de recherche a
permis de mettre en évidence qu’un programme d’éducation permettait de limiter l’impact de la douleur chez
les patientes atteintes de cancer [18]. De plus, un nombre important de praticiens reconnaissent les difficultés
pour les patientes d’adhérer au traitement antinéoplasique oral, un programme intitulé « Compliance Strategic
initiative » a été créé pour améliorer l’adhérence aux traitements oraux [19]. En conclusion, de nombreuses
études montrent un impact plutôt positif de l’éducation pour les patients atteints de cancer.
Toutes ces expériences montrent l’utilité d’une information sur la maladie, les traitements, les
examens et leurs conséquences sur la santé, la vie individuelle et sociale, mais elles vont plus loin en proposant
une démarche d’intégration de l’information par une construction de compétences nécessaires pour vivre au
quotidien avec une maladie chronique. Une démarche d’éducation thérapeutique du patient appréhende le
changement avec des objectifs d’équilibre de santé au regard d’une maladie chronique. Une pathologie de
longue durée comme le cancer du sein, exige que les patientes puissent négocier leurs propres priorités, leurs
préférences, pour devenir des actrices effectives du processus de décisions et de soins. Les mesures
préconisées par le plan Cancer 2009 – 2013 facilitent la prise en compte des spécificités liés à l’âge, aux
difficultés sociales, aux comportements et aux expositions professionnelles ou environnementales à risque ; les
personnes et notamment les femmes sont prises en compte dans leurs besoins spécifiques dans leurs
dimensions bioclinique, psychosociale et pédagogique. Le parcours de soins, qui répond au diagnostic de
cancer du sein, comporte des moments forts qui doivent être particulièrement accompagnés: l’annonce du
cancer ou celle des rechutes, le retour au domicile entre les phases hospitalières de traitement, la fin du
traitement. Ces moments forts se vivent actuellement au cours d’un parcours de soin qui n’intègre pas de
parcours d’éducation. Aujourd’hui, en France, si les recommandations de bonnes pratiques publiées par la HAS
en juin 2007 [20] permettent un langage commun et sont connues par la plupart des professionnels de
l’éducation thérapeutique, elles ne précisent pas le type de parcours d’éducation des patientes possible.
2.3 Particularités épidémiologiques du cancer du sein.
En cancérologie, un parcours de soin se décline pour tous les cancers quelle que soit la localisation
primitive. Cependant, certaines localisations sont la cible de traitements anticancéreux de plus en plus
efficaces, et ont bénéficié de découvertes chirurgicales, radiothérapeutiques et pharmacologiques permettant
d’augmenter considérablement l’espérance de vie des patients. C’est le cas du cancer du sein. Il est à l'origine
de 20 % des décès féminins par cancer et présente des taux de survie à 1, 3 et 5 ans respectivement de 97 %,
90 % et 85%, selon une étude des registres du réseau Francim portant sur la période 1989-1997 [21] tous
stades confondus. Le cancer du sein se développe à partir des canaux et des lobules de la glande mammaire.
Cette tumeur maligne est diagnostiquée principalement chez les femmes, le cancer du sein survient 200 fois
moins souvent chez l'homme [22], ce pourquoi le féminin sera employé pour la suite de l’étude. Entre 1980 et
2000, le nombre de nouveaux cas de cancer du sein a presque doublé, mais la mortalité a très peu augmenté
grâce au diagnostic plus précoce et à l'amélioration des soins. C’est un cancer qui touche une population jeune,
plus de 50 % des cancers sont observés après 65 ans, moins de 10 % avant 35 ans [23]. Cinq types de
traitements existent, seuls ou associés : chirurgie (mastectomie ou tumorectomie), radiothérapie
(Curiethérapie et radiothérapie externe), chimiothérapie, hormonothérapie et traitements ciblés. La durée du