86e congrès annuel de la Société canadienne de pédiatrie • Canadian Paediatric Society 86th Annual Conference
congrès annuel de la Société canadienne de pédiatrie • Canadian Paediatric Society 86
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Les maladies traitées par une greffe
de moelle osseuse
Les sept sous-types de mucopolysaccharidose
(MPS) touchent surtout les tissus conjonctifs.
Cependant, cette MSL a un vaste spectre de
gravité, et les cas graves peuvent également in-
clure des manifestations neurologiques.
D’ordinaire, la MPS 1 se déclenche pendant
la première année de vie. Des otites moyennes
fréquentes et une perte d’audition éventuelle
en sont une manifestation courante. Il existe
d’autres signes précoces, soit une hernie ombili-
cale ou inguinale et une hépatosplénomégalie.
Les enfants ayant une MPS 1 acquièrent égale-
ment une dysostose multiplexe ainsi que des
contractures articulaires, une opacification de
la cornée, un épaississement des valvules car-
diaques et un syndrome d’apnées obstructives du
sommeil. Les caractéristiques neurologiques in-
cluent une hydrocéphalie, un syndrome du canal
carpien accompagné d’une perte des capacités de
la main ou une faiblesse musculaire évolutive et
une incontinence secondaire à la compression
de la moelle épinière. La plupart des patients
ayant une MPS 1 ont également des traits gros-
siers, même s’il existe des exceptions. « Il y a des
cas atténués comportant une atteinte bénigne
des tissus conjonctifs. Il est important de les
diagnostiquer parce qu’ils peuvent présenter
de graves complications et que ce sont eux qui
réagissent le mieux au traitement », précise la
docteure Stockler.
Le traitement classique de la MPS 1 grave
est une greffe de cellules souches osseuses hé-
matopoïétiques (GCSH) provenant de moelle
osseuse allogène ou de sang du cordon ombilical.
« La greffe de cellules souches... occasionne la
greffe de monocytes, non seulement en périphé-
rie, mais également dans le cerveau, sous forme
de microglies. Ces cellules dérivées de donneurs
assurent la synthèse de l’enzyme normale dans le
système nerveux central, corrigera, on l’espère,
l’entreposage des déchets et préviendra les séquelles
physiopathologiques primaires », explique la doc-
teure Stockler. Lorsqu’on procède à la GCSH
avant l’âge de deux ans, observe-t-elle : « On sait
qu’on observera une modification du phénotype
qui passera de la forme sévère à la forme bénigne.
Ces patients ne guériront sûrement pas, mais
présenteront une forme plus légère de la maladie
et profiteront d’une meilleure qualité de vie. Mais
surtout, nous pouvons prévenir les dommages
neurologiques ». Les patients qui sont candidats
à une GCSH peuvent recevoir une ETS jusqu’à
ce qu’on ait trouvé un donneur compatible. Les
améliorations médiées par l’ETS comprennent
une meilleure mobilité, une plus grande ampli-
tude de mouvements ainsi qu’une réduction de la
viscéromégalie et de l’apnée du sommeil. L’ETS
n’a toutefois pas d’effet sur les manifestations
cérébrales, car l’enzyme ne traverse pas la barrière
sang-cerveau.
La maladie de Krabbe ne touche que le
système nerveux central. Cette MSL peut
d’abord se manifester chez les nourrissons sous
forme d’irritabilité et d’hyperacousie. Les au-
tres symptômes sont une perte de vision, une
spasticité, une neuropathie périphérique et des
convulsions. La maladie évolue rapidement
et se solde généralement par la mort au cours
de la première année de vie. Une GSCH al-
logène d’un donneur adulte sain ou du sang du
cordon ombilical de bébés non apparentés peut
améliorer radicalement l’évolution des patients
atteints d’une maladie de Krabbe infantile. Une
étude publiée en 2004 a démontré que 11 nour-
rissons qui avaient subi une greffe de sang du
cordon pendant la période néonatale étaient
tous vivants à quatre ans, sans compter que
leur myélinisation centrale et leurs capacités de
développement s’amélioraient. Certains avaient
une fonction cognitive normale, mais des re-
tards bénins à modérés de la motricité globale et
du langage expressif (4). Malgré l’amélioration
apparente de l’évolution de la maladie, « la
greffe n’est qu’une mesure provisoire dans le
traitement de ces maladies. D’ici quelques an-
nées, on espère pouvoir offrir à ces enfants des
traitements encore plus efficaces. »
Le traitement par réduction de substrat
La maladie de Niemann-Pick de type C (NPC)
est un trouble neuroviscéral évolutif découlant
habituellement d’une anomalie du gène NPC1.
Environ trois cas sur quatre se déclarent dans la
population pédiatrique. On l’observe davantage
en Nouvelle-Écosse que dans le reste du Canada
en raison d’un effet fondateur chez les Acadiens.
La NPC provoque une accumulation neuronale
de glycosphingolipides et de cholestérol dans le
foie et la rate. La première phase clinique est
marquée par une cholestase ou un ictère néona-
tal, qui peut s’accompagner d’une insuffisance
hépa tique ou d’une hépatosplénomégalie varia-
ble ou transitoire. Les symptômes hépatiques pré-
dominent dans les cas néonatals. Une deuxième
phase, qui peut se déclarer des années plus tard,
s’associe à une neurodégénérescence qui com-
prend généralement une démence, une ataxie,
une dysarthrie, une dysphagie, une paralysie
supranucléaire de la verticalité du regard et une
cataplexie ou des convulsions. Étant donné le
délai entre la première et la deuxième phase, af-
firme le docteur Maranda, « il est très important
de vous informer de la présence d’une maladie
hépatique néonatale ou d’une splénomégalie
lorsque vous songez à une maladie de Niemann-
Pick de type C ou que vous observez un enfant
qui régresse ou présente une démence. »
Pour diagnostiquer la NPC, il faut procéder
à une biopsie cutanée et à une culture des fibro-
blastes, ce que très peu de laboratoire effectuent. Il
est également possible de procéder à un dépistage
moléculaire, mais ce test n’est généralement à
conseiller qu’en Nouvelle-Écosse, où une seule
mutation génétique explique la plupart des cas.
On traite la NPC par réduction de substrat.
« Le [miglustat], une petite molécule, inhibe
la production des métabolites toxiques pour la
cellule, telles que les glycosphingolipides... et
stimule la synthèse des globosuries, des lactosuries
et des gangliosuries. Puisqu’il s’agit d’une petite
molécule, elle traverse la barrière entre le sang et
le cerveau et est donc efficace contre des maladies
aux manifestations neurologiques », explique le
docteur Maranda. Un récent essai clinique auprès
de 29 patients de plus de 12 ans (20 sélection-
nés aléatoirement pour prendre du miglustat et 9
recevant un traitement classique) et 10 patients
plus jeunes (prenant tous du miglustat) a déter-
miné que le traitement au miglustat améliore les
mouvements oculaires saccadés horizontaux (une
mesure d’amélioration de la maladie neuronale)
ainsi que des points de virage secondaires comme
la déglutition. Les patients traités présentaient
aussi des améliorations mineures à un mini-
examen de l’état mental, tandis que ceux qui
recevaient des soins classiques vivaient un déclin
non significatif de leur fonction mentale (5). Le
docteur Maranda a précisé que les effets secon-
daires du miglustat sont les symptômes gastro-
intestinaux, comme la diarrhée, des flatulences
et des douleurs abdominales, des tremblements
transitoires et une paresthésie. Dans l’ensemble,
ajoute-t-il : « plusieurs rapports de cas et essais
cliniques indiquent que le miglustat peut modi-
fier l’évolution de la maladie en améliorant ou en
stabilisant les manifestations neurologiques de la
NPC. » Il souligne que les lignes directrices euro-
péennes à jour recommandent d’amorcer le trai-
tement au diagnostic de NPC, indépendamment
des symptômes neurologiques. Il n’y a pas encore
de lignes directrices canadiennes sur l’utilisation
de cet agent.
Un dépistage rapide est essentiel
L’enzymothérapie de substitution constitue un
énorme progrès dans la prise en charge de la
MSL, car elle permet d’atténuer de nombreux
signes et symptômes et d’améliorer la qualité de
vie. « Nous n’en sommes pas au point où nous
pouvons en supprimer les manifestations, mais
plutôt où nous pouvons modifier le phénotype
pour qu’il ait des effets plus bénins », remarque la
docteure Stockler. Le traitement par réduction de
substrat est également un virage important dans
les soins de la NPC et pourrait devenir une solu-
tion efficace contre d’autres MSL qui touchent le
SNC. L’amorce précoce du traitement peut faire
une immense différence sur l’état et le pronostic
du patient. Elle dépend du dépistage précoce des
symptômes et du diagnostic.
Références
1. www.lsdregistry.net, consulté en juillet 2009.
2. Kishnani PS, Corzo D, Nicolino M et coll.
Recombinant human acid [alpha]-glucosidase:
major clinical benefits in infantile-onset Pom-
pe disease. Neurology 2007;68(2):99-109.
3. Nicolino M, Byrne B, Wraith JE et coll. Clini-
cal outcomes after long-term treatment with
alglucosidase alfa in infants and children with
advanced Pompe disease. Genetics in Medi-
cine 2009;11(3):210-19.
4. Escolar ML, Poe MD, Provenzale JM et coll.
Transplantation of umbilical-cord blood in ba-
bies with infantile Krabbe's disease. New Engl
J Med 2004;352:2069-2081.
5. Patterson MC, Vecchio D, Prady H, Abel L,
Wraith JE. Miglustat for treatment of Nie-
mann-Pick C disease: a randomised controlled
study. Lancet Neurology 2007;6(9):765-72.