COMMUNIQUÉ DE PRESSE – JOURNÉE MONDIALE DE LA TUBERCULOSE : 24 MARS 2015 La journée mondiale de la tuberculose du 24 mars commémore la découverte du bacille tuberculeux par Robert Koch. A cette occasion, le FARES (Fonds des Affections Respiratoires) fait le point sur la situation de la tuberculose en Belgique sur base des chiffres les plus récents et souhaite sensibiliser par rapport à cette maladie infectieuse toujours bien présente. La tuberculose continue sa régression en Europe Selon les dernières estimations de l’ECDC/OMS1, 360.000 Européens ont développé une tuberculose en 2013, soit 1.000 personnes par jour. C’est 6% de moins qu’en 2012. Cette diminution s’inscrit dans la lente régression amorcée en Europe il y a une dizaine d’années. Dix-huit pays2 concentrent 85% des cas diagnostiqués en 2013 et rapportent le plus grand nombre de tuberculoses à bacilles multirésistants3. Estimations au niveau mondial en 2013 selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) 9 millions de nouveaux cas 1,5 million de décès, soit 4.000/jour 480.000 cas multirésistants 1 personne sur 3 est infectée par le bacille de la tuberculose Et en Belgique ? Selon l’OMS, les pays qui se situent sous le seuil de 10 cas de tuberculose par 100.000 habitants sont considérés comme étant à basse incidence.4 La Belgique en fait partie puisqu’elle a enregistré 981 cas de TBC en 2013 ce qui correspond à une incidence de 8,8/ 100.000 ; celle-ci est quasi similaire à celle de 2012 (8,9/100.000). La tuberculose tend à diminuer progressivement dans notre pays. Cette lente régression concerne plus particulièrement les Belges chez qui l’incidence en 2013 est la plus basse jamais enregistrée (4,7/100.000). Les non-Belges représentent 52% des cas notifiés et leur incidence est quasi 10 fois supérieure (43/100.000). Les flux migratoires ont donc une influence sur l’épidémiologie de la tuberculose en Belgique. La Région bruxelloise accuse une diminution non significative de l’incidence en 2013 (26,2/100.000 vs 27,4/100.000 en 2012), celle-ci reste toutefois 4 fois plus élevée qu’en Flandre (6,6/100.000) et qu’en Wallonie (7,2/100.000) où la tuberculose régresse très lentement depuis 5 ans. 53% des cas de tuberculose sont concentrés dans les sept grandes villes du pays. Les incidences les plus élevées sont observées à Bruxelles, Liège (21,9/100.000), Anvers (18,5/100.000) et Charleroi 1 European Centre for Disease Prevention and Control/WHO Regional Office for Europe : tuberculosis surveillance in Europe 2013, Stockholm, ECDC,2015 2 Arménie, Azerbaïdjan, Biélorussie, Bulgarie, Estonie, Géorgie, Kazakhstan, Kirghizistan, Lettonie, Lituanie, Moldavie, Roumanie, Russie, Tadjikistan, Turquie, Turkménistan, Ukraine et Ouzbékistan. 3 Résistance au moins aux 2 médicaments majeurs du traitement de première ligne 4 WHO, Framework towards TB elimination in Low incidence Countries. WHO/HTM/TB/ 2014.13.ISBN 978 92 4 1507707 (15,2/100.000). Paupérisation et tuberculose sont intimement liées ; l’incidence plus élevée dans la Capitale est à mettre en relation avec un risque de pauvreté deux fois plus important (32,5%) que celui de la Belgique (15%)5. Parmi les cas déclarés en 2013, 7,7% présentent une résistance à au moins un des antituberculeux de première ligne et 1,8% une multirésistance. Le nombre de malades infectés par des bacilles multirésistants reste stable ; il a été en moyenne de 16 par an entre 2000 et 2013. A quand l’élimination ? L’OMS a redéfini ses objectifs pour le futur. Globalement, elle vise une diminution de 90% de l’incidence et de 95% des décès par tuberculose entre 2015 et 20356. En ce qui concerne les pays à basse incidence, parvenir à la phase de pré-élimination (< 10 cas/million) voire d’élimination de la tuberculose (< 1 cas/million) en 2035 est souhaitable mais apparaît peu réaliste. Selon les estimations de l’OMS, pour arriver à l’élimination en Belgique en 2035, l’incidence devrait diminuer de 20% en moyenne chaque année alors que sa régression n’a été que de 3,3% /an entre 2000 et 20124. Que faire pour y arriver ? Un investissement important est nécessaire pour atteindre cette cible très ambitieuse. Les éléments essentiels de la stratégie visant à éliminer la tuberculose restent le diagnostic précoce et le traitement adéquat des malades. La tuberculose est une maladie curable à condition que le traitement soit prescrit correctement et qu’il soit pris régulièrement par le patient. Ceci requiert de maintenir l’expertise des professionnels de santé et de prévenir, de gérer, la non adhésion thérapeutique. En Belgique, le taux de succès de traitement est moindre (78%) que celui recommandé par l’OMS (85%). Une des causes est un taux d’abandon de traitement élevé (12%) qui culmine à 20% à Bruxelles. Le coût du traitement peut être un frein à la bonne adhésion thérapeutique mais la Belgique s’est dotée d’un système qui garantit sa gratuité chez tous les malades tuberculeux qu’ils soient couverts ou non par la sécurité sociale. Le risque d’abandon du traitement est majoré parmi les patients tuberculeux plus vulnérables comme les étrangers non-établis, les prisonniers et les sans-abri. Ces patients nécessitent un accompagnement qui permette de favoriser la prise adéquate des médicaments mais aussi de résoudre des problèmes sociaux ou de la vie quotidienne comme se nourrir et se loger. Ceci requiert d’adopter une approche globale, centrée sur les besoins des patients, et de développer des partenariats avec les organisations de terrain en charge de ces groupes. Pour plus d’informations contactez : Dr Maryse Wanlin, Directrice du FARES Tél : 02 512 29 36 GSM : 0474 57 16 94 Courriel : [email protected] Un nouveau site FARES, plus convivial, sera accessible sur www.fares.be dès lundi 23 mars 2015. Il comprendra dorénavant une partie dédiée aux professionnels. Le registre belge de la tuberculose 2013 peut y être consulté. 5 6 Observatoire de la Santé et du Social de Bruxelles-Capitale (2014). Baromètre social 2014. Bruxelles -COCOM http://www.who.int/tb/post2015_strategy/fr/