La dernière décennie est certainement,
pour les États-Unis, l’une de celles où
se sont produits les changements politi-
ques les plus importants, tant sur le plan
des idées que de la ographie politique,
avec une division spatiale beaucoup plus
nette qu’auparavant. Nombre d’événe-
ments marquants ont eu lieu depuis 1990 :
la fin de la guerre froide (qui avait fi jus-
que-là les positions politiques sur
une sorte de consensus national) ; la
mission de deux speakers à la Cham bre
des représentants ; la création d’une
commission du Congrès visant à frapper
d’impeach ment un président démo crate ;
l’élection présidentielle de 2000 qui a
abouti à une sorte d’impasse politique ;
les attentats du 11 septembre 2001 ;
l’engagement militaire en Afghanistan puis
en Irak ; la fronde actuelle contre un pré-
sident dont les actions, notamment en
Irak, sont conteses dans le monde.
Le changement s’est accéléré depuis la
présidentielle de 2000. Les élections de
mid-term de novembre 2002 ont donné à
G.W. Bush une courte majorité au
Congrès. Le pays est passé d’une
période d’euphorie économique (celle
de la « nouvelle économie » initiée sous
la présidence mocrate), de paix, d’en-
gagement limité des États-Unis à l’exté-
rieur (sauf au Kosovo), à une période
d’incertitude grandissante et de doutes
qui radicalisent les positions politiques
des candidats pour l’élection de 2004.
des intérêts Locaux
contradictoires
Au plan régional, l’« Amérique pro-
fonde », comme celle du Middle
West ou des États en difficulté éco -
nomique, est coupée de celle des
grandes tropoles du Nord-Est et de
Nouvelle-Angleterre. Les leaders politi-
ques se trouvent face à des intérêts
locaux divers, souvent contradictoires :
fermiers du Middle West attentifs à la
politique commerciale des États-Unis et
au maintien de leurs revenus ; entrepri-
ses dépendant du complexe militaro-
industriel issu de la guerre froide
(Californie, Nord-Est) ; États du Sud atta-
chés au respect des traditions, notam-
ment dans la « Bible Belt » (en matière
d’avortement, de droits accordés aux
gays, etc.). Les politiciens doivent aussi
tenir compte de l’importance de l’élec-
torat senior, qui participe plus que les
jeunes aux élections, et se soucie parti-
culièrement des enjeux de couverture
sociale (États du Sud, mais aussi grandes
métropoles californiennes et du Nord-
Est). Sans oublier l’émergence d’une
culture « latino » dans l’Ouest, le Sud et
les grandes métropoles du Nord-Est. Les
candidats, enfin, ne peuvent ignorer l’im-
portance du religieux dans un pays dont
90 % des habitants se déclarent croyants
et les deux tiers pratiquants (certains
Sociétal 45 g3etrimestre 2004
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4CONJONCTURES
4REPÈRES ET TENDANCES 4DOSSIER
ÉTATS-UNIS
Une nouvelle
géographie politique
MICHEL GOUSSOT *
Le paysage politique a profondément changé aux États-
Unis depuis une décennie. Les positions se radicalisent,
et la montée des idéologies favorise les fractions les plus
dures de chaque parti. Une nouvelle ligne de fracture
pare l’Amérique « bleue » (démocrate) de l’Amérique
« rouge » (républicaine), et cette division se retrouve au
niveau géographique, avec un nouveau coupage du
pays. Les républicains ont étendu leur influence dans de
nombreux États : ils dominent sormais une large
bande qui va de la frontière canadienne occidentale à
la Floride. Les démocrates conservent les bastions très
peuplés du Nord-Est et ont conquis une partie de la côte
Pacifique.
* Maître de conférences à l’Institut d’études politiques de Paris.
parlent même d’une « spiritualisation
rampante du politique »). Quant aux
défenseurs de l’écologie et de l’environ-
nement dans les États frappés de plein
fouet par la crise industrielle, ou dans
ceux de l’Ouest, Alaska compris, ils
savent aussi se faire entendre.
Autre élément à prendre en compte, le
basculement du centre de gravité
démographique et politique, dont on
peut voir un signe dans la région d’ori-
gine des présidents successifs. Au XIXe
siècle et durant la première moitié du
XXe, à l’exception d’Andrew Johnson en
1865 et 1869, qui venait du Tennessee,
et de Hoover en 1928, issu de
Californie, tous étaient originaires d’un
État sit dans l’Est. Depuis 1976,
ils viennent de Géorgie (Carter),
de Californie (Reagan), de l’Arkansas
(Clinton) et du Texas (Bush père et fils).
Pour compléter le paysage, il faut rappe-
ler la forte mobilité entre États, et le fait
que quelque 10 % des électeurs sont
des Américains intégrés récemment à
l’Union, venus de l’étranger, et pour les-
quels les messages politiques n’ont pas
forcément de sens. Enfin, en matière
d’élection, la constitution fédérale donne
d’importantes prérogatives aux États :
ce sont eux qui organisent le scrutin
(seul le nombre des grands électeurs,
des représentants et des sénateurs, ainsi
que le calendrier des élections fédérales,
sont fixés par Washington). Aux États-
Unis, la perception politique est donc
assez « locale ».
Ainsi mises à l’épreuve par les trans -
formations sociologiques et démographi-
ques, les institutions politiques sont
actuellement critiquées de l’intérieur.
Le sysme des « primaires » induirait des
choix qui ne sont pas issus d’un débat
vraiment populaire et collectif, mais d’in-
dividus regroupés pour la circonstance.
Les candidats seraient devenus les repré-
sentants d’une sorte de « political and cor-
porate America », prêts à se faire soutenir
par tout lobby un peu influent. De plus, le
système des « grands électeurs » est
contesté (voir encad).
Ces critiques trouvent une confirma-
tion dans la baisse à peu près constante
du taux de participation électorale,
pour le scrutin présidentiel, depuis qua-
tre décennies. En 1992, l’arrivée sur la
scène politique d’un tiers-parti puissant
avec Ross Perot l’avait fait progresser
de 5 %, mais il est retombé ensuite en
dessous de la barre des 50 %. Beaucoup
pensaient que ce taux allait remonter
en 2000 du fait d’un véritable combat
électoral entre Gore et Bush : effective-
ment, un peu plus de 51 % des adultes
ont voté. On est cependant ts loin
des 63 % de participation obtenus en
1960. Cette année-là, 68,8 millions d’a-
dultes avaient voté, plus de 40 millions
s’étaient abstenus. En 1996, il y eut pour
la première fois plus d’abstentionnistes
que de votants (100 millions contre
96,3). Enfin, si le taux de participation
est de quelque 50 % à la présidentielle,
il est de 40 % pour les élections de mid-
term et de 15 à 20 % dans les élections
« hyper-locales » comme celle du gou-
verneur, ou lors des référendums.
L’amérique
en « bLeu et rouge »
L’Amérique politique et électorale
d’aujourd’hui est plus que jamais divi-
e, une division nourrie par les efforts de
marketing politique des deux grands par-
tis qui paraissent sclérosés dans des cam-
pagnes sans compromis. Selon la plupart
des analystes politiques, le sultat très
serré de l’élection psidentielle de 2000
a créé une sorte d’impasse à la Maison
Blanche mais également au Congs, avec
un nat à 50/50 et une majorité républi-
caine étroite à la Chambre des représen-
tants. Cet équilibre reflète une nouvelle
géographie politique, une « Amérique en
bleu et rouge ».
Selon un article récent et remarqué
de Hans Noel, un politologue de l’Uni -
ver sité de Californie (« The Road to Red
and Blue America »), l’Amérique est bien
un pays de classes moyennes, aux opi-
nions politiques plutôt modérées ; mais
depuis quelques années, on assisterait
à une polarisation autour des positions
des conservateurs du Partipublicain et
des « libéraux » démocrates (qui repré-
sentent la gauche du parti) ; la tendance
plus conservatrice du Parti démocrate,
qui était apparue au cours des années
1980 (les « Reagan Democrats »), serait
à présent en voie de disparition au profit
de cette « nouvelle gauche ». Selon John
Kenneth White, auteur de The Values
Divide1, les « rouges » (les républicains)
Sociétal N° 45 g3etrimestre 2004
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4CONJONCTURES
4REPÈRES ET TENDANCES 4DOSSIER
ÉTATS-UNIS
Le système controversé des grands électeurs
Avec le système du winner takes all le vainqueur prend tout »), un candidat à la pré-
sidence doit recueillir 270 voix de Grands électeurs pour l’emporter. En fait, ce nom-
bre ne correspond pas à celui des voix issues des urnes : ainsi, aux élections de 1960,
Kennedy n’a obtenu que 118 500 voix d’avance (sur 68,3 millions de votants) sur son
adversaire, le vice-président sortant Richard Nixon. Il fallut attendre tard dans la nuit
pour que les suffrages de l’Illinois, étroitement contrôlés par le maire de Chicago,
apportent à JFK les suffrages qui ont fait pencher la balance en sa faveur. De fait,
il aurait suffi que 13 000 électeurs votent différemment dans cinq États pour faire
basculer le résultat. Pourtant, le collège électoral a don303 voix à Kennedy contre
219 à Nixon. Cela s’est produit à d’autres reprises dans l’histoire.
Ce système des grands électeurs est qualifié par beaucoup de commentateurs
comme Bill Frenzel d’« anachronique, une négation d’un système électoral démocra-
tique ». La composition globale n’a pas chandepuis cent ans, mais la répartition des
grands électeurs entre les États évolue en fonction de la population. Aujourd’hui 13
États en détiennent moins de 5 du fait de leur faible représentation à la Chambre des
représentants, alors que 7 États « poids lourds » en comptent plus de 20 (Californie,
Texas, New York State, Floride, Illinois, Pennsylvanie, Ohio) et entrent pour plus de
36 % dans la composition du collège électoral. Le record est détenu par la Californie
avec ses 55 grands électeurs, soit plus de 10 % du collège électoral. Un net bascule-
ment démographique et politique s’est produit au profit des États qui forment le
grand croissant périphérique et dynamique allant du Nord-Ouest au Sud.
sont plus rouges que par le passé et les
«bleus » (les démocrates) plus bleus.
Comme le remarquent de façon symétri-
que le sénateur James M. Jeffords, ancien
républicain du Vermont, ou le sénateur
Zell Miller, un démocrate
« pro-Bush », il y aujourd’hui peu de
place dans les politiques nationales pour
un « répu blicain libéral » ou un « démo-
crate conservateur ».
Ce clivage serait même sensible sur le
plan géographique, les Américains, très
mobiles, étant attirés par les gions qui
partagent leurs positions politiques, ce
qui expliquerait l’accentuation de la cou-
pure spatiale. James Gimpel, analyste sta-
tisticien et politologue de l’Universi du
Maryland, a même dessi un patchwork
national où les différentes communautés
politiques formeraient des îlots de pen-
e identifiables géographiquement. Une
récente analyse demandée par Austin
American Statesman, comparant les
résultats des élections de 1976 et de
2000, conclut que l’Amérique s’est enga-
e sur la voie d’une « grégation politi-
que volontaire ».
Les deux candidats, Bush et Kerry, ont
perçu l’importance de cette concentra-
tion géographique, et leur campagne
renforce la polarisation de l’Amérique.
Les supporters de Kerry attaquent Bush
sur les sotypes républicains, mais
l’accusent aussi d’être ignorant, de n’ê-
tre qu’un « cow-boy » du Texas et sur-
tout d’être entic de religion. De
même, les supporters de Bush attaquent
Kerry sur les stéréotypes démocrates,
mais l’accusent dans le même temps
d’être snob, élitiste, de ne pas être sorti
souvent du Nord-Est et d’être plein
de contradictions dans son parcours
politique.
D’une certaine façon, d’ailleurs, le choix
par chaque parti de son candidat reflète
les archétypes du « rouge » et du
« bleu ». Certes, les deux prétendants
à la Maison Blanche font bien partie
du même establishment : issus de bonnes
familles, ils sont passés tous les deux par
Yale en 1965 et 1966, ils ont la même
culture universitaire. C’est ensuite que
leurs sentiers politiques divergent. Bush
quitte la Nouvelle-Angleterre pour le
Texas et entre dans l’activité pétrolière.
Le Texas, c’est le Wild West, l’ancien État
confédéré, la zone de la « Bible Belt ».
Bush adhère aux valeurs qui, selon
Stanley Greenberg2, constituent l’es-
sence même de l’idéologie républicaine :
la foi en Dieu et la foi dans les entre-
preneurs. Il insiste sur la baisse des
impôts, se proclame born again et en
appelle aux normes traditionnelles de
la famille (pour le mariage, contre
l’avortement, contre les droits des
homosexuels). Kerry, l’homme de
Boston, porte le drapeau de l’Amérique
« bleue » en embrassant les causes
de l’environnement, du syndicalisme,
de la régulation, du contrôle fédéral, de
l’internationalisme en politique exté-
rieure, donnant la préférence à la tolé-
rance sur la tradition.
une fracture
idéoLogique
Certes, cette thèse de la division
d’une Amérique en « bleu et rouge »
a ses détracteurs. Les populations édu-
quées des grandes métropoles refusent
de se laisser enfermer dans des positions
extrêmes et mettent l’accent sur le
«main street of America » (le pays réel).
Certains spécialistes des sondages re-
rent d’ailleurs des « États pourpres » (pur-
ple States), se mêlent le « bleu » et le
« rouge », et qui ont contrib à l’impasse
Sociétal 45 g3etrimestre 2004
UNE NOUVELLE GÉOGRAPHIE POLITIQUE
Pourcentage de votes en faveur des deux principaux candidats
Bush Gore
Hommes 53 % 42 %
Femmes 43 % 54 %
Blancs 54 % 42 %
Noirs 9 % 90 %
Hispaniques 35 % 62 %
Asiatiques 41 % 55 %
Autres 39 % 55 %
Niveau d’éducation
Primaire 39 % 59 %
Secondaire 49 % 48 %
Universitaire 51 % 45 %
Post-graduate 44 % 52 %
Revenus annuels
Moins de 15 000 dollars 37 % 57 %
15 000 à 30 000 dollars 41 % 54 %
30 000 à 50 000 dollars 48 % 49 %
50 000 à 75 000 dollars 51 % 46 %
75 000 à 100 000 dollars 52 % 45 %
Plus de 100 000 dollars 54 % 43 %
Religion
Protestants 56 % 42 %
Catholiques 47 % 50 %
Juifs 19 % 79 %
Autres 28 % 62 %
Athées 30 % 61 %
L’élection de 2000
1The Values Divide. American Politics and Culture in
Transition, Chatham House, 2002.
2The Two Americas : our Current Political Deadlock
and How to Break it.,Thomas Dunne Books, 2004.
électorale de la présidentielle de 2000 : la
Floride, l’Iowa, le Minnesota, le Missouri, le
Nevada, le New Hampshire, le Nouveau-
Mexique, l’Oregon, la Pennsyl vanie, le
T
ennessee et le Wisconsin.
Il est clair, cependant, que la division du
pays s’est accentuée depuis l’élection pré-
sidentielle de 1960. En 1960, le can didat
mocrate John Kennedy avait emporté
des États dans presque toutes les grandes
régions du pays ; alors qu’en 2000, le
mocrate Al Gore était élimi de tout
le Sud, des États des Grandes Plaines et, à
l’exception du Nouveau-Mexique, de tout
l’arc montagneux de l’Ouest. Les États
que Gore emporte, par rapport à 1960,
sont ceux de la côte Ouest (Californie,
Oregon, Washington State), ceux des
Grands Lacs (Minnesota, Iowa, Wisconsin,
Michigan, Illinois) à l’exception de l’Indiana
et de l’Ohio, ainsi que la Nouvelle-
Angleterre (sauf le New Hampshire).
Les électeurs de G.W. Bush en 2000
étaient plutôt âgés, mariés, assidus à
la pratique religieuse et en général
born again christians comme se définit
Bush lui-même. L’électorat « bleu », lui,
regroupe plutôt des femmes éduquées,
des athées, ou non-pratiquants, des syn-
dicalistes, et les résidents des grandes
métropoles autour de New York, en
Nouvelle-Angleterre ainsi que dans les
aires métropolitaines californiennes. Cela
explique les différences entre les scores
de Gore et ceux de Kennedy, qui avait
ratisplus large dans des couches politi-
ques plus modérées.
Certes, les divisions politiques ne sont
pas nouvelles aux Etats-Unis. On peut
retrouver des lignes de fracture idéo -
logique sur deux cents ans de vie politi-
que : le Nord contre le Sud, le rural
contre l’urbain, les populistes contre les
élitistes, le religieux contre le laïc… Mais
ces fractures n’ont pas toujours coïn-
cidé avec les lignes des partis : les États-
Unis ont é conduits durant deux
décennies par la coalition issue du New
Deal de Roosevelt ; les présidents répu-
blicains comme Eisenhower, Nixon ou
même Ford ont été plutôt centristes et
ont gouverné pragmatiquement. En
revanche, Reagan s’est éloig de ce
cadre plus ou moins consensuel en
introduisant davantage d’idéologie en
politique. Bref, du temps de la guerre
froide, le consensus était la règle : Daniel
Bell, dans The End of Ideology, paru en
1990, explique qu’on « faisait alors front
commun contre un ennemi commun et
identifié » ; l’effondrement du bloc sovié-
tique redistribue les cartes politiques et
donne lieu à des positions plus radicales.
L’avancée des
répubLicains
Globalement, le fait électoral se
régionalise, avec de forts contras-
tes par rapport aux années 1960 (voir
les cartes). La méthode de calcul
de l’America Votes and Federal Election
Commission permet de cerner le score
des deux grands partis en fonction de
leur « marge de victoire » l’un par rap-
port à l’autre. Trois niveaux sont rete-
nus : moins de 10 % d’écart, 10 % à 20 %
et plus de 20 %. La carte de 1960 mon-
tre qu’un parti l’emporte rarement avec
plus de 20 % des voix sur son adversaire.
Les démocrates ont alors de meilleurs
scores (de plus grandes marges de vic-
toire) dans quatre États, dont deux bas-
tions démocrates du Sud (Louisiane et
Géorgie) et deux États symboliques du
Nord-Est (Massachusetts et Rhode
Island). Les publicains ne passent
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ÉTATS-UNIS
WASH
OR
CAL
MICH
ILL
FLO
TEXAS
ARZ
LA
MISS GA
ALASKA
HAWAI
ALA
ME
NY
ID
MO
MONT
NC
SC
KY
TENN
WVVA
CONN
MASS
DEL
INDNJ
MD
RI
NEV
N-M
COL
UTAH
ND
SD
WIS
MIN
ARK
OKL
KAN
WYOIOWA
PENN
VT
(D.C.)
OHIO
Marges de victoire
10 % 20 %
Democrates
Républicains
Les résultats des élections présidentielles en 1960
et les marges de victoire
20 % que dans deux États du Middle
West (Nebraska et Kansas). Les domina-
tions moyennes (10 % à 20 % d’écart)
sont rares chez les démocrates avec
seulement deux États (Mississippi et
Alabama), mais plus nombreuses pour
les républicains : l’Oklahoma, l’Iowa, les
deux Dakotas, le Wyoming et l’Arizona,
ainsi que l’Indiana, le Vermont et le
Maine, soit neuf États. Dans l’ensemble,
les marges de victoire sont faibles dans
une majorité d’États.
La carte de 2000 montre une situation
très différente. Le Parti républicain réa -
lise un « tir groupé » (plus de 20 % de
marge de victoire) dans dix États, situés
en gros entre le Mississippi et les États
de la côte Ouest, englobant une bonne
partie des Rocheuses, ainsi qu’en Alaska.
Les marges de victoire de 10 % à 20 %
pour les républicains se trouvent dans
presque tous les États du Sud, selon une
diagonale allant du Mississippi à la
Caroline du Nord, ainsi que le Kentucky
et l’Indiana plus au Nord. En revanche,
les démocrates ne dépassent le seuil de
20 % que dans quatre États (New York,
Rhode Island, Massachusetts et Illinois)
et le District of Columbia (qui n’avait pas
d’élection de grands électeurs en 1960).
Le seuil des 10 % n’est dépassé que
dans quatre États de la côte Est (New
Jersey, Delaware, Maryland et
Connecticut) et à Hawai ; partout
ailleurs, la marge des démocrates est
inférieure à 10 %, y compris en
Californie, le poids lourd de la vie politi-
que américaine.
Ainsi, en quarante ans, les républicains
ont conforté leurs positions (élargi leurs
marges de victoire), beaucoup plus que
les démocrates. Cela ne leur a cepen-
dant pas donné une nette victoire glo-
bale en 2000, car leurs forces n’étaient
pas concentrées dans les États « poids
lourds ».
Le Sud est un bon exemple de glisse-
ment politique radical : fidèle aux démo-
crates durant des décennies, il vote
désormais républicain et s’inscrit dans la
nouvelle vague conservatrice, alors que
le Nord-Est reste un fief démocrate, et
même « libéral ». Dans le Sud, depuis
1960, les candidats à la présidentielle ont
toujours cherché à se concilier un
électorat qui a peut-être la plus forte
identité « historique » de l’Union. Le
« sécessionnisme » du Sud n’est plus à
l’ordre du jour depuis à peu près qua-
rante ans, mais d’autres critères identi-
taires entrent en jeu, religieux ou
ethniques. Ainsi, la Floride se partage à
50/50 entre démocrates et républicains,
mais donne toujours un léger avantage
aux républicains (avec une très faible
marge de victoire). Ce n’est pas néces-
sairement la minorité noire qui fait la dif-
férence : les communautés cubaine et
haïtienne pèsent aussi dans les élections.
G.W. Bush a ainsi eu le soutien des
Cubains, tandis que les Noirs sont restés
attachés aux démocrates.
Au total, en 2000, les publicains l’em-
portent dans 31 États sur 50. Leur
influence s’est installée dans une large
diagonale, de la frontière canadienne
occidentale à la Floride. Quant aux
mocrates, ils dominent dans les deux
extrêmes géographiques, Nord-Est-
Grands Lacs et côte Pacifique. Tout le
reste est « rouge », à l’exception du
Nouveau-Mexique en raison du vote
latino. Le scrutin de novembre dira si la
polarisation de la vie politique américaine
est une tendance de très long terme, ou
une phase d’un mouvement cyclique. g
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WASH
OR
CAL
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ILL
FLO
TEXAS
ARZ
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MISS GA
ALASKA
HAWAI
ALA
ME
NY
ID
MO
MONT
NC
SC
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TENN
WVVA
CONN
MASS
DEL
INDNJ
MD
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NEV
N-M
COL
UTAH
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Marges de victoire
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Democrates
Républicains
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