PDF Printing 600 dpi - Koninklijk Belgisch Genootschap voor

REVUE
BELGE
DE
NUMISMATIQUE
ET
DE
SIGILLOGRAPHIE
BELGISCH TIJDSCHRIFT
VOOR
NlTMISMATIEK
EN ZEGELKUNDE
PUBLIÉE
SOUS
LE
HAUT
PATRONAGE
DE
S. M. LE
ROI
PAR
LA
soc
IÊTÉ
ROYALE
DE NUMISMATIQUE DE
BELGIQUE
AVEC
L'AIDE
DE
LA
DIRECTION
GÉNÉRALE
DE
L'ENSEIGNEMENT,
DE
LA
FORMATION
ET
DE
LA
RECHERCHE
DU
MINISTÈRE
DE
LA
COMMUNAUTÉ
FRANÇAISE
ET
OU
MINISTERIE
VAN DE
VLAAMSE
GEMEENSCHAP
U1TGEGEVEN
ONDER
DE
HOGE
BESCHERM
ING
VAN Z. M.
DE
KONING
DOOR
HET
KONINKLIJK
BELGISCH
GENOOTSCHAP VOOR NUMISMA
TIEK
MET DE
FINANCIËLE
HULP
VAN
RET
MINISTERIE
VAN
DE
VLAAMSE
GEMEENSCHAP
EN
VAN
DE
DIRECTION
GÉNÉRALE
DE
L'ENSEIGNEMENT,
DE
LA
FORMATION
ET
DE LA
RECHERCHE
DU
MINISTÈRE
DE
LA
COMMUNAUTÉ
FRANÇAISE
DIRECTEURS:
PAUL
NASTER.
MAURICE
COLAERT,
TONY
HACKENS.
Luc
SMüLDEREN
CXXXVII "1991
BRUXELLES
BRUSSEL
FRANÇOIS
THIERRY
LA POLITIQUE MONÉTAIRE DES ZHOU
DU NORD (557-581)
GÉNÈSE IDÉOLOGIQUE
ET NÉCESSITÉS FINANCIÈRES
(Planches
VI-VIII)
Retracer
l'histoire monétaire
d'une
dynastie chinoise
paraît
natu-
rel lorsqu'il
s'agit
de dynasties comme les
Tang
(618-907), ou les
Song (960-1279),
dont
la longévité
s'étend
sur plusieurs siècles, per-
mettant
de
mettre
en lumière la genèse
d'une
politique, sa mise en
application, sa spécificité
et
ses effets. Mais, isoler une dynastie
aussi brève que celle des Zhou du Nord, qui
d'autre
part
n'exerce
son
autorité
que sur une
partie
de la Chine,
peut
paraître
vain et ne
saurait
se justifier que
par
la mise en évidence de critères pertinents
permettant
d'établir, en matière monétaire, la spécificité de
cette
dynastie.
Jusqu'ici, la monnaie des Zhou du Nord a
été
envisagée sous le
simple
rapport
historiographique (dates des émissions) et S011S l'as-
pect typologique (description des monnaies). Ainsi, dans son dic-
tionnaire, Ding
Fubao
présente les trois monnaies des Zhou en
citant
les sources historiques, les descriptions
et
les gloses sur ces sources
données dans les ouvrages numismatiques anciens (Ding 1936:
181b-182a, 198b-199b, 219b); les
auteurs
modernes
intègrent
le
monnayage des Zhou
parmi
ceux des Dynasties du Nord (Peng
1965: 223
et
270; Shi 1984: 12; Xîao 1984: 162-163; Doo : 25-27).
Plusieurs points
auraient
susciter la réflexion des
numismates:
le choix de noms archaïques pour les monnaies,
l'arrêt
de la fonte
des wuzhu, la complexité du système
monétaire,
le choix de la
graphie et la politique financière
et
fiscale vis-à-vis de l'église
bouddhique. C'est l'analyse de ces éléments qui
permettent
de
mettre
en évidence la spécificité de la politique monétaire des Zhou
du Nord.
128
F.
THIERRY
I.
Le
cadre historique et les sources écrites
Au
début
du vr" siècle, la Chine
est
divisée
entre
le sud, où se
succèdent
de brèves
dynasties
impériales légitimes,
et
le nord,
dominé depuis 386 ap. J .-C.,
par
les
Tabghatch,
une
branche
des
Sienpi
prototurks,
qui
ont
fondé la
dynastie
des Wei du Nord.
Àla
faveur
de la
Révolte
des Six Garnisons,
qui
éclate
en 524
sur
fond
d'antagonisme
sino-tabghatch,
les militaires
mettent
en
tutelle
le
pouvoir
impérial.
L'un
de ceux-ci, Gao
Huan,
prend
le contrôle
de
l'est
de l'empire, il organise un
état
autonome,
dit
des Wei de
l'Est,
dont
il
fait
et
défait
les empereurs.
En
550, son fils Gao
Yang
dépose
l'empereur
fantoche
et
se proclame
empereur
des Qi.
Dans
la
partie
occidentale, un
autre
militaire, Yuwen Tai constitue, avec
l'appui
du
dernier
empereur
des Wei du Nord, un
état
légitimiste,
dit
des Wei de l'Ouest.
Yuwen
Tai
réorganise les
structures
admi-
nistratives
avec
l'aide
de son conseiller Su Chuo, profite de la déca-
dence de la
dynastie
impériale des
Liang
pour
leur
arracher
la riche
province du Sichuan,
et
s'affirme comme le
véritable
maître
du
pays. Il
meurt
en octobre 556,
après
avoir
promulgué une nouvelle
constitution, qui
permet
à son neveu
Yuwen
Hou,
nouveau
régent
de l'empire,
d'instaurer
la
dynastie
des Zhou
et
d'installer
sur
le
trône
l'un
de ses cousins, Yuwen
Jue.
Le principal souverain de
cette
dynastie
est
Wudi
(561-578), un fils de
Yuwen
Tai, intrônisé
par
Yuwen
Hou
qu'il
assassine
quelque
temps
plus
tard.
Wudi
(Yuwen Yong) prolonge les
conquêtes
au sud,
s'attaque
àl'église
bouddhique, réunifie le
nord
en
détruisant
Qi. Il
meurt
de maladie à
39
ans
lors
d'une
campagne
contre
les Turcs. Le
trône
échoit
àun
fils
dévot
qui laisse la réalité du
pouvoir
à
Yang
Jian,
Duc
de Sui,
Ministre de la guerre et «Colonne de
l'État»;
celui-ci
concentre
peu
àpeu
tous
les pouvoirs
et
le 14
mars
581 renverse les
Zhou
et fonde
la
dynastie
Sui.
L'histoire
monétaire
de
cette
dynastie
nous
est
connue principale-
ment
par
trois sources, le Zhoushu (ZS), le Suishu (SS)
et
le Tong-
dion
(TD).
Le Zhoushu, «Annales des Zhou 1), a
été
rédigé,
sur
l'ordre
de la
Cour des
Tang,
par
Linghou Defen (583-666),
et
achevé en
636;
il
rassemble les chroniques impériales, recension des
principaux
événe-
ments,
et
les monographies
thématiques,
biographies, géographie,
rites, lois, etc. Le
Zhoushu
ne
comprenant
pas
de
chapitre
écono-
mique (shihuozhi), comme cela
est
de
coutume
dans les Annales
ZHOU
DU
NORD
129
dynastiques, c'est dans le chapitre économique du Suishu que l'on
trouve le passage consacré
aux
monnaies des Zhou du Nord (SS:
XXIV-691).
Le Suishu, «Annales des Sui », est composé comme le Zhoushu,
mais comporte un long chapitre économique (SS:
XXIV,
Balasz
1954) dans lequel ont été groupées des données au sujet de la fisca-
lité, la tenure de la terre, les monnaies, les mines, le commerce etc...
concernant les Dynasties du Sud et du Nord. Ce chapitre a sans
doute été rédigé
par
Changsun Wuji (?-659), avec l'aide de Linghou
Delen, et également achevé en 636. Ces historiographes disposaient
des mêmes sources; cela explique la similitude des textes. Le Tong-
dion, œuvre de Du You (735-812), achevé au
début
du
rx'?"
siècle,
est une vaste encyclopédie comprenant un
important
chapitre mo-
nétaire
(TD:
VIII-IX),
dont
un
texte
sur les Zhou du Nord, très
proche de celui du Suishu.
1I. Le texte du Suishu
«Au
début
des Zhou Postérieurs (1), on utilisait encore les mon-
naies des Wei (2). Au
t~me
mois de la 1
cre
année de l'ère Bao Ding de
l'empereur Wudi
(=
août
561), on commença àfondre des monnaies
buquan (fig. 24),
valant
5 et circulant avec les wuzhu (S). Acette
époque, dans les régions de Liang et de Yi (4), on utilisait toutes
(1)
L'appellation
Il Zhou Postérieurs »a
été
créée
par
les historiens du
vu?"
siècle
pour
differencier
cette
dynastie
de celle de
l'antiquité
(1121-221
av.
J.-C.).
Plus
tard,
sous les Song, les Zhou
Postérieurs
sont
appelés Zhou du
Nord
pour
les
distinguer
d'une
dynastie
impériale qui, elle aussi, a choisi le nom de Zhou et à
laquelle a été
attribué
le nom de Zhou
Postérieurs
(951-960).
(2) Les monnaies de la
dynastie
des Wei
sont
le Tai He wuzhu
(pl.
VI,
fig.
1et
2), émis à
partir
de la
19~rne
annee
de l'ère Tai He
(=
495) de Xiaowendi, le wuzhu
(pl.
VI,
fig.
3) émis en 510
dans
l'ère Yong
Ping
de Xuanwudi,
et
le Yong
An
unizhu
(Pl.
VI,
fig.
4) fondu
dans
la 2eme et la 3ème
année
de l'ère Yong An
(=
529
et 530) de Xiaozhuangdi,
pour
les Wei du Nord (386-534); le Yong
An
wuzhu
(pl.
VI,
fig.
5) fondu en 543 sous Xiaojingdi des Wei de
l'Est,
et
les
deux
wuzhu
fondus en 540
(Pl.
VI,
fig.6)
et 546
(Pl.
VI.
fig.
7) sous Wendi des Wei de
l'Ouest
(Thierry
1988: 350-351).
(3) Ce
décret
apparaît
sous la même forme
dans
le
ZS
(V-65).
Les wuzhu
sont
la principale monnaie chinoise depuis 118 av. J.-C.; la
plupart
des
dynasties
antérieures
aux
Zhou du Nord en
ont
fondu, de
tous
types:
les
Han
de
l'Ouest
(pl.
VI,
fig.
8), les
Han
de
l'Est
(Pl.
VI,
fig.
9
et
10),
les
Han
de
Shu
(Pl.
VI,
fig.
11), les
Jin
(Pl.
VI,
fig.
12
et
VII,
fig.
13)
et
les Wei
(note
2).
(4) Les régions de
Liang
et de Yi
correspondent
au nord et au
centre
de l'ac-
tuelle province du
Sichuan;
ces riches préfectures
ont
été
conquises
sur
les
Liang
par
Yuwen Tai
entre
550
et
553 et
sont
donc des acquisitions récentes.
130 F.
THIERRY
sortes de monnaies anciennes
(5)
pour
les échanges. Dans les com-
manderies situées àl'Ouest du Fleuve (Jaune) (6), on utilisait les
monnaies
d'or
et
d'argent
des pays d'Occident ('), et cela
n'était
pas
interdit
par
les fonctionnaires.
Au 6èmc mois de la 3ème année de l'ère
Jian
De
(=
juillet 574), on
fondit des monnaies
wuxing
dabu
(Pl.
VIII,
fig. 25),
valant
10 - ce
qui
promettait
de gros bénéfices
(8)
-et qui circulaient avec les
buquan
(9).
Au 7èmc mois de la 4ème année
(=
août
575), en raison du
grand nombre de gens qui, dans les régions frontalières, se livraient à
la fonte illégale, on interdit que les unixinq dabu, et sortent et
rentrent
aux Quatre Passes (10); les monnaies buquan pouvaient entrer mais
(5)
Dans
le passage
concernant
les monnaies des
Liang
(SS: XXIV-689-690),
l'auteur
indique
que
la population de
cet
empire utilisait toutes sortes de mon-
naies
anciennes;
dans le Tongdian
(TD:
IX-190-191), Du You, qui dispose mani-
festement des mêmes sources,
donne
une version plus complète du même pas-
sage. Avec ces
deux
documents, on
peut
avoir une idée des monnaies anciennes
en circulation
dans
les préfectures de
Liang
et
de
Yi:
les zhi bai uiuzhu
(pl.
VII,
fig.
14
et
15)
émis au Sichuan
par
Xiandi
des
Han
de
l'Est
en 214
ap.
J.-C., les
Taiping
bai Qian
(Pl.
VII,
fig.
16
et
17)
émis en 263,
dans
la
même
province,
par
I-Iouzhu des
Han
de Shu, les ding
ping
yi
bai
(Pl.
VII,
fig.
18)
de Li Xiong des
Da Cheng (306-310), les (eng hua
(Pl.
VII,
fig.19)
émis en 319
par
le roi Shi des
Zhao Postérieurs, les buquan
(Pl.
VII,
fig.
20)
de
Wang
Mang (9-23 ap. J.-C.),
ainsi que
toutes
sortes
de unizhu, les /J
petites
monnaies du faisan &, c'est-a-dire les
petites
pièces des
Han
de Shu
(Pl.
VI,
fig.
11)
entre
221 et 263 ap. J.-C., les
/J monnaies-femelles D
(Pl.
VII,
fig.
21), les monnaies annulaires
(Pl.
VII,
fig.
22)
et les wuzhu [1. 1..] émis sous les
Jin
(Pl.
VII,
fig.
23).
(6) Les régions
traditionnellement
désignées sous le nom de Hexi,
l'Ouest
du
Fleuve
(Jaune),
correspondent
au nord de l'actuel Shenxi, au Gansu
et
àla
partie
occidentale de la Mongolie
Intérieure.
(7) Sous les
Han
de l'Ouest, aété établi le
Protectorat
des Territoires d'Occi-
dent,
Xiyüdu
Hu{u,
qui
couvrait
àpeu près le
territoire
de
l'actuel
Xinjiang. Ce
protectorat
comprenait
àla fois des cités-etats indigènes et des colonies militaires
chinoises destinées au contrôle de ces cités et àla surveillance de la
Route
de la
Soie.
Par
extension, l'expression
Xiyü
désignait
également
tous
les
états
de
l'Occident connus des Chinois. Au
VI~II1·
siècle, les principales cités sont,
pour
la
Route
de la Soie
septentrionale,
Gaochang (Tourfan),
Koutcha,
Koumo, Arsi
(Yanqi) et Shule (Kachgar),
et
pour
la
route
méridionale
Krora'imma
(Shanshan,
Qinghai),
Calmadana
(Qiemo)
Khotan
et
Yarkand
(Soju).
(8)
L'auteur
considère ici le bénéfice que
l'État
tire du
rapport
qui existe
entre
la
valeur
faciale
et
la
valeur
métallique
d'une
monnaie ne
pesant
guère plus que
celle
dont
elle est censée avoir légalement une décuple valeur.
(9) Ce
décret
se
trouve
sous
cette
forme
dans
le
ZS
(V-85).
(10) Les
Quatre
Passes, si guan, sont, au nord-ouest, le Xiaoguan qui contrôle
les
routes
du Gansu et de l'Asie Centrale, au sud-ouest, le
Sanguan
celles du
Sichuan, au sud-est. le
Wuguan
qui donne accès à la vallée de la
Han,
et, à
l'est
le
Hanguguan
qui verrouille les
communications
avec
Luoyang
et
la Grande
1 / 18 100%

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