ChapitreXVIII
Rééquilibredelabalancedespaiementscourantsdansunsystèmede
coursflottantsEetdeparitésfixes
Lorsque la balance des opérations courantes est en déséquilibre, une série de mécanismes
économiques vont tendre à son rééquilibrage plus ou moins complet : effet monnaie, effet
revenu et effet prix vont effectivement tendre à restaurer, imparfaitement, l’équilibre. Ce
rééquilibre de la balance des opérations courantes est également fonction du système de taux
de change, flottant ou fixe.
Nous supposons que :
Y = C + I + G + (X - M)
C = a + cY
M = mY
Masse monétaire = M
r
+ M
l
Les trois premiers «effets», à savoir «l’effet monnaie», «l’effet revenu» et l’«effet prix», se
produisent quel que soit le système des taux de change. Le quatrième effet, qu’on appelle
justement «effet taux de change», joue différemment selon que les changes sont fixes ou
flottants.
1. L’EFFET «MONNAIE»
Supposons une BOC excédentaire : X > M. L’exportation nette (X > M) fait entrer des
devises dans le pays. Les exportateurs qui les perçoivent, les échangent à leur banque contre
de l’euro. Et la masse monétaire croît. Supposons que ce Δ M se trouve partiellement en M
T
et
partiellement en M
L
.
Une sortie de capitaux équivaut à une augmentation des importations. (On suppose toujours
«toutes choses égales par ailleurs» ; les taux d’intérêt étrangers ne bougent pas).
2. L’EFFET «REVENU»
Supposons une BOC excédentaire : Δ X. Quel est l’effet sur le revenu national ? On part de
l’équation des dépenses : Y = C + I + G + (X-M)
Dans un deuxième temps, l’accroissement du revenu national aura un effet sur les
importations et la BOC retrouvera son équilibre.
En effet :
Le rééquilibre est partiel.
Selon que l’économie est très ouverte ou moins ouverte, l’effet sera faible ou important.
En économie ouverte : c = 0,8 et m = 0,6.
D’où
En économie moins ouverte : c = 0,8 et m = 0,2.
D’où
3. L’EFFET «PRIX»
Supposons une BOC excédentaire : Δ X > 0. Δ X fait partie de la demande finale. Toutes
choses égales par ailleurs – et notamment l’offre – les prix intérieurs augmentent et donc
aussi les prix des marchandises exportées. Toutes choses égales par ailleurs, les quantités
exportées diminuent et le surplus se résorbe. Quelle est l’ampleur de la diminution des
quantités exportées ?
Elle est fonction de l’élasticité des quantités exportées par rapport aux prix à l’exportation
(η
x.p
).
Supposons une hausse des prix intérieurs de 10% (de 100 à 110). Le prix du m² des tapis
européens passe de 100 à 110. Les Américains, acheteurs de tapis européens, doivent payer 11
€ pour un m² de tapis au lieu de 10 €. Le cours du $ est inchangé, soit 1 $ = 1 €. Après la
hausse des prix, il faut 11 $ pour acheter le même m² de tapis européen. Supposons que (η
x.p
)
= 1. A ce moment-là, les Américains achèteront 10% en moins de tapis.
4. L’EFFET «TAUX DE CHANGE»
Pour déterminer ce quatrième effet, on ne peut plus faire abstraction du système des changes.
On doit distinguer deux systèmes :
un système des changes flottants où une monnaie fluctue en fonction de son offre et de
sa demande ;
un système de parités fixes où on ne laisse pas fluctuer les monnaies au gré du marché.
4.1. Taux de change flottants
Plaçons-nous du point de vue du cours du $ et examinons ce que l’on entend par offre et
demande du $. Pour simplifier, nous ne prenons en considération que deux pays : la zone euro
et les Etats-Unis et deux biens : le soya et les tapis. Les Etats-Unis exportent du soya dans
l’eurozone qui, elle, exporte des tapis aux Etats-Unis.
L’importateur européen de soja doit payer l’exportateur américain en $. Dès lors, par
l’intermédiaire de sa banque, il achète du $. Par conséquent, la demande de $ augmente.
L’importateur américain de tapis européens les paye en $ qui seront convertis ultérieurement
en euros car l’exportateur européen doit disposer d’€ pour payer ses fournisseurs, ses ouvriers,
etc. Dès lors, l’offre de $ augmente.
Par conséquent, sur le marché des changes, une demande de dollars est confrontée à une offre
de dollars et il en résulte un certain prix du $ exprimé en €.
Graphe 90
Variation des importations et des exportations et taux de change
Sur ce marché monétaire, un équilibre est trouvé au prix du $ à 1 €. Si le $ se déprécie, les
X
USA
sont favorisées et les M
USA
défavorisées. Si le $ s’apprécie, l’inverse se produit.
Un changement structurel intervient dans l’agriculture européenne.
L’élevage se développe au détriment des grandes cultures céréalières. Les vaches sont de plus
en plus nourries à l’aide d’aliments composés à base notamment de soya. D’où : déplacement
de D
1
vers D
2
.
Au cours de 1 $ = 1 €, la demande excède l’offre. Un nouvel équilibre se situe à l’intersection
de O1 et D2 : 1 $ = 1,10€
Quand la demande mondiale de l’ensemble des productions d’un pays croît, le cours de sa
monnaie a tendance à augmenter.
Graphe 91
Variation des importations et des exportations et taux de change
Supposons au contraire que la demande américaine de tapis européen s’accroisse fortement. Il
s’ensuivra une hausse de l’offre de $ sur le marché du $ qui se traduira par un déplacement de
l’offre de $ vers la droite. Le nouvel équilibre se situera à 0,9 euro pour un dollar.
Graphe 92
Inflation aux Etats-Unis et taux de change
En cas d’inflation aux Etats-Unis, les prix des biens américains augmentent de même que les
prix des biens américains exportés. A tout cours du $, les produits américains sont plus chers
qu’avant sur le marché mondial.
Par conséquent, les X
USA
diminuent. D
1
se déplace vers D
2
.
Le cours du $ baisse : il passe de 1 € à 0,9 €.
Un taux d’inflation qui est plus élevé dans un pays que dans le reste du monde, déprécie la
monnaie de ce pays.
Troisième cas : l’eurozone connaît une inflation. Les prix des tapis européens augmentent.
Les exportations de tapis diminuent : O
1
se déplace vers O
2
. Le $ passe de 1 à 1,1 €. Il
s’apprécie et l’€ – monnaie du pays qui connaît une poussée inflationniste – se déprécie
Graphe 93
Inflation en euroland
En conclusion, les modifications du taux de change permettent à elles seules de retrouver
l’équilibre sur les marchés. Ce rééquilibre postule qu’aucun autre facteur que les exportations
et les importations n’influence les taux de change.
4.2. Rééquilibre de la BOC dans un système de parités fixes
Dans un système de taux de change flottants, le rééquilibre est automatique en ce sens que les
seuls mécanismes du marché rétablissent l’équilibre à condition qu’aucun autre élément ne
perturbe le retour à l’équilibre.
Dans un système de parités fixes, l’Etat est obligé de maintenir sa monnaie dans le tunnel. La
Banque centrale, dont l’autonomie et l’autorité n’ont fait qu’augmenter ces dernières années,
est chargée de l’intervention. Elle rachète sa monnaie sur le marché monétaire, si celle-ci est
menacée ; elle la vend si elle est surévaluée par rapport à une autre monnaie du système.
Si les interventions répétées de la Banque centrale ne suffisent pas, le pays dont la monnaie
est menacée peut proposer une dévaluation de sa monnaie. Pour renforcer l’effet de cette
dévaluation, le pays prendra une série de mesures d’accompagnement de politique
économique.
Ces mesures peuvent être ramenées à deux ensembles décrits au début du chapitre : «l’effet
prix» et «l’effet revenu».
Une politique monétaire restrictive (encadrement du crédit, contrôle de la masse monétaire,
taux d’intérêt élevés) peut juguler l’inflation, favoriser ainsi l’exportation et renforcer
l’impact de la dévaluation.
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