L’Entretien Motivationnel L’intégration de l’Entretien Motivationnel dans la pratique des professionnels de la santé est un atout capital pour la promotion du changement de comportement. L’EM facilite la mise en place d’une bonne « alliance thérapeutique » et permet au patient de devenir acteur de son traitement et de prendre en charge les changements de comportement délétères pour sa santé. L’EM sera d’autant plus efficace qu’il sera appliqué à des domaines où les seules mesures psycho-éducatives s’avèrent insuffisantes, en particulier tout le spectre du domaine des addictions. Comment peut-on alors définir ce qu’est l’EM ? Un style de communication coopératif C’est d’abord et avant tout un style de communication qui se veut coopératif, établir avec son patient et non pour lui, ses priorités en matière de santé et travailler ensemble pour déterminer le traitement le mieux adapté au patient et sa réalité quotidienne plutôt que de lui imposer un traitement jugé plus efficace par le soignant Une conversation focalisée sur le mieux-être du patient L’entretien vise à évoquer avec le patient sa santé et les moyens de l’améliorer afin de lui permettre d’investir les projets et activités qui lui tiennent à cœur avec des objectifs réalistes. Cette évocation se fait avec tact, sans s’imposer, en demandant au patient son autorisation et en le faisant activement participer, tout en acceptant les limites que le patient impose sans conflit et sans confrontation en laissant toujours la porte ouverte pour en reparler. Un entretien avec intention En mettant en œuvre l’EM le soignant conserve l’initiative, en particulier par l’intention sous jacente d’aider son patient. Pour cela il cherchera, par un questionnement ouvert, des reformulations fines appelées « reflets » et une attitude bienveillante et empathique, à promouvoir l’exploration en termes positifs d’un changement de comportement. Grace à une écoute attentive le soignant renforcera les aspects positifs évoqués par le patient et valorisera les forces et qualités du patient. Le soignant cherchera ainsi à promouvoir un discours orienté vers le changement sans lui-même l’imposer. Une approche centrée sur le patient L’entretien vise l’autonomie du patient et privilégie son implication à l’expertise du soignant. Ce dernier amène le patient à exprimer son point de vue, ses craintes, ses questions et attentes, plutôt que de mettre en avant sa propre expertise. Le patient est vu comme ayant une expertise importante, même s’il n’en est pas toujours conscient, sur son propre fonctionnement. L’entretien l’aidera à en prendre conscience, à renforcer sa confiance en lui, et au final à se prendre en charge. Des habiletés pour mieux communiquer L’EM enseigne des techniques de communication, qui sont avant tout au service de l’état d’esprit dans lequel l’entretien doit se dérouler. Savoir poser des questions ouvertes qui permettent d’explorer des domaines spécifiques, savoir refléter pour faciliter les prises de conscience et la résolution de conflits internes, valoriser et redonner confiance, faire des résumés qui font le point sur l’essentiel et préparent à l’engagement sont les habiletés de base. La stratégie étant de favoriser avec ces techniques un dialogue orienté changement et de construire avec le patient, étape par étape, le changement de comportement en s’appuyant sur sa motivation intrinsèque pour l’aider à dépasser son ambivalence. Construire des objectifs Les patients ont bien souvent la conscience des conséquences délétères de certains comportements sur leur santé. Cette connaissance ni la peur qu’elle suscite ne suffit à les faire changer. La construction avec le patient d’objectifs de vie gratifiants, fondés sur ses valeurs et nécessitant de mettre en place un changement de comportement s’avère plus efficace que la coercition ou la peur pour promouvoir un changement. L’entretien aide le patient à construire des objectifs personnels et réalistes et à planifier les étapes pour y parvenir. Modulé par le discours du patient Il existe des corrélations bien établies entre le type du discours tenu par le patient et la probabilité de changement de comportement. Selon que ce discours soit orienté changement, orienté maintien, ou bien le reflet de tensions relationnelles avec le médecin, le praticien aura recours à des stratégies différentes, il apprend à gérer les tensions relationnelles sans jamais s’opposer à la résistance du patient, va valoriser et renforcer de manière sélective le discours orienté changement et savoir écouter avec empathie et sans jugement le discours de maintien. Interventions de durée brève L’entretien est adaptable au contexte et au temps disponible. Il n’est pas nécessaire d’aboutir dès le premier entretien, ni d’y de le pratiquer au détriment d’autres priorités inhérentes à la consultation ou des autres patients en attente. Le médecin doit savoir conclure tout en proposant au patient de poursuivre au cours de la consultation suivante. La recherche à montré que ce n’est pas la durée de l’intervention, mais la qualité de son contenu et l’attitude du soignant qui font la différence. Flexibilité et adaptabilité L’EM a prouvé qu’il pouvait se pratiquer dans différents contextes avec tout types de patients, dès lors où il existe un comportement qui nuit à la santé, que le patient en a conscience, et qu’il n’arrive pas à mettre en œuvre un changement. Le domaine des addictions et des maladies chroniques est un champ d’application de prédilection. L’EM s’acquiert Les médecins peuvent acquérir rapidement des outils de base en EM. Le plus dur est de les mettre en œuvre en situation réelle. Cela nécessite d’avoir au cours d’une formation de base les éléments permettant de commencer à utiliser les rudiments de l’EM et de s’entrainer jusqu'à l’acquisition des bons réflexes. La supervision semble être aujourd’hui la meilleure façon de faciliter la progression. Des dispositifs se mettent en place progressivement. Conclusion L’EM peut se définir comme une manière collaborative de communiquer, centrée sur le patient, visant à susciter et renforcer une motivation à adopter des comportements favorables à la santé. Il s’impose comme un outil indispensable s’intégrant parfaitement à la pratique des professionnels de la santé confrontés à des patients ayant des comportements nuisibles pour la santé. Il peut se mettre en œuvre en un temps très court afin de favoriser les prises de conscience et de décisions de ces patients et de les engager dans une démarche de changement de comportement en toute autonomie. Le recherche à montré l’intérêt de son utilisation, il reste à en apporter l’enseignement aux soignants et a en favoriser l’apprentissage par un suivi et une supervision dans les premiers temps.