428 | La Lettre du Cancérologue ̐ Vol. XX - n° 7 - septembre 2011
DOSSIER THÉMATIQUE
Cancers du sein :
chimiothérapie néo-adjuvante
Chimiothérapie néo-adjuvante
des cancers du sein
Neoadjuvant chemotherapy in breast cancer
C. Senechal 1, F. Reyal 1, C. Malhaire 2, V. Marchand 3, F.C. Bidard 4, B. Sigal 5, J.Y. Pierga 4
1 Département de chirurgie, institut
Curie, Paris.
2 Département de radiologie, insti-
tut Curie, Paris.
3 Département de RT, institut Curie,
Paris.
4 Département d’oncologie médi-
cale, institut Curie, Paris ; université
Paris-Descartes.
5 Département de biologie des tu-
meurs, institut Curie, Paris.
Objectifs de la chimiothérapie
néo-adjuvante
Plusieurs raisons justifient de proposer une chimio-
thérapie (CT) néo-adjuvante lors de la prise en
charge initiale d’un cancer du sein opérable dem-
blée. La seule indication consensuelle est que ce
schéma thérapeutique permet d’envisager une
duction de la taille tumorale, ce qui augmente
les possibilités de traitement chirurgical conserva-
teur pour les formes relevant d’une mastectomie
première (1). En torie, il permet aussi d’étudier
directement la sensibilité aux traitements et d’iden-
tifier les tumeurs dont la réponse complète au trai-
tement serait associée à un bon pronostic ainsi que
celles dont la réponse partielle au traitement serait
associée à une résistance et à un pronostic médiocre.
Ce schéma thérapeutique est en fait le seul modèle
permettant d’observer véritablement la réponse au
traitement (en comparaison des expérimentations
in vitro [lignées cellulaires] ou in vivo [modèles
murins]). Il offre la possibilité de déterminer de
nouveaux marqueurs de sensibilité au traitement,
de surveiller avec acuité cette réponse et d’envi-
sager de nouveaux protocoles adjuvants selon le
degré prévisible de réponse au traitement. De plus,
le traitement néo-adjuvant repose sur l’hypothèse
qu’une prise en charge précoce de la maladie micro-
métastatique modifie potentiellement lévolution
naturelle de la tumeur en prévenant l’émergence
de clones résistants. Enfin, l’étude de la croissance
de sites métastatiques après traitement du site
primitif de difrents modèles murins de cancer
avait suggéque l’acte chirurgical pouvait avoir,
par les modifications immu nitaires et vasculaires
induites lors du processus de cicatrisation, un effet
potentiellement délére sur lévolution naturelle
du cancer (2).
L’objectif de notre travail, loin d’être exhaustif, est
de mettre en avant les travaux majeurs portant
sur ce schéma thérapeutique an de permettre
aux difrents cliniciens participant à la prise en
charge des patientes atteintes de cancer du sein
d’appuyer leur pratique sur les données les plus
robustes possibles. Nous limitons notre réflexion au
cancer du sein opérable d’embe, non localement
avancé, non inammatoire et non métastatique
d’embe.
Chimiothérapie néo-adjuvante
versus chimiothérapie
adjuvante
Afin de valider l’administration poratoire de
la CT, il a été nécessaire de vérifier sa non-in-
riori par rapport au traitement de rence, le
traitement local suivi de la CT adjuvante. Lata-
analyse (niveau de preuve A)alisée par D. Mauri
et al. (3) valide cette pratique. Publiée en 2005,
elle reprend 9 essais comparant CT néo-adjuvante
à CT adjuvante selon le même schéma, incluant
en tout 3 946 patientes. Aucune différence n’a
été mise en évidence en termes de survie globale
(SG), de survie sans récidive (SSR) et de SSR à
distance. Toutefois, on note une augmentation
significative du risque de cidive locorégionale
dans le groupe des patientes traitées par CTo-
adjuvante, particulièrement lorsque le traitement
locogional consistait en une radiothérapie (RT)
sans chirurgie.
La Lettre du Cancérologue ̐ Vol. XX - n° 7 - septembre 2011 | 429
Résumé
La chimiothérapieo-adjuvante dans le cancer du sein vise avant tout à favoriser le taux de traitement
conservateur mammaire. Cet article, qui passe en revue les principales études publes justifiant cette
pratique, s’efforce de proposer au clinicien les principaux axes de réflexion sur les types de chimiothérapie,
la réponse tumorale obtenue ainsi que son interprétation en termes de contrôle de la maladie systémique.
Mots-clés
Cancer du sein
Chimiothérapie néo-
adjuvante
Réponse histologique
complète
Trapie ciblée néo-
adjuvante
Summary
The first aim of neoadju-
vant chemotherapy in breast
cancer is to increase the rate
of conservatory surgical treat-
ment. This article summarizes
the major published trials to
justify neoadjuvant chemo-
therapy and provides the
clinician with the main ideas
concerning the type of chemo-
therapy, the tumoral response
and its interpretation in terms
of systemic disease control.
Keywords
Breast cancer
Neoadjuvant chemotherapy
Pathological complete
response
Neoadjuvant targeted
therapy
Les principales études sont résumées dans le
tableau, p. 430.
En 1985, L. Mauriac et al. (4) ont étudié l’impact
sur la SG d’un traitement par 3 cycles d’épirubicine,
vincristine et thotrexate, suivis de 3 cycles de
mitomycine C, thiopa et vindésine administs
soit en préopératoire soit en postopératoire. Au final,
272 patientes présentant une tumeur du sein de plus
3 cm de diamètre (T2-T3, N0-N1, M0) ont été rando-
misées entre ces 2 bras de traitement (138 versus
134 patientes). Le traitement locorégional a consisté
en une chirurgie non conservatrice (mastectomie
radicale modifiée) dans le bras adjuvant. Dans le
bras o-adjuvant, une RT exclusive (sein et aires
ganglionnaires) était alisée en cas de ponse
clinique compte ; si le résidu tumoral clinique
était inférieur à 2 cm, une chirurgie conservatrice
associée à une irradiation était effectuée ; enfin, si
le sidu tumoral clinique était surieur à 2 cm,
une mastectomie radicale modifiée était pratiquée.
Les auteurs nont mis en évidence aucune différence
significative de SG entre les 2 bras de traitement
après plus de 10 ans de suivi médian.
L’essai S6 de l’institut Curie mis en place en 1986
(5-7) visait à mettre en évidence l’absence de diffé-
rence en termes de SG entre un traitement par CT
néo-adjuvante et un traitement identique appliqué
en phase adjuvante. Un total de 390 patientes non
ménopausées présentant un cancer du sein non
métastatique avec une tumeur entre 30 et 70 mm
de diamètre ont été randomisées entre 4 cycles d’une
association de 5-FU, adriamycine et cyclophospha-
mide (FAC) pdant le traitement locogional
ou lui sucdant. Ce traitement a essentiellement
consisté en une RT. La chirurgie n’a été utilisée que
dans les cas de persistance d’une masse tumorale
après RT. Une premre publication, avec un suivi
médian de 54 mois, semblait démontrer un bénéfice
en termes de SG du traitement o-adjuvant (5).
Une mise à jour après 66 mois de suivi médian,
puis 120 mois, n’a pas retrouvé de différence signi-
ficative (6, 7). Ces données ont été récemment
confirmées (Senechal C et al., soumis), et cela indé-
pendamment du statut des récepteurs hormonaux
de la tumeur.
L’essai NSABP-B18, débuté en 1988, visait à
comparer limpact sur la SG et la SSR dun trai-
tement par adriamycine et cyclophosphamide
(AC) administré soit en néo-adjuvant soit en
adjuvant (8). Au total, 1 523 patientes présentant
une tumeur du sein opérable d’emblée (T1-T3,
N0-N1, M0) ont été randomies entre ces 2 bras
de traitement (763 versus 760 patientes). Le trai-
tement locorégional a consisté en une chirurgie,
conservatrice ou non, dont le choix était initia-
lement posé par le chirurgien (inpendamment
de la réduction tumorale éventuelle par le trai-
tement néo-adjuvant). En cas de traitement
conservateur, une irradiation mammaire totale
était effectuée. Aucune différence significative n’a
été mise en évidence entre les 2 bras de traite-
ment. Des mises à jour à 9 ans (9) puis à 18 ans de
suivi (10) ont été publes, montrant l’absence
de différence significative en termes de SG et de
SSR. De façon intéressante, l’analyse de la SG à
18 ans, met en évidence une nette tendance béné-
fique mais non significative d’un traitement o-
adjuvant chez les patientes de moins de 50 ans
(61 versus 55 %) et, inversement, d’un traitement
adjuvant chez les patientes de plus de 50 ans
(55 versus 50 %).
Lessai européen de l’EORTC (European Organization
for Research and Treatment of Cancer) [11], publ
en 2001, comparait l’administration de 4 cycles
de FEC 60 (5-FU, épirubicine, cyclophosphamide)
avant ou aps prise en charge chirurgicale chez
698 patientes randomisées ; cette étude ne montrait
aucune différence de SG à 48 mois.
L. Gianni et al. (12) ont publ une étude compa-
rant un traitement par 4 cycles de doxorubicine
(A) avec ou sans paclitaxel suivis de 4 cycles de
l’asso ciation CMF (cyclophosphamide, méthot-
rexate, 5-FU) administrés en o-adjuvant ou en
adjuvant (European Cooperative Trial in Operable
Breast Cancer [ECTO]). Létude comportait 3 bras
de traitement : chirurgie + 4 cycles d’A + 4 cycles
de CMF ; chirurgie + 4 cycles d’AT + 4 cycles de CMF ;
4 cycles dAT + 4 cycles de CMF + chirurgie. Dans
cet essai, 1 348 patientes ont été randomies. Il
n’y avait pas de différence significative en termes
de cidive, de cidive à distance ou de SG entre
les 2 bras de traitement systémique comportant
du paclitaxel, que la CT soit administrée en pré- ou
en postopératoire.
430 | La Lettre du Cancérologue ̐ Vol. XX - n° 7 - septembre 2011
Chimiothérapie néo-adjuvante des cancers du sein
DOSSIER THÉMATIQUE
Cancers du sein :
chimiothérapie néo-adjuvante
Dans la plupart de ces études, la réponse histolo-
gique de la tumeur à la CT est apparue comme le
meilleur marqueur pronostique de la survie à long
terme, mettant en évidence les tumeurs chimio-
sensibles. Différents scmas de CT ont donc été
tess, visant à accroître la ponse histologique
au traitement.
En changeant l’ordre d’administration des traite-
ments, l’analyse de la pièce oratoire aps CT
première donne une nouvelle information. Les
résultats anatomopathologiques doivent évaluer
l’efficacité de la CT.
Réponse histologique
à la chimiothérapie
néo-adjuvante
Il existe actuellement plusieurs méthodes d’éva-
luation de la réponse histologique au traitement
néo-adjuvant. En France, les 2 principales classifi-
cations utilisées sont celles de B. Chevallier et de
D.M. Sataloff.
B. Chevallier et al. (13) ont publié, en 1993, un score
fondé sur une étude prospective évaluant la toxicité
Tableau. Principales études comparant chimiothérapies adjuvante et néo-adjuvante.
Études Nombre
de
patientes
Type
d’essai
Période
d’inclusion
Chimiothérapie Recul
(mois)
Résultats SG
(néo-adjuvant/
adjuvant)
Traitement
conservateur
(néo-adjuvant/
adjuvant)
Réponse
clinique
complète
Réponse
histologique
complète
D.Mauri etal.
(3)
3 946 Méta-analyse
9essais
randomisés
1983-1999 Variables SG, SSP, SSR sans différence.
Surrisque de récidive
locorégionale 1,22 (IC95 : 1,04-
1,43 ; p=0,15) non significatif,
lié au traitement par RT exclusive
lorsque réponse clinique
complète
Risque dedécès :
RR=1,00,
IC95 : 0,90-1,12
0 à 92 % 7 à 65 % 4 à 29 %
L.Mauriac etal.
(4)
272 Randomisé 1985-1989 3cycles d’épirubicine,
vincristine,
méthotrexate
puis 3cycles
demitomycineC,
thiotépa, vindésine
124 Plus de récidives locorégionales
en néo-adjuvant, mais 33 %
deRT exclusives, pas de
différence à120mois sur SG, la
survie sans métastases
NR,
pas de
différence
36,9 %/0 % NR NR
B.Fisher etal.
(NSABP-18)
[8]
1 523 Randomisé 1988-1993 4cycles de AC 192 Pas de différence significative à
5ans sur la SSR, etSG.
Plus de traitements conservateurs
dans le groupe néo-adjuvant
etmeilleur pronostic si réponse
histologique complète
HR=0,99 ;
IC95 : 0,85-1,19,
p=0,90
68 %/60 %
(p=0,001)
36 % 13 %
J.A.Van der Hage
etal. (EORTC)
[11]
698 Randomisé 1991-1999 4cycles de FEC60 48 Pas de différence à 4ans
enSSR et en SG, ni en récidive
locorégionale
HR=1,16 ;
IC95 : 0,83-1,63 ;
p=0,38
6,60 % 2 %
G.Bonnadonna
etal.
165 Prospectif 1988-1989 3cycles deCMF
4cycles de CMF
3cycles de FAC
4cycles de FAC
3cycles de FEC
NR 88 % 17,00 % 4 %
S.M.Scholl etal.
(5-7)
390 Randomisé 1986-1990 4cycles de FAC 54 Bénéfice en SG pour le traitement
néo-adjuvant à54mois, non
retrouvé à66mois, puis 120mois
86 % / 78 %
(p=0,039)
82 % / 77 %
(p=0,34)
30 % NR
L.Gianni etal.
(12)
1 355 Randomisé 1996-2002 4cycles de AT+
4cycles de CMF
en néo-adjuvant
etadjuvant
4cycles de A+ 4cycles
de CMF enadjuvant
76 SSR sinéo-adjuvant affectée par
récepteurs progestérone négatifs
etadénopathie axillaires positive.
Pas d’impact de la réponse
histologique complète
HR=1,10 ;
p=0,60
63 % / 34 %
(p<0,001)
49 % 20 %
A: adriamycine; AC: adriamycine, cyclophosphamide; CMF: cyclophosphamide, méthotrexate, 5-FU; FAC: 5-FU, doxorubicine, cyclophosphamide; FEC: 5-FU, épirubicine, cyclophosphamide;
NR:non rapporté; RT: radiothérapie; SG: survie globale; SSP: survie sans progression; SSR: survie sans récidive; T:docétaxel.
La Lettre du Cancérologue ̐ Vol. XX - n° 7 - septembre 2011 | 431
DOSSIER THÉMATIQUE
du FEC 100 chez 45 patientes atteintes d’un cancer
du sein inflammatoire (T4d), recrutées entre 1988
et 1990. Une mastectomie avec curage axillaire
avait étéalisée chez 39 dentre elles. La réponse
histologique était classée ainsi :
1. Disparition complète de la tumeur.
2. Persistance d’une composante in situ, sans reliquat
invasif et avec ganglionsgatifs.
3. Composante infiltrante avec altération stromale
associée (sclérose ou fibrose).
4. Pas ou peu de modification de l’apparence tumo-
rale.
Il n’y avait pas d’évaluation de la survie en fonction
de la réponse.
En 1995, D.M. Sataloff et al. (14) ont publ une
étude rétrospective sur 36 femmes traitées entre
1987 et 1992 pour un cancer du sein localement
avancé. Les patientes recevaient 3 cycles de CT néo-
adjuvante (23 FAC et 13 CMF). Les patientes avaient
ensuite toutes une mastectomie totale, suivie de
6 mois de CT adjuvante (1 an en cas de tumeur
inammatoire) avec les mêmes agents que ceux
administrés en phase préopératoire, puis d’une RT
de la paroi avec boost (surimpression du lit tumoral).
La réponse histologique de la tumeur était :
TA : ponse histologique compte (RHC) ou
“presque complète” ;
TB : plus de 50 % de régression ;
TC : moins de 50 % de régression ;
TD : pas d’effet.
De même avec les ganglions :
NA : pas de maladie résiduelle ;
NB : pas d’atteinte axillaire ou d’effet thérapeu-
tique ;
NC : ganglion(s) positif(s) avec effet thérapeu-
tique ;
ND : ganglions métastatiques et pas d’effet
thérapeutique.
Après un suivi moyen de 49 mois (19 à 86 mois), la
survie et la survenue de tastases étaient corré-
lées à cette classification. Les résultats montraient
une survie statistiquement meilleure pour les TA
que pour les TB-TD (p = 0,055) et l’absence de
métastases à 1 an et à 3 ans, elle aussi significative
(p = 0,007 et 0,04 respectivement). La ponse
ganglionnaire était elle aussi corrélée à la survie et
à la survenue de métastases.
En 2007, le MD Anderson Cancer Center (Houston,
États-Unis), a présenté un outil intéressant
pour évaluer la ponse histologique, publié par
W.F. Symmans et al. (15) : il s’agit dun index de
maladie résiduelle appelé RCB index (Residual Cancer
Burden), destià évaluer la maladie résiduelle et
permettant une mesure plus précise de l’efficacité
histologique de la CT. Cet index a été développé à
partir de l’analyse histologique de 342 tumeurs. Les
patientes appartenaient à 2 cohortes : l’une (n = 241)
recevait du paclitaxel suivi de FAC en néo-adjuvant,
l’autre (n = 141) recevait du FAC. La maladie rési-
duelle après traitement était classée, à partir de
critères objectifs, en RCB 0 (RHC), RCB 1, RCB 2 et
RCB 3. Cet index est significativement corrélé à la
survie et à la survenue de métastases. Facilement
disponible sur Internet (16), il pourrait permettre une
harmonisation des résultats anatomopathologiques
et une meilleure analyse des résultats publiés.
La réponse histologique
complète comme nouvel
élément pronostique
Cette nouvelle donnée apportée par le résidu
tumoral après CT nous informe sur l’agressivité de
la maladie, sa chimiosensibilité et donc, logique-
ment, son pronostic.
En 1998, l’étude NSABP B-18 (8-10) décrite plus haut
montrait que, sur les 763 patientes randomies
dans le groupe o-adjuvant, 13 % présentaient
une RHC (absence de maladie infiltrante rési-
duelle), versus 36 % de réponse clinique complète.
Ces patientes bénéficiaient dune meilleure SG
(HR = 0,32 ; p = 0,0001) et dune meilleure SSR
(HR = 0,47 ; p = 0,0001), toujours présentes à 16 ans
de suivi.
L’essai NSABP B-27 (17, 18), qui a inclus
2 411 patientes atteintes dun cancer du sein
opérable d’emblée, avait pour objectif de déter-
miner limpact de lintroduction de 4 cycles de
docétaxel (T) aps 4 cycles dAC sur la ponse
clinique, la ponse histologique, la SG et la SSR.
L’essai a inclus 2 411 patientes. La RHC ainsi que le
nombre de ganglions axillaires envahis au moment
de la chirurgie étaient des facteurs pronostiques
significatifs en termes de SG et de SSR. Dans la mise
à jour des résultats publiée par P. Rastogi et al. (10)
à 8 ans, la RHC restait un marqueur prédictif signi-
ficatif de meilleure SG (HR = 0,36 ; p = 0,0001) et
de meilleure SSR (HR = 0,49 ; p = 0,0001).
H.M. Kuerer et al. (19) ont analysé 372 patientes
ayant reçu une CT o-adjuvante à base d’anthra-
cyclines. Parmi elles, 12 % ont présen une RHC
(axillaire et tumeur primitive). Le grade nucaire
(Black), la taille tumorale initiale et le statut des
récepteurs aux estrogènes sont des facteurs signi-
432 | La Lettre du Cancérologue ̐ Vol. XX - n° 7 - septembre 2011
Chimiothérapie néo-adjuvante des cancers du sein
DOSSIER THÉMATIQUE
Cancers du sein :
chimiothérapie néo-adjuvante
ficativement corrélés à la réponse histologique. Les
auteurs ont analysé la SSR et la SG en fonction de
la ponse histologique axillaire et au niveau de la
tumeur primitive : le sous-groupe de patientes avec
RHC axillaire et tumorale a un pronostic significa-
tivement meilleur.
S.C. Abrial et al. (20) ont publié en 2005 une étude
complémentaire portant sur 710 patientes ayant
reçu un traitement par CT néo-adjuvante. Le taux de
réponse clinique complète (RCC) se situait entre 15
et 17 %, et le taux de RHC entre 9 et 20 %. En analyse
multivariée, l’atteinte ganglionnaire axillaire, le grade
histologique post-CT MSBR (Modified Scarff-Bloom-
Richardson) ainsi que le MNPI (Modified Nottingham
Prognostic Index) et la RHC sont les facteurs corrélés
à la SG. (L’atteinte ganglionnaire axillaire, le statut
des récepteurs aux estrogènes et le grade post-CT
[MSBR] sont corrélés à la SSR.)
Néanmoins, P. Chollet et al. (21) avaient publié
en 2002 une analyse portant sur 451 patientes
ayant reçu un traitement par CT néo-adjuvante.
Cinq types de séquences thérapeutiques avaient été
utilisés, correspondant à 5 essais thérapeutiques de
phase II (AVCF/M, NEM, TXT, TNCF, NET). Les taux de
RCC dans ces 5 essais se situaient entre 12 et 35 %,
et les taux de RHC entre 5,5 et 33 %. En analyse
multivariée, la RHC n’était pas un facteur significatif
de SSR, contrairement à l’atteinte axillaire, au grade
histologique et au type histologique.
Ainsi, la RHC n’est pas forcément le seul ément
pronostique majeur. La question se pose donc de
savoir quels sont les autres éléments à prendre en
compte parmi les réponses histologiques complètes ?
En 2005, A.M. Gonzalez-Angulo et al. (22) ont
analysé une rie de 226 patientes ayant présenté
une RHC aps CT néo-adjuvante (95 % anthra-
cyclines, 5 % taxanes) afin d’identifier les facteurs
de mauvais pronostic en termes de SSR et de SG.
Trente et une patientes ont présenté une évolution
métastatique à distance. Le taux actuariel à 10 ans
est ici de 83 %. Après un suivi médian de 63 mois,
et en excluant les patientes présentant une forme
inammatoire de cancer du sein, les auteurs ont
identifié les facteurs suivants comme significative-
ment corrélés à un risque augmenté de développer
une récidive à distance :
le statut préménopausique ;
les formes localement avancées ;
moins de 10 ganglions axillaires analysés ;
présence d’emboles lymphovasculaires. Dans
ce sous-groupe particulier (résidus tumoraux avec
emboles vasculaires, le taux de récidive à distance
est de 69 %.
Ainsi, l’absence de RHC ainsi que la réponse axil-
laire apparaissent comme 2 des principaux facteurs
pronostiques.
Atteinte axillaire après
chimiothérapie néo-adjuvante
Une ponse complète au niveau du site tumoral n’im-
plique pas forcément une réponse complète axillaire.
H.M. Kuerer et al. (19) ont montune corrélation
entre RHC tumorale et RHC axillaire. Douze pour
cent des patientes ont présenté une RHC au niveau
des 2 sites. Les auteurs ont observé que, parmi les
patientes présentant une RHC au niveau de la
tumeur primitive, 72 % avaient une RHC au niveau
axillaire et 10 % une atteinte de plus de 3 ganglions.
A contrario, lorsqu’il existait une réponse histolo-
gique incomplète au niveau de la tumeur primitive,
26 % des patientes avaient une RHC au niveau axil-
laire et 39 % présentaient une atteinte de plus de
3 ganglions.
La CT o-adjuvante est capable de convertir une
atteinte axillaire clinique en une ponse axillaire
histologique complète.
Ainsi, P. Chollet et al. (21) ont mis en évidence une
RHC mammaire et axillaire dans 15 % des cas. Et
rappelons que, en analyse multivare, l’absence
d’atteinte axillaire, le grade histologique et le type
histologique sont des facteurs significatifs de SSR,
contrairement à la RHC.
L. Gianni et al. (ECTO) [12] ont montré que l’admi-
nistration d’une CT néo-adjuvante est associée à un
taux de curage axillaire sans envahissement métas-
tatique supérieur à celui mis en évidence lors d’une
chirurgie première (60 versus 39 % ; p < 0,001).
De même, l’essai NSABP B-18 (8-10) a mis en
évidence une duction significative de l’atteinte
ganglionnaire axillaire (58 versus 42 % ; p < 0,0001).
H. Curé et al. (23) ont mont un taux de 54 %
d’atteinte ganglionnaire axillaire après CT néo-adju-
vante. Dans cette étude, 33 % des patientes avaient
entre 1 et 3 ganglions atteints, 16 % entre 4 et 9, et
5 % plus de 10 ganglions envahis.
La valeur pronostique de la réponse complète
axillaire, si elle évite la dissémination précoce des
cellules tumorales, semble une notion intéressante.
B.T. Hennessy et al. (24) ont étudié l’évolution après
CT néo-adjuvante de 404 patientes présentant
un cancer du sein associé à une atteinte axillaire
prouvée par cytologie. Vingt-deux pour cent ont
présenté une RHC au niveau axillaire, associée à une
réponse complète au niveau de la tumeur primaire
1 / 10 100%