Zéro phyto en ville : le pari difficile

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Article écrit par Marie Dominique GUIHARD
( www.suite101.fr/profile.cfm/668412)
Zéro phyto en ville : le pari difficile
Les communes parviennent difficilement à se passer de pesticides surtout dans les cimetières.
Plusieurs communes et pas des moindres comme Versailles ou Rennes ont choisi de ne plus utiliser de
produits phytosanitaires pour leurs espaces verts, les abords des voies et des bâtiments.
Demande des citoyens, respect du plan Ecophyto 2018 qui exige une réduction drastique des
pesticides, tout concourent désormais à tendre vers cet objectif du zéro phyto. Mais avouent plusieurs
communes, il est difficile aujourd’hui d’y parvenir. Tout spécialement dans les cimetières.
<Le citoyen accepte à la rigueur quelques herbes folles au pied de son immeuble mais pas dans un
lieu funéraire> s’exprimait ainsi la responsable des services techniques de la ville de Pornichet en
Loire Atlantique, au cours d’une journée technique sur les cimetières organisée à Angers par Plante et
Cité le 24 mai dernier. La présence de mauvaises herbes est considérée comme un manque de respect
vis-à-vis des personnes décédées. Les services des espaces verts s’ingénient donc à trouver des
solutions économiquement viables.
< La première année sans pesticides a été laborieuse, reconnaît la responsable technique
pornichétine, à la fois sur le plan technique et sur l’acceptation par les habitants de nos nouveaux
modes d’entretien. L’information dans ce genre de situation devient primordiale.> Les réactions ont
parfois été violentes comme à Champigny-sur-Marne selon un représentant de cette mairie.
L’association Plante et Cité a donc procédé à diverses enquêtes et réalise aujourd’hui plusieurs tests.
Le désherbage manuel trop fastidieux et coûteux laisse la place au désherbage mécanique. Certaines
communes se sont même dotées d’outils qu’utilisent les maraîchers ou les agriculteurs comme celle de
Belleville-sur-Vie en Vendée avec le matériel Actisol. Le temps de désherbage a ainsi été divisé par
deux entre 2001 et 2011 pour atteindre quatre à cinq passage de six heures par an.
Le désherbage thermique à l’eau chaude a séduit beaucoup de communes pour pallier au désherbage
chimique. Le rodofil ou le brûleur thermique est utilisé au bord des allées. Mais ce dernier est
abandonné par certains en raison des risques de départs de feux.
D’autres municipalités choisissent d’enherber les espaces sablés, très fréquents dans ces lieux
funéraires. Mais là encore, les difficultés s’accumulent. Laisser faire la nature n’est pas la meilleure
des solutions. A l’inesthétique se conjuguent des difficultés à gérer les déchets verts et une flore non
désirée qui se développe.
Il est donc nécessaire de tondre ces bandes enherbées et même de les semer. Pelouses ou mélanges
fleuris, c’est selon. Cela n’empêche pas de laisser la flore spontanée se développer. Les techniciens de
Plante et Cité ont comptabilisé pas moins de 26 familles de plantes telles les pissenlits, des plantains,
du ray grass et surtout du pâturin annuel. De quoi satisfaire les adeptes de la biodiversité.
Des tests de semis sont en cours dans les villes de Nantes et Rennes : Mélanges fleuris inspirés de la
flore spontanée, pelouses extensives et semis avec ou sans compost. Le sedum par exemple est testé en
plaque. Il suffit de dérouler le tapis pour obtenir un effet pelouse.
Avec un compost, le recouvrement atteint 70 voire 90 % au bout de six mois. L’objectif est atteint
mais de nouvelles contraintes apparaissent. Avec une activité biologique du sol renforcée, la quantité
de déchets augmente et les jardiniers sont limités dans le choix des outils d’entretien.
L’enherbement des allées oblige aussi à restreindre les plantes en pot en bordure des sépultures pour
faciliter la tonte.
Le vrai casse tête des espaces verts est l’entretien entre les tombes. Aucun outil n’est vraiment adapté.
Des espaces verts y sèment des mélanges à base de fétuques.
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