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insensiblement la langue moderne des Anglais. Moins cultivé dans le nord de
l'Allemagne et mêlé au haut allemand, le saxon dégénéra bientôt en Platduitsch,
tandis que dans les Pays-Bas il resta l'élément principal de la langue du pays, du
amand ou Nederduitsch.
Aux premiers siècles de l'ère chrétienne, nous trouvons dans l'ouest et dans le nord
des Pays-Bas des habitants de souche saxonne ou frisonne. Au nord-est se montraient
les Francs, bas allemands comme les précédents, mais qui, dans un but politique,
s'assimilèrent la langue d'alliés haut allemands, tout en imposant leur propre nom à
ce dialecte étranger. Ces trois peuples, les Saxons, les Frisons et les Francs, ayant
apporté chacun leur contingent dans la formation de la nation amande ou
néerlandaise1, leurs langues respectives ne tardèrent pas à coopérer au développement
de notre idiome. La différence entre le frison et le saxon était trop peu essentielle
pour que, sous certaines conditions, la fusion ne s'opérât pas facilement. Nous voyons
le premier reculer continuellement pour céder la place à son frère, moins éloigné que
lui du franc, le dialecte de leur vainqueur
1L'esprit de parti se sert communément des mots umand et hollandais pour indiquer une
opposition entre les contrées qui constituent les Pays-Bas. Je crois que le temps des mesquines
susceptibilités est passé et que l'épithète néerlandais ne fera plus ombrage ni au nord ni au
midi.
A. Snellaert, Histoire de la littérature amande