LECONOMIE FORESTIERE AU GABON : DES ACTIVITES TRADITIONNELLES A
LEXPLOITATION INDUSTRIELLE
Mesmin EDOU
Université Omar Bongo
Libreville (GABON)
Résumé
L’économie forestre représente l’une des premières sources de revenu du Gabon. Elle occupe
près du quart des actifs du pays , mais elle est confrontée depuis des années à la cession de l’économie
mondiale, à la conjoncture internationale et aux cours des produits du bois. La mise en valeur des
ressources naturelles est avant tout une occasion inespérée de revenu rapide, et de prosrirelative
pour un pays pres par le service de sa dette extérieure. .
Mots clés
Gabon, exploitation forestière, bois, ressources naturelles, gestion durable.
Abstract
Forestry is one of the major sources of yield in Gabon. It keeps busy nearly a quarter of the country’s working
population, but over the past few years, it has been faced with the recession of the world economy, the international
contest and wood prices. The exploitation of natural resources is first an unhoped-for opportunity of becoming rich
quickly, and of relative prosperity for a country pressed by servicing the foreign debt.
Key words
Gabon, forest development, wood, natural, resource, sustainable management.
Introduction
Au cours du dernier quart de siècle, lorsque les problèmes dapprovisionnement en bois ont
commencé à se faire sentir, la communauinternationale s’interrogea sur le bien fon de l’exploitation
intensive de la forêt. Ce changement d’attitude a suscité un intét accru pour la conservation du milieu
forestier. Cette nouvelle approche de lexploitation du bois fit rentre le concept d’économie forestre.
Ce concept à son origine au 19è siècle.
En effet, selon Parade, « l’économie forestre comprend lensemble des connaissances nécessaires à
l’administration la mieux entendue des forêts, eu égard aux intérêts du propriétaire en particulier, et à ceux du pays en
néral Production soutenue, régénération naturelle, amélioration progressive, tel est donc, en résumé, le but de la
culture des bois »1.
L’économie des ressources forestières vise également à comprendre les modalis de
conservation de renouvellement, d’entretien et d’exploitation consies dans leurs multiples
fonctionnalis2.
La fot gabonaise couvre environ 20 millions d’hectares, soit plus de 80% de la superficie du
pays. Elle appartient au centre d’endémisme gional guio-congolais, deuxième en taille aps celui de
l’Amazonie et présente une mosaïque d’habitats uniques qui représentent toutes les structures de la fot
tropicale (fig.1). Au total, on estime que la fot gabonaise abrite 30 à 40 % de la flore du bassin du
1 A.PARADE, Cours élémentaire de culture des bois. Première et dernière phrase de l’introduction. 1ère édition, 1837.
2J.L. PEYRON, J. MAHEUT « Les fondements de l’économie forestière moderne : Le rôle capital de Faustmann, il y a 150 ans
et celui de quelques-uns uns de ses précurseurs et successeurs », Revue Forestière Française, n°6, 1999, pp.679-698.
Congo sur 10 % du territoire de la sous-région3. Le Gabon est donc un pays de fot avec une
population qui peut être estie à prés de 1 300 000 habitants en 20044. Cette forêt tient une place
préponrante dans la vie des populations locales, car elle fournit de produits essentiels tels que le bois
de chauffe, de construction et de produits alimentaires.
Cependant, étant renouvelable contrairement aux ressources minières telles le mangase et le
trole dont le pays est producteur, la forêt représente une ressource économique importante pour le
Gabon. Cette ressource tend à s’épuiser suite à l’exploitation intensive de ses richesses floristiques et
faunistique.
La croissance économique du Gabon de ces dix dernières anes n’a t-elle pas é obtenu au prix
d’une importante consommation du patrimoine forestier, dont le secteur dactivi peuttre consi
comme l’un des plus sensible en matière d’environnement.
Le milieu subit, et cela depuis des siècles, la pression des humains à travers les activités
traditionnelles. Ces activités sont lagriculture sur brûlis dont le principe consiste à fricher puis à
brûler sur quelques hectares de la gétation pour faire des plantations, les mariaux de constructions
(l’écorce de bois, les troncs d’arbres servant de poteaux, les feuilles de palmiers et autres), la médecine
traditionnelle dont les produits proviennent de la fot, les produits alimentaires provenant de la
cueillette et de la chasse.
Etudier léconomie forestre gabonaise revient à mettre en évidence les principaux éléments
qui constituent l’activi, à travers l’exploitation et la commercialisation de ses ressources ; nonobstant
les effets collatéraux que gére ce genre dactivité sur lenvironnement.
3 MEFPREPN,2001, Plan National d’Action pour l’Environnement.
4 C. MBOUTSOU « Population et démographie ». Atlas de l’Afrique : Gabon. Les éditions J.A, 2004, pp 24-27.
I- La mise en valeur des ressources forestières
1-1. Les activités traditionnelles liées au bois
Elles sont nombreuses et datent pour la plupart de l’ère protohistorique. La chasse et la
cueillette constituent les premiers éléments de cette chaîne de subsistance. Au regard des témoignages
arcologiques recensés par De Saint Aubin5, il semble que ces deux activis aient été effectes d’une
manière durable, en milieu forestier gabonais et ce jusqu’à un pascent. Le plèvement de certaines
ressources naturelles telles que les écorces de bois et la viande de brousse ( antilope, gazelle, singe …)
était desti à une consommation locale et non à un but commercial. Les effets fastes, dans ces
conditions, sur la faune et la vétation restaient limis.
Outre les activités de chasse et de cueillette, l’agriculture en milieu rural, appee également
agriculture itirante sur brûlis, est le premier maillon d’exploitation du milieu forestier dans les pays
africains. Pour créer un champ ou une plantation, la canoe forestière est détruite sur une petite zone
et be. Cette activichange la structure de la fot, elle est consie comme cause directe de la
forestation par l’action du feu. Les feux occupent une place importante dans la diminution et la
gradation des surfaces forestières. Au Gabon, ils sont un outil souvent utilisé par les habitants de forêts
qui tirent de cette pratique simple, des avantages imdiats.
Ce sysme d’agriculturepondait parallèlement par le biais de la jachère à une pratique rurale
de conservation du milieu natureltruit6. Le sysme de la jachère forestière était long, il permettait la
reconstitution les éléments nutritifs du sol. De plus, les lambeaux de vieille fot servaient de réservoirs
de biodiversi. Ces servoirs procuraient des graines et d’autres éléments de la flore et de la faune
cessaires pour recer un écosysme forestier riche et vigoureux dans les plantations abandones.
A cette source d’exploitation traditionnelle aux fins de subsistance est venue s’ajouter celle qui
sulte des progrès de la civilisation et du veloppement incessant de la science et de l’industrie (
veloppement des réseaux routiers et ferroviaires qui favorisent les échanges et l’augmentation de la
consommation des produits forestiers).
1-2. L’exploitation forestière industrielle
Quoique datant de la fin 19e siècle, l’exploitation du bois d’œuvre dans les fots tropicales a
connu un essor technologique rapide accompagné d’une transformation du contexte gislatif et des
paramètres du marché. De ces changements, a sulté une évolution de l’exploitation traduite par un
placement dans l’espace, des modifications de la nature et des techniques de plèvements.
Si de nos jours la filière du bois est le deuxième employeur ( 16,10% des actifs)7 au Gabon,
après la Fonction publique, elle gére bien plus que le trole et le manganèse, un volume important
d’activis pour d’autres secteurs de l’économie gabonaise : transport, manutention, équipement
canique, banque, transformation semi-industrielle, menuiserie.
Cette activité connt cependant des fortunes diverses souvent liées à la conjoncture économique
mondiale, notamment les crises de l’économie asiatique de 1998 et 2002. Les pays asiatiques sont en
effet les principaux clients du bois gabonais.
5 De Saint Aubin,1963, La forêt gabonaise . CTFT , France, réimpression CIRAD-Forêt, 1996
6 S. JEAN, Les jachères en Afrique tropicale , Mémoires de l’Institut d’Ethnologie XIV, Muséum national d’histoire naturelle,
1975.
7 MEF-DGE, Tableau de bord de l’Economie gabonaise en 2002, 2003.
1-2-1. Historique
Le bois représente l’une des premières ressources naturelles extraites du sol gabonais dès la fin
du XIXè siècle.
En effet, lexploitation des grumes tropicales issues de la fot gabonaise a commen dans les
anes 18808, et c’est l’Okoumé qui sera à l’origine de son évolution rapide et durable. Cette essence de
bois tendre était utilisée par les populations pour la construction des pirogues et sa sine combustible
servait à fabriquer des torches pour s’éclairer la nuit.
C’est à la fin du 19e siècle que Schultz, Consul d’Allemagne, exdie à Hambourg une bille
d’okoumé pour essais et que quelques mois plus tard la maison de commerce Woermann de Libreville
achemine les premières grumes vers l’Allemagne pour fabriquer des btes de cigares, des meubles, des
structures en bois pour laviation, puis du contreplaq. Cette essence dont les qualis sont inégaes
pour l’industrie du déroulage, se retrouve aussi en Guinée Equatoriale et au Congo-Brazzaville.
1-2-2. Evolution spatiale
Au part, la richesse en bois ne nécessitait pas de s’éloigner des ports et des voies navigables.
Les premières années d’exploitation nentraînèrent pas de changements et d’acheminement aux voies
d’évacuation des bois notamment par flottage9. L’exportation passa tout de même de 8165 à 220 455
entre 1900 et 1913 ( Pourtier, 1989).
Aps la guerre ( 1914-1918), l’avènement du treuil et du rail Decauville rendit possible
l’extension de l’espace forestier. Il n’était plus cessaire de se cantonner aux abords des cours d’eau. La
structure de l’exploitation s’en est trouvée fortement modifiée par la concentration des sociétés
européennes, seules capables d’acquérir l’équipement cessaire. Les anes 1920 à 1930 furent des
anes fastes pour l’exploitation du bois d’œuvre ( 653 200 de bois expor en 1930 pour une
superficie de permis de 1,5 millions d’hectares attribués). La crise survenue à la fin de l’année 1930 fit
chuter la production de ps de 50% et la diminution des quantis de bois préles dans la zone côtière
s 1932 obligea l’administration coloniale à cer deux zones suivant une ligne correspondant aux
limites du bassin navigable tier gabonais. En agissant ainsi, l’administration coloniale a voulu se
constituer une serve forestière et limiter un exode des forestiers vers l’Est les conditions d’une
exploitation rentable étaient ts difficiles au vu des moyens techniques de l’époque. Le développement
du seau routier et la construction du chemin de fer a permis à l’exploitation forestière, anrieurement
limie à la zone côtière, de s’étendre vers de nouveaux horizons à l’Est du pays, livrant par -même des
espaces nouveaux aux établissements humains, à l’agriculture itinérante et aux activis cygétiques et
de cueillette.
8 P. CHRISTY, R .JAFFRE, O NTOUGOU, C WILKS , La forêt et la filière bois au Gabon, Editions Multipress Gabon, 2003.
9 R .POURTIER, Le Gabon tome 1 : espace, histoire et société, Editions l’Harmattan, Paris, 1989. Le Gabon tome 2 : Etat et
développement, Editions l’Harmattan, Paris.
L’exploitation forestière est partie en deux zones ( fig. 2):
Fig. Organisation spatiale de l’économie forestière au Gabon
- La première, le long de la te, a déjà é largement exploitée et est actuellement sere aux
nationaux et néralement prise en fermage par des sociétés à capitaux étrangers.
- La deuxième, comprenant la Nyanga, le bassin de la Ngounié, le Moyen et le Haut-Ogooué,
l’Ogooué-Lolo, ainsi qu’une partie de l’Ogoo-Ivindo et du Woleu-Ntem, regroupe actuellement
l’essentiel des grandes exploitations forestres. Une partie de cette zone néficie de la desserte de la
ligne de chemin de fer.
Les concessions octroes aux différentes sociés qui exploitent le bois au Gabon se font sous la
forme juridique d’un permis. Actuellement, ils sont de trois types :
le Permis Temporaire dExploitation (PTE), desti à la production de grumes ;
le Permis Industriel (PI), octro aux sociés sirant implanter des industries de
transformation du bois ;
le permis de la Zone d’Attraction du Chemin de Fer (ZACF), appelé également lot de
Concession Forestière en Aménagement Durable (CFAD), est destiné à intégrer la fot à un
approvisionnement gulier, par le train, des unis de transformation du bois.
Une vingtaine de sociétés10 à capitaux étrangers, essentiellement euroens, domine
l’exploitation forestière, parmi les plus connues : Rougier, CEB, Leroy, Lutexfo et IFK.
Tableau n°1 : Répartition des permis/ société en 2002
Sociétés Permis exploités /ha
ROUGIER 655 000
CEB/THANRY 512 000
LEROY 580 000
LUTEXFO 380 000
SHM 310 000
IFK 400 000
source : Ministère de l’Economie et des Finances ( 2003)
10 Espace Entreprise, La filière du bois au Gabon. Mission française de Coopération, sept 2002.
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