I- La mise en valeur des ressources forestières
1-1. Les activités traditionnelles liées au bois
Elles sont nombreuses et datent pour la plupart de l’ère protohistorique. La chasse et la
cueillette constituent les premiers éléments de cette chaîne de subsistance. Au regard des témoignages
archéologiques recensés par De Saint Aubin5, il semble que ces deux activités aient été effectuées d’une
manière durable, en milieu forestier gabonais et ce jusqu’à un passé récent. Le prélèvement de certaines
ressources naturelles telles que les écorces de bois et la viande de brousse ( antilope, gazelle, singe …)
était destiné à une consommation locale et non à un but commercial. Les effets néfastes, dans ces
conditions, sur la faune et la végétation restaient limités.
Outre les activités de chasse et de cueillette, l’agriculture en milieu rural, appelée également
agriculture itinérante sur brûlis, est le premier maillon d’exploitation du milieu forestier dans les pays
africains. Pour créer un champ ou une plantation, la canopée forestière est détruite sur une petite zone
et brûlée. Cette activité change la structure de la forêt, elle est considérée comme cause directe de la
déforestation par l’action du feu. Les feux occupent une place importante dans la diminution et la
dégradation des surfaces forestières. Au Gabon, ils sont un outil souvent utilisé par les habitants de forêts
qui tirent de cette pratique simple, des avantages immédiats.
Ce système d’agriculture répondait parallèlement par le biais de la jachère à une pratique rurale
de conservation du milieu naturel détruit6. Le système de la jachère forestière était long, il permettait la
reconstitution les éléments nutritifs du sol. De plus, les lambeaux de vieille forêt servaient de réservoirs
de biodiversité. Ces réservoirs procuraient des graines et d’autres éléments de la flore et de la faune
nécessaires pour recréer un écosystème forestier riche et vigoureux dans les plantations abandonnées.
A cette source d’exploitation traditionnelle aux fins de subsistance est venue s’ajouter celle qui
résulte des progrès de la civilisation et du développement incessant de la science et de l’industrie (
développement des réseaux routiers et ferroviaires qui favorisent les échanges et l’augmentation de la
consommation des produits forestiers).
1-2. L’exploitation forestière industrielle
Quoique datant de la fin 19e siècle, l’exploitation du bois d’œuvre dans les forêts tropicales a
connu un essor technologique rapide accompagné d’une transformation du contexte législatif et des
paramètres du marché. De ces changements, a résulté une évolution de l’exploitation traduite par un
déplacement dans l’espace, des modifications de la nature et des techniques de prélèvements.
Si de nos jours la filière du bois est le deuxième employeur ( 16,10% des actifs)7 au Gabon,
après la Fonction publique, elle génère bien plus que le pétrole et le manganèse, un volume important
d’activités pour d’autres secteurs de l’économie gabonaise : transport, manutention, équipement
mécanique, banque, transformation semi-industrielle, menuiserie.
Cette activité connaît cependant des fortunes diverses souvent liées à la conjoncture économique
mondiale, notamment les crises de l’économie asiatique de 1998 et 2002. Les pays asiatiques sont en
effet les principaux clients du bois gabonais.
5 De Saint Aubin,1963, La forêt gabonaise . CTFT , France, réimpression CIRAD-Forêt, 1996
6 S. JEAN, Les jachères en Afrique tropicale , Mémoires de l’Institut d’Ethnologie XIV, Muséum national d’histoire naturelle,
1975.
7 MEF-DGE, Tableau de bord de l’Economie gabonaise en 2002, 2003.