International Conference Democratic Transitions in Latin America and in Eastern Europe:
Rupture and Continuity
4-6 March 1996, Paris, France
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c'est que nous avons eu une mobilisation d'acteurs relativement importante, que
ce soit des acteurs de type militaire, que ce soit des acteurs de type syndical,
rappelez-vous toutes les grèves générales de la CGT comme d'ailleurs je pourrai
prendre le cas de l'Equateur, etc., et des institutions qui sont une consolidation
institutionnelle dont je n'ai pas besoin de vous dire qu'elle est faible, et une
capacité d'entrer dans le nouveau système économique qui est extrêmement
faible puisque l'affaire se termine par la catastrophe économique de
l'hyperinflation qui liquide Alfonsin et son gouvernement, mais qui ne liquide pas
les institutions démocratiques. Donc si vous voulez voilà un exemple et
exactement de l'autre côté, évidemment, le cas du Chili où la réforme économique
précède la transformation. Je ne veux pas entrer dans des conversations avec, en
particulier, mon ami Manuel Antonio Garretón, mais, en tout cas, depuis 1983-84,
je ne crois pas personnellement qu'il y ait eu un aspect créateur à l'époque des
Chicago boys, mais, en tout cas, après d'ailleurs les événements politiques et
sociaux de 1983-84, il y a une transformation de l'économie qui sera, grosso
modo, continuée pendant plusieurs années. A ce moment-là, qu'est-ce que nous
observons? Nous observons ce que vous savez tous, c'est au fond le
raisonnement qui a d'ailleurs été exercé par des sociologues au moment du
plébiscite, lesquels ont dit aux hommes politiques qui les ont suivis : " si vous
faites une politique de revanche, c'est-à-dire gauche contre droite, classe contre
classe, le peuple contre etc, etc., vous allez perdre. Il faut que vous donniez la
priorité au thème de la réconciliation, c'est-à-dire la priorité à la construction
institutionnelle sans la participation sociale ". Ce que les Chiliens ont fait, ce qui
leur a permis de gagner, et on a toute raison de penser qu'il n'aurait sans doute
pas gagner sans ça quand on voit l'importance des forces d'appui, direct ou
indirect, qui restent à l'ancien régime. Et j'observe que dans ce pays qui réussit
extraordinairement, mieux que tout autre, sa transformation économique, qui
réussit mieux que tout autre ce qu'on pourrait appelet, là concrètement, le retour à
la démocratie, il y a en même temps, ce dont tout le monde parle, une absence de
participation, une absence de conscience d'une transformation sociale, et, comme
nous le savons en termes objectifs, ce pays qui s'est énormément enrichi, a
diminué de manière extrêmement importante la proportion des pauvres, mais a
néanmoins augmenté les inégalités sociales. Par conséquent, Argentine et Chili,
vous êtes dans une situation exactement opposée de consolidation institutionnelle
forte ou faible et de formation d'acteurs sociaux, fort ou faibles, et en sens inverse.
Et je prendrai comme cas extrême un cas pour lequel j'ai beaucoup de sympathie,
parce que c'est un pays dont on ne parle pas beaucoup et en général en termes