Y a-t-il des médicaments pour la mémoire ?
JM.R – Ceux que l'on trouve dans les pharmacies sont des psychostimulants. Ils
peuvent avoir un effet sur l'attention et la concentration, et donc optimiser la mémoire,
mais de manière secondaire. Pour les pathologies, Alzheimer ou Parkinson, il existe des
médicaments qui donnent des résultats encourageants mais pour une personne
normale, c'est un leurre.
Y a-t-il des médicaments néfastes pour la mémoire?
JM.R - Ceux qui ont un effet amnésiant, comme les somnifères, et encore, tout dépend
de la classe de somnifères. Certains agissent plus ou moins sur l'attention, la fixation
des souvenirs, la consolidation chimique des souvenirs. Mais pour une personne qui ne
dort pas du tout, mieux vaut la prise d'un somnifère, avec un sevrage progressif. Tout
comme pour une personne anxieuse ou déprimée, celle d'anti-dépresseurs ; d'autant
plus qu'avec l'évolution de la pharmacologie, ils sont mieux tolérés, mieux conçus pour
favoriser le fonctionnement intellectuel.
Que pensez-vous de la "gymnastique cérébrale"?
JM.R - On ne gonfle pas les neurones comme les biceps avec de la musculation. C'est
un autre leurre. Mais en revanche, le travail intellectuel stimule : lire, écouter la radio, la
télévision, communiquer. Les neurones paresseux sont voués plus facilement à la
disparition. L'exercice intellectuel favorise le travail neuronal et le développement
progressif du cerveau. Il augmente sa capacité à s'interconnecter, à communiquer, à
échanger les informations. C'est ce qu'on appelle la plasticité cérébrale.
Quels conseils donneriez-vous en termes de prévention ?
JM.R - Les périodes optimales de plasticité cérébrale sont l'enfance, l'adolescence, les
premières années de l'âge adulte. Je dirai donc avec Jules Ferry : “Eduquons tout le
monde”. Donnons aux enfants, aux adolescents des outils intellectuels afin de leur
apprendre à penser, de leur donner envie de penser.
Je dirai aussi qu'il faut maintenir ses centres d'intérêt, ses relations sociales, même
après la retraite ; conserver des activités physiques, des activités intellectuelles ; lire,
échanger, rencontrer, suivre l’actualité et en discuter, toutes occasions de stimulation.
Cela fait partie de l’hygiène de vie.
Je dirai encore : apprenons à maîtriser le stress car il fait énormément de dégâts dans
l'organisme ; mettons-nous à l'abri de l'anxiété et de la dépression pour retrouver un
équilibre organique, physiologique et aussi psychologique. L'un ne va pas sans l'autre.
Aimée-Catherine Deloche
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