LA SIMPLICITÉ VOLONTAIRE
PLAN DÉTAILLÉ
I CE QUI N'EST PAS NOUVEAU
En effet la simplicité n'est pas née d'hier, c'est une vielle idée.
Commençons par les évidences, un constat des comportements humains, prosaïque et
banal, une sorte de constante ou d' ambivalence de l'humanité, de l'antiquité jusqu'à nos
jours,
1 - De tous temps, les humains se sont disputés les signes de la dominance sociale, que
ce soit du pouvoir, ou bien des richesses , les deux allant souvent de pair, et en
conséquence ont passé leur vie, consacré une part significative de leur énergie, à :
accaparer,
conquérir,
préserver.
Serait-ce dans la nature profonde de l'être humain, comme on l'entend souvent dire
nature individuelle, ou nature des sociétés ?
Vaste question, mais qui sort du cadre de ce modeste exposé …
2 - D'autres bipèdes, non moins humains que les précédents, mais sans doute plus
minoritaires, avaient une autre vision, une autre ambition dans leur vie :
au contraire, ils valorisaient une vie simple, un détachement des biens de ce monde, un
certain dépouillement, et font finalement, de la simplicité une très vielle idée.
Mais pourquoi, pour quels motifs le faisaient-ils ?
En gros pour deux types de raison : par sagesse, ou par spiritualité.
A - soit par sagesse, ou philosophie, qui est l'amour de la sagesse.
La philosophie n'est-elle pas fondamentalement une attitude de méfiance à l'égard
des apparences, même attrayantes, résistance à l'ordre établi ?
Pour exemple, quelques incontournables figures historiques emblématiques :
Socrate, qui choisit d'enseigner dans les rues d'Athènes, pauvre et mal vêtu,
clamant son «je sais que je ne sais rien».
Il nous a laissé l'image type du penseur qui résiste aux honneurs et aux richesses,
contrairement à ses ennemis les sophistes, qui lui reprochent de ne pas prendre
part à la vie politique.
Diogène, philosophe cynique, fils de banquier, choisit délibérément de vivre sur la
place publique, dans une grande amphore. Il allait pieds nus couvert d'un manteau
grossier : ayant vu un enfant boire avec ses mains à la fontaine, il conclut que son
écuelle était inutile et s'en débarrassa.
Épicure, par sa morale, considère le plaisir comme à l'origine du bien et de la
vertu, et prône une maîtrise du désir et la recherche d'une vie sobre : il a célébré la
volupté de boire une modeste coupe d'eau fraîche... Végétarien, Épicure a vécu
dans la simplicité, non dans l'ascèse, il défend l'auto suffisance (lettre à Ménécée),
et comme Bouddha (à peu près la même époque) prône l'ataraxie, la suppression
de toute douleur.
Avec Épicure donc, la sobriété est justifiée par la recherche du plaisir et non pour
des raisons mystiques ou métaphysiques.
Plus près de nous au 18ème siècle, la simplicité trouve une nouvelle expression
avec Jean-Jacques Rousseau, qui renonce aux honneurs de la Cour et se retire. Il
cultive l'image de l'homme sauvage, suite aux récits idylliques des grands
voyageurs de l'époque (Bougainville...), baignée du romantisme ambiant.
On pourrait citer au 19ème d'autres figures emblématiques de cette démarche de
Tolstoï à Gandhi, en passant par l'américain Henry David Thoreau et son célèbre
«Walden ou la vie dans les bois».
Association ALDÉRAN © - Conférence 1600-118 : “La simplicité volontaire“ - 24/02/2010 - page 5