| La Lettre de l'ARC | août 2013 | N°26 || La Lettre de l'ARC | août 2013 | N°26 |
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Zoom sur…
LE RÔLE DE L'ENVIRONNEMENT TUMORAL
L'étude des interactions
entre les cellules
cancéreuses et leur
environnement constitue
un champ de recherche
prometteur.
L'une des grandes avancées
de ces dernières années
concerne la mise en évidence
du rôle essentiel du
microenvironnement tumoral
dans la progression des
cancers. Les chercheurs
désignent par ce terme
l'ensemble des constituants
biologiques qui entourent la
tumeur. Dans le cadre du
Plan cancer 2009-2013, la
Fondation ARC a publié en
avril 2013, avec l'Institut
national du cancer (INCa),
un rapport sur l'état actuel
des connaissances dans ce
domaine. Il est notamment
établi que la propension d'un
cancer à former des
métastases dépend des
interactions entre les cellules
cancéreuses et leur
environnement. Par exemple,
des cellules cancéreuses
peuvent sécréter des
molécules (hormones,
facteurs de croissance, etc.)
qui vont agir sur d’autres
cellules saines, situées à
proximité, et modifi er leur
comportement. Entre 2001
et 2010, l'investissement de
la Fondation ARC en soutien
aux projets de recherche
portant sur le micro-
environnement tumoral s'est
porté à près de 21,4 millions
d'euros.
© Inserm
Au Centre de recherche en
biochimie macromoléculaire
(Montpellier), le Dr Serge Roche et
son équipe évaluent une nouvelle
stratégie pour stopper la formation
de métastases chez les patients
atteints d'un cancer colorectal.
« N
otre projet vise à bloquer
l'une des premières étapes
de la formation de métas-
tases : la dissémination des cellules
cancéreuses dans tout l'organisme. Afi n
de s'échapper de la tumeur primaire, les
cellules doivent tout d'abord dégrader
leur environnement. Nous avons donc
étudié en laboratoire ce processus chez
les cellules cancéreuses colorectales et
comparé différentes molécules censées
le perturber. Le nilotinib, une thérapie
ciblée aujourd'hui utilisée contre les leu-
cémies myéloïdes chroniques, s'est avéré
très effi cace pour empêcher ces cellules
de dégrader leur environnement.
Par des techniques innovantes de biolo-
gie moléculaire, nous sommes parvenus
à identifi er chez des cellules cancéreuses
colorectales la protéine visée par le
nilotinib : il s'agit d'un récepteur, le
DDR1, connu pour son rôle actif dans
la migration des cellules. Ce récepteur
nous est donc apparu comme une piste
prometteuse pour développer une thé-
rapie ciblant les propriétés invasives
des tumeurs colorectales.
Le soutien de la Fondation ARC va nous
aider à confi rmer l'intérêt du nilotinib
comme nouvelle thérapie contre le
cancer colorectal avant d'envisager
la mise en place d'un essai clinique.
Tout d'abord, nous allons vérifi er si le
récepteur DDR1, la cible du nilotinib,
est présent en quantité anormale dans
des échantillons de métastases prélevés
chez des patients. Nous voulons ensuite
déterminer à quel stade le nilotinib agit :
bloque-t-il la capacité des cellules can-
céreuses à s’échapper de la tumeur
pour disséminer au sein de l’organisme
et former des métastases ? Pourrait-il
également diminuer la croissance des
métastases existantes ? Si c’est le cas,
on pourrait alors envisager une inter-
vention chirurgicale pour retirer ces
tumeurs rendues plus petites. Enfi n,
nous souhaitons étudier les méca-
nismes impliquant le nilotinib et le
DDR1 dans la formation des métastases
pour mieux comprendre l’action de la
thérapie ciblée et améliorer encore son
effi cacité.
COMMENT EMPÊCHER LES CELLULES
DE S'ÉCHAPPER DE LA TUMEUR ?
© DR
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