© JM Deguine Le moteur de nos recherches, c’est vous | AOÛT 2013 | N° 26 | ISSN 1958-7961 Zoom sur… COMBATTRE LES MÉTASTASES Objectif : prendre de vitesse les métastases Édito La métastase, du grec « je change de place », est une tumeur qui s’est formée à partir d’une cellule cancéreuse. En quittant la tumeur initiale, la métastase va coloniser un tissu sain distant. Les métastases constituent la principale menace pour les patients ; aussi les recherches qui visent à empêcher la formation des métastases et à stopper leur développement sont un enjeu majeur dans la lutte contre le cancer. C’est pour cette raison que nous avons consacré le temps fort de cette lettre à ce sujet, pour partager avec vous les avancées prometteuses dans ce domaine : l’arrivée des premières thérapies ciblées, la recherche sur le rôle du système immunitaire, les progrès en chirurgie… La recherche avance, l’espoir aussi. Ces recherches sont complexes mais grâce à votre aide et à la mobilisation des chercheurs, nous pourrons lutter plus efficacement contre les métastases dès le diagnostic de la maladie. Vous l’aurez compris, le financement de ces recherches est essentiel pour notre objectif de guérir 2 cancers sur 3 d’ici une quinzaine d’années. Merci d’être à nos côtés. © IStock Optimus - Crédit Photo : Frédéric Albert Jacques Raynaud, Président de la Fondation ARC La lutte contre le cancer passe aujourd'hui par un effort de recherche important pour traiter les métastases, ces foyers secondaires formés par des cellules cancéreuses détachées de la tumeur primaire. L orsqu'une tumeur se développe au sein d'un tissu, il peut arriver que certaines cellules cancéreuses s'en détachent pour aller former plus loin d'autres foyers tumoraux : ces tumeurs dites secondaires sont appelées métastases1. Elles constituent la principale menace pour les patients atteints de cancer, la majorité des décès étant liée à leur apparition. De nombreuses équipes de recherche tra- S o m m a i r e Zoom sur À savoir La recherche en action | SG_Lettre_ARC_26.indd 1 1 4 À partager Actualités 6 7 5 La Lettre de l'ARC | août 2013 vaillent à mieux comprendre ce phénomène complexe pour trouver les moyens les plus efficaces d'empêcher la dissémination des cellules cancéreuses dans l'organisme. Démêler des mécanismes complexes... Les chercheurs ont aujourd'hui retracé les grandes étapes de formation des foyers tumoraux secondaires. Les cellules cancéreuses perdent d'abord leurs capacités d'adhérence pour se détacher de la tumeur, puis elles pénètrent les vaisseaux des systèmes sanguin ou lymphatique*. Elles échappent alors aux cellules du système immunitaire chargées d'éliminer les « intrus » présents dans l'organisme et parviennent à quitter cette circulation pour s'introduire dans un autre tissu. Elles y retrouvent alors leurs propriétés adhésives afin de s'ancrer efficacement et > 1. Par exemple, des cellules cancéreuses issues d'une tumeur primaire de la prostate peuvent donner naissance à des métastases osseuses, lesquelles sont différentes d'une tumeur primaire diagnostiquée chez un patient atteint d'un cancer des os. Il est donc essentiel de développer des traitements adaptés à chacune de ces tumeurs osseuses. | N°26 | 1 23/07/13 15:41 Zoom sur… du sein métastatiques depuis 2000, le bévacizumab contre les cancers colorectaux métastatiques (2005), le dénosumab pour les métastases osseuses (2011) ou encore le vémurafenib contre les mélanomes de la peau métastatiques (2012). Ces nouvelles thérapies ont permis d'augmenter l’espérance de vie des patients concernés mais ne permettent pas de répondre à tous les cas. D’autres pistes de recherche doivent être explorées : les travaux portant sur la biologie métastatique ont par exemple mis en évidence le rôle essentiel du microenvironnement tumoral (cf. encadré). Une autre piste de recherche prometteuse concerne les modifications du système immunitaire, qui semble entrer dans un état dit d'« épuisement » semblable à celui observé lors d'infections chroniques (hépatite, VIH, etc.). En comprenant comment les métastases affaiblissent la surveillance immunitaire des globules blancs, les chercheurs pourront développer de nouveaux traitements. Ces immunothérapies visent à mobiliser les cellules du système immunitaire pour qu'elles bloquent plus efficacement la dissémination des cellules cancéreuses par la circulation sanguine et/ou lymphatique, ce qui permettrait de réduire le risque de métastases. Enfin, la lutte contre les métastases constitue également l’un des axes prioritaires de la recherche en chirurgie oncologique. Grâce aux progrès de l'imagerie, il est aujourd'hui possible de localiser des tumeurs de petite taille disséminées dans l'organisme. En combinant la chirurgie à des protocoles médicamenteux qui stoppent la prolifération tumorale, il est dès lors possible d’intervenir pour retirer ces foyers tumoraux naissants, quand l’action des chirurgiens se limitait il y a encore une dizaine d'années aux seules tumeurs primaires localisées. Toutes ces avancées n’ont été possibles que grâce à la recherche et à l’engagement des chercheurs de toutes les disciplines pour sauver toujours plus de vies. La tumeur primaire se développe grâce à l'oxygène et aux nutriments apportés par les vaisseaux sanguins qui se forment autour d'elle. Certaines cellules de la tumeur n'adhèrent plus à leur voisine. Elles se détachent de la masse tumorale et pénètrent les vaisseaux en traversant leur paroi. Le flot sanguin transporte alors les cellules cancéreuses dans l'organisme. Certaines seront détectées et détruites par le système de défense de l'organisme. D'autres continueront leur chemin jusqu'à un organe cible (ici les poumons). © Sophiejacopin.com Dans le nouvel organe les cellules tumorales peuvent rester dormantes pendant plusieurs années ou bien elles peuvent immédiatement proliférer et former une tumeur secondaire, la métastase. > de proliférer de nouveau pour former in fine une métastase. Cette nouvelle tumeur induit enfin la naissance de nouveaux vaisseaux sanguins pour se développer. Les chercheurs travaillent à améliorer la compréhension de chacune de ces étapes. Cela passe par l'identification des protéines impliquées dans ces mécanismes cellulaires et les modifications génétiques qui y sont associées. L'objectif est de repérer de nouvelles cibles thérapeutiques pour empêcher l'apparition de métastases. Ces travaux pourront répondre à d'autres questions que se posent les chercheurs : quels facteurs favorisent l'entrée des cellules cancéreuses dans le processus métastatique ? Pourquoi des cancers semblent « préférer » certains tissus pour y disséminer leurs métastases (on sait par exemple que le cancer de la prostate forme principalement des métastases osseuses alors que le cancer colorectal donne plutôt des métastases dans le foie) ? Pourquoi certains cancers semblent plus à risque de former de multiples tumeurs ? Pour en savoir plus, vous pouvez commander la fiche « Combattre les métastases » auprès de notre service Relations Donateurs Chiffres clés 62 projets portant sur les métastases ont reçu le soutien de la Fondation ARC en 2012 pour un montant global de plus de 5,9 millions d'euros. … pour mieux bloquer les métastases. Des progrès ont été enregistrés ces dernières années avec les premières thérapies ciblées* visant des cancers métastatiques. Parmi elles : le trastuzumab, prescrit contre certains cancers 19 essais cliniques portant sur de nouveaux traitements contre les métastases sont actuellement en cours en France. Glossaire * Système lymphatique * Thérapie ciblée Ensemble des structures qui participent à la formation et à la circulation de la lymphe, un liquide intervenant dans la défense de l'organisme. 2 SG_Lettre_ARC_26.indd 2 | La Lettre de l'ARC Traitement qui s’attaque spécifiquement aux cellules cancéreuses en ciblant une caractéristique biologique qui les distingue des cellules saines, lesquelles sont ainsi épargnées. | août 2013 | N°26 | 23/07/13 15:41 Zoom sur… LE RÔLE DE L'ENVIRONNEMENT TUMORAL © Inserm L'étude des interactions entre les cellules cancéreuses et leur environnement constitue un champ de recherche prometteur. L'une des grandes avancées de ces dernières années concerne la mise en évidence du rôle essentiel du microenvironnement tumoral dans la progression des cancers. Les chercheurs désignent par ce terme l'ensemble des constituants biologiques qui entourent la tumeur. Dans le cadre du Plan cancer 2009-2013, la Fondation ARC a publié en avril 2013, avec l'Institut national du cancer (INCa), un rapport sur l'état actuel des connaissances dans ce domaine. Il est notamment établi que la propension d'un cancer à former des métastases dépend des interactions entre les cellules cancéreuses et leur environnement. Par exemple, des cellules cancéreuses peuvent sécréter des m o l é c u l e s ( h o r m o n e s, facteurs de croissance, etc.) qui vont agir sur d’autres cellules saines, situées à proximité, et modifier leur comportement. Entre 2001 et 2010, l'investissement de la Fondation ARC en soutien aux projets de recherche p o r t a n t s u r l e m i c ro environnement tumoral s'est porté à près de 21,4 millions d'euros. Au Centre de recherche en biochimie macromoléculaire (Montpellier), le Dr Serge Roche et son équipe évaluent une nouvelle stratégie pour stopper la formation de métastases chez les patients atteints d'un cancer colorectal. N otre projet vise à bloquer l'une des premières étapes de la formation de métastases : la dissémination des cellules cancéreuses dans tout l'organisme. Afin de s'échapper de la tumeur primaire, les cellules doivent tout d'abord dégrader leur environnement. Nous avons donc étudié en laboratoire ce processus chez « | SG_Lettre_ARC_26.indd 3 les cellules cancéreuses colorectales et comparé différentes molécules censées le perturber. Le nilotinib, une thérapie ciblée aujourd'hui utilisée contre les leucémies myéloïdes chroniques, s'est avéré très efficace pour empêcher ces cellules de dégrader leur environnement. Par des techniques innovantes de biologie moléculaire, nous sommes parvenus à identifier chez des cellules cancéreuses colorectales la protéine visée par le nilotinib : il s'agit d'un récepteur, le DDR1, connu pour son rôle actif dans la migration des cellules. Ce récepteur nous est donc apparu comme une piste prometteuse pour développer une thérapie ciblant les propriétés invasives des tumeurs colorectales. Le soutien de la Fondation ARC va nous aider à confirmer l'intérêt du nilotinib comme nouvelle thérapie contre le cancer colorectal avant d'envisager la mise en place d'un essai clinique. Tout d'abord, nous allons vérifier si le récepteur DDR1, la cible du nilotinib, est présent en quantité anormale dans des échantillons de métastases prélevés chez des patients. Nous voulons ensuite déterminer à quel stade le nilotinib agit : bloque-t-il la capacité des cellules cancéreuses à s’échapper de la tumeur pour disséminer au sein de l’organisme La Lettre de l'ARC | août 2013 et former des métastases ? Pourrait-il également diminuer la croissance des métastases existantes ? Si c’est le cas, on pourrait alors envisager une intervention chirurgicale pour retirer ces tumeurs rendues plus petites. Enfin, nous souhaitons étudier les mécanismes impliquant le nilotinib et le DDR1 dans la formation des métastases pour mieux comprendre l’action de la thérapie ciblée et améliorer encore son efficacité. © DR © DR COMMENT EMPÊCHER LES CELLULES DE S'ÉCHAPPER DE LA TUMEUR ? | N°26 | 3 23/07/13 15:41 À savoir Info+ Le mot du chercheur Dr Paule Latino-Martel, Directrice de recherche à l’INRA Un lieu pour lutter contre la dénutrition des malades L © Fotolia a consommation de boissons alcoolisées augmente le risque de cancers des voies aérodigestives supérieures, du côlon, du sein (chez les femmes) à partir de plus de 29 000 sujets de la cohorte NutriNet-Santé, la consommation de plus de 10 g d’alcool par jour est associée à un plus grand nombre de facteurs de risque de cancer (tabagisme, surcharge pondérale, sédentarité et déséquilibres alimentaires…) que chez les personnes qui en consomment moins. Ainsi, une consommation importante d'alcool constitue un contexte aggravant pour la santé, en raison des facteurs de risques qui y sont associés. La part des cancers attribuables à l’alcool en France est d’environ 10,8 % chez l’homme et 4,5 % chez la femme (estimation pour l’année 2000). et du foie. Le risque de cancer est significatif dès une consommation moyenne de 10 g d’alcool par jour (environ un verre standard par jour) et il augmente avec la quantité d’alcool consommée. De plus, d’après les résultats récents obtenus Quelles actions mener pour limiter cet impact ? De toute évidence, la prévention doit être renforcée. Il s’agit par exemple de mieux informer sur ce facteur de risque et faire connaître l’importance de réduire la consommation de boissons alcoolisées (en réduisant la fréquence de consommation et/ou les quantités par occasion) ; de développer des actions en faveur des groupes à risque avec des modalités différenciées selon que l’on s’adresse aux jeunes ou aux plus âgés, aux hommes ou aux femmes… ; d'encourager les professionnels de santé à évaluer la consommation d'alcool chez les patients atteints d'un cancer lié à l'alcool et envisager un accompagnement ou une prise en charge. Que peut apporter aujourd'hui la recherche ? De nouvelles recherches s o n t n é c e s s a i re s p o u r identifier les synergies entre l’alcool et d’autres facteurs de risque, pour mieux connaître le profil et les motivations des consommateurs et identifier les leviers individuels de changement des comportements, pour tester différentes modalités d’intervention menées à différents niveaux (individus, familles, écoles, entreprises…) et évaluer leur efficacité. Entre un tiers et la moitié des patients atteints de cancer commencent leur traitement dans un état de dénutrition, c'est-à-dire avec un déséquilibre durable entre les apports énergétiques de l'alimentation et les dépenses. Les conséquences sur le traitement peuvent être multiples : complications postopératoires (infections, fractures...), problèmes de cicatrisation ou encore toxicité accrue de la chimiothérapie. Pour lutter contre ces troubles, des unités transversales de nutrition clinique ont été créées au sein des hôpitaux. Une quarantaine d’unités existent aujourd’hui, dont un grand nombre est intégré aux services de cancérologie. Une équipe pluridisciplinaire (médecins, infirmiers, diététiciens…) est à la disposition des patients pour mieux dépister et traiter les troubles nutritionnels pouvant survenir pendant la prise en charge mais aussi après la maladie. Pour vous informer, n’hésitez pas à en parler avec votre médecin. À lire sur ce sujet un dossier spécial sur notre site www.fondation-arc.org rubrique Face au cancer © Fotolia Quel est le poids de la consommation d'alcool sur les cas de cancers en France ? DR CONSOMMATION DE BOISSONS ALCOOLISEES ET RISQUE DE CANCER La Lettre de l’ARC – Fondation ARC pour la recherche sur le cancer – BP 90003 - 94803 Villejuif Cedex – Tél. : 01 45 59 59 09 - www.fondation-arc.org – Directeur de la publication : Jacques Raynaud – Comité éditorial : Axelle Davezac, Sylvie Droubay Luneau, Chantal Le Gouis, Claude Soto – Rédaction : Laurence André, Swan Bargue, Guillaume Frasca, Gwendoline de Piedoue, Nicolas Reymes – Réalisation : Studio Goustard – Commission paritaire : 1014H85509 – Dépôt légal : août 2013 Impression : Vincent Imprimerie – Tirage : 223 500 exemplaires. La Lettre de l'ARC n°26 est accompagnée d'un supplément L’essentiel des comptes 2012. 4 SG_Lettre_ARC_26.indd 4 | La Lettre de l'ARC | août 2013 | N°26 | 23/07/13 15:41 La recherche en action Mieux comprendre UNE DECOUVERTE MAJEURE SUR LA BIOLOGIE DES CANCERS QU’EST-CE QU’UNE GREFFE DE MOELLE OSSEUSE ? © DR Chercheur au CNRS et directeur de l’Institut de Génétique Humaine à Montpellier, le Docteur Giacomo Cavalli est lauréat du Prix Fondation ARC Équipe à l’Honneur 2012. C’est dans la moelle osseuse que sont fabriquées l’ensemble des cellules du sang. Elle est en effet constituée de cellules dites « souches hématopoïétiques », capables de se différencier pour donner naissance aux plaquettes, aux globules rouges et blancs (les cellules immunitaires). Les cancers du sang, appelés également leucémies, se caractérisent par un surnombre de globules blancs anormaux. Le traitement consiste le plus souvent à soumettre l’organisme à une chimiothérapie qui détruit les globules blancs cancéreux. C’est après avoir été soumis à ce protocole que certains patients peuvent bénéficier d’une greffe de moelle osseuse, ou plus précisément de cellules souches hématopoïétiques saines. L’objectif est de permettre au patient de fabriquer à nouveau des cellules sanguines saines. Pour y parvenir, deux techniques sont possibles. Première option : les cellules souches, prélevées chez le patient, sont soumises à une chimiothérapie puis réinjectées par transfusion. Le donneur et le receveur étant alors une même et unique personne, il n’existe pas de risque de rejet. Dans d’autres cas, le donneur est une autre personne, compatible avec le patient, c'est-à-dire que leurs cellules sanguines doivent présenter de fortes similitudes. Les cellules souches hématopoïétiques saines peuvent alors directement être greffées du donneur au patient, sans traitement par chimiothérapie. Pour que la réaction de rejet soit la moins forte, le système immunitaire du patient doit être détruit avant de recevoir le greffon : le patient doit alors rester dans une chambre stérile, afin de réduire le risque d’infection. C réé en 2008, le prix « Équipe à l’Honneur », d’un montant de 10 000 €, récompense une équipe ayant obtenu des avancées majeures dans la recherche sur le cancer, dans le cadre d’un financement important attribué par la Fondation ARC. Pour mener leur projet de recherche, le Docteur Giacomo Cavalli et son équipe ont reçu en 2007 une subvention de 360 000 € sur trois ans. Ce projet avait pour objectif de comprendre le rôle de deux groupes de protéines, appelés Trithorax et Polycomb, dans le contrôle de l’activité de certains gènes. Ils ont découvert que des modifications des protéines Polycomb provoquent une prolifération des cellules, qui peut conduire à la formation d’un cancer. Ils ont également pour la première fois mis en évidence que dans les noyaux de cellules, ces mêmes protéines ordonnent les chromosomes suivant une organisation très spécifique en 3 dimensions, dont la perturbation peut aussi provoquer la transformation de cellules saines en cellules cancéreuses. Ces avancées très importantes sur la biologie des cancers ouvrent la voie au développement de nouveaux médicaments anticancéreux. Elles ont fait l’objet de publications dans une dizaine de revues, dont les célèbres Nature Genetics en 2009 et Cell en 2011. | SG_Lettre_ARC_26.indd 5 La Lettre de l'ARC © Thinkstock Sur proposition du Conseil scientifique, le Conseil d’administration de la Fondation ARC a désigné Giacomo Cavalli en tant que lauréat du prix Équipe à l’Honneur 2012. | août 2013 | N°26 | 5 23/07/13 15:41 Àp partager g Témoignage Questions | Réponses © DR Qu’est-ce qu’un myélome ? L orsque j’ai eu mon premier cancer, c’était en 1994. Dès que j’ai vu qu’il y avait du sang dans mes urines, j’ai consulté mon médecin. On m’a annoncé que j’avais un cancer de la vessie et je me suis fait opérer sans attendre. Peu de temps après, on m’a diagnostiqué un autre cancer, à l’estomac, qu’on m’a retiré. J’avais 47 ans, j’étais marié, j’avais deux jeunes enfants, une vie très active et des engagements dans le milieu associatif. J’ai dû tout arrêter pour m’occuper de moi. « Après cette période difficile, j’ai repris le travail. Je pensais être guéri, mais lors d’un contrôle médical en 2004, on m’apprend la récidive de mon cancer de la vessie. De nouveau, j’ai dû subir une opération et suivre des traitements. Puis en 2007, à la suite d’examens pour opérer une hernie, mes médecins découvrent par hasard que j’ai une leucémie… et quatre ans plus tard, une récidive ! La chimiothérapie ne fonctionnait pas, j’avais besoin d’une greffe de moelle osseuse, sinon j’allais mourir. Heureusement, j’avais une sœur compatible qui m’a sauvé, mais j’ai dû passer plus de 5 semaines en chambre stérile. Cela a été très dur, encore plus que mes autres cancers. J’ai beaucoup souffer t des effets secondaires. Aujourd’hui je vais bien et je sais que j’ai eu de la chance. Bien entouré par ma famille et suivi psychologiquement, j’ai réussi à toujours garder le moral face à la maladie. C’est comme cela qu’il faut se battre : au moindre doute, faire des examens, consulter un bon médecin, lui poser des questions et lui faire confiance. Le myélome est une tumeur qui se développe au sein de la moelle osseuse, localisée dans le crâne, les os du bassin, les côtes, le sternum et la colonne vertébrale. La maladie se développe à partir des plasmocytes, des cellules du système immunitaire appartenant à la famille des globules blancs et plus particulièrement des lymphocytes B. Lorsque les plasmocytes se divisent de manière incontrôlée et deviennent cancéreux, ils envahissent la moelle osseuse et s’attaquent aux os. Qu’est-ce que la scintigraphie ? Il s’agit d’une technique d’imagerie médicale qui permet d’observer l’activité d’un organe, notamment les os, les poumons, le cœur ou la thyroïde. Une scintigraphie peut être prescrite pour confirmer et affiner un diagnostic de cancer. Pour ce faire, un produit contenant un marqueur radioactif est injecté au patient par voie intraveineuse. Lorsque le « traceur » s’est fixé sur l’organe à étudier, le patient est placé sur une table autour de laquelle se déplace une caméra. Celle-ci enregistre les rayonnements émis par le traceur et permet ainsi d’obtenir des informations très précises sur l’organe et son activité. Les particules diesel sont-elles cancérigènes ? Le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) a classé en juin 2012 les particules fines retrouvées dans les gaz d’échappement des moteurs diesel parmi les agents cancérigènes avérés. Une étude conduite sur plus de 12 000 personnes a mis en évidence que les sujets les plus exposés aux émanations des moteurs diesel présentent un risque de cancer du poumon trois fois plus important que les sujets les moins exposés. Ces travaux ont également indiqué une augmentation possible du risque de cancer de la vessie, sans pouvoir établir à ce stade un lien définitif. L’Institut national du cancer (INCa) estime que 1 000 à 1 500 cancers du poumon seraient dus à une exposition aux particules fines diesel sur les 39 500 nouveaux cas diagnostiqués en France en 2011 (soit entre 2,5 et 4 % des cas). La Fondation ARC à votre écoute En vingt ans, j’ai pu constater les incroyables progrès de la médecine. C’est fabuleux, ce qu’on peut faire aujourd’hui ! Les traitements sont de plus en plus personnalisés et on peut mieux atténuer les effets secondaires. Fondation ARC - BP 90003 - 94803 Villejuif Cedex J’ai envie de dire merci aux chercheurs. Il faut continuer à chercher. Il faut qu’ils se bagarrent comme moi je l’ai fait, car c’est grâce à eux que je suis encore en vie ! . Lucien Sautreuil www.fondation-arc.org 6 SG_Lettre_ARC_26.indd 6 | La Lettre de l'ARC Téléphone : 01 45 59 59 09 E-mail : [email protected] www.facebook.com/ARCcancer https://twitter.com/ARCcancer | août 2013 | N°26 | 23/07/13 15:41 Actualités Agir ensemble FIL ACTUS CANCER > Mieux comprendre le syndrome du « gros bras » L'apparition d'un lymphœdème, ou « gros bras », est un effet secondaire connu du traitement du cancer du sein. Une étude américaine a montré que ce syndrome était favorisé par certaines prédispositions génétiques ; il est aussi plus fréquent chez les patientes en surpoids ou lorsque le cancer est avancé. Cette étude devrait aider les médecins à identifier les patientes à risque pour leur proposer des mesures préventives adaptées. RENCONTREZ LES CHERCHEURS QUE VOUS SOUTENEZ En juin dernier, à l’université de Rennes, la Fondation ARC a remis une subvention d’un montant de 50 000 euros à l’équipe du Docteur Oscar Acosta pour son projet de recherche sur le cancer de la prostate. À cette occasion, des donateurs ont visité le laboratoire de recherche rennais puis assisté à la présentation par le Dr Acosta de son projet, dont l’objectif est de mieux visualiser les tumeurs de la prostate afin d’augmenter l’efficacité des traitements actuels tout en épargnant davantage la partie saine de la prostate. © iStockphoto Chaque année, la Fondation ARC organise des remises de subventions aux chercheurs dans plusieurs grandes villes françaises. Votre présence lors de ces rencontres vous offre l’occasion de découvrir les laboratoires de recherche et d’être au plus près des projets que vous soutenez ! Si vous souhaitez assister à ces rencontres, vous pouvez contacter notre service Relations Donateurs pour connaître les lieux et dates des prochains rendez-vous. © DR > La classification de deux cancers évolue Deux études d'envergure viennent modifier la vision de deux cancers fréquents : les cancers colorectaux et de l'endomètre (le corps de l'utérus). Des analyses génétiques ont permis de classer ces deux cancers en plusieurs sous-types, permettant d'adapter le traitement au profil moléculaire des tumeurs. Ainsi, les chercheurs ont repéré quatre soustypes de cancers de l'endomètre (contre seulement deux auparavant), et six soustypes de cancers colorectaux. Un pas de plus vers la personnalisation de la prise en charge des patients atteints de cancer. ENCOURAGER LA PARTICIPATION DES FEMMES AUX RECHERCHES SUR LES CANCERS DU SEIN Agenda E n février 2013, le Conseil d’administration de la fondation a choisi de participer au financement du projet « Les Seintinelles » pour un montant de 90 000 euros sur 3 ans. Ce projet très innovant permet aux femmes de devenir de véritables actrices de leur santé tout en participant à la recherche. Octobre 2013 Mené par Fabien Reyal, chirurgien spécialiste des cancers du sein, et Guillemette Jacob, ancienne malade, ce projet repose sur une plateforme Internet (www.seintinelles.com) qui met en relation directe les chercheurs travaillant sur les cancers du sein avec des femmes qui sont ou se sentent concernées et qui se déclarent volontaires pour participer à des études. Cette plateforme permettra de multiplier le nombre d’études sur les cancers du sein et favorisera la diffusion des connaissances, en sensibilisant et en impliquant un grand nombre de femmes dans la lutte contre les cancers du sein. Cette initiative suit l’exemple de Army of Women, créée aux États-Unis en 2008 : les données collectées auprès de 350 000 volontaires ont déjà bénéficié à 48 études. En France, le projet « Les Seintinelles » qui débute en octobre prochain a pour objectif de recruter 50 000 femmes au cours des deux prochaines années. • Du 16 au 18 octobre à Paris, | SG_Lettre_ARC_26.indd 7 La Lettre de l'ARC | août 2013 • En octobre, la Fondation ARC sera partenaire du Ruban de l’espoir, mobilisation nationale d’information sur le cancer du sein. la Fondation ARC sera présente au Salon infirmier pour rencontrer les professionnels et mettre à leur disposition des supports d’information sur la maladie et la recherche. • Les 23 et 24 octobre à Paris, la Fondation ARC vous invite à rencontrer les jeunes chercheurs lors des 17ème Journées Fondation ARC Jeunes Chercheurs. N’hésitez pas à nous contacter pour plus d’information. | N°26 | 7 23/07/13 15:41 ARC Annonce Matrice ok sans nouvel obs_Mise en page 1 15/10/12 17:26 Page1 GUÉRIR 3 © JM Deguine T I O R C Y N NOUS, O Optimus - Crédit Photo : Frédéric Albert 2 R U S S R E CANC Pas sans la recherche et pas sans vous. En 20 ans, les progrès de la recherche ont permis de guérir 1 cancer sur 2. Aujourd’hui, guérir 2 cancers sur 3 est à notre portée. Mais pas sans la recherche et pas sans vous. Pour atteindre cet objectif d’ici 2025 et sauver encore plus de vies, la Fondation ARC, 1ère fondation française exclusivement dédiée à la recherche sur le cancer, s’engage à identifier, sélectionner et mettre en œuvre les programmes les plus prometteurs. Faites un don à la Fondation ARC. Rejoignez-nous sur : www.fondation-arc.org www.guerir2cancerssur3.org SG_Lettre_ARC_26.indd 8 23/07/13 15:41