| La Lettre de l'ARC | août 2013 | N°26 |
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Le moteur de nos recherches, c’est vous |AOÛT 2013 | N° 26 |
Objectif :
prendre de vitesse les
métastases
Jacques
Raynaud,
Président de la
Fondation ARC
Édito © JM Deguine
© IStock
Zoom sur…
ISSN 1958-7961
La métastase, du grec
« je change de place », est une
tumeur qui s’est formée à partir
d’une cellule cancéreuse.
En quittant la tumeur initiale,
la métastase va coloniser
un tissu sain distant.
Les métastases constituent
la principale menace pour
les patients ; aussi les recherches
qui visent à empêcher
la formation des métastases et
à stopper leur développement
sont un enjeu majeur dans
la lutte contre le cancer.
C’est pour cette raison que
nous avons consacré le temps
fort de cette lettre à ce sujet, pour
partager avec vous les avancées
prometteuses dans ce domaine :
l’arrivée des premières thérapies
ciblées, la recherche sur le rôle
du système immunitaire,
les progrès en chirurgie…
La recherche avance, l’espoir aussi.
Ces recherches sont complexes
mais grâce à votre aide et à la
mobilisation des chercheurs, nous
pourrons lutter plus effi cacement
contre les métastases dès le
diagnostic de la maladie.
Vous l’aurez compris, le
nancement de ces recherches
est essentiel pour notre objectif
de guérir 2 cancers sur 3 d’ici
une quinzaine d’années.
Merci d’être à nos côtés.
La lutte contre le cancer passe
aujourd'hui par un eff ort de recherche
important pour traiter les métastases,
ces foyers secondaires formés par des
cellules cancéreuses détachées de la
tumeur primaire.
L
orsqu'une tumeur se développe au
sein d'un tissu, il peut arriver que
certaines cellules cancéreuses s'en
détachent pour aller former plus loin
d'autres foyers tumoraux : ces tumeurs
dites secondaires sont appelées métastases
1
.
Elles constituent la principale menace pour
les patients atteints de cancer, la majorité
des décès étant liée à leur apparition. De
nombreuses équipes de recherche tra-
vaillent à mieux comprendre ce phénomène
complexe pour trouver les moyens les plus
effi caces d'empêcher la dissémination des
cellules cancéreuses dans l'organisme.
Démêler des mécanismes
complexes...
Les chercheurs ont aujourd'hui retracé les
grandes étapes de formation des foyers
tumoraux secondaires. Les cellules cancé-
reuses perdent d'abord leurs capacités d'ad-
hérence pour se détacher de la tumeur, puis
elles pénètrent les vaisseaux des systèmes
sanguin ou lymphatique*. Elles échappent
alors aux cellules du système immunitaire
chargées d'éliminer les « intrus » présents dans
l'organisme et parviennent à quitter cette
circulation pour s'introduire dans un autre
tissu. Elles y retrouvent alors leurs propriétés
adhésives afi n de s'ancrer effi cacement et
Zoom sur 1
À savoir 4
La recherche en action 5
À partager 6
Actualités
7
>
Sommaire
COMBATTRE LES MÉTASTASES
1. Par exemple, des cellules cancéreuses issues d'une tumeur primaire de la
prostate peuvent donner naissance à des métastases osseuses, lesquelles sont
différentes d'une tumeur primaire diagnostiquée chez un patient atteint d'un
cancer des os. Il est donc essentiel de développer des traitements adaptés à
chacune de ces tumeurs osseuses.
CANCERS SUR
2
3
NOUS, ON Y CROIT
GUÉRIR
Optimus - Crédit Photo : Frédéric Albert
Pas sans la recherche et pas sans vous.
En 20 ans, les progrès de la recherche ont permis de guérir 1 cancer sur 2. Aujourd’hui, guérir 2 cancers sur 3 est à notre
portée. Mais pas sans la recherche et pas sans vous. Pour atteindre cet objectif d’ici 2025 et sauver encore plus de vies,
la Fondation ARC, 1ère fondation française exclusivement dédiée à la recherche sur le cancer, s’engage à identifier,
sélectionner et mettre en œuvre les programmes les plus prometteurs.
Faites un don à la Fondation ARC.
Rejoignez-nous sur :
www.guerir2cancerssur3.org
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Zoom sur…
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de proliférer de nouveau pour former in fi ne une métastase.
Cette nouvelle tumeur induit enfi n la naissance de nouveaux
vaisseaux sanguins pour se développer.
Les chercheurs travaillent à améliorer la compréhension de
chacune de ces étapes. Cela passe par l'identifi cation des
protéines impliquées dans ces mécanismes cellulaires et
les modifi cations génétiques qui y sont associées. L'objec-
tif est de repérer de nouvelles cibles thérapeutiques pour
empêcher l'apparition de métastases. Ces travaux pourront
répondre à d'autres questions que se posent les chercheurs :
quels facteurs favorisent l'entrée des cellules cancéreuses
dans le processus métastatique ? Pourquoi des cancers
semblent « préférer » certains tissus pour y disséminer leurs
métastases (on sait par exemple que le cancer de la pros-
tate forme principalement des métastases osseuses alors
que le cancer colorectal donne plutôt des métastases dans
le foie) ? Pourquoi certains cancers semblent plus à risque
de former de multiples tumeurs ?
… pour mieux bloquer les métastases.
Des progrès ont été enregistrés ces dernières années avec les
premières thérapies ciblées* visant des cancers métastatiques.
Parmi elles : le trastuzumab, prescrit contre certains cancers
du sein métastatiques depuis 2000, le bévacizumab contre
les cancers colorectaux métastatiques (2005), le dénosumab
pour les métastases osseuses (2011) ou encore le vémurafe-
nib contre les mélanomes de la peau métastatiques (2012).
Ces nouvelles thérapies ont permis d'augmenter l’espérance
de vie des patients concernés mais ne permettent pas de
répondre à tous les cas.
D’autres pistes de recherche doivent être explorées : les tra-
vaux portant sur la biologie métastatique ont par exemple
mis en évidence le rôle essentiel du microenvironnement
tumoral (cf. encadré). Une autre piste de recherche promet-
teuse concerne les modifi cations du système immunitaire,
qui semble entrer dans un état dit d'« épuisement » sem-
blable à celui observé lors d'infections chroniques (hépatite,
VIH, etc.). En comprenant comment les métastases affai-
blissent la surveillance immunitaire des globules blancs, les
chercheurs pourront développer de nouveaux traitements.
Ces immunothérapies visent à mobiliser les cellules du sys-
tème immunitaire pour qu'elles bloquent plus effi cacement
la dissémination des cellules cancéreuses par la circulation
sanguine et/ou lymphatique, ce qui permettrait de réduire
le risque de métastases.
Enfi n, la lutte contre les métastases constitue également
l’un des axes prioritaires de la recherche en chirurgie onco-
logique. Grâce aux progrès de l'imagerie, il est aujourd'hui
possible de localiser des tumeurs de petite taille disséminées
dans l'organisme. En combinant la chirurgie à des protocoles
médicamenteux qui stoppent la prolifération tumorale, il est
dès lors possible d’intervenir pour retirer ces foyers tumo-
raux naissants, quand l’action des chirurgiens se limitait il y
a encore une dizaine d'années aux seules tumeurs primaires
localisées.
Toutes ces avancées n’ont été possibles que grâce à la recherche
et à l’engagement des chercheurs de toutes les disciplines
pour sauver toujours plus de vies.
Pour en savoir plus, vous pouvez commander la  che
« Combattre les métastases » auprès de notre service Relations Donateurs
Glossaire
Chiffres clés
62 projets
portant sur les métastases ont reçu le soutien de la
Fondation ARC en 2012 pour un montant global de
plus de 5,9 millions d'euros.
19 essais cliniques
portant sur de nouveaux traitements contre les
métastases sont actuellement en cours en France.
* Système lymphatique
Ensemble des structures qui participent à la formation et à
la circulation de la lymphe, un liquide intervenant dans la
défense de l'organisme.
* Thérapie ciblée
Traitement qui s’attaque spécifi quement aux cellules
cancéreuses en ciblant une caractéristique biologique qui les
distingue des cellules saines, lesquelles sont ainsi épargnées.
La tumeur primaire
se développe grâce à l'oxygène
et aux nutriments apportés par
les vaisseaux sanguins qui se
forment autour d'elle.
Certaines cellules de la
tumeur n'adhèrent plus à leur
voisine. Elles se détachent de la
masse tumorale et pénètrent les
vaisseaux en traversant leur paroi.
Le fl ot sanguin transporte alors
les cellules cancéreuses dans l'organisme.
Certaines seront détectées et détruites par
le système de défense de l'organisme. D'autres
continueront leur chemin jusqu'à un organe cible
(ici les poumons).
Dans le nouvel
organe les cellules
tumorales peuvent
rester dormantes
pendant plusieurs
années ou bien elles
peuvent immédia-
tement proliférer et
former une tumeur
secondaire,
la métastase.
© Sophiejacopin.com
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Zoom sur…
LE RÔLE DE L'ENVIRONNEMENT TUMORAL
L'étude des interactions
entre les cellules
cancéreuses et leur
environnement constitue
un champ de recherche
prometteur.
L'une des grandes avancées
de ces dernières années
concerne la mise en évidence
du rôle essentiel du
microenvironnement tumoral
dans la progression des
cancers. Les chercheurs
désignent par ce terme
l'ensemble des constituants
biologiques qui entourent la
tumeur. Dans le cadre du
Plan cancer 2009-2013, la
Fondation ARC a publié en
avril 2013, avec l'Institut
national du cancer (INCa),
un rapport sur l'état actuel
des connaissances dans ce
domaine. Il est notamment
établi que la propension d'un
cancer à former des
métastases dépend des
interactions entre les cellules
cancéreuses et leur
environnement. Par exemple,
des cellules cancéreuses
peuvent sécréter des
molécules (hormones,
facteurs de croissance, etc.)
qui vont agir sur d’autres
cellules saines, situées à
proximité, et modifi er leur
comportement. Entre 2001
et 2010, l'investissement de
la Fondation ARC en soutien
aux projets de recherche
portant sur le micro-
environnement tumoral s'est
porté à près de 21,4 millions
d'euros.
© Inserm
Au Centre de recherche en
biochimie macromoléculaire
(Montpellier), le Dr Serge Roche et
son équipe évaluent une nouvelle
stratégie pour stopper la formation
de métastases chez les patients
atteints d'un cancer colorectal.
« N
otre projet vise à bloquer
l'une des premières étapes
de la formation de métas-
tases : la dissémination des cellules
cancéreuses dans tout l'organisme. Afi n
de s'échapper de la tumeur primaire, les
cellules doivent tout d'abord dégrader
leur environnement. Nous avons donc
étudié en laboratoire ce processus chez
les cellules cancéreuses colorectales et
comparé différentes molécules censées
le perturber. Le nilotinib, une thérapie
ciblée aujourd'hui utilisée contre les leu-
cémies myéloïdes chroniques, s'est avéré
très effi cace pour empêcher ces cellules
de dégrader leur environnement.
Par des techniques innovantes de biolo-
gie moléculaire, nous sommes parvenus
à identifi er chez des cellules cancéreuses
colorectales la protéine visée par le
nilotinib : il s'agit d'un récepteur, le
DDR1, connu pour son rôle actif dans
la migration des cellules. Ce récepteur
nous est donc apparu comme une piste
prometteuse pour développer une thé-
rapie ciblant les propriétés invasives
des tumeurs colorectales.
Le soutien de la Fondation ARC va nous
aider à confi rmer l'intérêt du nilotinib
comme nouvelle thérapie contre le
cancer colorectal avant d'envisager
la mise en place d'un essai clinique.
Tout d'abord, nous allons vérifi er si le
récepteur DDR1, la cible du nilotinib,
est présent en quantité anormale dans
des échantillons de métastases prélevés
chez des patients. Nous voulons ensuite
déterminer à quel stade le nilotinib agit :
bloque-t-il la capacité des cellules can-
céreuses à s’échapper de la tumeur
pour disséminer au sein de l’organisme
et former des métastases ? Pourrait-il
également diminuer la croissance des
métastases existantes ? Si c’est le cas,
on pourrait alors envisager une inter-
vention chirurgicale pour retirer ces
tumeurs rendues plus petites. Enfi n,
nous souhaitons étudier les méca-
nismes impliquant le nilotinib et le
DDR1 dans la formation des métastases
pour mieux comprendre l’action de la
thérapie ciblée et améliorer encore son
effi cacité.
COMMENT EMPÊCHER LES CELLULES
DE S'ÉCHAPPER DE LA TUMEUR ?
© DR
© DR
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La Lettre de l’ARC – Fondation ARC pour la recherche sur le cancer – BP 90003 - 94803 Villejuif Cedex – Tél. : 01 45 59 59 09 - www.fondation-arc.org – Directeur
de la publication : Jacques Raynaud – Comité éditorial : Axelle Davezac, Sylvie Droubay Luneau, Chantal Le Gouis, Claude Soto – Rédaction: Laurence André, Swan
Bargue, Guillaume Frasca, Gwendoline de Piedoue, Nicolas Reymes – Réalisation : Studio Goustard – Commission paritaire : 1014H85509 – Dépôt légal : août 2013
Impression : Vincent Imprimerie – Tirage : 223 500 exemplaires. La Lettre de l'ARC n°26 est accompagnée d'un supplément L’essentiel des comptes 2012.
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À savoir
Un lieu pour lutter
contre la dénutrition
des malades
Entre un tiers et la moitié
des patients atteints de
cancer commencent leur
traitement dans un état de
dénutrition, c'est-à-dire
avec un déséquilibre
durable entre les apports
énergétiques de l'alimen-
tation et les dépenses.
Les conséquences sur le
traitement peuvent être
multiples : complications
postopératoires (infections,
fractures...), problèmes
de cicatrisation ou encore
toxicité accrue de la chimio-
thérapie. Pour lutter contre
ces troubles, des unités
transversales de nutrition
clinique ont été créées au
sein des hôpitaux. Une
quarantaine d’unités
existent aujourd’hui, dont
un grand nombre est
intégré aux services de
cancérologie. Une équipe
pluridisciplinaire (médecins,
infirmiers, diététiciens…)
est à la disposition des
patients pour mieux dépis-
ter et traiter les troubles
nutritionnels pouvant
survenir pendant la prise en
charge mais aussi après la
maladie. Pour vous
informer, n’hésitez pas à en
parler avec votre médecin.
À lire sur ce sujet un dossier
spécial sur notre site
www.fondation-arc.org
rubrique Face au cancer
Info+
CONSOMMATION
DE BOISSONS ALCOOLISEES
ET RISQUE DE CANCER
Quel est le poids de la
consommation d'alcool
sur les cas de cancers en
France ?
L
a consommation de
boissons alcoolisées
augmente le risque de
cancers des voies aérodiges-
tives supérieures, du côlon,
du sein (chez les femmes)
et du foie. Le risque de can-
cer est signifi catif dès une
consommation moyenne de
10 g d’alcool par jour (envi-
ron un verre standard par
jour) et il augmente avec la
quantité d’alcool consom-
mée. De plus, d’après les
résultats récents obtenus
à partir de plus de 29 000
sujets de la cohorte Nutri-
Net-Santé, la consommation
de plus de 10 g d’alcool par
jour est associée à un plus
grand nombre de facteurs
de risque de cancer (taba-
gisme, surcharge pondérale,
sédentarité et déséquilibres
alimentaires…) que chez
les personnes qui en
consomment moins.
Ainsi, une consom-
mation importante
d'alcool constitue
un contexte aggra-
vant pour la santé,
en raison des fac-
teurs de risques qui y
sont associés. La part
des cancers attri-
buables à l’alcool en
France est d’environ
10,8 % chez l’homme
et 4,5 % chez la
femme (estimation
pour l’année 2000).
Quelles actions
mener pour limiter cet
impact ?
De toute évidence, la pré-
vention doit être renfor-
cée. Il s’agit par exemple
de mieux informer sur ce
facteur de risque et faire
connaître l’importance de
réduire la consommation
de boissons alcoolisées (en
réduisant la fréquence de
consommation et/ou les
quantités par occasion) ;
de développer des actions
en faveur des groupes à
risque avec des modalités
différenciées selon que l’on
s’adresse aux jeunes ou aux
plus âgés, aux hommes ou
aux femmes… ; d'encou-
rager les professionnels de
santé à évaluer la consom-
mation d'alcool chez les
patients atteints d'un can-
cer lié à l'alcool et envisa-
ger un accompagnement
ou une prise en charge.
Que peut apporter
aujourd'hui la recherche ?
De nouvelles recherches
sont nécessaires pour
identifier les synergies
entre l’alcool et d’autres
facteurs de risque, pour
mieux connaître le pro-
fil et les motivations des
consommateurs et iden-
tifier les leviers indivi-
duels de changement des
comportements, pour tes-
ter différentes modalités
d’intervention menées à
différents niveaux (indi-
vidus, familles, écoles,
entreprises…) et éva-
luer leur efficacité.
Le mot du chercheur
Dr Paule Latino-Martel,
Directrice de recherche à l’INRA
DR
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Chercheur
au CNRS et directeur
de l’Institut de
Génétique Humaine
à Montpellier,
le Docteur
Giacomo Cavalli
est lauréat du Prix
Fondation ARC Équipe
à l’Honneur 2012.
C
réé en 2008, le prix « Équipe à l’Honneur », d’un
montant de 10 000 , récompense une équipe
ayant obtenu des avancées majeures dans la
recherche sur le cancer, dans le cadre d’un financement
important attribué par la Fondation ARC.
Pour mener leur projet de recherche, le Docteur
Giacomo Cavalli et son équipe ont reçu en 2007 une
subvention de 360 000 sur trois ans. Ce projet avait
pour objectif de comprendre le rôle de deux groupes
de protéines, appelés Trithorax et Polycomb, dans le
contrôle de l’activité de certains gènes. Ils ont décou-
vert que des modifications des protéines Polycomb
provoquent une prolifération des cellules, qui peut
conduire à la formation d’un cancer.
Ils ont également pour la première fois mis en évidence
que dans les noyaux de cellules, ces mêmes protéines
ordonnent les chromosomes suivant une organisation
très spécifique en 3 dimensions, dont la perturbation
peut aussi provoquer la transformation de cellules
saines en cellules cancéreuses.
Ces avancées très importantes sur la biologie des can-
cers ouvrent la voie au développement de nouveaux
médicaments anticancéreux. Elles ont fait l’objet de
publications dans une dizaine de revues, dont les
célèbres Nature Genetics en 2009 et Cell en 2011.
Sur proposition du Conseil scientifique, le Conseil
d’administration de la Fondation ARC a désigné
Giacomo Cavalli en tant que lauréat du prix Équipe
à l’Honneur 2012.
La recherche en action
© DR
QU’EST-CE QU’UNE
GREFFE DE MOELLE
OSSEUSE ?
C’est dans la moelle osseuse que sont fabriquées
l’ensemble des cellules du sang. Elle est en eff et consti-
tuée de cellules dites « souches hématopoïétiques »,
capables de se diff érencier pour donner naissance
aux plaquettes, aux globules rouges et blancs (les
cellules immunitaires).
Les cancers du sang, appelés également leucémies,
se caractérisent par un surnombre de globules blancs
anormaux. Le traitement consiste le plus souvent à
soumettre l’organisme à une chimiothérapie qui
détruit les globules blancs cancéreux. C’est après avoir
été soumis à ce protocole que certains patients peuvent
bénéfi cier d’une greff e de moelle osseuse, ou plus
précisément de cellules souches hématopoïétiques
saines. Lobjectif est de permettre au patient de fabri-
quer à nouveau des cellules sanguines saines.
Pour y parvenir, deux techniques sont possibles. Pre-
mière option : les cellules souches, prélevées chez le
patient, sont soumises à une chimiothérapie puis
réinjectées par transfusion. Le donneur et le receveur
étant alors une même et unique personne, il nexiste
pas de risque de rejet. Dans d’autres cas, le donneur
est une autre personne, compatible avec le patient,
c'est-à-dire que leurs cellules sanguines doivent pré-
senter de fortes similitudes. Les cellules souches
hématopoïétiques saines peuvent alors directement
être greff ées du donneur au patient, sans traitement
par chimiothérapie. Pour que la réaction de rejet soit
la moins forte, le système immunitaire du patient doit
être détruit avant de recevoir le greff on : le patient
doit alors rester dans une chambre stérile, afi n de
réduire le risque d’infection.
Mieux
comprendre
© Thinkstock
UNE DECOUVERTE
MAJEURE SUR LA BIOLOGIE
DES CANCERS
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