serait probablement au-delà de tout limite acceptable. Contrairement aux 
croyances populaires, les pouces sont des très mauvais sauteurs. Ce qui devrait être vraiment  
incroyable est bien qu’elles puissent du tout sauter ! 
 
 
6.8 - Muscles synchrones et asynchrones 
 
Au cours de l’évolution, les animaux (et surtout les insectes) ont développé des stratégies 
différentes pour satisfaire la nécessité de muscles qui puissent travailler à des fréquences de 
contraction 
ν 
 très élevées : a) une solution notamment quantitative, qui consiste à accélérer 
toutes les phases du cycle de travail musculaire, de manière cohérente, ou plutôt, b) une 
solution qualitative, dans laquelle quelques étapes (les plus longues) du cycle sont éliminées. 
La solution quantitative est réalisée par les muscles synchrones, pour lesquels à chaque 
impulsion excitatoire nerveuse correspond un cycle de contraction (c.-à-d., la fréquence des 
excitations nerveuses est identique à la fréquence de contraction v). La solution qualitative 
est, par contre, trouvée dans les muscles asynchrones, pour lesquels une seule impulsion 
nerveuse donne origine à plusieurs (5 à 10, env.) contractions musculaires en séquence. Alors 
que les vertébrés utilisent des muscles synchrones, dans presque tous les insectes on trouve 
des muscles asynchrones. 
 
Comme il est expliqué dans la figure suivante, l’impulsion électrique nerveuse qui commande 
la contraction volontaire d’un muscle est transmise du nerf au muscle via un grand nombre de 
jonctions : les « synapses neuro-musculaires ». Le potentiel électrique de la cellule neuronale 
prend la forme d’un pic de voltage de quelques dizaines de mV, qui transporte l’information 
jusqu’au muscle. A l’échelle microscopique, l’actionnement mécanique de la contraction (c.-
à-d. l’initiation de la contraction des sarcoméres, liée aux déplacements relatifs des filaments 
d’actine et de myosine qui composent chaque sarcomére), est activé par un flux d’ions Ca2+. 
Pourtant, comme il est dit dans la figure, le procès de diffusion des ions Ca2+, de la borne 
terminale du nerf, à la borne du muscle, n’est pas du tout direct, mais il se fait par le biais des 
nombreuses étapes élémentaires. En tout cas, on trouve que l’étape liée à la diffusion 
membranaire des ions Ca2+ est la phase plus lente du procés (rate-limiting step). 
 
Or, dès que le coefficient de diffusion D a des dimensions de [L2]/[T], ou bien le produit 
[surface][fréquence], pour accélérer la diffusion à une fréquence donnée, il faut augmenter la 
surface de contacte à travers laquelle les ions peuvent diffuser. Mais cela implique que la fibre 
musculaire serait de plus en plus envahie par le reticulum sarcoplasmique, qui forme les 
jonctions, ainsi laissant de moins en moins de volume disponible pour les myofibrilles. Donc, 
une augmentation de la diffusion pour s’ajuster à des fréquences très élevées impliquerait 
moins de fibres dans le volume, et donc une réduction de la puissance disponible. Cela n’est 
pas, évidemment, la meilleure stratégie. 
La solution adoptée par la sélection naturelle avec les muscles asynchrones est donc celle de 
découpler la fréquence d’arrivée des impulsions nerveuses (et donc, le cycle de diffusion du