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Question d’actualité
Supplément à La Lettre de l’hépato-gastroentérologue - n° 2 - vol. VII - mars-avril 2004
Question d’actualité
Les laxatifs osmotiques utilisés étaient
à base de lactulose ou de polyéthylène-
glycol (PEG ou macrogol).
Le traitement de la constipation doit
éviter les laxatifs stimulants, suscep-
tibles d’entraîner une dépendance et
des pertes hydroélectrolytiques. Les
laxatifs par voie rectale ne doivent être
prescrits qu’en cas de constipation
occasionnelle ou en association avec la
rééducation d’une dyschésie. Les laxa-
tifs de lest sont souvent mal tolérés,
aggravant le ballonnement du fait de la
production d’acides gras volatils et de
gaz. Les laxatifs lubrifiants entraînent
des pertes huileuses anales désagréables
pour le patient.
Les laxatifs osmotiques constituent
donc une classe thérapeutique impor-
tante dans la prise en charge de la cons-
tipation. Les disaccharides de synthèse
(lactulose, lactitol) sont métabolisés
par les bactéries coliques et donnent
naissance à une quantité importante de
gaz, source de ballonnements et de
douleurs abdominales.
Les laxatifs osmotiques à base de PEG
agissent par un mécanisme différent de
celui des disaccharides de synthèse. Le
PEG n’est pas absorbé par le tractus
digestif et ne fermente pas au contact
de la flore colique. Différents laxatifs
à base de PEG, mais de compositions
diverses, sont commercialisés. Ils con-
tiennent soit du PEG 3350, soit du PEG
4000, et incluent ou non des électro-
lytes dans leur formule. Leur compo-
sition différente peut être responsable
d’une différence d’activité ou de tolé-
rance. Une comparaison entre ces laxa-
tifs était donc souhaitable.
Existe-t-il une différence
d’efficacité et de tolérance
entre des laxatifs différents
à base de PEG ?
Une étude a été réalisée par Chaussade
et Minic et publiée en 2003 (5). Il
s’agissait d’un essai prospectif multi-
centrique, randomisé, à double insu
avec double placebo.
L’essai a comparé un laxatif contenant
du PEG 4000 seul (Forlax®) et un laxa-
tif associant du PEG 3350 à des élec-
trolytes (chlorure de sodium, sulfate de
sodium, chlorure de potassium, bicar-
bonate de sodium). Le PEG 3350 est
plus hygroscopique que le PEG 4000.
L’adjonction d’électrolytes a pour but
d’obtenir une solution iso-osmotique
et d’éviter une éventuelle perte d’élec-
trolytes plasmatiques.
L’étude avait pour but de comparer
deux doses différentes de chaque spé-
cialité : la dose standard et la dose maxi-
male recommandées dans le résumé
des caractéristiques du produit.
Quatre groupes étaient ainsi définis :
– groupe 1 : dose standard de Transi-
peg®5,9 g = un sachet par jour de 5,9 g
de PEG 3350 + électrolytes,
– groupe 2 : dose standard de For-
lax®= un sachet par jour de 10 g de
PEG 4000,
– groupe 3 : dose maximale de Tran-
sipeg®5,9 g = deux sachets par jour,
– groupe 4 : dose maximale de For-
lax®= deux sachets par jour.
Les patients devaient souffrir de consti-
pation depuis plus de trois mois et avoir
au moins un des symptômes suivants :
moins de trois selles par semaine, selles
dures ou fragmentées nécessitant des
efforts de poussée ou encore sensation
d’évacuation rectale incomplète. Une
lésion organique colique avait été précé-
demment exclue chez les sujets de plus
de 40 ans. Les paramètres de l’étude
étaient relevés à l’inclusion, puis après
deux et quatre semaines de traitement.
Pour déterminer l’efficacité, le nombre
moyen de selles par semaine était le
critère principal. Il était déterminé grâce
à la tenue par le patient d’un journal de
bord rempli quotidiennement. Les cri-
tères secondaires d’efficacité incluaient
la consistance des selles, le moment de
la première exonération, les efforts éven-
tuels de défécation, la sensation d’éva-
cuation incomplète, la distension et les
douleurs abdominales, la qualité de vie
(par échelle visuelle analogique – EVA)
et l’efficacité globale (par EVA).
La tolérance était appréciée par la
recherche d’effets indésirables, indiqués
notamment sur le journal ou recherchés
par interrogatoire.
Au total, 270 patients ont été répartis dans
les quatre groupes (groupe 1 : n = 67 ;
groupe 2 : n = 66 ; groupe 3 : n = 70 ;
groupe 4 : n = 67). Ces groupes ne dif-
féraient pas entre eux pour les données
quantitatives et les caractéristiques
basales.
Efficacité
●La fréquence des selles a augmenté
de manière significative dans tous les
groupes de traitement (p = 0,0001). La
fréquence hebdomadaire des selles, ini-
tialement comprise entre 1,8 et 2,4 au
départ, est passée à 6,0 à 8,2 à la deu-
xième semaine, et à 6,2 à 7,8 à la qua-
trième semaine.
●Le temps écoulé entre la première
prise de traitement et la première exo-
nération était de 0,85 ± 1,14 jour pour
le groupe 1, de 1,38 ± 1,93 jour pour
le groupe 2, de 0,89 ± 1,17 jour pour
le groupe 3 et de 1,15 ± 1,39 jour pour
le groupe 4 (p = 0,1385).
Dans tous les groupes, la consistance
des selles s’est améliorée de façon
significative (p = 0,0001).
Le pourcentage des patients présentant
des selles de consistance normale était
significativement supérieur dans le
groupe 1 par rapport aux groupes 3 et
4 (p < 0,01) et dans le groupe 2 par rap-
port au groupe 3 à la semaine 4
(p < 0,05). Il y avait significativement
moins de selles semi-liquides à
liquides dans le groupe 1 par rapport
aux groupes 3 et 4 à la quatrième
semaine (p < 0,01).
●La qualité de vie s’est améliorée de
manière significative dans les quatre
groupes aux semaines 2 et 4 par rap-
port aux données initiales (p = 0,0001).
Tolérance
La tolérance a pu être appréciée sur
diverses données. Cinquante-cinq
patients ont interrompu le traitement
prématurément, dont 28 pour effets
indésirables, 11 pour échec du traite-
ment, 15 pour autres raisons ; un seul a
été perdu de vue. Soixante-neuf patients
ont présenté un ou plusieurs épisodes