La voie intraveineuse est la plus utilisée en postopératoire. Le diclofénac (Voltarène) et le
kétoprofène (Profenid) ont la même efficacité analgésique postopéraotire et les mêmes effets
secondaires.
Les AINS administrés par voie parentérale ont une durée d'action de 4 à 6 heures. Leur prescription
doit tenir compte de cette durée d'action et doit être reconduite de façon systématique et non "à la
demande". La voie orale ou rectale est aussi efficace que la voie parentérale (par voie orale le coût est
inférieur).
Les effets secondaires sont liés à l'inhibition des cyclo-oxygénases constitutives qui diminuent
l'agrégation plaquettaire, la filtration glomérulaire, qui fragilisent la muqueuse gastrique et qui
induisent une bronchoconstriction. Il existe avec l'emploi postopératoire des AINS un risque théorique
d'hémorragie digestive et au site opératoire. Cependant, la littérature suggère que s'ils sont
correctement utilisés (dose, durée d'administration limitée à quelques jours, respect des contre-
indications), les AINS n'ont pas un risque accru. Les AINS sont contre-indiqués chez les patients ayant
des anomalies préalables de l'hémostase, chez les insuffisants rénaux et cardiaques, chez les
cirrhotiques, chez les patients ayant des antécédents d'hémorragie digestive ou d'ulcère gastro-
intestinal, chez les asthmatiques, chez les patients avec une hypovolémie ou une infection grave. La
durée du traitement postopératoire doit être limitée à moins de quatre jours en évitant de reconduire
une prescription systématique en postopératoire. Dans la mesure où les effets secondaires dépendent
en partie de la dose, la posologie recommandée doit être respectée (inférieure à 300 mg.j
-1
pour le
képrofène souvent 50 mg.6 h
-1
et à 150 mg.j
-1
pour le diclofénac) et les doses doivent être diminutées
chez les patients âgés. Enfin, les infiltrations locales utilisant les AINS n'ont pas de supériorité
potentielle par rapport à l'administration parentérale.
Chez l'enfant, les AINS les plus utilisés sont l'acide niflumique (Nifluril) (AMM à partir de six mois)
par voie rectale à la dose unitaire de 20 mg.kg
-1
toutes les 12 heures (soit 40 mg.kg
-1
.j
-1
), ibuprofène
(Nurofen) (AMM à partir de six mois) en sirop à la dose unitaire de 10 mg.kg
-1
toutes les huit heures
(soit 30 mg.kg
-1
.j
-1
) et le diclofénac (Voltarène) per os ou rectal 2 à 3 mg.kg
-1
.j
-1
(AMM à partir de un
an).
Paracétamol
De très nombreux patients reçoivent du paracétamol en postopératoire à visée antalgique, administré
soit par voie orale (par voie rectale chez l'enfant) soit par voie intraveineuse sous forme de
propacétamol transformé en paracétamol par hydrolyse plasmatique. Il existe maintenant des études
pour affirmer que le paracétamol possède un effet antalgique postopératoire, qu'il réduit la
consommation de morphiniques et que l'association avec un AINS est plus efficace que l'emploi du
seul AINS. De même, la majorité des études conclut que l'association de la codéine au paracétamol
est plus efficace que la paracétamol seul. Ceci est mal démontré pour l'association
dextropropoxyphène-paracétamol.
Le paracétamol doit être utilisé préférentiellement par voie orale car la biodisponibilité y est
excellente. La supériorité analgésique que confère l'administration intraveineuse n'est pas évidente,
mais son coût est supérieur. Le paracétamol agit après un délai d'action de l'ordre de 30 minutes et
un pic d'effet après une heure environ, l'administration doit tenir compte de ce délai pour anticiper
l'apparition de douleurs postopératoires. Une administration intraveineuse en fin d'intervention
pendant 15 minutes est donc recommandée. L'administration en perfusion continue est déconseillée,
car elle ne permet pas d'atteindre des taux plasmatiques analgésiques. Le paracétamol doit être
administré à la dose de 4 g.j
-1
(8 g de propacétamol) chez l'adulte, 60 mg.kg
-1
.j
-1
(120 mg.kg
-1
de
propacétamol) chez l'enfant, répartie de façon systématique toutes les 6 heures. La préparation du
propacétamol peut provoquer un eczéma de contact chez le personnel soignant, le port de gants est
donc recommandé en l'absence d'utilisation d'un set de transfert.
Après une chirurgie mineure et peu douloureuse, le paracétamol peut être administré seul. Dans les
autres cas, il doit être associé à d'autres antalgiques.