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le 5 octobre 2016 N°43
LE CANARD DE L’ORGE
BULLETIN DE L’ASSOCIATION INTERCOMMUNALE DES NATURALISTES DU VAL
D’ORGE (A.I.N.V.O) et
DE LA SECTION NATURE de l'AMSL LA NORVILLE
ditorial :
C’est avec un grand plaisir que je vous présente ce
nouveau numéro du Canard de l’Orge
Ce journal nous permet une fois de plus d’approfondir
nos connaissances. Depuis le premier numéro, des
combinaisons de textes écrits par différents auteurs
nous permettent d’approfondir nos savoirs sur la
nature. Au cours de toutes ces années nous avons
constitué une bibliothèque sur la nature. Elle est
unique, elle nous ressemble et nous rassemble. Alors
continuons à nous étonner et lisons ces différents
articles.
Pour être au plus près de la nature et de nos futures
escapades vous pouvez également vous connecter sur
notre site (AINVO)
Bonne lecture à tous.
Daniel PRUGNE
Table des matières
- accouplements de gastéropodes
- Le coucou
- Poèmes : La Forêt
- Tourbières de Rambouillet
- l’oedicnème criard
- Poème : l’art
- Astro : Vénus
- Le faucon de l’Amour
Dates importantes à retenir
Les Forums
Film sur la Pomme
Brame du cerf
Rando à Fontainebleau
Fabrication de nichoirs et entretien
Soirées : corvidés, lichens…
Coordonnées :
Site : ainvo.fr
Mail : ainvo91@gmail.com
Tèl : 06 20 77 55 15
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Accouplements de gastéropodes
Dans l’embranchement des Mollusques, escargots et limaces font partie de la classe des Gastéropodes. Cet
article illustre quelques aspects parfois surprenants de leurs accouplements et modes de reproduction.
I - Reproduction des escargots
Les escargots appartiennent à différentes espèces parmi lesquelles on peut citer l’Escargot de Bourgogne
(Helix pomatia) très prisé des gastronomes, le Petit-Gris (Helix aspersa), lui-aussi fréquemment consommé
quoiqu’un peu moins apprécié que le précédent, et des animaux de plus petite taille comme les Escargots des
haies (Cepaea nemoralis) et des jardins (Cepaea hortensis) ou leurs cousins, les Hélices des bois (Arianta
arbustorum).
Les escargots ont la particularité d’être hermaphrodites, c’est-à-dire à la fois mâle et femelle mais les espèces
citées ci-dessus ne pratiquent pas l’autofécondation ; pour se reproduire, elles ont recours à l’accouplement
réciproque entre deux individus. Elles possèdent un appareil génital compliqué incluant des canaux mâles et
femelles ainsi que différentes glandes, poches et flagelles. Les gamètes mâles et femelles se différencient
cependant dans une même glande appelée glande hermaphrodite ou ovotestis ; les spermatozoïdes parviennent
à maturité avant les ovules : on dit qu’il y a protandrie.
Photo 1 : Escargots de Bourgogne (Helix pomatia). Position caractéristique : les partenaires se dressent,
pied contre pied. Les tentacules oculaires, très sollicités durant les préliminaires, sont bien visibles. Noter le
pneumostome (orifice respiratoire) dans le bourrelet palléal de l’escargot de gauche.
Prenons l’exemple d’Helix pomatia (Photos 1 à 3 et vidéo d’accouplement sur le site AINVO).
Dès que les conditions sont favorables (réchauffement printanier entraînant un temps doux et humide), on peut
observer de nombreux individus à la recherche d’un partenaire. Lorsque deux d’entre eux se rencontrent
commence une véritable parade nuptiale qui dure généralement entre 6 et 10 heures mais peut se prolonger bien
au-delà : ils approchent leurs têtes, se frôlent ; leurs tentacules s’effleurent, tentacules tactiles (les plus courts)
et tentacules oculaires (les plus longs portant un petit oeil noir bien visible sur la photo 3) ; les partenaires
s’éloignent, se rapprochent, prennent une position caractéristique, appuyés sur l’arrière de leur pied et dressés
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l’un contre l’autre, sole contre sole (le pied est l’organe musculeux assurant la locomotion chez les
gastéropodes ; la sole pédieuse correspond à sa surface inférieure, en contact avec le substrat lors des
déplacements) ; ils se séparent à nouveau et recommencent sans se lasser… Chaque individu tente de planter un
dard dans le corps de son congénère et, en même temps, il cherche à éviter de se faire poignarder lui-même.
Le dard calcaire (d’une longueur de 5 à 10 mm) est éjecd’une poche musculaire située en arrière de la tête et
planté brutalement dans le pied de l’autre.
Le fait de parvenir à cette étape ne signifie pas que l’accouplement ira à son terme. En effet, les échecs sont
fréquents, il n’est pas rare que le dard manque sa cible ou se casse ; par ailleurs, l’un des escargots peut
manquer de motivation, le couple se sépare alors. Si tout se passe bien, le travail préliminaire est suivi d’une
phase d’accouplement (entre 30 min et 2 heures) ; les deux partenaires se positionnent de sorte que leurs
orifices génitaux, situés en arrière de la tête, à la base du tentacule oculaire droit, soient face à face. La partie
proximale des appareils reproducteurs respectifs est alors dévaginée (le début de cette phase est bien visible sur
les photos 2 et 3) ; pénis et vagins s’accolent et il y a échange de spermatozoïdes, enveloppés dans de petits
sacs ou spermatophores. Les spermatophores de l’un sont acheminés vers le réceptacle séminal ou
spermathèque de l’autre, dans lequel leur paroi est dissoute et ils peuvent être stockés durant plusieurs
semaines ou même plusieurs mois. Lorsque les ovules sont parvenus à maturité, les spermatozoïdes gagnent le
carrefour des voies génitales mâle et femelle a lieu la fécondation. Une quinzaine de jours après
l’accouplement, 40 à 60 œufs, perles blanches et brillantes de 5 6 mm de diamètre, sont pondus dans un trou
creusé dans la terre. Dans la nature, Helix pomatia pond surtout en mai juin ; le développement embryonnaire
se déroule en quelques semaines (selon les conditions atmosphériques) et, à l’éclosion, les petits sont en tous
points semblables aux adultes.
Divers aspects de la reproduction des escargots restent obscurs.
Par exemple, le rôle du dard n’est pas totalement élucidé ; il aurait un effet stimulateur mais, grâce à des hormones
transportées par le mucus qui l’enveloppe, il semble aussi accroître le nombre et favoriser la survie des spermatozoïdes
transmis, augmentant ainsi les potentialités de fécondation. Le réceptacle séminal, lui-aussi, pourrait avoir plusieurs
fonctions dans l’activation des spermatozoïdes ou la résorption des excédents.
Des recherches en laboratoire ont permis de définir une technique d’élevage d’Helix aspersa qui est aujourd’hui
appliquée dans des « fermes hélicicoles ». Les mœurs de ces animaux ont donc été particulièrement observées.
En ce qui concerne la reproduction, elles sont semblables à celles de lEscargot de Bourgogne mais les partenaires ne
se dressent jamais pied contre pied. Les durées des étapes sont différentes ; la phase des préludes incluant frôlements,
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caresses et mordillements est souvent brève (45 min à 2 h) alors que l’accouplement s’éternise parfois jusqu’à une
dizaine d’heures.
Après 10 à 20 jours, chaque individu pond entre 80 et 120 œufs de 4 mm de diamètre environ. Les oeufs sont éjectés un
par un au niveau de l’orifice génital situé sur le côté droit de la tête, dans un trou préalablement aménagé dans la terre ;
la ponte est un lent processus qui peut prendre 24 à 48 heures. L’incubation dure entre 12 et 25 jours selon les
conditions de température et humidité. Dans la nature, deux à trois pontes se succèdent entre mai et octobre.
Photos 4,5 : Escargots des haies (Cepaea nemoralis). On distingue bien le dard, sorte d’aiguille
translucide, enfoncé sous le tégument de l’escargot de gauche.
Chez Cepaea nemoralis (Photos 4 et 5), la parade nuptiale est un lent ballet de plusieurs heures durant lequel
les partenaires sécrètent beaucoup de mucus ; chacun essaie de projeter son dard dans la zone antérieure du
corps de l’autre ; l’accouplement dure ensuite des heures durant lesquelles il y a échange de spermatophores.
Les Escargots des haies s’accouplent trois ou quatre fois au cours d’une année ; dans leur bourse copulatrice
peuvent donc coexister les spermatophores de plusieurs individus, ce qui favorise un brassage génétique. Les
œufs (3 mm de diamètre) sont pondus dans le sol ils se développent en 15 à 20 jours. Des comportements
similaires ont été observés chez Arianta arbustorum (Photos 6 à 8).
Photos 6,7,8 : Hélices des bois (Arianta arbustorum). Les escargots, placés tête-bêche ou côte à côte, font sortir par
leur orifice génital la région proximale de leur appareil reproducteur, afin d’échanger des spermatophores.
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II - Reproduction des limaces
Photo 9 : Accouplement de limaces rouges (Arion rufus)
Comme les escargots, les limaces sont hermaphrodites ; certaines se reproduisent par autofécondation alors
que d’autres pratiquent la fécondation croisée.
C’est le cas d’Arion rufus, l’une des espèces les plus communes dans les jardins et les forêts, dont la couleur
peut varier du rouge vif au noir. Elle vit de douze à dix-huit mois si les conditions sont favorables et se
reproduit au printemps et en automne.
Pendant les périodes de reproduction, elle signale sa présence à des partenaires potentiels par son mucus qui
libère des molécules odorantes. Ces limaces ne possèdent pas de dard ; les préliminaires à l’accouplement ne
durent pas très longtemps, une demi-heure à une heure durant laquelle les animaux tournent l’un autour de
l’autre, se frôlent, émettent du mucus… puis l’accouplement a lieu pendant une longue période d’immobilité ;
les corps arqués des limaces, en position opposée l’un par rapport à l’autre, forment un cercle à l’intérieur
duquel les organes génitaux dévaginés, amas translucide bleuté, s’accolent (Photos 9 à 11) ; le pénis de chaque
partenaire pénètre dans le vagin de l’autre et lui transfère son sperme encapsulé dans des spermatophores. La
symétrie notée dans le comportement et dans la position des animaux (Photo 9) lors de la copulation montre
que tous deux sont en phase mâle, c’est-à-dire que les gamètes mâles sont parvenus à maturité (protandrie)
alors que les éléments femelles n’ont pas achevé leur différenciation. Dans un délai de 15 jours à plusieurs
semaines après la copulation, chaque individu peut pondre jusqu’à 500 œufs par paquets de 10 à 50. Les œufs
légèrement ovales (4 x 5 mm) sont déposés, à raison d’1 toutes les 30 min, dans un trou creusé dans le sol ou
sous des feuilles mortes. En fonction des conditions environnementales, température en particulier, l’éclosion
intervient après un laps de temps variant entre 3 semaines et 3 mois. A la naissance, les petites limaces,
transparentes, ont une longueur de 2 à 5 mm.
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