La psychologie allemande du 19e siècle
Séminaire organisé dans le cadre de l’ANR FORMESTH « Esthétique et formalisme
esthétique en Europe centrale aux 19e et 20e siècles », avec l’aimable participation de
l’Institut National d’Histoire de l’Art (INHA)
Responsable : David Romand
Présentation
Dans ce séminaire, on se propose de reconsidérer l’importance de la tradition
psychologique allemande du 19e siècle et son rôle dans la constitution et le développement
des sciences humaines - au premier rang desquelles l’esthétique. On s’attachera ainsi à
montrer que la psychologie allemande de cette époque, loin de se résumer à une psychologie
« scientifique » et « expérimentale », « élémentariste » et « associationniste », correspond en
fait à un programme de recherche original et cohérent, parfaitement caractérisé au point de
vue épistémologique, théorique et méthodologique, très proche de celui du cognitivisme
contemporain. A cet égard, on montrera que la nouvelle « science de l’âme » proposée par les
auteurs allemands du 19e siècle a pu constituer, non seulement une source d’inspiration
majeure, mais un véritable « cadre épistémologique » pour les « sciences de l’esprit »
naissantes.
Le séminaire sera organisé en deux temps. Au cours des quatre premières séances, on
s’attachera à dégager les fondements et les principaux apports théoriques de la nouvelle
pensée psychologique germanique telle qu’elle s’est élaborée à partir du début du 19e siècle
avant de refluer brutalement dans la première décennie du 20e siècle. On passera tout d’abord
en revue les arguments permettant de justifier l’assertion en apparence provocante selon
laquelle les travaux psychologiques allemands du 19e siècle participent d’un paradigme
« cognitiviste » ; on s’intéressera ensuite à ces deux notions structurantes de la tradition
psychologique allemande que sont les concepts de représentation (Vorstellung) et de
sentiment (Gefühl), avant de montrer en quoi les psychologues allemands de cette époque ont
permis de renouveler radicalement la réflexion sur la conscience et l’inconscient ; enfin, on
abordera les principaux aspects de la « psychologisation » des sciences humaines qui s’est
opérée en Allemagne et en Europe à partir du milieu du 19e siècle.
Suite à ces séances propédeutiques, un certain nombre d’intervenants extérieurs
développeront la question du rapport entre psychologie allemande et sciences humaines
européennes entre 1850 et 1930 environ, plus précisément la question du lien entre pensée
psychologique et pensée esthétique. L’idée est de parvenir à mieux cerner les conditions et les
modalités des transferts nationaux et disciplinaires qui ont présidé à la psychologisation des
sciences de l’esprit, en insistant sur la place de la tradition psychologique allemande dans la