Barrages de retenue et marchés financiers. Comme les pauvres investisseurs ont pu le remarquer, investir en actions depuis 12 ans n’a pas été une partie de plaisir, tant nous avons été dans ce qu’il faut bien appeler des marchés baissant structurellement. Que les actions baissent de temps en temps pendant un ou deux, voila qui est parfaitement normal. Qu’elles baissent pendant 12 ans de suite, voila qui est plus surprenant. Historiquement des baisses aussi longues ne se sont produites que quand les gouvernements des grands pays faisaient erreur sur erreur et c’est à nouveau ce qui s’est produit depuis 12 ans… De fait, au début des années 2000, les gouvernements du monde entier ont décidé qu’ils convenaient d’enrayer la libre circulation des capitaux pour que les fonds disponibles soient investis en fonction des désirs de ces mêmes gouvernements et non pas en fonction de quelque chose d’aussi terre a terre que la rentabilité du capital investi, des profits attendus (pouah, quelle horreur !) ou des desiderata des marchés financiers (re pouah) , mais en fonction de l’intérêt général qu’ eux seuls bien sur savaient définir comme l’exemple de l’Union Soviétique l’avait amplement montré . Pour « bloquer » ces libres mouvements quatre outils ont été utilisés Aux USA, la banque centrale a quasiment continuellement maintenu des taux courts réels négatifs en pensant que des taux négatifs favorisent la croissance économique, ce qui est a peu prés aussi intelligent que de penser que pour créer des emplois il faut réduire le temps de travail. Des taux réels négatifs ne créent aucune croissance, amènent a une mauvaise allocation du capital (immobilier par exemple, hausses du pétrole et de l’or) et sont toujours suivis de graves crises financières et économiques. Le capitalisme ne peut pas fonctionner sans un cout du capital qui permet à la « destruction créatrice » d’avoir lieu. En tout état de cause, cette politique qui revient ce que plus personne ne puisse épargner en dollar a bien entendu fait s’écrouler le taux de change de la monnaie US à un niveau ou celui-ci est hyper concurrentiel au point que les USA ont maintenant un excédent de leur commerce extérieur hors pétrole et hors Chine de 2 % de leur PNB contre un deficit de 3% de leur PNB il y a 10 ans. De ce fait, ils exercent une pression déflationniste invraisemblable sur le reste du monde qui ne peut ni vendre aux USA, ni leur faire concurrence a l’extérieur tandis que les capitaux US restent bloqués a l’intérieur des USA par la sous évaluation de la devise sans pouvoir « irriguer « le reste du monde. Passons à la Chine qui est entrée dans l’OMC en 2002. Ce pays a pratiqué depuis une politique clairement mercantiliste pour dégager les énormes excédents extérieurs que l’on sait, ce qui est déjà dangereux mais les autorités Chinoises ont fait bien pire, hélas. Dans un système libre, comme il existe entre la France et les USA, si une société Française dégage un surplus vis-à-vis des USA, elle décide toute seule comme une grande de ce qu’elle va en faire. Le secteur privé Français enregistre un surplus qui est recyclé par le secteur privé en fonction des signaux qu’envoie le marché. Rien de tel en Chine. Les Dollars gagnés par le secteur privé Chinois sur le secteur privé Américain DOIVENT être envoyés à la banque centrale de Chine qui les prend et achète des obligations US ou Allemandes avec ces sommes. Ce qui veut dire que les sommes extraites du secteur privé Américain (ou Français ou Belge…) sont recyclées par le secteur public vers le secteur public, ce qui assure un financement des Etats a des taux défiant toute concurrence , a une hausse du prix de l’argent sur le secteur privé, a une baisse de la vélocité de la monnaie et peut amener en fin de parcours a une dépression économiques comme dans les années trente. Le troisième mécanisme mis en place pour empêcher la libre circulation des capitaux fut bien entendu notre Frankenstein financier favori, ce cher (oh combien !) Euro. La preuve en est que depuis sa création et surtout depuis le début de la crise grecque tout l’argent disponible se précipite en Allemagne ou en Suisse et que les masses monétaires s’écroulent en Espagne, en Italie et sans doute bientôt en France. Le quatrième mécanisme s’apparente a la recherche du bouc émissaire pour donner un os a ronger aux populations martyrisées par l’incompétence de leur personnel politique. Comme d’habitude, les banques feront l’affaire et les gouvernements se sont engagés dans un durcissement des règlementations touchant ces malheureuses victimes qu’il est convenu d’appeler « Bale 3 » Le banques en question, compte tenu de la taille de leur bilan, vont devoir lever dans les années qui viennent environ 550 milliards de dollars pour renforcer leurs fonds propres. Voila qui est impossible dans les marchés actuels. L’alternative est toute simple : les banques vont réduire massivement la taille de leurs bilans, ce qui fait que plus personne ne va plus prêter a plus personne. Brillant ! Si le but des autorités politiques de puis 10 ans était d’empêcher les capitaux de circuler librement le moins que l’on puisse dire c’est qu’elles ont fort bien réussi. Mais si les capitaux ne circulent pas, ils s’entassent et en général ils s’entassent dans des endroits ou ils se sentent à l’ abri pour attendre le retour de jours meilleurs. Si le lecteur veut bien imaginer que les gouvernements ont établie des barrages pour empêcher l’argent de couler librement, eh bien tout l’argent disponible dans le monde est aujourd’hui investi en amont tandis qu’en aval nous avons une sécheresse épouvantable. En amont nous trouvons le FS, certaines obligations d’Etat, l’Euro, l’or, l’argent métal etc…, En aval les marchés des actions un peu partout, les marchés obligataires douteux, le dollar US l’immobilier en Espagne, en Irlande ou au Portugal… Il va sans dire que si, sous la pression de l’eau l’un ou l’autre des barrages venait à sauter le prix relatif des actifs entre l’amont et l’aval changerait massivement Et la bonne nouvelle est bien sur que ces barrages vont sauter les uns après les autres (ou tous ensemble, ce qui serait passionnant) 1. Si Romney est élu (ce que je crois), le barrage US va sauter immédiatement 2. La Chine est en train d’ouvrir le compte capital de sa balance des paiements aussi vite qu’elle le peut. 3. Il est très possible que Bale 3 ne soit jamais appliqué tant ces nouvelles directives apparaissent comme idiotes et contre productives 4. Reste l’abominable Euro qui comme toutes les constructions technocratiques finira bien par disparaitre, mais cela passera sans doute par la révolte de l’un ou l’autre des peuples Européens (les Allemands ?) A mon avis donc, il est prudent de commencer à sortir doucement des valeurs situées en amont des barrages pour investir dans les valeurs massacrées en aval. Rien ne presse pour l’instant, mais si monsieur Romney est élu, alors, il faudra le faire à toute vitesse Le libéralisme et la morale par Milton Friedmann [youtube]http://www.youtube.com/watch?v=DJV6wufQFgA[/youtube] Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur les indices boursiers sans jamais oser le demander Par Charles GAVE Président de l’Institut des Libertés: Si je ne devais dire qu’une chose:“Se méfier des Indices et de la gestion Indicielle” Depuis des années, je peste contre la gestion indicielle et contre les faux messages qu’envoient les indices sur la réalité de la bonne ou mauvaise santé des sociétés qui les composent. Une fois de plus, je vais y revenir et pour ce faire je vais procéder en deux étapes. Je vais d’abord montrer de façon visuelle en utilisant un graphique l’étendue du problème. Ensuite je m’efforcerai d’expliquer pourquoi la gestion indicielle est une monstruosité économique et amène a chaque fois à de graves ”bear markets ». 1/L’étendue du problème Standard & Poors a bâti l’indice de référence pour la bourse de New-York, communément appelé le S&P 500, puisqu’il contient 500 valeurs. Cet indice est calculée en fonction de la capitalisation boursière de chaque société, c’est-à-dire que les plus « grosses » societes représenteront 2 % à 3 % de l’indice alors que les moins grosses pourront ne représentera que 0.1 % ou 0.2 %, voir moins du même indice. Fort heureusement, S&P publie aussi un indice des mêmes 500 sociétés ou chacune des valeurs représente à tout moment 1/500 de l’indice. Exactement les mêmes valeurs sont donc présentes dans les deux indices, la seule différence étant la prise en compte ou non de la capitalisation boursière à tout moment. Voici le graphique des deux indices depuis 1999 Si l’on en croit l’indice pondéré, la bourse de New-York n’a rien fait depuis plus de 10 ans , ce qui nous inciterait à penser que les sociétés Américaines, et donc l’économie US, connaitraient de graves problèmes. En revanche, si nous prenons les mêmes 500 sociétés et calculons un indice ou chacune des valeurs représentent 1/500 de l’indice, nous voyons que l’indice est en hausse ininterrompue depuis 1999 et à presque doublé.Il est donc tout a fait évident que la grande majorité des sociétés US vont bien, toute tentative pour m’expliquer le contraire se vera opposer le dit graphique. Reste une question : Comment expliquer une telle différence alors que les deux indices ont exactement les mêmes composantes ? Assez simplement. A la fin d’une grande hausse « thématique » comme nous en avons connu avec la bulle Internet, les valeurs du thème à la mode représentent une part disproportionnée de l’indice et donc celui qui l’achète perd en quelque sorte le bénéfice de la diversification. Il se met à avoir un portefeuille concentré dans les valeurs qui ont le plus monté et qui donc vont sans doute le plus baisser … Ce qui nous amène au deuxième point 2/Le désastre intellectuel représenté par l’Indexation Les marchés financiers ont un but et un seul : Mesurer la rentabilité marginale du capital qui a été confié à chaque société . Si cette rentabilité est satisfaisante et en hausse, il faut détenir la valeur, sauf si son cours est ridiculement sous évalué. Dans le cas contraire, il faut vendre. Or , ce n’est pas du tout en fonction de ce critère qu’un indice pondéré fonctionne. Imaginons que nous soyons en France et que le gouvernement décide d’introduire en bourse la Poste. Cette affaire aurait sans nul doute une énorme capitalisation boursière et chaque gérant dont la performance relative est mesurée contre l’indice Français se retrouverait OBLIGE d’acheter la Poste et de la mettre dans son portefeuille quelque soit la rentabilité et les perspectives du monstre en question. En termes simples, la gestion indicielle pondérée par la capitalisation boursière dirige le capital en fonction non pas de la rentabilité et de la valorisation, mais en fonction de la taille de la capitalisation boursière, ce qui revient a dire que les « gros » ont accès au capital et pas les petits, ce qui est une forme de socialisme et rien d’autre. Qui plus est, plus une valeur monte, plus il faut en avoir, ce qui revient à avoir une gestion basée sur le « momentum » et non pas sur le retour à la moyenne.Pour faire simple, plus une valeur s’écarte de son cours d’équilibre en montant, plus il faut en avoir, ce qui est proprement idiot, le contraire étant vrai également. Bref, la gestion indicielle, inventée par des capitalistes dans le temple du capitalisme, Wall Street, est une incroyable stupidité garantissant une mauvaise allocation du capital sur le moyen terme et donc garantissant aussi des alternatives de marchés haussiers et baissiers qui apparaissent au non spécialiste comme n’ayant ni rimes ni raisons ( à juste titre). Prenons un exemple actuel: Cela fait quatre ans que je dis aux fideles lecteurs ( NDLR Dans ’Investir/ le JDF) de n’avoir aucune banque ou aucune compagnie d’assurance dans leurs portefeuilles (voir nombre d’articles précédents), en raison du désastre qui s’annonçait avec l’Euro.Ces valeurs représentaient il a y quatre ans plus de 30 % de l’indice Français. Le gérant qui aurait eu les 70 % restants aurait très bien fait.Malheureusement, nombre de gérants ont l’interdiction formelle de s’écarter sensiblement de l’indice contre lequel ils sont mesurés et ont donc ramassé une énorme culotte, SANS POUVOIR RIEN FAIRE. Peut on imaginer système plus idiot pour la gestion de ce bien rare entre tous qu’est le Capital ? Conclusion L’économie et les sociétés Américaines vont bien et il en est de même de nombre de sociétés françaises qui ont peu à voir avec toutes ces idées stupides allant de l’indexation à l’Euro en passant par la théorie moderne des portefeuilles ou celle du marché efficient et qui sont véhiculées par une classe bancaire, administrative et politique dont la suffisance intellectuelle n’a d’équivalence que leur incompétence. Il faut se souvenir quand on fait de la gestion de ce que disait Montesquieu « J’aime les gens de mon village qui n’en savent pas assez pour raisonner de travers ».Il faut laisser tomber toutes ces théories modernes et fumeuses et gérer son argent soi même en n’achetant que ce que chaque lecteur comprend , et rien d’autre. Les résultats suivront… Le marché libre pour les dummies par Milton Friedman [youtube]http://www.youtube.com/watch?v=-FbZizIT2oA [/youtube] Il est peut être temps de dire « Auf Wiedersehen »? *Par Anatole Kalentsky Maintenant que les élections législatives grecque sont passées, les partis pro-renflouement ont semblent- t-il acquis assez de sièges, l’Europe peut ainsi revenir à son cycle régulier de « panique, soulagement, déception et panique renouvelée », que nous avons observés pour les deux dernières années. Cette fois, cependant, le point de relais devrait être encore plus court que d’habitude, puisque l’attention du marché va bientôt passer d’Athènes à Madrid, Paris et, surtout, à Berlin. Puisque l’on sait que la Grèce n’a aucune chance d’atteindre ses objectifs financiers, le nouveau gouvernement devra bientôt concéder d’importantes nouvelles avancées à la troïka. En supposant que l’Allemagne résiste à de telles concessions, ainsi qu’à celles beaucoup plus importantes qui seront bientôt exigées pour l’Espagne, la contradiction fondamentale du projet euro sera de nouveau en ligne de mire. Une monnaie unique ne peut être maintenue au sein d’une union budgétaire et politique que si l’on concède de mutualiser et de monétiser la dette, chose que l’Allemagne refuse de concevoir Si cette situation persiste, alors deux choses peuvent se produire. Les pays débiteurs pourraient se résigner à la dépression permanente et la faillite car ils sombreront alors davantage dans les trappes à dette et les crises de style grec, qui finiront par les pousser hors du systéme € un par un. Ou bien les opprimés pourraient choisir de se retourner contre l’oppresseur allemand. Au lieu de laisser l’Allemagne imposer sa philosophie économique et politique sur la Grèce, l’Irlande et le Portugal et dans un avenir proche sur l’Espagne, l’Italie et probablement la Franceles pays du Club Med pourraient s’unir et imposer leur philosophie économique à l’Allemagne.Car, après tout, chaque jour qui passe en est la preuve criante car il apparaît de plus en plus clairement, et surtout depuis l’élection française, que le problème pour l’euro, n’est pas la Grèce , l’Espagne ou l’Italie mais bien l’Allemagne. Cette même Allemagne qui insiste pour convaincre les pays de la nécessité de l’austérité budgétaire, rendant ainsi intolérables les conditions politiques pour les pays débiteurs. C’est bien L’Allemagne qui bloque de son veto l’assouplissement quantitatif de la BCE qui pourtant pourrait plafonner les rendements obligataires et ainsi soulager les pièges de la dette déflationniste. Et c’est l’Allemagne à nouveau qui décourage la dévaluation de l’euro face au dollar (ce qui pourtant relancerait les exportations) et refuse même de défendre ses propres politiques nationales en matière budgétaire. Supposons en cas d’école,qu’ Angela Merkel refuse toujours de faire des compromis sur la mutualisation de la dette ou sa monétisation par la BCE lors d’une crise politique. La réponse évidente des autres pays de la zone Euro devrait alors être de souligner que l’Allemagne est devenue l’obstacle à une résolution de la crise euro. On pourrait alors être en droit de demander à Mme Merkel ,une dernière fois, de respecter les décisions majoritaires nécessaires à la survie de l’euro et conformes à l’intérêt du plus grand nombre de ses membres. Si elle refuse de le faire, l’Allemagne pourrait alors être remerciée. Si Mme Merkel refuse alors de rentrer dans le rang ou de quitter volontairement l’euro, les autres pays pourrait alors facilement la désavouer en créant des conditions qui seraient inacceptables pour le public allemand. Le moyen le plus évident de le faire serait de voter au sein de la BCE un assouplissement quantitatif illimité pour la monétisation de la dette. L’opinion publique allemande devrait certainement s’opposer à cela, mais ils ne pourraient l’empêcher parce que l’Allemagne ne dispose que de deux voix au Conseil de la BCE-et même en supposant le soutien de l’Autriche, la Finlande, les Pays-Bas et la Slovaquie, la faction allemande ne détient que 6 voix sur de 23 ans. Si les deux représentants Allemands de la BCE ont été contraints de démissionner en signe de protestation (encore!), il est facile d’imaginer l’opinion publique allemande devant ce scénario envisagé plus haut. Un DM nouveau pourraient être rapidement émis par la Bundesbank et, tandis que les banques et compagnies d’assurance allemandes devraient subir des pertes importantes en raison d’une inadéquation entre leurs actifs en euros et leurs nouveaux D-Mark passifs, elles pourraient facilement être recapitalisée par un gouvernement soudainement libéré de des passifs éventuels imposé précédemment par le reste de la zone euro. Ce scénario de rupture de la zone euro aurait au moins le mérite d’être le moins perturbateur pour l’ensemble comparé à un scénario de «panne» causée par la dévaluation de la Grèce ou l’Espagne. Dans le cas d’une réévaluation allemande, il n’y aurait pas de contagion ou la fuite des capitaux, comme cela serait le cas si la Grèce, puis l’Espagne, puis l’Italie et la France sont éliminées de la zone euro un par un. Il n’y aurait pas des poursuites par les créanciers mécontents. Le scénario le plus protecteur, à la fois le cadre juridique et du point de vue économique serait donc de conserver l’euro existant et grâce à un retrait allemand de survivre en tant que monnaie pour les autres pays de la zone euro. Avec l’Allemagne en dehors de l’Euro, la France, l’Italie et l’Espagne pourrait rapidement se dévaluer un chemin vers un retour à la compétitivité au sein de l’Europe et aussi au niveau international, en encourageant les nouveaux euros à dévaluer aussi rapidement face au dollar, au yen ou au yuan. Sans opposition allemande, la BCE pourrait imiter la Fed et la Banque d’Angleterre, et acheter des obligations sans limite de manière à réduire les taux d’intérêt à long terme. Et si l’assouplissement quantitatif produit un euro encore plus faible ou même crée de l’inflation, tant mieux, car les pays de la Zone Euro méditerranée ont toujours compté sur la dévaluation afin promouvoir la croissance des exportations et sur l’inflation pour éliminer les dettes. On ne change pas des équipes qui gagnent. D’autre part, à l’international, un éclatement de l’euro causé par le départ de l’Allemagne serait très favorable pour tous les actifs à risque mondiaux, à l’exception évidente de l’exportation allemande et des valeurs bancaires. Les obligations allemandes devraient également subir des pertes énormes, puisque le gouvernement allemand pourrait décider de rembourser ses obligations en euros hérités du passé, plutôt que de relibeller toutes ses obligations en nouveau DM. Pour un gouvernement qui a choisi e fiancer des centaines de milliards sur la recapitalisation de ses banques pour les pertes qu’elles ont subies en France, en Espagne et en Italie, il serait tentant de pendre haut et court les détenteurs d’obligations étrangères, plutôt que de leur offrir une manne de devises supplémentaires. Traduit de L’anglais. Source Gavekal “it might be time to say “Auf Wiedersehen”? *Anatole Kaletsky (né Juin 1, 1952) est un journaliste et économiste basé au Royaume-Uni. Il est rédacteur-at-Largeet principal commentateur économique du Times, où il écrit une colonne trois fois tous les quinze jours sur l’économie, la politique et les marchés financiers.Il a été nommé commentateur du journal de l’année dans le prix ”BBC What the Papers Say” pour 1996. Il a reçu deux fois le Prix de la presse britannique pour Writer Spécialist de l’année, a remporté le prix pour le journalisme économique Wincott administré par l’Institut des affaires économiques, et le Premier Cernobbio-Prix de l’Europe. Il a été conseiller économique depuis 1997, fournissant des analyses et des conseils stratégiques d’allocation d’actifs aux institutions financières, les entreprises multinationales et les organisations internationales par le biais de son entreprise, GaveKal, qui est co-exécuté avec Louis et Charles Gave. Il a été élu au Conseil d’administration de la Royal Economic Society en 1998. Les libéraux peuvent-ils gober l’hameçon de la droitisation ? La plus belle preuve que cette histoire de droitisation est louche, c’est qu’on n’a jamais entendu personne parler de la “gauchisation” du parti socialiste. Contrairement à ce que dit le PS, pour l’UMP la question n’est pas de préférer le FN au PS, mais de refuser de considérer comme allant de soi les alliances du PS avec l’extrême-gauche. En effet, tandis que le discours du FN a baissé d’un cran, celui de Jean-Luc Mélenchon en a franchi un par rapport aux communistes d’hier. « La plupart des commentateurs s’accordent à dire que la droite parlementaire est engagée dans un processus de droitisation », affirme un libéral. Ce propos se laisse dicter son vocabulaire par la gauche. En réalité, la droite est forcément parlementaire. Il n’y a pas une droite parlementaire et une droite factieuse. Il y a une droite tout court et une extrême-droite qui se revendique comme un mouvement populiste. Ce propos use également d’un argument d’autorité que les libéraux doivent récuser. Ce n’est pas parce que la plupart des commentateurs s’accordent à dire quelque chose que cela constitue une vérité. A moins d’admettre que le keynésianisme de Roosevelt a sauvé l’Amérique de la crise de 1929, ou que la crise de 2008 est due aux ultra-libéraux. Ce n’est pas parce que cette dernière proposition est assénée par la plupart des commentateurs, en l’occurrence de gauche ou sous la coupe de la gauche, qu’elle est exacte. Elle est même absurde, sachant la posture archi-minoritaire qu’occupent les ultra-libéraux dans les sphères du pouvoir politique, économique ou intellectuel. Les orthodoxes ne couvrent quand même pas tout le champ ! Une anecdote illustre ce fantasme de la toute-puissance, dans le champ académique, des économistes libéraux, dits orthodoxes par les altermondialistes. Un interviewer, pourtant favorable, d’un universitaire d’extrême-gauche ne put s’empêcher de lui objecter avec scepticisme : « les orthodoxes ne couvrent quand même pas tout le champ ! ». Que l’extrême-gauche ait des visions sur l’influence des ultra-libéraux montre bien à quel point elle peut en avoir également sur l’influence de l’extrême-droite dans la vie politique française. Raymond Aron savait cela, qui fonda la revue Contrepoint pour résister à la déferlante des idéologies de 68. Et on pourrait multiplier les exemples de parti-pris des commentateurs actuels. Ils sont plus cléments envers l’extrémiste Hugo Chavez qu’envers le président tchèque, un libéral qui les insupporte à cause de son euroscepticisme. Ces partis-pris renseignent davantage sur la partialité des commentateurs français que sur la réalité dont ils prétendent rendre compte. Constamment caricaturés comme des irresponsables fourriers de la loi de la jungle, les libéraux sont tentés de se rendre à Canossa, de faire amende honorable, de montrer patte blanche aux commentateurs, de hurler avec les loups en faisant de la droite une coupable toute trouvée et de crier haro sur le baudet d’extrême-droite. A l’inverse, il leur arrive de penser qu’il y a systématiquement anguille sous roche et qu’il faudrait se servir d’un vote Front national pour secouer le cocotier des préjugés établis. Ils sont ainsi pris en tenailles entre tentations bayrouiste et lepéniste. François Bayrou, lui, souffre du syndrome de la « stirnisation », du nom du politicien des années 1970 Olivier Stirn, rare cas de dérive de droite vers la gauche, autrement appelé sinistrisation. Les libéraux qui ont joué la carte électorale du bayrouisme en sont pour leurs frais. Ils ont parié sur celui-ci pour échapper à la ghettoïsation, et voilà qu’il les mène dans l’impasse de scores folkloriques aux législatives. La tentation est donc grande, comme chez les chiraquiens, de désigner un bouc émissaire nommé droitisation de l’UMP au détriment des idées libérales. En collaboration avec Contrepoints et tous nos remerciements Marc Crapez, docteur en droit, est chercheur en science politique associé à Sophiapol (Paris-X). Auteur de nombreux articles scientifiques et tribunes de presse, il a publié plusieurs livres dont “Défense du bon sens ou la controverse du sens commun” (éd. du Rocher, 2004), et une défense du libéralisme et de la rationalité des conduites en économie : “Un besoin de certitudes. Anatomie des crises actuelles” (éd. Michalon, 2010). Il tient un blog sur http://fr-fr.facebook.com/pages/Marc-Crapez/188575747852794 Retrouverons-nous jamais le plein emploi ? Par Olivier Meresse L’idée qu’un taux de chômage élevé est un nécessaire tribut payé à la modernité s’installe peu à peu dans la société française. Surprenante à plus d’un titre, cette croyance s’appuie probablement sur la persistance d’un fort pourcentage de chômeurs dans notre pays depuis le début des années 70. Les justifications fournies durant une quarantaine d’années par nos dirigeants politiques ont pourtant fini par s’imposer, relayées par des commentateurs de la vie publique peu soucieux de leur porter la contradiction. Les travailleurs immigrés, les robots, les Chinois ou les financiers se sont ainsi succédé pour en endosser tour à tour la responsabilité. Le chômage reste ; seules les causes varient… De plus savants que nous ayant déjà, en cette matière, démonté tous les mensonges et démontré toutes les vérités, nous nous efforcerons plutôt ici d’aligner quelques évidences qui nous paraissent faire trop souvent défaut dans le débat public. Tant que tout n’est pas parfait, il y a du travail C’est bien là la première de toutes les évidences. On ne travaille pas que pour le plaisir de travailler. On travaille pour résoudre des problèmes, apporter des solutions, anticiper des désirs. Aussi, tant que subsistera cette petite coulure de peinture dont l’apparence disgracieuse souille le tuyau du radiateur qui jouxte votre bureau, et quelque discrète qu’elle puisse être, il restera un travail à accomplir. Et quand elle sera gommée, il faudra encore faire disparaître le tuyau luimême, ou inventer un nouveau radiateur pour remplacer ce nid à poussière d’un autre âge, et notre acuité aux disgrâces qui nous entourent ne connaît aucune borne, tout désir satisfait laissant émerger de nouvelles insatisfactions. Du travail il y en a donc. Ce doit être l’argent qui manque. Navré d’aborder si tôt les sujets qui fâchent mais la taxation des revenus du travail est fort peu incitative. Sur un salaire minimum et sans impôt sur le revenu, les seules charges (charges salariales et charges dites abusivement patronales, puisqu’elles aussi sont payées au prorata des salaires versés) représentent déjà plus de la moitié de la part laissée au travailleur (on voudrait donner des chiffres, on ne le peut pas : les charges sur le salaire minimum varient suivant les branches d’activité et les zones géographiques). Dès lors, de nombreux travaux qui trouveraient preneurs sont abandonnés à la rouille ou au stade de l’esquisse. Quant au salaire minimum, le nombre de stagiaires et de statuts dérogatoires (contrats d’apprentissage, de professionnalisation, en alternance, etc.) ayant franchi en France les limites du défendable, nous ne le défendrons pas. Taxer le travail et rémunérer l’oisiveté : un pari audacieux Les différentes aides : allocations de chômage ou revenus minima, aides au logement, allocations familiales, versements et avantages divers sous conditions de ressources, secours municipaux, etc. permettent à bien des foyers de vivre ou de survivre sans travailler. Ou plutôt en fournissant un travail peu utile à leurs contemporains et assez peu gratifiant : faire la queue dans des administrations publiques, remplir des formulaires, contacter des services sociaux, geindre… Si en taxant le travail et en rémunérant l’oisiveté nous n’obtenions pas du chômage, ce serait sans doute le signe d’une dégénérescence irréversible des cerveaux humains. Aussi, félicitons-nous de ce fort taux d’inactivité qui frappe la France : ce qui est désolant du point de vue économique est très rassurant du point de vue biologique. La matière grise n’est toujours pas atteinte. Au plan génétique s’entend. Le clonage d’hommes nouveaux n’est encore qu’un projet. Il n’est bien sûr pas question de taxer les chômeurs pour subventionner ceux qui travaillent, mais entre cette proposition outrancière et la situation actuelle nous disposons d’une marge confortable. La charité participe de la noblesse de nos civilisations et il est bien naturel de tendre la main à ceux qui connaissent un passage difficile ou de soutenir ceux dont la naissance est marquée par le malheur. C’est l’érection d’un système vicieux et inique que nous fustigeons bien plutôt que ce qu’il laisse intact de notre part d’humanité. Et, à condition d’être libres et concurrentielles, les assurances sont une des plus louables réalisations du marché. Si nous cessions de tout mettre cul par-dessus tête, les demandeurs d’emploi redeviendraient des offreurs de travail. Un pâtissier n’est pas un “demandeur de gourmandise”. C’est à lui que revient le devoir de proposer des gâteaux appétissants, de faire saliver les passants, de fidéliser ses clients. Le demandeur d’emploi est un objet social ; l’offreur de travail est propriétaire de luimême, comme un adulte, libre de choisir son salaire ou ses horaires. Le statut de profession libérale ou d’entrepreneur devrait d’ailleurs nous être donné de naissance, du simple fait d’être Français, et c’est le salariat qui devrait être une exception contractuelle à ce statut d’individu libre. Le salariat est d’une certaine façon un double esclavage, en effet, le salarié n’ayant pas le droit de travailler en même temps pour un concurrent, et son patron n’ayant pas le droit de le licencier abruptement. Le salariat ou les droidloms, il faut choisir. Le plein emploi exige le plein dividende Nicolas Bruni, notre bien-aimé président, proposait récemment de partager les dividendes en trois parts égales : un tiers pour les salariés, un tiers réinvesti automatiquement dans l’entreprise, et enfin le dernier tiers généreusement concédé aux actionnaires (c’est très gentil d’avoir aussi pensé à eux ; il n’y était pas obligé). Tout le débat public a porté sur les pourcentages : un tiers, un cinquième, un quart ? chaque famille avait sa recette et souhaitait la promouvoir. Ce projet inepte nous aura pourtant donné la chance d’entendre Jean-Marc Daniel, dans sa chronique radiophonique matinale On redécouvre la Lune1, nous rappeler que le débat avait déjà eu lieu en 1966-67 lorsque le Général avait instauré “la participation”. Tout le monde était contre pour des raisons variées et le dispositif passera par ordonnance. Ainsi, les syndicats de salariés s’y opposaient par refus de la “collaboration de classes”. Plus intéressant : les patrons de l’époque, manifestement moins décérébrés que ceux d’aujourd’hui sur le plan politique, arguaient que le dispositif serait contre-productif parce qu’il aurait pour effet d’amoindrir les profits, donc l’investissement et la croissance, quand cette dynamique de la croissance est la meilleure alliée du pouvoir d’achat des salariés. Les salaires augmentent plus du fait de la concurrence que les entreprises se livrent à l’embauche que du fait des luttes syndicales pour leur revalorisation. L’offre de travail répond, elle aussi, qu’on l’accepte ou qu’on le déplore, aux lois du marché, et un taux élevé de chômage ne peut que faire baisser les salaires. Les choses sont liées : plus d’investissement c’est plus d’activité, donc moins de chômage et de meilleurs salaires. Libre à chaque salarié d’investir alors son revenu dans les actions de son choix, celles de son entreprise comme celles d’un concurrent. Concernant la diminution du chômage, la marche à suivre est donc très claire : supprimer la participation et baisser l’impôt sur les bénéfices. Plus on se rapprochera de l’idéal de 100 % des dividendes laissés à la discrétion des actionnaires et mieux l’emploi se portera, c’est certain. La spéculation n’a rien de nocif, mais de meilleurs dividendes rééquilibreront à la baisse sa part dans les placements. Licencier est la dynamique même de toute entreprise, une de ses fonctions les plus essentielles C’est la croissance des entreprises d’une part, et la multiplication des entreprises d’autre part, qui font l’emploi. Mais chaque entreprise, prise séparément, s’efforce de faire plus avec moins. Tel atelier qui fonctionne aujourd’hui avec sept ouvriers fonctionnera l’an prochain avec seulement cinq personnes, dont certaines moins expérimentées. On ne s’en rend pas toujours compte car les entreprises qui fonctionnent bien se développent et continuent d’embaucher, mais la fonction la plus importante de l’entreprise, son job number one, c’est de licencier. Si elle ne fait pas en permanence ce travail d’ajustement ou d’élagage, ce seront ses concurrents qui le feront à sa place, et plus douloureusement puisque cela conduira l’entreprise à arrêter l’activité qui n’est plus concurrentielle ou même à fermer. 1 BFM Business, 3 mai 2011 Comme il n’est pas si simple de trouver des gens compétents, qui comprennent les tenants et les aboutissants de votre activité, qui connaissent le trajet de chez eux à votre usine, qui supportent les manies de vos autres collaborateurs ou qui adhèrent à l’esprit de la maison, l’intérêt des entrepreneurs est le plus souvent de réaffecter les personnes libérées par ces gains de productivité. Cette “destruction créatrice” a été rendue manifeste par Joseph Schumpeter : « […] processus de mutation industrielle – si l’on me passe cette expression biologique – qui révolutionne incessamment de l’intérieur la structure économique, en détruisant continuellement ses éléments vieillis et en créant continuellement des éléments neufs. Ce processus de destruction créatrice constitue la donnée fondamentale du capitalisme : c’est en elle que consiste, en dernière analyse, le capitalisme et toute entreprise capitaliste doit, bon gré mal gré, s’y adapter. »2 Lecteur attentif et revendiqué de Schumpeter, Geoffroy Roux de Bézieux rappelait récemment à une tribune qu’il n’y avait pas d’économie dynamique, en croissance et créatrice nette d’emploi qui ne détruise au minimum — condition nécessaire mais non suffisante, soulignait-il — 15 % de ses emplois chaque année. Les très grandes entreprises, celles qui faisaient la croissance des décennies passées, licencient généralement plus qu’elles ne recrutent. Les activités d’aujourd’hui ou de demain présentent un solde positif, mais c’est une illusion d’optique qui ne doit pas nous empêcher de voir qu’elles débauchent, elles aussi, à tour de bras. Rien n’est donc plus contraire à la croissance et ne peut nuire davantage à l’emploi que d’ « interdire les licenciements ». La sécurité des uns fabrique mécaniquement la précarité des autres Lorsque le personnel de l’Etat, toujours très joueur, nous fabrique une nouvelle crise monétaire, nous ne la recevons pas tous de la même façon. Certains bénéficient de la sécurité de l’emploi. Ils ne peuvent être licenciés et même leurs revenus sont garantis. Mais il faut bien pourtant que cette crise se traduise à un endroit ou à un autre par un effet donné. Il faut bien qu’elle soit absorbée quelque part. Quand le salaire du clown des rues ou de l’agent d’ambiance est budgété, et donc reconduit d’années en années, ou que les jardiniers de nos squares continuent de planter, d’arroser, de tailler comme s’il ne s’était rien passé, que rien ne se passait, comme s’il ne se passerait jamais rien d’autre que le doux rythme des saisons, c’est bien parce qu’ailleurs la misère se répand, que des gueux meurent de froid et que des enfants pleurent. En cas de crise, qui paie la note pour ces tripotées de hauts fonctionnaires, pour ces kyrielles de revenus garantis, pour ces myriades de budgets irrécusables ? En premier lieu tous ceux qui ont pris des risques qui se sont révélés moins profitables qu’anticipé. Pour bénéficier du talent et des exploits d’un Zidane, il faut que beaucoup de gamins doués embrassent la carrière de footballeur. Zidane a procuré du travail à beaucoup de gens : chez les fabricants de vignettes ou les vendeurs de T-shirts, à la télévision ou dans ses clubs, chez les buralistes ou les brasseurs. Et il a tiré luimême un bon revenu de cette richesse qu’il a engendrée. Mais c’est un choix de carrière très risqué. Il aurait pu être au final moins habile, ou se faire casser par Gillhaus ou Koeman en défense. Il n’y aura pas d’emplois pour les uns si les autres n’innovent pas (la roulette pour Zidane…). Les carrières de ceux qui prennent des risques ne peuvent pas être linéaires. Ils peuvent gagner beaucoup les années fastes et subitement plus rien. Les carrières sans accidents sont d’ailleurs de plus en plus rares. La progressivité de l’impôt est un des pires freins à la prise de risque et une des pires calamités pour tous ceux qui connaissent des vies professionnelles en dents de scie. Puisqu’il est un peu tôt pour rêver à un impôt de capitation ou mieux encore à la disparition de tout impôt, l’instauration d’une flat tax permettrait déjà de ne pénaliser ni les uns ni les autres. Que davantage de rentiers laissent la place à ceux qui ont besoin de bosser ! Comme nous le disions plus haut, du travail il y en a. Faut-il s’en réjouir ? Les anciens Grecs tenaient le travail en piètre estime, trouvant plus nobles la méditation et la contemplation. C’est le 2 Joseph Schumpeter, 1942, Capitalisme, socialisme et démocratie christianisme, particulièrement dans sa version réformée, qui fera du travail une valeur suprême. Le socialisme s’en emparera dès l’origine pour en faire un dénominateur commun et égalitariste du collectif social d’individus-fourmis. Nous en sommes là et, chaque matin, c’est au nom de cette idéologie que des nuées de fonctionnaires prennent le métro pour aller faire un travail que d’autres, aussi nombreux, devront aussitôt défaire. L’euthanasie des rentiers, chère à Keynes, a eu pour conséquence d’envoyer au turbin bien des personnes prêtes à céder leur place. L’impôt sur la fortune ou sur le capital fait du bien aux aigris et aux envieux mais il avive la concurrence à l’embauche et fait grossir les statistiques du chômage en plus d’assécher le capitalisme. Et nous manquons en France de business angels et de venture capitalists. Passer d’un système de retraite par répartition à un système de retraite par capitalisation est une des voies qui nous permettraient de reconstituer un vivier de rentiers. Avant de se partager des richesses, il faut les créer, ce que seules peuvent faire des entreprises privées vendant des produits ou des services concurrentiels sur des marchés libres. La liberté engendre la richesse puisqu’elle laisse aux individus le soin de choisir ce qu’ils préfèrent : aller là où il y a de quoi manger par exemple, ou échanger des biens ou du travail avec d’autres individus libres. La contrainte exercée par un pouvoir engendre tout aussi automatiquement la misère puisqu’elle force des individus à faire autre chose que ce qu’ils auraient fait s’ils avaient été libres. Ainsi, toute somme qui chemine par le fisc fabrique de la misère puisqu’en plus du coût du cheminement lui-même, elle implique un coût d’opportunité : même très judicieusement investie, elle ne l’est jamais là où elle l’aurait été par son propriétaire légitime et cette perte, même infime (elle ne l’est pas souvent) est enregistrée pour tous. Bien mal acquis ne profite jamais : ni au voleur ni au volé ni à personne d’autre. Pierre Bessard l’a très bien formulé : « Un marché, qui ne traduit rien d’autre qu’un ensemble de relations contractuelles librement consenties, ne peut, par définition, être défaillant. Un marché est toujours fondé puisqu’il reflète les choix des parties contractantes : que celles-ci acceptent de conclure l’échange en est une preuve suffisante. »3 Puisqu’il n’y a pas de défaillance du marché, c’est donc toujours dans ce qui prétend l’encadrer que nous devons chercher la source des calamités que nous aurions la tentation de lui attribuer. Les politiques de l’emploi ne pourront jamais qu’administrer le chômage. Légiférer sans résultats pour favoriser tantôt les séniors, tantôt les juniors, ou la “diversité”, ou les non-diplômés, puis les jeunes diplômés, et de nouveau les séniors, ou les chômeurs de longue durée… Seul le retour de la prospérité nous permettra d’en sortir. Celle-ci ne pourra revenir qu’avec une forte diminution de la part des échanges contraints, qui consomment de la richesse. Autrement dit, avec une baisse des prélèvements obligatoires et des dépenses publiques, et la suppression de ces multitudes de législations qui prétendent orienter l’investissement et la consommation. Le plein emploi est au bout. Le moins qu’on puisse dire est que nous n’en prenons pas le chemin. Concluons par ces mots d’un sermon de Bossuet : « Dieu se rit des hommes qui se plaignent des conséquences alors qu’ils en chérissent les causes. » Article paru dans le bulletin de l’Aleps Liberté économique et progrès social n° 139 d’avril 2012 3 Pierre Bessard, Le Temps, 20 février 2008, La crise financière reflète la défaillance de l’Etat Addendum: Dette totale du Gouvernement par salariés. En rouge: Japon En bleu: USA En noir: France “Pour rétablir nos finances, il faut déclarer la guerre à la Suisse…. « Pour rétablir nos finances, il faut déclarer la guerre à la Suisse, puis la perdre afin d’être envahis et de disposer enfin d’une monnaie forte. » Citations de Michel Colucci, dit Coluche *** Tandis que l’euro sort de tous les portefeuilles boursiers, beaucoup d’entre vous se demandent si la Suisse sera en mesure de maintenir son taux de change plancher EUR / CHF à un taux minimum de 1,20 comme cela est le cas depuis plus d’un an. La monnaie était arrivée à un taux de 1,03 contre l’euro en Août de l’année dernière, bien au-dessus du taux le plus bas de 1,68 de 2007, avant que la banque centrale suisse ne commence à intervenir de manière agressive pour mettre un terme à son ascension. Après que sa puissance de feu ne réussisse à entrainer ce taux vers le bas, la BNS enferma le taux à 1,20 par son annonce fracassante du 6 Septembre. Le taux de change demeure depuis. La question du jour reste néanmoins à l’ordre du jour car que se passera t-il si les suisses décidaient de démissionner aujourd’hui, au milieu d’une panique euros ? La Suisse se retrouverait alors inondée de flux et en tant que tel, peu de chose suffirait à faire vaciller la BNS . Les points faibles à surveiller au delà des Alpes, pour l’investisseur soucieux sont les suivants: ◦ Si l’inflation devient un problème important – en ce moment cela ne semble pas être un problème. En effet, le rythme de la masse monétaire a ralenti depuis l’intervention (si elle est encore en cours d’exécution à quelque 9%), et la dernière lecture IPC a été négative. Mais bien sûr, cela pourrait-être parce que la plupart de l’inflation se déroule sur les actifs ( le prix de l’immobilier a connu une augmentation de 5% en 1Q12) et des services (voir le prix de location d’une baby-sitter pour la soirée!) Plutôt que des biens (qui devrait probablement continuer à se dégonfler puisque la croissance de zone euro ralenti). ◦ Si les rendements allemands d’État à court terme restaient négatifs. Il est probable que, dans son intervention, la BNS achète la plupart du temps des bons du trésor de la bundesbank .Toutefois, si la valorisation reste trop longtemps négative alors la BNS serait confronté à un dilemme: S’asseoir sur la perte que l’achat d’obligations à rendement négatif implique et / ou prendre des risques sur la signature pays comme la France, la Hollande, etc ◦ Si l’euro devait sauter alors la question deviendrait aussi d’actualité car à quoi se rattacherait le Franc Suisse dés lors ? En supposant que l’on puisse encore croire à la viabilité de l’euro, il y a alors fort à parier que les taux de change CHF seraient maintenus. Toutefois, et même si l’euro saute, il est probable que quelque chose appelé « l’euro” sera maintenu et qu’il comprendra l’Allemagne. Si tel est le cas, j’imagine que le Franc Suisse conserverait sa valeur intrinsèque. Mais pourquoi les investisseurs sont-ils prêts à accepter des taux négatifs en Suisse? Visiblement, la sécurité est à ce prix pour tous. Ce phénomène négatif de rendement a également cours au Danemark. Dans le cas du Danemark, cependant, les investisseurs sont probablement aussi en train de prendre le pari à terme que la couronne danoise euro indexée s’alignera avec l’euro constituant ainsi un bloc nord-UEM en cas de rupture de la forme actuelle de l’Euro. Les investisseurs à la recherche d’une autre sorte d’euro feraient mieux, à notre avis, d’envisager options en Europe de la couronne suédoise. Mais quand un bateau tombe en panne, les investisseurs prennent tous ce qui flottent, et on le constate sur les marchés d’Europe ces derniers temps.