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C’est en 2010 que je me lançais 
dans  mes  pérégrinations                                                                                                                                   
numériques. J’étais en année 
d’erasmus à l’école d’architecture 
de Lisbonne,j’avais donc 
beaucoup de temps libre. Lassée 
de rester enfermée chez moi, je me 
baladais de café en café avec mon 
attirail informatique. Contente à 
l’époque d’avoir acheté un disque 
dur 500 Go, je pensais pouvoir 
conquérir le monde du stockage 
et ne jamais connaître de limite 
dans la possession de fichiers. 
Mais c’est alors que ce disque dur, 
qu’il fallait brancher sur secteur 
à l’époque, fut vite rempli et que 
je me suis rendue compte que le 
numérique était encombrant.
A cette époque je travaillais sur un 
projet aux alentours de Lisbonne 
pour lequel je n’avais même pas 
eu besoin de me déplacer grâce à 
Google Earth. Cette déconnexion 
avec le territoire me poussa à 
écrire un premier mémoire à 
propos de Google et comment 
Google Earth se substituait à notre 
mesure du réel. 
Ces deux questionnements m’ont 
conduite à m’intéresser à la 
réalité territoriale du numérique 
et en particulier de l’Internet. C’est 
ainsi que pour mon projet de fin 
d’études intitulé “Le territoire 
numérique et ses villes concrètes” 
je me suis posé la question de 
l’intégration des Data Centers 
dans le milieu urbain et comment 
dessiner la ville de demain qui va 
se trouver peuplée de serveurs?  
J’ai mis au point divers scenarii 
qui avaient pour but de présenter 
les Data Centers comme une 
infrastructure pouvant servir 
la ville et le territoire. Une 
proposition alternative à l’état 
actuel du marché qui transforme 
le Data Center en trou noir urbain, 
mettant l’économie et l’écologie 
du territoire en péril. 
Je me suis tout d’abord retrouvée 
face à une incompréhension 
de la part du corps enseignant 
qui n’était pas sensible au 
sujet, persuadé que c’était aux 
ingénieurs d’y réfléchir et non 
aux architectes. C’est alors que 
j’ai compris que le problème 
écologique, économique et 
territorial des Data Centers 
se situait dans le manque de 
porosité entre le monde physique 
et le monde numérique et par 
conséquent dans le manque de 
communication et de concertation 
l’histoire