MALADRESSES ET DYSPRAXIES DE L’ENFANT Serge DALLA PIAZZA MALADRESSES ET DYSPRAXIES DE L’ENFANT L’Harmattan © L’Harmattan, 2011 5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com [email protected] [email protected] ISBN : 978-2-296-56459-6 EAN : 9782296564596 INTRODUCTION Tous les enfants peuvent être maladroits. Cela dépend de ce que les adultes attendent d’eux et de ce qu’ils peuvent faire. Si un enfant d’un an laisse tomber son gobelet, on ne dit pas qu’il est maladroit parce que cet incident est en quelque sorte prévu. S’il s’agit d’un enfant de 10 ans, on le traite de maladroit. L’acquisition de tout nouveau mouvement se fait par définition avec une maladresse normale, même si son degré varie selon les individus. Par exemple, vous donnez des leçons de piano à un enfant. Vous lui proposez des exercices, dans le but de lui délier les doigts et de le rendre apte à les remuer isolément. Il s’agit donc de dégager l’action de chaque doigt de leur action globale. On sait en effet que, spontanément, un mouvement global de la main est plus aisé et naturel qu’un mouvement fin de chaque doigt séparément. Cette action globale s’appelle une syncinésie, un système de mouvements qui ne peuvent s’exécuter qu’ensemble. Les mouvements existent rarement pour eux-mêmes ; ils sont toujours porteurs d’une fonction. Ils s’organisent dans une suite de séquences logiques pour agir sur l’environnement, le plus souvent dans la perspective d’une meilleure adaptation. Le corps de l’enfant n’est pas qu’une juxtaposition de muscles disponibles pour réaliser tous les mouvements selon des combinaisons quasi infinies. Ces muscles, qui se fortifient progressivement avec leur usage, constituent des supports, des outils, des moyens qui permettent des réactions organisées, différenciées et spécialisées. Muscles et mouvements s’inscrivent ainsi dans une chaîne réactive, un système subordonné au développement et à la complexité croissante de la réaction adaptative. De ce système naît le mouvement isolé, et non pas le système du mouvement isolé. En effet, muscles et intentions s’inscrivent nécessairement dans une synergie. Dans la vie de l’enfant, les réactions primaires sont les plus globales, celles qui mettent en jeu la musculature entière. Ce n’est qu’en se dissociant qu’elles deviennent progressivement plus électives et complexes. Toute action ne peut se spécialiser qu’aux dépens de syncinésies préexistantes, et elle doit chaque fois triompher de leur résistance, c’est-à-dire de cette liaison à la fois organique et fonctionnelle qui les constitue. Chaque fois que le répertoire comportemental d’un enfant s’élargit, chaque fois qu’il apprend un nouveau geste, la configuration des mouvements de base s’inscrit dans les systèmes antérieurs. Cette nouvelle configuration doit encore se modeler, se frotter à la réalité et surtout exclure des mouvements parasites et inutiles, essentiellement par apprentissage au contact de la réalité, mais aussi à la suite des injonctions des parents. Selon cet ordre de délimitation progressive, ils s’inscrivent dans les centres nerveux. De proche en proche, des liaisons nerveuses s’établissent, s’impriment dans la mémoire individuelle motrice et émotionnelle. Le répertoire de l’enfant s’élargit pour aboutir parfois à une expertise extraordinaire à l’âge adulte. Nous pensons ici aux virtuoses, mais aussi aux chirurgiens et aux orfèvres, par exemple. La ou les dyspraxies concernent plus spécifiquement une pathologie de l’organisation motrice. Si l’enfant peut apprendre un mouvement, il ne peut utiliser son corps avec fluence et harmonie. L’approche que nous proposons permet de distinguer les différents types de dyspraxies, ainsi que leur degré de gravité. Les phénomènes « dys » sont d’ailleurs nombreux et de mieux en mieux répertoriés et connus. La dyslexie désorganise la lecture, la dyscalculie les mécanismes du calcul, la dysorthographie l’orthographe, la dyspraxie les gestes et la dysfonction exécutive la pensée. La plupart du temps, les sites internet, comme les articles de vulgarisation, présentent ces « dys » dans un contexte tellement vague et large que tout parent confronté à un & problème d’apprentissage de son enfant croit l’y reconnaître. Ainsi, les troubles attentionnels font souvent l’objet d’amalgames qui empêchent toute nuance et tout soin adéquat, alors qu’on sait que l’attention et la concentration chez l’enfant sont des termes génériques de mécanismes cognitifs vastes et complexes. Tous ces phénomènes « dys » caractérisent pourtant un enfant donné. Chacun à sa façon, tout enfant peut présenter une dysfonction au décours de ses apprentissages. Mais, les troubles de l’organisation motrice sont certainement parmi les plus fondamentaux. Souvent, les enfants présentant un trouble de l’acquisition motrice, qu’on appelle de plus en plus souvent « trouble de l’acquisition des coordinations ou TAC », sont motivés à participer à des activités sportives ou ludiques, mais ils éprouvent beaucoup de frustration lorsqu’ils se rendent compte qu’ils ne peuvent y trouver satisfaction. Alors que les autres enfants apprennent et progressent à l’aide de consignes simples, ces enfants semblent apprendre lentement et montrer peu d’amélioration, d’une séance d’entraînement à l’autre. En raison de leurs échecs répétés, ils finissent par cesser complètement de faire des activités physiques. Souvent, ils n’arrivent pas à surmonter leurs difficultés physiques et ils commencent à se sentir isolés de leurs pairs. Commence alors la spirale de l’échec et des frustrations. Notre propos est d’aider les professionnels à bien distinguer maladresses et dyspraxies et ainsi à s’engager dans un système d’aide efficace. La maladresse exige une approche plus globale, familiale et psychologique, pour en comprendre l’origine et le sens. La dyspraxie s’inscrit dans un processus pathologique plus ou moins important. Elle demande une aide rééducative ciblée et organisée. Cette distinction et ce diagnostic différentiel de la maladresse et de la dyspraxie servent les intérêts de l’enfant. Elle permet à ses parents, mais aussi à ses enseignants, d’adopter des attitudes fondamentalement différentes et surtout d’éviter des jugements inappropriés. En fait, l’entourage de l’enfant réagit autrement à des maladresses occasionnelles, des maladresses systématiques ou des dyspraxies « involontaires ». ' Il ne s’agit pas de confondre les différents niveaux d’inadéquation de la motricité de l’enfant par rapport aux situations dans lesquelles il se trouve et qu’on peut considérer comme des problèmes à résoudre : atteindre un objet, calculer une trajectoire, monter des escaliers, pédaler, tracer une ligne, prononcer des sons complexes, etc. Seule l’analyse de ces formes d’inadéquation permet une réaction ajustée. 1 LE MOUVEMENT ET LA VIE Le mouvement, de movere, mouvoir, s’inscrit clairement dans un processus actif de déplacement du corps. Il dispose de très nombreux synonymes comme agitation, élan, roulis, animation, émeute, rythme, balancement, évolution, secousse, battement, ébranlement, soulèvement, circulation, haussement, comportement, émigration, course, déplacement, progression, etc. La définition la plus générale serait celle-ci : variation de la position d’un point, d’un solide d’un système, d’un corps étudié dans un référentiel donné, en fonction du temps.1 En effet, tout déplacement d’un corps suppose l’écoulement d’un laps de temps. 2 De plus, ce corps ne se déplace pas de façon aléatoire, il est soumis à des contraintes physiques, relationnelles et communicationnelles. Chez l’être humain, on peut proposer l’idée d’un changement de position, du déplacement d’un organisme, d’un individu ou d’une de ses parties. Le mouvement n’est pas réservé au genre humain. Les animaux aussi bougent et même les végétaux, pas selon nos critères, ni avec les mêmes référentiels d’espace et de temps. Cependant, un arbre ou une plante s’orientent vers le soleil, la sensitive se ferme au contact. Le geste a, comme nous le préciserons plus loin, un sens direct. Il fait partie de la communication non verbale. Les interactions corporelles envahissent la vie quotidienne. Elles ont intrigué de nombreux chercheurs qui ont tenté de mettre à découvert les conditions et les procédures de fonctionnement de cette communication non verbale. On a ainsi décrit et exploré les gestes oratoires qui soulignent l’éloquence du corps. On a encore étudié la gestuelle de moines trappistes ou de sourdsmuets. Si les religieux renoncent à la parole, il leur est 1 2 Futura sciences, février 2010. A l’exception de la théorie quantique. impossible de renoncer à communiquer. Des signes et quelques sons sont permis. Les sourds-muets communiquent à l’aide d’une langue des signes. Dans cette optique, le geste n’a jamais été considéré comme doué d’autonomie. Il a été appréhendé comme un accompagnement de la parole ou comme une substitution à celle-ci, tant dans sa fonction que dans sa structure. La tentative la plus aboutie sous cet angle est sans doute celle de Ray Birdwhistell3 qui, en publiant son Introduction à la kinésique en 1952, propose une analyse de la gestualité sur le modèle de la phonologie. Mouvements, gestes et mimiques sont disséqués en unités réputées minimales, les kinèmes qui peuvent eux-mêmes se composer afin de donner lieu à des kinémorphèmes. Une cinquantaine de kinèmes ont été identifiés, principalement au niveau des mains et du visage. Tout le corps s’y met et ainsi une communication non verbale ne repose pas seulement sur des gestes ou des mimiques ou encore des postures, mais aussi sur son habillage, le maquillage ou encore le tatouage. Contrairement au geste, significatif en-soi, le mouvement ne l’est pas nécessairement. Un enfant change de pièce, de jeu, d’attitude, et on ne sait pas pourquoi. Ce n’est qu’une recherche longue, fastidieuse qui permet parfois de donner un sens à ce mouvement. Un mouvement devient significatif grâce à un référentiel. Un enfant qui marche dans la rue avec un cartable à 8 H du matin apporte une information significative : il se rend très probablement à l’école. Ce référentiel est cependant nécessaire, car, si un visiteur vient d’un pays où les enfants partent à l’école à 6 H du matin sans cartable, cette signification lui échappe. Dans les mouvements, d’un nombre quasi infini, l’essentiel réside dans les coordinations et les synergies de groupes musculaires nombreux. Si le geste mobilise plutôt un segment du corps et d’une manière assez grossière (serrer le poing, lever le bras…), le mouvement concerne soit le corps entier (se 3 Birdwhistell R., (1952) Introduction to kinesics. Washington : University of Louisville Press. déplacer, sauter, grimper…), soit un segment pour une action fine (ramasser, déplacer, tirer, ajuster…). Des coordinations musculaires s’élaborent et s’affinent avec les mois et les années de vie, au départ d’exercices parfois, d’expériences toujours. Elles s’opèrent à deux niveaux : - - Le niveau sensori-moteur : nos sens nous informent de l’état de notre environnement et le mouvement devient un ajustement de notre corps à celui-ci dans la réalisation d’un but. Le niveau synergique entre les différents muscles, tendons et articulations est nécessaire pour mobiliser un ordre moteur optimal. C’est une séquence organisée et souple d’un groupe musculaire qui mobilise le corps ou ses segments. À ce stade, on peut établir une première distinction entre geste et mouvement (voir tableau N° 1). Geste Mobilisation d’un segment du corps, le plus souvent un bras une main, la face Direct dans son expression Mouvement Mobilisation du corps entier ou d’un segment Fin, fluent et ample souvent, parfois grossier Valeur essentiellement Valeur essentiellement expressive fonctionnelle But relationnel et But de déplacement ou d’action communicationnel sur des objets Tableau 1 : Comparaison entre un geste et un mouvement. Quoi qu’il en soit, geste et mouvement traduisent la vie d’un être humain. Libéré de nombreuses contraintes, l’homme sait dorénavant escalader, plonger, nager, ramper et marcher. S’il fait tout cela comme bien d’autres animaux, il s’en distingue aussi. La complexité de son cerveau en est la cause. Nous allons préciser quelques aspects d’anatomie fonctionnelle. ! 1.1 LE CORPS HUMAIN Bouger suppose une charpente osseuse, mais aussi des muscles pour l’activer. Il existe deux sortes de muscles dont les plus nombreux mobilisent des articulations : - Les muscles lisses concernent les organes internes (notamment l’estomac, le tube digestif, la vessie). Les muscles striés permettent la motricité (biceps, triceps et d’autres, le cœur en faisant partie d’une manière particulière). Les premiers ont une vie propre qui dépend du système nerveux dit autonome parasympathique et les seconds du système nerveux central. La plupart des muscles striés squelettiques sont associés en paires antagonistes, c’est-à-dire que les deux muscles concernés exercent une action opposée, comme la flexion et l’extension de la même articulation. Tout mouvement suppose que la contraction de l’un l’emporte sur la résistance de l’autre. C’est le cas du biceps et du triceps du bras qui agissent sur le coude, ou encore des fléchisseurs et des extenseurs des doigts. Le corps humain comporte plus de 600 muscles différents, 204 os et près de 400 articulations. La plupart des os du squelette humain sont reliés par des articulations. Celles-ci peuvent être mobiles, comme les articulations synoviales qui unissent la plupart des os du corps humain, ou fixes comme celles les os du crâne. Sans les articulations synoviales, le squelette ne pourrait effectuer ni les mouvements simples de glissement, de flexion, d’extension, d’abduction (éloignement de l’axe du corps d’un membre), d’adduction (rapprochement d’un membre de l’axe du corps) ou de rotation, ni les mouvements plus complexes de pronation (rotation de dehors en dedans), de supination (rotation de dedans en dehors), de protraction (traction en avant), ou encore d’opposition et de circumduction (rotation autour d’un axe). " 1.2 LE CERVEAU AU POSTE DE COMMANDE Les mouvements et gestes se font par l’action des muscles sur les os via les tendons. Habituellement, les mouvements se déploient dans 3 plans de référence : - Le plan sagittal ou médian sépare la gauche de la droite. Le plan frontal sépare l’avant de l’arrière. Le plan horizontal sépare le haut du bas. On perçoit d’emblée combien la mobilisation de tous ces muscles et tendons d’une manière synergique et fonctionnelle demande à la fois l’intégrité de ceux-ci et des commandes centrales bien organisées autour d’un plan. Toute une série de muscles qui concernent les viscères a un fonctionnement automatique sous la dépendance du système nerveux autonome. Dans une certaine mesure, le cœur, muscle strié, est dans le même cas de figure. D’autres muscles striés peuvent encore s’activer d’une manière réflexe, sans qu’intervienne la moindre réflexion ou organisation et donc le cerveau. Le réflexe résulte d’une réponse musculaire à un stimulus. Ces activités musculaires sont involontaires, stéréotypées. Lorsqu’un tendon est stimulé, l’influx nerveux se propage vers la moelle épinière, mais ne continue pas jusqu’au cerveau. La réponse, sous la forme d’un influx nerveux, est initiée directement par la moelle épinière d’une manière involontaire et très rapide. Les réflexes sont souvent des réactions de défense, comme le retrait du membre en cas de brûlure, avant que le cerveau ne perçoive la douleur. On distingue les réflexes d’extension et les réflexes de flexion. Pensons ici au réflexe rotulien activé par le marteau du médecin. L’intervention du cerveau commence dès qu’il y a activation volontaire d’un muscle. Deux ordres sont alors nécessaires concomitamment : contraction d’un muscle et inhibition du # muscle antagoniste. On ne peut plier le coude si le biceps et le triceps sont activés en même temps.4 1.3 L’ENFANT APPREND À UTILISER SON CORPS Cette complexité rend merveilleux le développement progressif d’un enfant vers une autonomie motrice. En grandissant, en devenant de plus en plus autonome, il gagne en confiance, ajuste de mieux en mieux son corps à l’environnement et ses gestes et mouvements deviennent fluents. LE BÉBÉ Toutes les données reprises ici sont moyennes.5 Les âges d’acquisition sont différents pour chaque enfant et les repères mensuels sont relatifs. Le plus important, finalement, est l’ordre d’apparition des possibilités motrices de l’enfant. Son développement moteur suit deux axes, le premier va du haut vers le bas, de la tête vers le dos et le second part du tronc vers les extrémités. De 0 à 1 mois Le corps : le bébé garde en début de vie sa position fœtale. Il parvient à relever la tête très brièvement et à l’orienter vers sa maman. Les mains : il a le plus souvent les mains repliées, les poings serrés. Il reste sous l’influence du réflexe de grasping. Il agrippe et tient fortement les choses qu’on lui met dans les mains. Il n’a pas encore la possibilité de le lâcher volontairement. 4 Collet C. (2001) Mouvement et cerveau. Bruxelles : Deboeck. Données reprises d’échelles de développement dont celle de Brigance (Brigance A.H. (1995) Inventaire du développement de l’enfant de 0 à 7 ans, Ottawa : Centre franco-ontarien de ressources pédagogiques) et celle de Brunet-Lézine (Brunet, O. et Lézine, I. (1997) Le développement psychologique de la première enfance. Paris : PUF). 5 $ De 1 à 2 mois Le corps : le tonus de la tête augmente. Si vous redressez bébé en le tirant par les mains, sa tête reste dans l’axe du corps. Il parvient d’ailleurs à la relever quelques secondes et, à 2 mois, il commence à se tenir sur les avant-bras. Il se détend et étend mieux ses bras et ses jambes. Les mains : le réflexe de grasping commence à disparaître. On le voit plus souvent avec les mains ouvertes. De 2 à 3 mois Le corps : une bonne coordination s’installe entre ses mouvements et ses intentions. Les mains : il commence à toucher les objets. De 3 à 4 mois Le corps : le tonus des muscles du dos se renforce. Il peut adopter une posture plus verticale sans s’effondrer sur le côté, mais il doit encore être calé entre des coussins. Le bas du dos reste un peu faible. Couché sur le ventre, il s’étire, les jambes et les bras décollent. Il commence à manipuler les jouets devant lui. Les mains : il commence à saisir volontairement les objets. Le mouvement du bras vers cet objet reste cependant imprécis. Sa préhension est palmaire. Les mouvements sont très globaux, le corps en entier se tend vers son but. De 4 à 5 mois Le corps : le tonus de la colonne est acquis. Il peut se retourner, du ventre sur le dos, et du dos sur le ventre. Il fait des efforts pour se relever. Il découvre ses pieds, qu’il attrape et porte à sa bouche. Il finit par enlever ses chaussettes. Les mains : il devient de plus en plus précis. Une fois attrapé, l’objet passe par la bouche. De 5 à 6 mois Le corps : sur le ventre, il peut se tenir sur les avant-bras. Il commence à se tenir assis seul durant quelques minutes. Les mains : il gratte les objets, multipliant ainsi les expériences sensorielles. % De 6 à 7 mois Le corps : il reste assis seul et commence à acquérir un équilibre mobile. Assis, il commence à se pencher pour attraper un objet. Les mains : Comme il est assis, ses mains se libèrent. Il commence à prendre les objets avec une main utilisée comme une pince. La force de préhension fait de grands progrès. De 7 à 8 mois Le corps : son tonus musculaire s’améliore encore. Il reste debout quelques instants alors qu’il est tenu par les mains. Il pédale sans son lit ou dans la baignoire. Il exerce ainsi le mouvement alternatif des jambes. Il commence à explorer. Les mains : il prend et il jette les objets. Il exerce ainsi son pouvoir sur l’environnement. De 8 à 9 mois Le corps : il commence à se déplacer à 4 pattes et à ramper. Il se redresse et tombe. Il manque de répartition du tonus et n’a pas encore compris que pour réaliser l’alternance, il doit déplacer le poids du corps sur la jambe qui ne se déplace pas. Les mains : il cogne les objets l’un contre l’autre. Il appuie, gratte, sent. De 9 à 10 mois Le corps : il se déplace seul debout en se tenant aux meubles. Il perfectionne le « 4 pattes » ou la reptation et devient de plus en plus rapide et sûr de lui. Les mains : il peut dorénavant attraper les petits objets entre le pouce et l’index. De 10 à 11 mois Le corps : la marche devient une activité centrale. Les mains : Non seulement la préhension est plus fine, mais l’orientation du mouvement vers un but se précise. De 11 à 12 mois Le corps : il perfectionne une marche de plus en plus assurée, de plus en plus rapide et se libère des appuis de sécurité. & Les mains : la préhension est de plus en plus sûre et précise. Par les exercices, la force augmente et les mouvements complexes ou composites apparaissent. Les mouvements de base sont bien acquis. LE JEUNE ENFANT De 12 à 18 mois L’enfant devient de plus en plus indépendant. Vers 18 mois, il met à l’épreuve ses parents pour tester leurs limites. Sa curiosité l’entraîne vers de nouvelles expériences de vie. Il peut généralement monter et descendre l’escalier en tenant un adulte par la main. Il peut lancer un ballon, passer seul de la position debout à la position assise et se dandiner au son de la musique. Il peut empiler des cubes, tourner les pages d’un livre, gribouiller, remplir et vider des boîtes. Il peut aussi manger seul, mais il se salit beaucoup. Il boit dans une tasse. Il commence à jouer à faire semblant et à prendre des initiatives. Les organes phonateurs s’inscrivent aussi dans une synergie de nombreux petits muscles. Il peut prononcer de 10 à 20 mots, mais il en comprend beaucoup plus. Il énonce des phrases incompréhensibles, qui semblent issues d’une langue étrangère. On commence pourtant à le comprendre. Il sait maintenant faire de nombreux gestes et il ne se lasse pas de poser des questions. De 18 mois à 2 ans Il grandit et ressemble de plus en plus à un petit d’homme. Il revendique son autonomie, mais a peur du monde qui l’entoure. Il a des accès de colère. Il adore le mot « non » et s’en sert à profusion. Il veut de l’aide et il n’en veut pas. Il explore, tente de nouvelles expériences, essaye tout ce qui se trouve à sa portée. À 2 ans Il sait jouer seul et se concentrer sur une tâche. Il joue de plus en plus à faire semblant. Il adore courir, sauter, grimper, monter et descendre les escaliers, lancer un ballon. Les activités de ce genre l’aident à mieux contrôler son corps. D’autres activités, comme écouter de la musique et des histoires, peuvent l’apaiser. ' Il prononce environ 50 mots et peut nommer presque tous les objets de la vie courante. Il dit des phrases de 2 mots, comme « auto-papa ». Un adulte étranger devrait être capable de le comprendre approximativement. De 2 ½ ans à 3 ans Il aime les jeux de construction, la peinture avec les doigts, la pâte à modeler. Il joue également de mieux en mieux à faire semblant. Il s’exprime mieux et utilise des mots pour communiquer ce qu’il ressent. Il contrôle mieux ses mouvements, suit une ligne droite, monte les escaliers en alternant les pieds, marche à reculons ou sur la pointe des pieds, grimpe sur les meubles, mange à la cuillère et à la fourchette. Il arrive parfois à se déshabiller seul, mais a encore souvent besoin d’aide pour enfiler ses vêtements. L’ENFANT À L’ÂGE SCOLAIRE L’école est une grande aventure pour l’enfant et ses parents. Même si le rythme de développement diminue quelque peu, l’enfant en âge scolaire poursuit sa course vers une adaptation optimale. La nature fondamentale du développement repose sur le principe que chaque acquis sert de base à d’autres formes de mouvements spécialisés. Parmi les comportements moteurs fondamentaux, on retrouve la marche, la course, les sauts, les déplacements vers le haut, vers là-bas ou encore latéralement. L’équilibre, la stabilité s’améliorent, ainsi que les manipulations, comme attraper, lancer, frapper, tenir. Le stade initial (ébauche) de la plupart de ces comportements moteurs fondamentaux se situe entre 2 et 3 ans, le stade intermédiaire (exercice) entre 4 et 5 ans, et le stade final (confirmation et automatisation), entre 6 et 7 ans. Entre trois et douze ans, les enfants sortent d’une période intense de construction de soi et continuent à se développer dans tous les domaines avant d’affronter les turbulences de