1 le mouvement et la vie

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MALADRESSES ET DYSPRAXIES
DE L’ENFANT
Serge DALLA PIAZZA
MALADRESSES ET DYSPRAXIES
DE L’ENFANT
L’Harmattan
© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
[email protected]
[email protected]
ISBN : 978-2-296-56459-6
EAN : 9782296564596
INTRODUCTION
Tous les enfants peuvent être maladroits. Cela dépend de ce
que les adultes attendent d’eux et de ce qu’ils peuvent faire.
Si un enfant d’un an laisse tomber son gobelet, on ne dit pas
qu’il est maladroit parce que cet incident est en quelque sorte
prévu. S’il s’agit d’un enfant de 10 ans, on le traite de
maladroit. L’acquisition de tout nouveau mouvement se fait
par définition avec une maladresse normale, même si son
degré varie selon les individus. Par exemple, vous donnez
des leçons de piano à un enfant. Vous lui proposez des
exercices, dans le but de lui délier les doigts et de le rendre
apte à les remuer isolément. Il s’agit donc de dégager
l’action de chaque doigt de leur action globale. On sait en
effet que, spontanément, un mouvement global de la main
est plus aisé et naturel qu’un mouvement fin de chaque doigt
séparément. Cette action globale s’appelle une syncinésie,
un système de mouvements qui ne peuvent s’exécuter
qu’ensemble.
Les mouvements existent rarement pour eux-mêmes ; ils
sont toujours porteurs d’une fonction. Ils s’organisent dans
une suite de séquences logiques pour agir sur
l’environnement, le plus souvent dans la perspective d’une
meilleure adaptation. Le corps de l’enfant n’est pas qu’une
juxtaposition de muscles disponibles pour réaliser tous les
mouvements selon des combinaisons quasi infinies. Ces
muscles, qui se fortifient progressivement avec leur usage,
constituent des supports, des outils, des moyens qui
permettent des réactions organisées, différenciées et
spécialisées. Muscles et mouvements s’inscrivent ainsi dans
une chaîne réactive, un système subordonné au
développement et à la complexité croissante de la réaction
adaptative.
De ce système naît le mouvement isolé, et non pas le
système du mouvement isolé. En effet, muscles et intentions
s’inscrivent nécessairement dans une synergie. Dans la vie
de l’enfant, les réactions primaires sont les plus globales,
celles qui mettent en jeu la musculature entière. Ce n’est
qu’en se dissociant qu’elles deviennent progressivement plus
électives et complexes. Toute action ne peut se spécialiser
qu’aux dépens de syncinésies préexistantes, et elle doit
chaque fois triompher de leur résistance, c’est-à-dire de cette
liaison à la fois organique et fonctionnelle qui les constitue.
Chaque fois que le répertoire comportemental d’un enfant
s’élargit, chaque fois qu’il apprend un nouveau geste, la
configuration des mouvements de base s’inscrit dans les
systèmes antérieurs. Cette nouvelle configuration doit encore
se modeler, se frotter à la réalité et surtout exclure des
mouvements parasites et inutiles, essentiellement par
apprentissage au contact de la réalité, mais aussi à la suite
des injonctions des parents. Selon cet ordre de délimitation
progressive, ils s’inscrivent dans les centres nerveux. De
proche en proche, des liaisons nerveuses s’établissent,
s’impriment dans la mémoire individuelle motrice et
émotionnelle. Le répertoire de l’enfant s’élargit pour aboutir
parfois à une expertise extraordinaire à l’âge adulte. Nous
pensons ici aux virtuoses, mais aussi aux chirurgiens et aux
orfèvres, par exemple.
La ou les dyspraxies concernent plus spécifiquement une
pathologie de l’organisation motrice. Si l’enfant peut
apprendre un mouvement, il ne peut utiliser son corps avec
fluence et harmonie. L’approche que nous proposons permet
de distinguer les différents types de dyspraxies, ainsi que
leur degré de gravité. Les phénomènes « dys » sont d’ailleurs
nombreux et de mieux en mieux répertoriés et connus. La
dyslexie désorganise la lecture, la dyscalculie les
mécanismes du calcul, la dysorthographie l’orthographe, la
dyspraxie les gestes et la dysfonction exécutive la pensée. La
plupart du temps, les sites internet, comme les articles de
vulgarisation, présentent ces « dys » dans un contexte
tellement vague et large que tout parent confronté à un
&
problème d’apprentissage de son enfant croit l’y reconnaître.
Ainsi, les troubles attentionnels font souvent l’objet
d’amalgames qui empêchent toute nuance et tout soin
adéquat, alors qu’on sait que l’attention et la concentration
chez l’enfant sont des termes génériques de mécanismes
cognitifs vastes et complexes. Tous ces phénomènes « dys »
caractérisent pourtant un enfant donné. Chacun à sa façon,
tout enfant peut présenter une dysfonction au décours de ses
apprentissages. Mais, les troubles de l’organisation motrice
sont certainement parmi les plus fondamentaux.
Souvent, les enfants présentant un trouble de l’acquisition
motrice, qu’on appelle de plus en plus souvent « trouble de
l’acquisition des coordinations ou TAC », sont motivés à
participer à des activités sportives ou ludiques, mais ils
éprouvent beaucoup de frustration lorsqu’ils se rendent compte
qu’ils ne peuvent y trouver satisfaction. Alors que les autres
enfants apprennent et progressent à l’aide de consignes simples,
ces enfants semblent apprendre lentement et montrer peu
d’amélioration, d’une séance d’entraînement à l’autre. En raison
de leurs échecs répétés, ils finissent par cesser complètement de
faire des activités physiques. Souvent, ils n’arrivent pas à
surmonter leurs difficultés physiques et ils commencent à se
sentir isolés de leurs pairs. Commence alors la spirale de
l’échec et des frustrations.
Notre propos est d’aider les professionnels à bien distinguer
maladresses et dyspraxies et ainsi à s’engager dans un système
d’aide efficace. La maladresse exige une approche plus globale,
familiale et psychologique, pour en comprendre l’origine et le
sens. La dyspraxie s’inscrit dans un processus pathologique plus
ou moins important. Elle demande une aide rééducative ciblée
et organisée. Cette distinction et ce diagnostic différentiel de la
maladresse et de la dyspraxie servent les intérêts de l’enfant.
Elle permet à ses parents, mais aussi à ses enseignants,
d’adopter des attitudes fondamentalement différentes et surtout
d’éviter des jugements inappropriés. En fait, l’entourage de
l’enfant réagit autrement à des maladresses occasionnelles, des
maladresses systématiques ou des dyspraxies « involontaires ».
'
Il ne s’agit pas de confondre les différents niveaux
d’inadéquation de la motricité de l’enfant par rapport aux
situations dans lesquelles il se trouve et qu’on peut considérer
comme des problèmes à résoudre : atteindre un objet, calculer
une trajectoire, monter des escaliers, pédaler, tracer une ligne,
prononcer des sons complexes, etc. Seule l’analyse de ces
formes d’inadéquation permet une réaction ajustée.
1 LE MOUVEMENT ET LA VIE
Le mouvement, de movere, mouvoir, s’inscrit clairement dans
un processus actif de déplacement du corps. Il dispose de très
nombreux synonymes comme agitation, élan, roulis, animation,
émeute, rythme, balancement, évolution, secousse, battement,
ébranlement,
soulèvement,
circulation,
haussement,
comportement, émigration, course, déplacement, progression,
etc.
La définition la plus générale serait celle-ci : variation de la
position d’un point, d’un solide d’un système, d’un corps étudié
dans un référentiel donné, en fonction du temps.1 En effet, tout
déplacement d’un corps suppose l’écoulement d’un laps de
temps. 2 De plus, ce corps ne se déplace pas de façon aléatoire,
il est soumis à des contraintes physiques, relationnelles et
communicationnelles. Chez l’être humain, on peut proposer
l’idée d’un changement de position, du déplacement d’un
organisme, d’un individu ou d’une de ses parties. Le
mouvement n’est pas réservé au genre humain. Les animaux
aussi bougent et même les végétaux, pas selon nos critères, ni
avec les mêmes référentiels d’espace et de temps. Cependant,
un arbre ou une plante s’orientent vers le soleil, la sensitive se
ferme au contact.
Le geste a, comme nous le préciserons plus loin, un sens direct.
Il fait partie de la communication non verbale. Les interactions
corporelles envahissent la vie quotidienne. Elles ont intrigué de
nombreux chercheurs qui ont tenté de mettre à découvert les
conditions et les procédures de fonctionnement de cette
communication non verbale. On a ainsi décrit et exploré les
gestes oratoires qui soulignent l’éloquence du corps. On a
encore étudié la gestuelle de moines trappistes ou de sourdsmuets. Si les religieux renoncent à la parole, il leur est
1
2
Futura sciences, février 2010.
A l’exception de la théorie quantique.
impossible de renoncer à communiquer. Des signes et quelques
sons sont permis. Les sourds-muets communiquent à l’aide
d’une langue des signes. Dans cette optique, le geste n’a jamais
été considéré comme doué d’autonomie. Il a été appréhendé
comme un accompagnement de la parole ou comme une
substitution à celle-ci, tant dans sa fonction que dans sa
structure. La tentative la plus aboutie sous cet angle est sans
doute celle de Ray Birdwhistell3 qui, en publiant son Introduction à la kinésique en 1952, propose une analyse de la
gestualité sur le modèle de la phonologie. Mouvements, gestes
et mimiques sont disséqués en unités réputées minimales, les
kinèmes qui peuvent eux-mêmes se composer afin de donner
lieu à des kinémorphèmes. Une cinquantaine de kinèmes ont été
identifiés, principalement au niveau des mains et du visage.
Tout le corps s’y met et ainsi une communication non verbale
ne repose pas seulement sur des gestes ou des mimiques ou
encore des postures, mais aussi sur son habillage, le maquillage
ou encore le tatouage.
Contrairement au geste, significatif en-soi, le mouvement ne
l’est pas nécessairement. Un enfant change de pièce, de jeu,
d’attitude, et on ne sait pas pourquoi. Ce n’est qu’une recherche
longue, fastidieuse qui permet parfois de donner un sens à ce
mouvement. Un mouvement devient significatif grâce à un
référentiel. Un enfant qui marche dans la rue avec un cartable à
8 H du matin apporte une information significative : il se rend
très probablement à l’école. Ce référentiel est cependant
nécessaire, car, si un visiteur vient d’un pays où les enfants
partent à l’école à 6 H du matin sans cartable, cette signification
lui échappe.
Dans les mouvements, d’un nombre quasi infini, l’essentiel
réside dans les coordinations et les synergies de groupes
musculaires nombreux. Si le geste mobilise plutôt un segment
du corps et d’une manière assez grossière (serrer le poing, lever
le bras…), le mouvement concerne soit le corps entier (se
3
Birdwhistell R., (1952) Introduction to kinesics. Washington : University of
Louisville Press.
déplacer, sauter, grimper…), soit un segment pour une action
fine (ramasser, déplacer, tirer, ajuster…).
Des coordinations musculaires s’élaborent et s’affinent avec les
mois et les années de vie, au départ d’exercices parfois,
d’expériences toujours. Elles s’opèrent à deux niveaux :
-
-
Le niveau sensori-moteur : nos sens nous informent de
l’état de notre environnement et le mouvement devient un
ajustement de notre corps à celui-ci dans la réalisation d’un
but.
Le niveau synergique entre les différents muscles, tendons
et articulations est nécessaire pour mobiliser un ordre
moteur optimal. C’est une séquence organisée et souple
d’un groupe musculaire qui mobilise le corps ou ses
segments.
À ce stade, on peut établir une première distinction entre geste
et mouvement (voir tableau N° 1).
Geste
Mobilisation d’un segment du
corps, le plus souvent un bras
une main, la face
Direct dans son expression
Mouvement
Mobilisation du corps entier ou
d’un segment
Fin, fluent et ample souvent,
parfois grossier
Valeur essentiellement
Valeur essentiellement
expressive
fonctionnelle
But relationnel et
But de déplacement ou d’action
communicationnel
sur des objets
Tableau 1 : Comparaison entre un geste et un mouvement.
Quoi qu’il en soit, geste et mouvement traduisent la vie d’un
être humain. Libéré de nombreuses contraintes, l’homme sait
dorénavant escalader, plonger, nager, ramper et marcher. S’il
fait tout cela comme bien d’autres animaux, il s’en distingue
aussi. La complexité de son cerveau en est la cause. Nous allons
préciser quelques aspects d’anatomie fonctionnelle.
!
1.1 LE CORPS HUMAIN
Bouger suppose une charpente osseuse, mais aussi des muscles
pour l’activer. Il existe deux sortes de muscles dont les plus
nombreux mobilisent des articulations :
-
Les muscles lisses concernent les organes internes
(notamment l’estomac, le tube digestif, la vessie).
Les muscles striés permettent la motricité (biceps, triceps et
d’autres, le cœur en faisant partie d’une manière
particulière).
Les premiers ont une vie propre qui dépend du système nerveux
dit autonome parasympathique et les seconds du système
nerveux central.
La plupart des muscles striés squelettiques sont associés en
paires antagonistes, c’est-à-dire que les deux muscles concernés
exercent une action opposée, comme la flexion et l’extension de
la même articulation. Tout mouvement suppose que la
contraction de l’un l’emporte sur la résistance de l’autre. C’est
le cas du biceps et du triceps du bras qui agissent sur le coude,
ou encore des fléchisseurs et des extenseurs des doigts.
Le corps humain comporte plus de 600 muscles différents, 204
os et près de 400 articulations. La plupart des os du squelette
humain sont reliés par des articulations. Celles-ci peuvent être
mobiles, comme les articulations synoviales qui unissent la
plupart des os du corps humain, ou fixes comme celles les os du
crâne. Sans les articulations synoviales, le squelette ne pourrait
effectuer ni les mouvements simples de glissement, de flexion,
d’extension, d’abduction (éloignement de l’axe du corps d’un
membre), d’adduction (rapprochement d’un membre de l’axe
du corps) ou de rotation, ni les mouvements plus complexes de
pronation (rotation de dehors en dedans), de supination (rotation
de dedans en dehors), de protraction (traction en avant), ou
encore d’opposition et de circumduction (rotation autour d’un
axe).
"
1.2 LE CERVEAU AU POSTE DE COMMANDE
Les mouvements et gestes se font par l’action des muscles sur
les os via les tendons. Habituellement, les mouvements se
déploient dans 3 plans de référence :
-
Le plan sagittal ou médian sépare la gauche de la droite.
Le plan frontal sépare l’avant de l’arrière.
Le plan horizontal sépare le haut du bas.
On perçoit d’emblée combien la mobilisation de tous ces
muscles et tendons d’une manière synergique et fonctionnelle
demande à la fois l’intégrité de ceux-ci et des commandes
centrales bien organisées autour d’un plan.
Toute une série de muscles qui concernent les viscères a un
fonctionnement automatique sous la dépendance du système
nerveux autonome. Dans une certaine mesure, le cœur, muscle
strié, est dans le même cas de figure. D’autres muscles striés
peuvent encore s’activer d’une manière réflexe, sans
qu’intervienne la moindre réflexion ou organisation et donc le
cerveau. Le réflexe résulte d’une réponse musculaire à un
stimulus.
Ces activités musculaires sont involontaires, stéréotypées.
Lorsqu’un tendon est stimulé, l’influx nerveux se propage vers
la moelle épinière, mais ne continue pas jusqu’au cerveau. La
réponse, sous la forme d’un influx nerveux, est initiée
directement par la moelle épinière d’une manière involontaire et
très rapide. Les réflexes sont souvent des réactions de défense,
comme le retrait du membre en cas de brûlure, avant que le
cerveau ne perçoive la douleur. On distingue les réflexes
d’extension et les réflexes de flexion. Pensons ici au réflexe
rotulien activé par le marteau du médecin.
L’intervention du cerveau commence dès qu’il y a activation
volontaire d’un muscle. Deux ordres sont alors nécessaires
concomitamment : contraction d’un muscle et inhibition du
#
muscle antagoniste. On ne peut plier le coude si le biceps et le
triceps sont activés en même temps.4
1.3 L’ENFANT APPREND À UTILISER SON CORPS
Cette complexité rend merveilleux le développement progressif
d’un enfant vers une autonomie motrice. En grandissant, en
devenant de plus en plus autonome, il gagne en confiance,
ajuste de mieux en mieux son corps à l’environnement et ses
gestes et mouvements deviennent fluents.
LE BÉBÉ
Toutes les données reprises ici sont moyennes.5 Les âges
d’acquisition sont différents pour chaque enfant et les repères
mensuels sont relatifs. Le plus important, finalement, est l’ordre
d’apparition des possibilités motrices de l’enfant. Son
développement moteur suit deux axes, le premier va du haut
vers le bas, de la tête vers le dos et le second part du tronc vers
les extrémités.
De 0 à 1 mois
Le corps : le bébé garde en début de vie sa position fœtale. Il
parvient à relever la tête très brièvement et à l’orienter vers sa
maman.
Les mains : il a le plus souvent les mains repliées, les poings
serrés. Il reste sous l’influence du réflexe de grasping. Il
agrippe et tient fortement les choses qu’on lui met dans les
mains. Il n’a pas encore la possibilité de le lâcher
volontairement.
4
Collet C. (2001) Mouvement et cerveau. Bruxelles : Deboeck.
Données reprises d’échelles de développement dont celle de Brigance
(Brigance A.H. (1995) Inventaire du développement de l’enfant de 0 à 7 ans,
Ottawa : Centre franco-ontarien de ressources pédagogiques) et celle de
Brunet-Lézine (Brunet, O. et Lézine, I. (1997) Le développement
psychologique de la première enfance. Paris : PUF).
5
$
De 1 à 2 mois
Le corps : le tonus de la tête augmente. Si vous redressez bébé
en le tirant par les mains, sa tête reste dans l’axe du corps. Il
parvient d’ailleurs à la relever quelques secondes et, à 2 mois, il
commence à se tenir sur les avant-bras. Il se détend et étend
mieux ses bras et ses jambes.
Les mains : le réflexe de grasping commence à disparaître. On
le voit plus souvent avec les mains ouvertes.
De 2 à 3 mois
Le corps : une bonne coordination s’installe entre ses
mouvements et ses intentions.
Les mains : il commence à toucher les objets.
De 3 à 4 mois
Le corps : le tonus des muscles du dos se renforce. Il peut
adopter une posture plus verticale sans s’effondrer sur le côté,
mais il doit encore être calé entre des coussins. Le bas du dos
reste un peu faible. Couché sur le ventre, il s’étire, les jambes et
les bras décollent. Il commence à manipuler les jouets devant
lui.
Les mains : il commence à saisir volontairement les objets. Le
mouvement du bras vers cet objet reste cependant imprécis. Sa
préhension est palmaire. Les mouvements sont très globaux, le
corps en entier se tend vers son but.
De 4 à 5 mois
Le corps : le tonus de la colonne est acquis. Il peut se retourner,
du ventre sur le dos, et du dos sur le ventre. Il fait des efforts
pour se relever. Il découvre ses pieds, qu’il attrape et porte à sa
bouche. Il finit par enlever ses chaussettes.
Les mains : il devient de plus en plus précis. Une fois attrapé,
l’objet passe par la bouche.
De 5 à 6 mois
Le corps : sur le ventre, il peut se tenir sur les avant-bras. Il
commence à se tenir assis seul durant quelques minutes.
Les mains : il gratte les objets, multipliant ainsi les expériences
sensorielles.
%
De 6 à 7 mois
Le corps : il reste assis seul et commence à acquérir un
équilibre mobile. Assis, il commence à se pencher pour attraper
un objet.
Les mains : Comme il est assis, ses mains se libèrent. Il
commence à prendre les objets avec une main utilisée comme
une pince. La force de préhension fait de grands progrès.
De 7 à 8 mois
Le corps : son tonus musculaire s’améliore encore. Il reste
debout quelques instants alors qu’il est tenu par les mains. Il
pédale sans son lit ou dans la baignoire. Il exerce ainsi le
mouvement alternatif des jambes. Il commence à explorer.
Les mains : il prend et il jette les objets. Il exerce ainsi son
pouvoir sur l’environnement.
De 8 à 9 mois
Le corps : il commence à se déplacer à 4 pattes et à ramper. Il
se redresse et tombe. Il manque de répartition du tonus et n’a
pas encore compris que pour réaliser l’alternance, il doit
déplacer le poids du corps sur la jambe qui ne se déplace pas.
Les mains : il cogne les objets l’un contre l’autre. Il appuie,
gratte, sent.
De 9 à 10 mois
Le corps : il se déplace seul debout en se tenant aux meubles. Il
perfectionne le « 4 pattes » ou la reptation et devient de plus en
plus rapide et sûr de lui.
Les mains : il peut dorénavant attraper les petits objets entre le
pouce et l’index.
De 10 à 11 mois
Le corps : la marche devient une activité centrale.
Les mains : Non seulement la préhension est plus fine, mais
l’orientation du mouvement vers un but se précise.
De 11 à 12 mois
Le corps : il perfectionne une marche de plus en plus assurée,
de plus en plus rapide et se libère des appuis de sécurité.
&
Les mains : la préhension est de plus en plus sûre et précise. Par
les exercices, la force augmente et les mouvements complexes
ou composites apparaissent. Les mouvements de base sont bien
acquis.
LE JEUNE ENFANT
De 12 à 18 mois
L’enfant devient de plus en plus indépendant. Vers 18 mois, il
met à l’épreuve ses parents pour tester leurs limites. Sa curiosité
l’entraîne vers de nouvelles expériences de vie. Il peut
généralement monter et descendre l’escalier en tenant un adulte
par la main. Il peut lancer un ballon, passer seul de la position
debout à la position assise et se dandiner au son de la musique.
Il peut empiler des cubes, tourner les pages d’un livre,
gribouiller, remplir et vider des boîtes. Il peut aussi manger
seul, mais il se salit beaucoup. Il boit dans une tasse. Il
commence à jouer à faire semblant et à prendre des initiatives.
Les organes phonateurs s’inscrivent aussi dans une synergie de
nombreux petits muscles. Il peut prononcer de 10 à 20 mots,
mais il en comprend beaucoup plus. Il énonce des phrases
incompréhensibles, qui semblent issues d’une langue étrangère.
On commence pourtant à le comprendre. Il sait maintenant faire
de nombreux gestes et il ne se lasse pas de poser des questions.
De 18 mois à 2 ans
Il grandit et ressemble de plus en plus à un petit d’homme. Il
revendique son autonomie, mais a peur du monde qui l’entoure.
Il a des accès de colère. Il adore le mot « non » et s’en sert à
profusion. Il veut de l’aide et il n’en veut pas. Il explore, tente
de nouvelles expériences, essaye tout ce qui se trouve à sa
portée.
À 2 ans
Il sait jouer seul et se concentrer sur une tâche. Il joue de plus
en plus à faire semblant. Il adore courir, sauter, grimper, monter
et descendre les escaliers, lancer un ballon. Les activités de ce
genre l’aident à mieux contrôler son corps. D’autres activités,
comme écouter de la musique et des histoires, peuvent l’apaiser.
'
Il prononce environ 50 mots et peut nommer presque tous les
objets de la vie courante. Il dit des phrases de 2 mots, comme
« auto-papa ». Un adulte étranger devrait être capable de le
comprendre approximativement.
De 2 ½ ans à 3 ans
Il aime les jeux de construction, la peinture avec les doigts, la
pâte à modeler. Il joue également de mieux en mieux à faire
semblant. Il s’exprime mieux et utilise des mots pour
communiquer ce qu’il ressent. Il contrôle mieux ses
mouvements, suit une ligne droite, monte les escaliers en
alternant les pieds, marche à reculons ou sur la pointe des pieds,
grimpe sur les meubles, mange à la cuillère et à la fourchette. Il
arrive parfois à se déshabiller seul, mais a encore souvent
besoin d’aide pour enfiler ses vêtements.
L’ENFANT À L’ÂGE SCOLAIRE
L’école est une grande aventure pour l’enfant et ses parents.
Même si le rythme de développement diminue quelque peu,
l’enfant en âge scolaire poursuit sa course vers une adaptation
optimale.
La nature fondamentale du développement repose sur le
principe que chaque acquis sert de base à d’autres formes de
mouvements spécialisés. Parmi les comportements moteurs
fondamentaux, on retrouve la marche, la course, les sauts, les
déplacements vers le haut, vers là-bas ou encore latéralement.
L’équilibre, la stabilité s’améliorent, ainsi que les
manipulations, comme attraper, lancer, frapper, tenir. Le stade
initial (ébauche) de la plupart de ces comportements moteurs
fondamentaux se situe entre 2 et 3 ans, le stade intermédiaire
(exercice) entre 4 et 5 ans, et le stade final (confirmation et
automatisation), entre 6 et 7 ans.
Entre trois et douze ans, les enfants sortent d’une période
intense de construction de soi et continuent à se développer
dans tous les domaines avant d’affronter les turbulences de
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