18 | La Lettre du Cardiologue • n° 448 - octobre 2011
Points forts
Tableau I. Profils cliniques INTERMACS.
Profil Description Délai d’intervention
1 Choc cardiogénique critique Heures
2 Déclin progressif sous inotropes Jours
3 Stable mais dépendant des inotropes Semaines
4 Symptômes au repos, au domicile, traitement oral Semaines ou mois
5 Intolérant à tout effort Semaines ou mois
6 Efforts limités Mois
7 Classe IIIB de la NYHA Pas précisé
»21 964personnes sont décédées d'insuffisance cardiaque en France en 2008.
»La fenêtre thérapeutique de la transplantation et/ou de l'assistance circulatoire est étroite.
»L'accès à la transplantation cardiaque resté limité par la rareté des greffons (360greffes par an).
»
Les dispositifs d'assistance circulatoire à débit continu, plus petits et plus fiables, donnent, dans le
registre INTERMACS, une survie à 1 an supérieure à 70 %.
»Une mortalité à 1 an estimée supérieure à 10 à 15 % avec le
Seattle Heart Failure Model
doit amener
à adresser un patient à un centre de greffe.
»
L'insuffisance rénale chez un insuffisant cardiaque est un facteur de risque de décès sous traitement
médical après greffe et après assistance, et doit conduire à référer le malade à un centre de greffe.
Mots-clés
Insuffisance cardiaque
avancée
Transplantation
Assistance circulatoire
mécanique
Facteurs pronostiques
Fenêtre thérapeutique
Highlights
»
21964 patients died from
heart failure in France in 2008.
»
The therapeutic window of
cardiac transplantation and
mechanical circulatory support
is narrow.
»
Graft scarcity is the main
limitation to heart transplan-
tation.
»
One year post continuous-
flow left ventricular assist
device implantation survival
is > 70%.
»
Amulatory patients with
more than 10-15% 1-year
mortality with the Seattle
Heart Failure Model should be
referred to a transplant center.
»
Renal insufficiency in heart
failure patients is a risk factor
for death and should trigger
consideration for a referral to
a transplant center.
Keywords
Advanced heart failure
Transplantation
Mechanical circulatory
support
Prognostic factors
Therapeutic window
100 000 habitants à 36,4 en 2000 et 27,6 en 2008),
en 2008, l’insuffisance cardiaque a été à l'origine du
décès de 21 964 personnes (3).
La place des traitements pharmacologiques et élec-
triques de l’insuffisance cardiaque est précisée dans
les recommandations des sociétés savantes (1, 4).
La transplantation cardiaque est un traitement de
l’insuffisance cardiaque terminale. S’il n’y a jamais
eu d’étude randomisée comparant les résultats de
la transplantation avec ceux du traitement médical,
il a été montré que la transplantation apportait un
bénéfice sur la survie des malades inscrits sur liste
d’attente (5). Le risque de décès après la trans-
plantation est inférieur à celui des patients inscrits
sur liste d’attente après le dixième jour pour les
malades hospitalisés en décompensation, et après le
quarante-deuxième jour pour les malades ambula-
toires. En France comme ailleurs, la transplantation
cardiaque reste limitée par la rareté des greffons.
En 2009, 485 nouveaux candidats ont été inscrits
sur liste d’attente et 359 patients ont été greffés. Le
niveau de pénurie est stable depuis plusieurs années
avec 2,2 candidats pour un greffon. La durée médiane
d’attente pour les malades inscrits entre 2007 et
2009 sur liste d’attente était de 3,5 mois et le taux
d’incidence de décès parmi les patients inscrits sur
liste d’attente, de 22,2 pour 100 patients-années (6).
Depuis l’étude randomisée et contrôlée REMATCH
(Randomized Evaluation of Mechanical Assistance
for the Treatment of Congestive Heart Failure) [7],
au début des années 2000, qui a montré qu’un
système d’assistance circulatoire mécanique avec
une pompe à débit pulsatile réduisait de 48 %
(p = 0,001) le risque de décès par rapport au trai-
tement médical chez les patients en insuffisance
cardiaque terminale non éligibles à une transplan-
tation, les machines, leur stratégie d’implantation et
surtout leurs résultats ont beaucoup évolué. Il s’est
produit une transition des pompes à débit pulsatile
vers les pompes à débit continu, qui représentaient
98 % des implantations chez l’adulte au premier
semestre 2010 aux États-Unis. Plus petites, plus
faciles à implanter et plus fiables, ces pompes s’ac-
compagnent de moins de complications infectieuses
et améliorent significativement la survie à 2 ans (8).
Par ailleurs, l’Interagency Registry for Mechanically
Assisted Circulatory Support (registre INTERMACS)
indique qu’entre les périodes 2006-2008 et 2009-
2010, la proportion des implantations en attente
de récupération et de greffe a diminué, alors que
celle des implantations en attente d’inscription
sur la liste d’attente et comme traitement définitif
ont augmenté (9). La survie à 1 an rapportée par le
registre est supérieure à 70 %.
Patients hospitalisés
Parmi les insuffisants cardiaques hospitalisés pour
un ajustement thérapeutique, qu’il s’agisse d’une
insuffisance cardiaque de novo ou d’une décompen-
sation d’insuffisance cardiaque chronique, certains
répondent au traitement et à la prise en charge
des facteurs favorisant la poussée d’insuffisance
cardiaque. D’autres sont réfractaires et doivent
recevoir un traitement inotrope intraveineux
prolongé. Pour mieux caractériser cette population
de patients en insuffisance cardiaque réfractaire, le
registre INTERMACS, créé en 2006, a défini 7 profils
cliniques (tableau I) [10]. Les éléments qui doivent
conduire à adresser un patient répondant au traite-
ment à un centre médico-chirurgical sont les mêmes
que ceux pris en compte pour les patients ambula-
toires. À l'opposé, les patients avec un profil INTER-
MACS 1, 2 et 3 doivent être transférés vers un centre
médico-chirurgical dans des délais se comptant
respectivement en heures, en jours et en semaines
s’ils n’ont pas de contre-indication à la mise en place
d’une assistance circulatoire mécanique.
Le profil INTERMACS 1 (crash and burn) concerne
les patients en choc cardiogénique critique, avec
une hypotension menaçante et une hypoperfusion