FAIRE LE POINT
Genèse et propagation des messages nerveux
Le circuit nerveux le plus simple est celui du réflexe myotatique qui contrôle l’état de
contraction du muscle. Tout muscle est soumis à son propre poids qui l’étire. Cet
étirement est détecté par des structures sensorielles (fuseaux neuromusculaires) qui
génèrent un message nerveux sensoriel qui voyage dans un neurone passant par la racine
dorsale de la moelle épinière. Ce neurone établit une synapse avec un interneurone relié
à un motoneurone innervant le muscle antagoniste et directement à un motoneurone du
muscle étiré. Ces deux neurones sortent par la racine ventrale. Il s’ensuit une légère
contraction du muscle étiré qui maintient un certain tonus musculaire. Les étapes du
réflexe myotatique sont : naissance et codage de l’intensité du stimulus, propagation,
transmission, intégration, genèse d’un nouveau message, propagation, transmission à
la cellule effectrice.
Il existe une différence de potentiel électrique de part et d’autre de la membrane
plasmique de toute cellule vivante. Cette différence est due à une perméabilité sélective
de la membrane et à l’existence de transports actifs. Les ions les plus concentrés dans le
milieu extracellulaire sont le Na+, le Ca2+ et le Cl−, en revanche, le K+ est plus concentré
dans le milieu intracellulaire. La cellule laisse sortir plus de K+ qu’elle ne laisse entrer de
cations, son côté cytosolique est donc négatif par rapport à sa surface. Le déplacement
des ions de part et d’autre de la membrane est contrôlé par la force osmotique et la force
électrique mais aussi par la perméabilité membranaire. Au repos, le flux net de Na+ est
entrant, le flux net de K+ est sortant et le flux net de Cl
− est nul. La pompe Na+/K+
ATPase éjecte 3 Na+ et prélève 2 K+ qui compense les 3 Na+ entrés et les 2 K+ sortis dans
le sens de leurs gradients électrochimiques respectifs.
Les neurones sont des cellules excitables, ils possèdent une catégorie spécifique de
canaux, les canaux voltage-dépendants. Ils propagent une onde de dépolarisation sans
que celle-ci ne s’atténue. Cette onde est le potentiel d’action. Il se traduit par une
dépolarisation, une repolarisation et une hyperpolarisation d’une amplitude d’environ
100 mV et d’une durée de quelques millisecondes. Cette onde est due à un changement de
conductance ionique. La dépolarisation est provoquée par une augmentation transitoire
de la perméabilité au Na+, la repolarisation et l’hyperpolarisation à une élévation de la
conductance au K+.
L’ouverture séquentielle des canaux voltage-dépendants est responsable de ces
changements de conductance. Ces canaux s’ouvrent en fonction de la valeur du potentiel
de membrane de la membrane qui les entoure. Le potentiel de repos est de l’ordre de − 70
mV ; quand il atteint environ − 40 mV, les canaux Na+ voltage-dépendants s’ouvrent
massivement et le Na+ entre dans la cellule sous la force de son gradient
électrochimique, le potentiel atteint alors 35 mV, les canaux K+ voltage-dépendants
s’ouvrent, le K+ sort, il repolarise et hyperpolarise la membrane.
La technique du patch-clamp associée à la connaissance de la structure tridimensionnelle
des canaux voltage-dépendants a permis de comprendre leur fonctionnement et leur
contribution à la formation d’un potentiel d’action. L’ouverture et la fermeture de ses
canaux sont contrôlées par des hélices transmembranaires tensiosensibles chargées
positivement qui se déplacent en fonction de la valeur de la polarisation membranaire.
Dans un axone non stimulé, la plupart des canaux voltage-dépendants sont fermées, mais
s’ouvrent si la membrane se dépolarise au-delà d’une valeur seuil. Les canaux voltage-
dépendants possèdent une période réfractaire qui les empêche de s’ouvrir
immédiatement après s’être ouverts. Cette période réfractaire est responsable de la
conduction unidirectionnelle du potentiel d’action dans les conditions physiologiques.