Syndrome dysexécutif cognitif

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Article de synthèse
Rev Neuropsychol
2009 ; 1 (1) : 34-41
Syndrome dysexécutif cognitif :
un déficit de l’administrateur
de la mémoire de travail ?
Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 25/05/2017.
The cognitive dysexecutive
syndrome: an impairment
of the central executive
of working memory?
Richard Lévy
Service de neurologie,
Hôpital Saint-Antoine, Paris ;
et Inserm U610,
Hôpital de la Pitié-Salpêtrière, Paris
<[email protected]>
Le syndrome dysexécutif cognitif est secondaire à l’altération des processus cognitifs permettant d’élaborer et de
contrôler volontairement les comportements dirigés vers un but. Ces processus cognitifs
regroupent de nombreuses macrofonctions (planification, raisonnement, découverte de
règles, etc.), reposant elles-mêmes sur des opérations élémentaires appartenant à la mémoire
de travail. La conception psychologique de la mémoire de travail isole les systèmes de
maintien de l’information en mémoire à court terme (les systèmes tampons) du système de
gestion exécutive (l’administrateur central), manipulant et utilisant l’information maintenue en
représentation mentale. Ce modèle psychologique a une pertinence anatomo-fonctionnelle,
car il permet de dissocier les fonctions des cortex associatifs rétrorolandiques, indispensables
pour le maintien en mémoire à court terme, du cortex préfrontal latéral dont les fonctions se
superposent grandement à l’administrateur central de la mémoire de travail. Toutefois, si le
syndrome dysexécutif cognitif correspond le plus souvent à une altération de l’administrateur
central (terme qui tend progressivement à être remplacé par celui de « contrôle cognitif »), luimême secondaire à un dysfonctionnement préfrontal, une vision connexionniste et interactive
des fonctions cérébrales suppose que l’intégrité des fonctions exécutives dépend d’un réseau
plus vaste, incluant les cortex associatifs rétrorolandiques, le cortex frontal orbitaire et médian
et les ganglions de la base.
Résumé
Mots clés : cortex préfrontal • contrôle cognitif • fonctions exécutives • IRMf
Abstract
34
REVUE DE NEUROPSYCHOLOGIE
NEUROSCIENCES COGNITIVES ET CLINIQUES
doi: 10.1684/nrp.2009.0005
Correspondance :
R. Lévy
The cognitive dysexecutive syndrome is secondary to
the impairment of the cognitive processes required to
voluntary elaborate and control goal-directed behaviors. Planning, reasoning, rule finding, abstraction are some of the cognitive processes gathered under the concept of executive functions. They rely on more elementary operations that typically belong to working memory. According to the classical Baddeley’s psychological model, working
memory is composed of buffer systems that maintain information in short-term memory
and of a central executive module, essential to manipulate mental representations to prepare the forthcoming voluntary action. This psychological model is of interest for clinicians and neuroscientists because it can be related to a relevant anatomical-functional
dissociation between retro-rolandic association cortices and the dorsolateral prefrontal
cortex. Indeed, a large set of data, mostly from the monkeys and from imaging studies in
human, supports the idea that the retro-rolandic association areas are involved in the
short-term maintenance of information. In these posterior cortical brain regions, maintenance is topographically organized according to the domain of the material maintained
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in working memory (visuospatial, objects features, verbal…). The dorsolateral prefrontal
cortex is mostly involved in the central executive (or according to a more recent naming,
the “cognitive control”). How the dorsolateral prefrontal cortex is organized to support
its functions is still a matter of debate. Eventually, it is important to keep in mind, in a
modern and connexionnist conception of brain functions, that a vast neural network
(including retro-rolandic association cortices, orbital-medial prefrontal cortex and the
basal ganglia) is essential to support executive functions and cognitive control.
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Key words: prefrontal cortex • executive functions • cognitive control • functional imaging studies
L’
adaptation de l’homme à son environnement
nécessite l’apprentissage de règles physiques et
sociales bien établies (« si je m’approche du feu,
je me brûle. J’évite donc de m’en approcher »…). Ces règles
de base sont nécessaires pour la survie, le maintien de
l’homéostasie et la régulation minimale des comportements
sociaux. Ces règles rigides reposent sur l’apprentissage
associatif entre une connaissance ou un comportement et
son résultat invariant. Ces connaissances, certes indispensables, demeurent insuffisantes pour l’adaptation pleine de
l’individu au monde complexe et mouvant dans lequel
nous évoluons. L’adaptation à des situations nouvelles ou
suffisamment complexes nous oblige à établir des comportements régis par la mise en jeu de stratégies inédites et
planifiées, se dégageant des comportements automatiques,
réflexifs et routiniers. La flexibilité mentale, la résistance
aux interférences, le partage des ressources attentionnelles,
la découverte et l’apprentissage de nouvelles règles, la planification, le raisonnement, les stratégies pour réactiver les
traces mnésiques, la conceptualisation et l’abstraction sont
quelques-unes des fonctions mentales engagées dans les
processus adaptatifs face à un monde en mouvement permanent et aux règles complexes. Elles appartiennent classiquement aux fonctions exécutives. Dans un sens restrictif,
les fonctions exécutives sont l’ensemble des opérations
mentales requises pour la réalisation d’une tâche cognitive
complexe. Selon Miyake et al. [1], elles sont organisées
autour de trois fonctions mentales plus élémentaires : la
manipulation et l’actualisation des représentations mentales, le renversement de règles préétablies et l’inhibition
des réponses réflexives. Dans un sens plus large, les fonctions exécutives peuvent être définies par l’ensemble des
fonctions mentales impliquées dans l’élaboration et le
contrôle de comportements volontaires, dirigés vers un
but [2]. En d’autres termes, toutes les opérations mentales
concourant à la réalisation volontaire de l’action font partie
des fonctions exécutives. Il est donc possible d’y inclure
toutes les fonctions mentales permettant de créer le but et
d’impulser le besoin d’agir (il s’agit des fonctions de volition
incluant les traitements affectifs poussant à agir comme la
prise en compte des renforcements positifs et négatifs
potentiels), toutes les fonctions nécessaires à élaborer le
plan d’action, une fois le but choisi (il s’agit des étapes
cognitives de construction de l’action), des étapes de
préparation motrice et d’exécution de l’action volontaire
et des processus nécessaires de rétrocontrôles cognitif et
affectif permettant de vérifier si le comportement en cours
est valide ou s’il doit être modifié [3]. Ainsi, le syndrome
dysexécutif peut être d’ordre cognitif ou socio-affectif.
Dans cet article, nous nous limiterons à discuter des bases
neuropsychologiques et neurales du versant cognitif du
syndrome dysexécutif, c’est-à-dire principalement des opérations mentales permettant de construire un plan d’action
dirigé vers un but (nous mettrons de côté le versant affectif
ou social des fonctions exécutives).
La constitution d’un plan d’action repose sur des opérations
élémentaires telles que l’élaboration et le maintien d’un but
et de ses étapes intermédiaires, la programmation de la
séquence d’actions à effectuer et l’inhibition des actions
inappropriées. Certaines de ces opérations élémentaires
peuvent être regroupées sous le concept de mémoire de
travail. Le concept de mémoire de travail prend sa source
dans le champ de la psychologie cognitive sous l’impulsion
des travaux d’Atkinson et Shiffrin [4], puis de Baddeley [5].
Une définition de la mémoire de travail, généralement
admise par ceux utilisant l’approche expérimentale chez
le singe et l’imagerie fonctionnelle chez l’homme, est la
suivante : il s’agit d’un ensemble d’opérations mentales permettant le maintien, la manipulation et l’utilisation de
représentations internes d’informations provenant du
monde extérieur ou du stock mnésique en prévision d’une
action [6]. Dans la définition proposée ci-dessus, la
mémoire de travail regroupe au moins deux ensembles de
processus cognitifs distincts mais interdépendants : la capacité de maintenir à court terme une représentation, et la
gestion exécutive, c’est-à-dire l’utilisation mentale en vue
de l’action, des informations maintenues en représentation
interne. Cette fragmentation de la mémoire de travail
recoupe en grande partie le modèle psychologique de Baddeley [5] postulant à l’existence, d’une part, de systèmes
« tampons » permettant le stockage sous une forme
« active » de l’information et, d’autre part, d’un « administrateur central », gestionnaire allouant les ressources attentionnelles et manipulant l’information maintenue activement en mémoire à court terme. Dans sa finalité, la
mémoire de travail est très différente de la mémoire déclarative à long terme, car sa fonction n’est pas dirigée vers le
stockage (même s’il s’agit d’une étape obligatoire) mais vers
la réalisation d’actions à court terme. Comme le souligne, le
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psychologue Baddeley [5], elle correspond à une interface
entre la mémoire et l’action.
L’administrateur central de la mémoire de travail représente un ensemble de processus actif sur les représentations
mentales maintenues en mémoire à court terme. Théoriquement, si ce module de la mémoire de travail était altéré, il
pourrait entraîner un syndrome dysexécutif d’intensité
sévère mais probablement dissocié. En effet, son altération
affecterait principalement l’ensemble des fonctions nécessitant la manipulation et l’actualisation des représentations
mentales en mémoire de travail. Il s’agit de la planification,
du raisonnement déductif, du calcul mental, de l’apprentissage de procédures motrices ou cognitives séquentielles, de
l’élaboration de règles basées sur plusieurs paramètres, de
la réalisation concomitante de deux tâches cognitives, de la
navigation spatiale dans un espace représenté mentalement, de la lecture de textes complexes ou narratifs, etc.
Toutefois, d’autres aspects des fonctions exécutives resteraient relativement préservés : il s’agit des capacités de
maintien des représentations mentales ne nécessitant pas
de réorganisation de l’information (capacités reposant sur
les systèmes « tampon »), les renversements de règles, les
capacités d’inhibition des actions réflexives, archaïques
ou le blocage des stimuli environnementaux potentiellement interférents, les capacités stratégiques permettant
d’extraire des zones de stockage la trace mnésique utile à
un moment donné. Enfin, si l’on considère que les fonctions
exécutives ne sont pas purement cognitives mais aussi
sociales et affectives (voir ci-dessus), un déficit de l’administrateur central de la mémoire de travail ne peut rendre
compte d’un défaut de prise en compte des conséquences
des actions, plutôt explicable par une diminution de la sensibilité au renforcement ou d’un trouble de la cognition
sociale souvent dû à un défaut d’empathie, un émoussement affectif ou un trouble de la théorie de l’esprit (partiellement dépendant de l’administrateur central de la
mémoire de travail). Au total, un déficit isolé de l’administrateur central rend certainement compte d’une partie
importante du syndrome dysexécutif cognitif, mais il ne
peut expliquer l’ensemble « cognitif » de ce syndrome et
moins encore, le syndrome dysexécutif dans sa globalité si
l’on considère qu’il n’est pas impliqué dans la composante
affective et sociale des fonctions exécutives.
La psychologie expérimentale a permis d’isoler l’administrateur central des autres composantes de la mémoire de
travail. La neuropsychologie permet d’aborder la question
de la relation entre un concept psychologique et son substrat biologique. Dans le cas précis, existe-t-il une région ou
un réseau de régions cérébrales qui, lorsqu’elle ou il est
lésé(e), permet de rendre compte d’un déficit isolé de l’administrateur central ? Le réseau cérébral dévolu à la
mémoire de travail est vaste et inclus des régions corticales
rétrorolandiques, des régions frontales et des structures
sous-corticales [6]. Au sein de ce vaste réseau, peut-on attribuer à l’une ou plusieurs structures le rôle spécifique d’administrateur central de la mémoire de travail ?
36
La principale région candidate est la région latérale du
cortex préfrontal (CPFL ; Brodmann [BA], 8, 9, 10, 44, 45,
46 et 47) [6-9]. De haut en bas, le CPFL occupe la partie
latérale du gyrus frontal supérieur (BA 8/9), le gyrus frontal
moyen (BA 9/46), le gyrus frontal inférieur (BA 12/44/45).
Sa partie antérieure est représentée par la portion externe
du pôle frontal (BA 10). Ses afférences sont principalement
les régions associatives rétrorolandiques (les lobes pariétaux et temporaux, y compris les régions internes hippocampiques, entorhinales et parahippocampiques), le CPFL
controlatéral, les autres régions frontales et la partie externe
(« parvocellulaire ») du noyau dorsomédian du thalamus
[6, 7]. Il projette principalement vers les structures motrices
du cerveau (les cortex prémoteur et moteur, les ganglions
de la base et les noyaux moteurs du tronc cérébral). Il réalise
donc une double interface entre, d’une part, les régions
d’intégration perceptive et les régions motrices [10] et,
d’autre part, entre les régions intégrant le passé (hippocampes et régions associatives stockant les connaissances
sémantiques) et celles projetées vers l’action à venir (en particulier, les cortex prémoteurs qui vont programmer la
séquence d’actions à venir). Cette double interface est
essentielle pour assumer un rôle d’administrateur central.
En effet, l’administrateur central doit recevoir un signal
« montant » (bottom-up) des régions cérébrales où sont
stockées les représentations mentales (les régions associatives rétrorolandiques) et dans le même temps exercer son
rôle exécutif (top down) en adressant un signal réciproque
vers ces mêmes régions (permettant l’adressage d’une
requête ou le filtrage attentionnel des stimuli non pertinents). Dans ce sens, les lésions du CPFL chez l’homme
augmentent précocement (20 ms après la stimulation),
l’amplitude des potentiels évoqués dans les régions sensorielles postrolandiques en réponse à des stimuli non pertinents, suggérant que le traitement sélectif des informations
pertinentes et non pertinentes est sous le contrôle inhibiteur
du cortex préfrontal [11]. Enfin, l’interface du CPFL vers des
régions telles que le cortex prémoteur, les ganglions de la
base et les noyaux moteurs du tronc cérébral lui permet de
jouer un rôle essentiel dans la préparation, l’exécution et le
contrôle de l’action.
Quels sont les arguments expérimentaux ou cliniques
permettant de relier le CPFL à l’administrateur central de
la mémoire de travail ? Les singes présentant une destruction bilatérale du CPFL ne peuvent effectuer correctement
une épreuve appelée la tâche des réponses différées
(delayed response task). Dans cette épreuve, l’animal est
soumis à un choix de réponse en fonction d’une information présentée quelques secondes plus tôt mais séparée de
la réponse par un intervalle de plusieurs secondes appelé
« délai », et pendant lequel l’information n’est plus présente. Ainsi, ces épreuves découplent la perception de l’information de la réponse en interposant une phase tampon
qui a pour but d’obliger l’animal à sélectionner sa réponse
sur la base du stimulus maintenu sous la forme d’une représentation interne. De ce fait, au moment de sa réponse,
l’animal ne peut pas s’appuyer sur des indices externes
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guidant son choix au moment de la réponse. Il doit donc
utiliser les données présentées avant le délai. Pour réaliser
cette tâche, le singe devra alors maintenir une trace (ou
représentation interne) de l’information pertinente et préparer mentalement l’action à venir. Il s’agit donc de tâches
« prototypiques » de mémoire de travail. Après une lésion
bilatérale du CPFL, le déficit est tellement sévère que le
comportement du singe paraît dicté par le hasard [12-16].
Plus précisément, au sein du CPFL, des lésions circonscrites
à sa partie moyenne, c’est-à-dire au cortex préfrontal dorsolatéral englobant un sillon cortical, le sillon principal, suffisent à produire un déficit massif [14, 17-21]. En revanche,
les lésions d’autres régions corticales associatives (frontales
ou plus postérieures) entraînent peu ou pas de déficit à cette
épreuve [12, 13, 15, 22]. Il faut bien noter que ces singes
frontolésés et présentant un déficit aux épreuves de réponses différées n’ont pas de paralysie motrice ou de troubles
sensoriels primaires pouvant expliquer leur difficulté. Enfin,
lorsqu’ils effectuent cette épreuve en l’absence de délai, la
performance redevient normale, indiquant bien que le déficit est lié à une difficulté à effectuer les opérations mentales
mises en jeu pendant le délai, c’est-à-dire la mémoire de
travail.
Toutefois, les données lésionnelles ci-dessus pourraient
suggérer, du moins chez le primate non humain, que le rôle
du CPFL est au moins aussi important pour le maintien en
mémoire à court terme que pour l’administrateur central. En
effet, dans les réponses spatiales différées, le choix se fait
entre deux stimuli. Pour répondre correctement, il suffit
donc de maintenir active la représentation du stimulus pertinent pendant le délai. Aucune manipulation de l’information n’est utile. Ainsi, les lésions du CPFL chez le macaque
rhésus induisent un déficit qui peut être expliqué par un
défaut de maintien de l’information en mémoire à court
terme sans faire intervenir l’administrateur central [20].
Néanmoins, les données issues de l’enregistrement unitaire
de neurones du CPFL chez le singe pendant le délai des
réponses différées ont permis de mettre en évidence des
activités neuronales en relation avec diverses opérations
élémentaires typiquement dépendantes de l’administrateur
central. Outre les activités associées au maintien pendant
quelques secondes de l’information présentée sous la
forme d’une représentation mentale, suggérant que le
CPFL intervient dans le stockage en mémoire à court
terme (quelques secondes) [6, 7, 23], d’autres activités
sont en relation avec la préparation de l’action à venir
[24, 25], l’inhibition d’une action réflexive ou d’une information non pertinente [24], au codage temporel d’un stimulus dans une séquence [26] et à la sélection parmi plusieurs réponses plausibles, suggérant leur implication dans
la construction de règles comportementales complexes
[27]. Au total, chez le primate non humain, il semble que
le CPFL joue un rôle essentiel pour le maintien en mémoire
à court terme, mais qu’il possède aussi, en termes d’activité
neurale, l’ensemble des outils permettant d’effectuer les
fonctions d’administrateur central. Ainsi, en suivant
Goldman-Rakic [28], le CPFL combinerait les fonctions
d’administrateur central et des systèmes tampons du
modèle de mémoire de travail de Baddeley.
Néanmoins, les activations du CPFL observées lorsque
le singe doit maintenir « passivement » l’information en
mémoire à court terme ne signifient pas nécessairement
que le maintien s’effectue dans le CPFL. En effet, le CPFL
est connecté de façon réciproque par des boucles réverbérantes aux cortex associatifs rétrorolandiques, et il peut
envoyer vers ces régions un signal tonique durable permettant le maintien à disposition de la représentation mentale
(sans transfert représentationnel vers le CPFL). Plusieurs
arguments plaident dans ce sens. Tout d’abord, lors des
tâches différées, des co-activations, en tout point identiques
à celles observées dans les neurones du CPFL, sont observées dans le cortex pariétal postérieur et le cortex temporal
inférieur avec lesquels le CPFL entretient des relations anatomiques réciproques [29-34]. Ces observations indiquent
que la mémorisation à court terme est aussi effectuée dans
d’autres régions corticales en relations anatomiques directes avec le CPFL. De façon intéressante, Miller et Desimone
[35] ont comparé les profils d’activité des neurones dans
deux régions dans lesquelles les neurones ont la capacité
de maintenir une activité soutenue pendant la phase de
délai de tâches à réponses différées : le cortex inférotemporal et le CPFL. Dans cette expérience, les singes voyaient
défiler une série de stimuli visuels séparés les uns des autres
par un bref délai. Ils avaient pour consigne de relâcher un
levier de pression quand un stimulus cible réapparaissait à
l’écran. Ce stimulus cible ne réapparaissait qu’après la présentation de plusieurs stimuli interférents. Des neurones
activés par le stimulus cible et maintenant leur activité de
façon soutenue pendant le délai étaient détectés dans le
cortex inférotemporal et le CPFL. Toutefois, dans le CPFL,
cette activité se maintenait jusqu’à la réapparition du stimulus cible (et par conséquent jusqu’à la réponse comportementale), tandis que dans le cortex inférotemporal l’activité
cédait dès l’apparition du stimulus suivant. Ces données
suggèrent donc que dans le CPFL, l’activité de maintien
est dirigée vers la réponse comportementale, et qu’il ne
s’agit pas uniquement d’une activité liée à la mémorisation
per se. Chez l’homme, en imagerie fonctionnelle, Paulesu
et al. [36] ont montré que l’un des systèmes tampon de la
mémoire de travail, la boucle phonologique, était organisé
entre l’aire de Broca et une région du cortex pariétal postérieur gauche, le gyrus supramarginal (BA 40). Cette dernière
région étant impliquée dans le maintien passif du matériel
verbal (phonological buffer), tandis que l’aire de Broca alimente activement ce système passif de maintien à court
terme par la répétition sous-vocale. Ces données expérimentales sont renforcées par la clinique. En effet, une
forme clinique de la maladie d’Alzheimer à début postérieur, appelée aphasie progressive logopénique ou phonologique [37], commençant par l’atteinte symptomatique du
lobule pariétal postérieur gauche se manifeste initialement
par un trouble majeur de la boucle phonologique altérant
les capacités de maintien en mémoire de travail verbale et
se répercutant sur les capacités de compréhension et de
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répétition de mots longs (c’est-à-dire comprenant un nombre important de syllabes).
Ainsi, même si le CPFL intervient dans le maintien simple de l’information en mémoire de travail, son rôle critique
pourrait se trouver ailleurs, en particulier dans les tâches de
gestion exécutive (ou d’administrateur central). En particulier, un des rôles principaux résiderait dans l’utilisation des
représentations mentales pour préparer l’action volontaire à
venir. Plusieurs études d’imagerie fonctionnelle chez
l’homme sain ont montré des activations significativement
plus importantes dans le CPFL au cours de tâches nécessitant une préparation plus intense de l’action à venir (telle
qu’une version automatisée de l’épreuve de la « Tour de
Londres ») par comparaison à des épreuves dans lesquelles
seul le maintien « passif » en mémoire de travail était requis
[38-40]. Dans le même ordre d’idée, dans notre laboratoire,
nous avons montré en IRMf à l’aide de tâches dérivées des
réponses différées chez le singe (les épreuves dites de
« séquences spatiales mémorisées » et de « double délai »)
que l’activation du CPFL dépend au premier chef de l’utilisation mentale de l’information maintenue en représentation mentale pour préparer l’action à venir et peu ou pas
du simple maintien en mémoire de travail [41, 42]. Le simple maintien en mémoire à court terme n’active pas le
CPFL. En revanche, lorsque le maintien en mémoire de travail requiert la mise en jeu de stratégies exécutives comme
le classement temporel, alors le CPFL est activé [42]. Au
total, l’ensemble de ces travaux souligne l’implication de
la région latérale du CPF dans la gestion exécutive (manipulation et préparation) d’un comportement élaboré.
Quelle est l’organisation anatomo-fonctionnelle du
CPFL pour mettre en place ses fonctions d’administrateur
central de la mémoire de travail ? Les travaux chez l’animal
et l’homme suggèrent qu’il existe, parallèlement à l’organisation modulaire cognitive décrite par Baddeley, une organisation modulaire anatomique de la mémoire de travail,
dans laquelle différentes régions cérébrales sont impliquées, plus ou moins spécifiquement, dans un ou plusieurs
des processus cognitifs décrits dans le modèle de Baddeley.
Deux axes principaux de différenciation du rôle de ces différentes régions dans la mémoire de travail guident les études anatomo-fonctionnelles. Premièrement, une différenciation en fonction du domaine de l’information traitée
(par exemple spatial, verbal ou figuratif dans la modalité
visuelle) ; secondairement, une différenciation en fonction
des processus cognitifs impliqués par la tâche étudiée (par
exemple, opération de stockage à court terme, de comparaison ou de manipulation active des informations en
mémoire de travail).
L’organisation du cortex rétro-rolandique fait apparaître
une ségrégation fonctionnelle principalement domainedépendante. La mémoire de travail visuo-verbale impliquerait principalement le cortex pariétal inférieur gauche (gyrus
supramarginal gauche) [36, 43, 44]. La mémoire de travail
visuo-spatiale paraît impliquer de façon prédominante le
cortex pariétal droit [43, 45, 46]. Plus précisément, les cortex pariétaux droits inférieur (gyrus supramarginal, BA 40)
38
et supérieur (BA 7) paraissent le plus souvent impliqués
dans les tâches de mémoire de travail visuo-spatiale [47].
Quant à la mémoire de travail visuelle non spatiale (stimuli
de type objets ou images abstraites, visages), elle ferait
intervenir de façon prédominante le cortex pariétal postérieur gauche mais aussi le cortex temporal inférieur gauche
[47, 48]. Ainsi, en modalité visuelle, il semble exister une
ségrégation domaine-dépendante épousant la dissociation
dorsoventrale décrite par Mishkin et Ungerleider dans le
traitement des informations visuelles par le cortex rétrorolandique [49]. La latéralisation interhémisphérique suggérée par certaines de ces études n’est évidemment pas
absolue, apparaissant principalement lorsque l’on compare
directement les domaines verbal et spatial entre eux. Le rôle
du cortex pariétal gauche (gyrus supramarginal) a été spécifiquement étudié en mémoire de travail verbale [36, 44,
47]. Cette région semble impliquée dans le stockage passif
des informations verbales. Le cortex pariétal supérieur droit
serait impliqué dans la récapitulation des informations spatiales, impliquant des déplacements d’attention spatiale
focale [47, 50-52], en particulier dans le stockage passif à
court terme [47, 48]. Les régions rétrorolandiques semblent
donc suivre une organisation en fonction du domaine de
l’information visuelle traitée et être impliquées plus spécifiquement dans les processus de maintien en mémoire à
court terme en mémoire de travail.
En avant du sillon rolandique, les modèles actuellement
proposés d’organisation anatomique et fonctionnelle du
CPFL suggèrent que celui-ci peut aussi être divisé en sousrégions selon la nature des processus cognitifs mis en jeu.
Plusieurs modèles sont proposés à partir des données
expérimentales :
• les travaux de Fuster [7, 53] et plus récemment de Miller
et al. [54-56] chez le singe et de D’Esposito et al. chez
l’homme [57] plaident pour un rôle d’intégration supramodale du CPFL dont la fonction serait dirigée vers les aspects
les plus exécutifs de la mémoire de travail. Dans ce modèle,
le CPFL n’est pas divisible en plusieurs sous-régions effectuant un traitement différent sur l’information maintenue en
mémoire de travail. Au contraire, cette fonction de gestion
des ressources mentales nécessite l’intégration d’informations de nature sensorielle multiple ;
• pour Petrides et Owen, le CPFL est organisé en deux sousrégions (inférieure et supérieure) différentes pour la nature
des opérations effectuées en mémoire de travail [58-61].
Dans ce modèle à « deux étages », la région supérieure
(BA 9 et la partie supérieure de BA 46) est impliquée dans
la manipulation et la gestion séquentielle des informations
maintenues en mémoire de travail. La région inférieure (BA
12/45/47 et la partie inférieure de BA 46) assurerait le maintien en mémoire de travail et la réalisation de comportement nécessitant peu ou pas de manipulation mentale (par
exemple, juger si une information maintenue en mémoire
de travail doit être manipulée ou non) ;
• Goldman-Rakic et al. soutiennent un modèle différent de
ségrégation du CPFL. Dans ce modèle, le CPFL est subdivisé en modules anatomiques de mémoire de travail diffé-
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rents entre eux par la nature sensorielle de l’information
traitée [6, 20, 21, 28, 62-64]. Par exemple, la région
moyenne du CPFL (représentée chez le singe par l’aire 46
de Walker) serait essentielle pour le traitement en mémoire
de travail des informations visuelles spatiales, c’est-à-dire le
traitement de la position spatiale d’un stimulus visuel quelles que soient ses caractéristiques physiques (forme, couleur, taille, etc.). Au contraire, la partie inférieure du CPFL
(convexité inférieure ou aires 12/45 de Walker) permettrait
le traitement en mémoire de travail des caractéristiques
physiques des objets et des visages indépendamment de
leur localisation spatiale. Selon ce modèle, il est possible
d’envisager des modules de mémoire de travail au sein du
CPF pour les données auditives, l’olfaction, la gustation, les
émotions, etc. Le modèle de la modularité en fonction de la
nature sensorielle de l’information traitée en mémoire de
travail peut aussi dépendre de la latéralisation hémisphérique. Ainsi, s’il est clair que les aires de Brodmann 44/45
gauches sont systématiquement activées par la mise en jeu
de la boucle phonologique (système verbal de la mémoire
de travail), la région latérale du cortex préfrontal droit
semble être plus spécifiquement activée par la mémoire
de travail visuo-spatiale [47, 64].
Les raisons principales de la persistance du débat
concernant l’organisation anatomo-fonctionnelle du CPFL
sont d’ordre méthodologique :
• de nombreuses données ayant permis l’élaboration des
modèles ci-dessus ont été acquises chez le singe macaque
rhésus. Or, il est difficile de transférer des connaissances de
topographie fonctionnelle du singe à l’homme, en particulier pour le CPF, tant il existe de différences anatomiques
entre les deux espèces liées à l’augmentation spectaculaire
de taille du CPF chez l’homme par rapport aux autres espèces animales (y compris le macaque) [7] ;
• l’autre approche ayant permis la construction de ces
modèles est l’imagerie fonctionnelle. Celle-ci permet de tracer les contours du réseau cérébral impliqué dans une fonction cognitive mais ne permet pas de dire avec certitude si
chacune des régions incluses dans le réseau est une région
cruciale (la fonction ne peut être compensée en son
absence) ou accessoire. L’approche par corrélation lésions
focales-comportement n’a pratiquement jamais été tentée
chez l’homme pour répondre à ces questions ;
• enfin, très peu d’études ont été menées afin de vérifier au
sein d’une même expérience lequel des modèles était le
plus pertinent. Pour cela, il faudrait utiliser un paradigme
expérimental permettant, dans une même étude, de tester
de façon croisée tous les modèles proposés, et, éventuellement, que cette expérience permette de dégager un modèle
alternatif. En effet, l’ensemble des données de la littérature,
toutes valides intrinsèquement, sont peut-être à l’appui non
pas des modèles proposés mais d’un modèle alternatif permettant d’expliquer différemment, mais de façon globalement cohérente, l’ensemble des données obtenues soutenant des interprétations jusqu’alors divergentes.
Dans le sens de l’argumentation développée ci-dessus,
nous avons élaboré un paradigme expérimental permettant
de tester les principaux modèles décrits d’organisation
anatomo-fonctionnelle du CPFL, en utilisant la convergence d’approches méthodologiques, la neuropsychologie
et l’IRMf. Ce paradigme se compose de tâches dites de
« n-back multidomaines » et permet de croiser les deux
dimensions discutées dans les modèles : le domaine d’information (verbal, spatial, figuratif) et le type d’opérations
mentales effectuées sur le matériel mémorisé. Le principe
général est de déterminer si une information présentée à
un temps donné est identique ou différente d’une information présentée antérieurement. Les informations sont présentées visuellement, une par une successivement. Selon
le niveau de difficulté, l’information visuelle doit être comparée à une information présentée par une, deux ou trois
présentations précédentes (1-, 2-, ou 3-back). Pour chaque
niveau de complexité, le matériel à mémoriser est soit spatial, soit visuel non spatial, soit verbal. En croisant ces deux
dimensions : le type de matériel et le niveau de complexité,
le paradigme permet de tester les principaux modèles d’organisation du CPFL. Ce paradigme est couplé à deux approches complémentaires :
• l’IRMf chez des sujets sains ;
• la corrélation anatomo-clinique à l’aide de l’outil
moderne de cartographie lésionnelle voxel par voxel [65]
chez les patients cérébrolésés et des sujets sains appariés
pour l’âge, le sexe et le niveau culturel.
Ce type de cartographie statistique permet d’indiquer la
zone cérébrale lésée contribuant le plus à un déficit donné.
Nous faisons donc l’hypothèse que la conjonction de l’IRMf
et de la cartographie lésionnelle permet de contourner les
limites méthodologiques inhérentes à ces deux approches
et de renforcer la valeur des interprétations apportées en
termes de relation structure-fonction. C’est, à notre connaissance, la première étude d’approche bimodale intégrant
ces deux dimensions de la mémoire de travail dans une
même épreuve.
Dans un premier temps, grâce à cette approche, nous
avons montré qu’il existait une zone localisée dans la partie
postérieure du gyrus frontal supérieur (BA 8) qui apparaît
essentielle pour les plus hauts niveaux de manipulation de
l’information en mémoire de travail quand celle-ci est de
nature spatiale [66]. Ce paradigme a ensuite permis de
montrer en IRMf, chez 12 sujets sains, et en cartographie
lésionnelle voxel par voxel, chez 38 patients frontolésés
(par comparaison à 48 témoins), la dissociation anatomofonctionnelle suivante [67] : la partie postérieure du gyrus
frontal inférieur (région de Broca) est essentielle pour
l’épreuve du 3-back dans la modalité verbale, tandis que
la partie latérale du gyrus frontal supérieur gauche (BA 8)
est essentielle pour le 3-back dans la modalité spatiale. En
revanche, la région moyenne du CPFL (BA 9/46) intervient
pour le 3-back dans toutes les modalités testées. Ces données indiquent que chaque région du CPFL interviendrait
dans la mémoire de travail uniquement quand un certain
niveau de complexité est atteint. Une fois ce niveau atteint,
il existerait des modules anatomo-fonctionnels modalitédépendante et d’autres supramodaux. Ces données permet-
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tent de réconcilier les différents modèles d’organisation
anatomo-fonctionnelle du CPFL.
Toutefois, si ces données montrent bien l’hétérogénéité
anatomo-fonctionnelle du CPFL, elles ne permettent pas de
spécifier les processus cognitifs précis sous-tendus par le
CPFL (par exemple, dans la région spatiale, quelle est la
nature du traitement exécutif effectué sur les représentations mentales ?). À ce titre, il est intéressant de se pencher
sur un modèle récent d’organisation du cortex préfrontal
proposé par Koechlin et al. [68]. Ce modèle inspiré de la
théorie de l’information de Shannon, de la mémoire prospective de Fuster [7] et du modèle top-down du contrôle
cognitif de Miller et Cohen [8] propose une organisation
modulaire postéro-antérieure représentant quatre niveaux
de contrôle (sensoriel, contextuel, épisodique et des
embranchements). Les données obtenues par Volle et al.
[67] peuvent parfaitement se fondre et compléter le modèle
de Koechlin et al.
■
Points clés
Le syndrome dysexécutif est en partie dû au dysfonctionnement de l’administrateur central de la mémoire de
travail. L’intégrité fonctionnelle de celui-ci repose plus
particulièrement sur la région latérale du cortex préfrontal.
Cette dernière est organisée en plusieurs modules
anatomo-fonctionnels, apportant chacun une valeur ajoutée à la gestion exécutive des comportements volontaires.
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