La sociologie de la délinquance juvénile.
Introduction.
Pour parler de la délinquance juvénile comme fait social, il faut avant tout construit son objet, or la
représentation qu'on se fait de la délinquance juvénile est très présente à travers les deux types de
récits qu'on en a : les statistiques et les évaluations d'allure scientifiques d'une part ; la littérature et
le domaine télévisuel avec les feuilletons et l'information médiatique.
Statistique et fait divers.
La statistique policière de la deuxième moitié du XXème siècle rend compte d'une croissance des
prédations et des infractions contre les personnes quand les médias nous parle « des apaches », des
« blousons noirs », des « loubards », de « ceux qui connaissent la galère » et enfin des jeunes des
cités. Cependant, l'idée que l'on se fait de toutes ces « bandes » semble faussée, stéréotypée par les
faits divers et les sociologues dénotent une disparition de ces structures phénoménales au profit de
simple voisinage ou de « réseau fragile ».
La fiabilité des représentations.
L'auteur met en question la véracité des représentations de la délinquance juvénile, faites par les
journalistes et les auteurs, et s'interroge notamment sur le possible intérêt commercial : les
journalistes profiteraient des romans pour propager l'idée d'un ordre moral menacé.
Les effets de la représentations.
« Ces représentations médiatiques contribuent-elles à faire advenir ce qu'elles décrivent ? » c'est la
question que se pose l'auteur on s'appuyant sur les théories de sens communs selon lesquelles, il
existerait des réceptions socialement différentiées de sorte que les adolescents, par exemple,
influençables et influencés par les représentation médiatique de la délinquance juvénile, seraient
enclins à devenir ces délinquants que leur dépeignent, les journaux télés ou les films notamment.
Réceptions socialement différentiées. Et, Bien qu'il n'existe pas de preuves tangibles de ces
phénomènes, (étant acquis que les mécanismes d'imitation ou d'identification ne sont que supposés),
l'auteur se demande si le style (vestimentaire ou comportementale), l'image de ce style et la mise en
scène n'a pas pour effet l'intériorisation de la déviance. Selon l'auteur, les journalistes entretiennent
le débat politique et influence l'opinion publique sur ce débat.
Délinquance, délinquance juvénile, bande de jeune.
L'auteur explicite l'objet. Il s'agit ici « de la délinquance attribuée au bande de jeune. », il s'éloigne
par là, de la délinquance et de la délinquance juvénile. « le monde des bandes » a un intérêt pour
l'auteur car il représente pour le jeune de classe populaire, une vitrine des différents groupes
auxquels il peut aspirer, il dénote par l'expression « forme de sociabilité » une intériorisation des
différences des classes de la part du jeune de classe populaire.
I la délinquance juvénile : construction d'objet
Le problème de la délinquance c'est qu'elle est déjà un problème social, il s'agit donc de construire
l'objet scientifique sans lien avec l'objet de sens commun. Tout d'abord, il est impératif de délimiter
la délinquance au sein de la déviance.
Déviance et délinquance : Délinquance cas particulier de la déviance
La déviance est définie comme l'ensemble des pratiques sociales qui s'écartent de la norme : Tout
comportement transgressant les normes admis par un groupe sociale sont ainsi qualifiés de déviants
(elle incluse alors les maladies mentales ou psychologiques). La délinquance est alors « des
pratiques déviants retenues par le code pénale », elle désigne donc tout comportement susceptible
d'être puni par la loi, mais pas forcément comme le groupe social en lui-même (exemple des délits
dépénalisés ; des pratiques pénalisé en droit tolérées en fait).
Pratiques déviantes et contrôle social.
criminel.|se propose de travailler d'une part sur le passage l'acte et d'autre part sur la réaction social|
groupe social.
« Expliquer le crime, [c'est] rendre compte du fonctionnement des institutions chargés de prononcer
et d'infliger ces sanctions […] au profit d'une criminologie de la réaction du groupe social » p.13;l12-16
Ainsi on ne s'intéresse ni à la personnalité, ni à la structure social, (ou entourage social) dans le quel
évolue le déviant, mais à l'angle juridique uniquement. L'auteur fait ici le paris inverse.
Pratiques délinquantes.
La délinquance au sens juridique rassemble des catégories socialement différentes dans sa définition
et donc des groupes sociaux formant l'entourage des délinquants, différents eux aussi. L'auteur se
trouve alors face à un problème, la différence que la justice ne fait pas, il doit la faire lui même, ce
qui revient à trouver un instrument de mesure des pratiques délinquantes d'une part, àdéfinir les
jeunes d'autre part.
Mesure de la délinquance.
Statistiques policières et judiciaires.
Le problème des statistiques est qu'ils ne peuvent donner qu'une vision apparente de la délinquance.
De plus, ils ne s'intéressent à la sociogenèse des personnes mises en cause et pénalisent ainsi le
sociologue dans son travail.
Enquêtes de victimation et enquêtes par auto-révélation.
Il est intéressant de voir que le profil type de victime est le même au profil type du délinquant :
homme de moins de 25 ans, célibataire, urbain, sans emploi ou aux revenus faibles. Ici, le jeune est
une personne de moins de 25 ans.
Les tendances mesurées par la statisiques.
L'auteur considère que l'augmentation de la délinquance ds cinquante dernières années n'est du qu'à
l'augmentation de la présence policière dans la même période. Il ne s'agirait donc que d'une
augmentation des faits enregistrés et non des faits tout court.
Délinquance et délinquance juvénile.
La jeunesse est ici définie comme la période correspondant à la sortie du système scolaire et à
l'émancipation de la famille, à l'entrée sur le marché du travail et sur le marché matrimonial.
L'auteur admet que si les jeunes sont « surreprésentés » dans les personnes mises en cause (on voit
sur le graphique présenté page 21 qui présente le taux d'arrestation pour les crimes contre la
propriété ou contre la personne, en fonction de l'âge, aux Etats-Unis en 1999 que la tranche d'âge
des 15-19 comptabilise le plus de crime contre la personne, tandis qu'elle est à égalité avec les 20-
24 en ce qui concerne les crime contre la personne) c'est qu'ils doivent l'être de la même manière
parmi les auteurs de pratiques délinquantes. Cependant, cela tiendrait également de la façon
d'enregistrer les crimes au sein même de la police.
La justice des mineurs
Un ensemble de réforme est mis en place, à partir des années 1820, dans le but de gérer la
délinquance juvénile. A partir de la fin de la Seconde Guerre Mondiale on suppose qu'il y a une
cause sociale aux comportements des délinquants juvéniles et la volonté de remédier à la mauvaise
éducation dont sont victimes les jeunes délinquants devient de plus en plus présents.
La responsabilité.
L'auteur liste un certain nombre de réformes de loi qui dénotent le changement opinion face à la
délinquance juvénile et à la justice des mineurs qualifiée de laxiste, à partir des années 2000.
Nouveaux lits et nouvelles sanctions mises en place, mais plus encore, le jugement ne se fonde
désormais plus sur l'âge mais sur la capacité de discernement du jeune. D'autre part depuis 1945,
une grande place est dédiée à la mise en cause de l'éducation et des conditions de vie du délinquant
se trouvant sous un seuil d'âge : l'enfant délinquant pouvait ainsi également être l'enfant en danger.
Les délimitations théoriques de la « jeunesse ».
En premier, l'auteur montre que l'évolution de la police des âges est en grande partie dépendante du
bon vouloir de ses forces humaines. Cependant, l'importance est aussi accordée aux idées
scientifiques, physiologiques que l'on a de la délimitation de l'enfance.
La délinquance des jeunes des classes populaires.
La délinquance semble d'abord fortement liée au milieu social, les classes populaires étant
nettement plus représentées que les autres dans les mis en cause. L'auteur distingue deux catégories
de violence. Les conduites expressives d'une part et les actes d'appropriation d'autre part.
II- Les théories de la délinquance juvénile
Criminologie et sociologie de la délinquance
L'approche scientifique du crime est apparue au 19ème siècle : la criminologie. Cette science a
connu depuis de multiples évolutions. On assiste aujourd'hui à un partage des objets entre
sociologues et psychologues.
Les tendances de la recherche aux Etats-Unis
La délinquance juvénile est un des domaines d'investigation privilégié de la sociologie américaine
qui a développé successivement diverses théories.
Les tendances de la recherche en France
Au contraire des Etats-Unis, la sociologie de la délinquance juvénile a longtemps été en France « le
parent pauvre de la discipline » : puisque la psychologie fut pendant longtemps le domaine de
prédilection dans lequel était étudié cet objet. Toutefois, l'attention portée sur les « jeunes des
cités »,le développement des violences urbaines et du sentiment d'insécurité ont donné un nouvel
essor à la sociologie de la délinquance juvénile.
Théories savantes, doctrines professionnelles et représentations profanes
Les trois types de théories ne sont pas indépendantes. Les premières servent à la formation des
professionnels, mais les rapports entre elles reste un domaine peu exploré.
Classement des théories savantes
L'auteur note que ce classement est particulièrement difficile en raison de la lutte qui oppose les
tenants des diverses théories. On peut évoquer des classements académiques et classements
professionnels.
Un inventaire raisonné des schèmes d'interprétation
Territoire de la délinquance
L'auteur remarque que selon les études de différents sociologues la délinquance se développe dans
des sites délaissés par ceux qui sont en mesure de fuir et les changements de population n'en
modifient pas les taux. Cet espace devient le « territoire » d'une bande qui le défend contre toute
agression.
Socialisations délinquantes
L'auteur note que la délinquance est la conséquence de la désorganisation sociale qui touche plus
les populations populaires. La bande représente une forme spontanée d'organisation sociale avec des
« valeurs » propres. Vivre dans un lieu où sévit la délinquance entraîne la délinquance. Les femmes
sont moins touchées par la délinquance car elles sont soumises à un contrôle familial plus strict et
sont plus impliquées dans les pratiques familiales.
L'espace des pratiques délinquantes
L'auteur note que la notion de sous-culture délinquante a fait l'objet de nombreuses théories. Ces
sous-cultures remplacent les valeurs conventionnelles.
La sous-culture « conflictuelle »
Il s'agit d'actions de délinquance « non utilitaires ». La surreprésentation masculine s'explique par la
difficulté des jeunes garçons à s'identifier à leur rôle masculin.
La sous-culture « criminelle »
Elle se caractérise par le vol utilitaire. Il s'agit d'atteindre des buts légitimes par des moyens
détournés. La modification des modes de vie a développé les possibilités de délinquance.
La carrière délinquante
Au contraire des précédents schèmes qui s'attachaient à l'entrée dans la délinquance, il s'agit
d'analyser les différentes étapes et évolutions d'une carrière délinquante et de sa signification pour
celui qui accomplit ces faits de déviance.
L'auteur relève également qu'en face des délinquants, il doit exister des « entrepreneurs de morale »
ceux qui créent les normes et ceux qui les font appliquer.
III Des « blousons noirs » aux « loubards »
Il s''agit de l'analyse des bandes pendant la période qui s'étend de la fin des années 1950 à la fin des
années 1970.
La morphologie du monde des bandes
L'âge et le sexe
Les jeunes des bandes ont entre 13 et 21 ans. Il s'agit d'une courte période adolescente qui
commence au certificat d'études et s'arrête le mariage souvent consécutif au service militaire. C'est
un monde d'où les femmes, étroitement surveillées par leur famille, sont exclues.
Les origines sociales
Ces bandes sont issues des classes populaires, souvent de familles nombreuses où règnent l'anomie.
On y compte un pourcentage notable d'immigrés et de rapatriés.
Le cursus scolaire
Les jeunes des bandes ont un niveau scolaire inférieure à la moyenne des classes populaires. La
prolongation de la scolarité obligatoire aggravera encore cette disqualification.
Le cursus professionnel
Sans diplôme ou titulaires d'un CAP, ces jeunes sont relégués dans des emplois subalternes avec peu
d'évolutions de carrière. Ils sont souvent absents, licenciés ou ils partent d'eux-même à la suite d'une
altercation avec un supérieur.
L'espace résidentiel
Les bandes se constituent par relations de voisinage. La rénovation urbaine a nécessité des
ajustements de la part des classes populaires et également de la part des bandes.
La « culture » du monde des bandes
Une forme de sociabilité des jeunes des classes populaires
Il s'agit d'une sociabilité des loisirs, pendant les temps libres. Les garçons partagent les mêmes
codes vestimentaires et comportementaux et les mêmes activités, souvent réduites aux beuveries en
raison de la cherté des loisirs.
Un univers d'apprentissage des conduites de virilité
Les bagarres entre bandes ou contre les forces de police, la détérioration des biens publics, sont
l'affirmation d'une « culture de la virile » par laquelle les bandes affirment leur pouvoir.
Un univers de restauration de l'« estime de soi »
L'appartenance à une bande permet aux garçons en échec scolaire ou autres une reconnaissance.
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