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1.Introduction
Le présent Guide méthodologique
s’inscrit dans le cadre du projet
transnational Eco-Arq (INTERREG
IVB SUDOE), issu de partenariats
portugais, espagnols et français, et
dont l’objectif est de promouvoir la
réhabilitation durable du patrimoine
bâti sur les chemins d’itinérance des
« Villages de schiste » au Portugal
et des Chemins de Saint-Jacques en
Espagne et dans le Massif Central.
Ce Guide reflète les conclusions ti-
rées des expériences de réhabilita-
tion menées sur ces trois territoires
et qui pourront contribuer à l’élabora-
tion d’une méthodologie en faveur
de l’éco-réhabilitation dans le sud-
ouest européen.
Le recensement exhaustif des maté-
riaux, des techniques et des savoir-
faire traditionnels utilisés sur ces
territoires a permis de définir une
vision commune du développement
durable appliqué à la réhabilitation
de bâtiments dans des contextes
ruraux et sur des chemins d’itinéran-
ce.
Si ce recensement favorise la pré-
servation d’un certain héritage cultu-
rel, la notion de durabilité implique
également l’utilisation de nouveaux
matériaux, liés dans la mesure du
possible aux ressources locales et
permettant une économie d’énergie.
Finalement, la réhabilitation durable
doit être un processus ouvert à tous
les acteurs impliqués et doit miser
sur la formation de ses agents, ainsi
que sur la diffusion des connaissan-
ces acquises. Ce n’est qu’ainsi
qu’une vision commune et durable
de l’éco-réhabilitation pourra s’éla-
borer.
A– Eco-réhabilitation / Réhabilita-
tion durable
Le concept d’Eco-réhabilitation re-
pose sur l’association des connais-
sances et pratiques de réhabilitation
avec celles du développement dura-
ble. La mise en œuvre de ce
concept est à l’ordre du jour de l’A-
genda international. Mais pourquoi
cet intérêt ?
D’après la Communication de la
Commission européenne du 19 oc-
tobre 2007 intitulée « Agenda pour
un tourisme européen durable et
compétitif », outre la consommation
de matériaux et d’énergie lors de la
construction de bâtiments, le princi-
pal impact environnemental survient
pendant la phase d’exploitation ou
d’utilisation, notamment en termes
de consommation énergétique. En
Europe, la consommation énergéti-
que des bâtiments constituerait près
de 40 % de la consommation éner-
gétique totale.
L’Agenda Habitat et la Charte de la
Terre et, surtout, l’Agenda 21 pour
la Construction Durable, compren-
nent des orientations et des lignes
d’action qu’il est important de mobi-
liser. Parmi celles-ci, ressort la né-
cessité d’ « appliquer les concepts
de développement durable au cycle
global des interventions, depuis l’ex-
traction et la valorisation des matiè-
res premières, jusqu’à l’aménage-
ment urbain et la gestion des dé-
chets, entre autres ».
Outre l’intérêt pour la durabilité envi-
ronnementale, notamment la réduc-
tion et la réutilisation des matériaux
et pour la diminution de la consom-
mation énergétique pendant la du-
rée de vie des bâtiments, apparaît
également un intérêt pour la préser-
vation des ressources patrimoniales
et culturelles associées à la cons-
truction vernaculaire.
L’éco-réhabilitation revêt un intérêt
particulier dans la mesure où elle
permet d’aborder conjointement la
réhabilitation du patrimoine bâti ain-
si que la préservation et la sauve-
garde du patrimoine naturel.
Le territoire du sud-ouest européen
concerné par le projet Eco-Arq, pos-
sède un patrimoine bâti susceptible
d’être réhabilité. Ce patrimoine pos-
sède une identité forte qui peut de-
venir une ressource économique
grâce au développement touristi-
que, d’une part, et à la création de
nouveaux marchés pour les entre-
prises de construction/réhabilitation,
d’autre part. En outre, la population
est de plus en plus sensibilisée à la
protection de l’environnement et,
dans le cas concret du logement,
elle est de plus en plus exigeante
en termes de consommation éner-
gétique et de salubrité/santé. En
réponse à cela, les techniques d’é-
co-construction se développent et
progressent, tandis que les autorités
locales apportent leur soutien à des
projets qui respectent les contrain-
tes écologiques.
L’éco-réhabilitation est transversale
et multisectorielle. Le défi des pro-
chaines années réside dans l’éco-
réhabilitation du patrimoine bâti, en
tenant compte, tout d’abord, des
questions environnementales. L’éco
-réhabilitation soulève des ques-
tions techniques et de conception
qui requièrent une conciliation entre
savoir-faire local et techniques plus
innovantes. La question de la né-
cessité pour les entreprises d’ac-
quérir des compétences est égale-
ment soulevée. Le patrimoine archi-
tectural ancien doit être réhabilité,
en améliorant sa salubrité, tout en
réduisant son impact environne-
mental et sa consommation d’éner-
gie. Il est également important de
valoriser les compétences locales
(artisans) dans toutes les phases.
L’Eco-réhabilitation doit être envisa-
gée comme un processus de déve-
loppement local, intégré et cumula-
tif, garantissant les actions suivan-
tes :
Protection et valorisation du patri-
moine et de la mémoire
Intégration de politiques de déve-
loppement économique et social
Participation d’acteurs à différents
niveaux (régional, municipal, com-
munautaire)
A p p r o c h e p u b l i c - p r i v é
(partenariats)
Mise en œuvre d’actions pour la
création interactive de connais-
sances et d’apprentissages
(innovation)
Appropriation des bénéfices par la
communauté (propagation)