GUIDE
METHODOLOGIQUE
pour l’éco-réhabilitation du patrimoine bâti
dans le sud-ouest européen
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SOMMAIRE
1- Introduction
A Eco-réhabilitation / réhabilitation durable
B- Réhabilitation et architecture traditionnelle
C- Projet ECO-ARQ
2 Eco-réhabilitation du patrimoine - typologies d’intervention
Typologie générale
Typologie 1 - Conservation de la fonction du bâti
Typologie 2 - Nouvelle fonction du bâti
3- Processus d’éco-réhabilitation
Points-clés
Etapes
4 Eco-réhabilitation : des savoir-faire traditionnels aux techniques innovantes
A- Matériaux, systèmes de construction, techniques et savoir-faire traditionnels
B- Nouveaux matériaux et nouvelles techniques
Chanvre
Terre crue
5- Formation
6 Annexes
Modèle de fiche de recensement « Artisans et savoir-faire »
Modèle de fiche de recensement « Patrimoine bâti »
Plate-forme technique transnationale : site Internet www.eco-arq.eu
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1.Introduction
Le présent Guide méthodologique
s’inscrit dans le cadre du projet
transnational Eco-Arq (INTERREG
IVB SUDOE), issu de partenariats
portugais, espagnols et français, et
dont l’objectif est de promouvoir la
réhabilitation durable du patrimoine
bâti sur les chemins d’itinérance des
« Villages de schiste » au Portugal
et des Chemins de Saint-Jacques en
Espagne et dans le Massif Central.
Ce Guide reflète les conclusions ti-
rées des expériences de réhabilita-
tion menées sur ces trois territoires
et qui pourront contribuer à l’élabora-
tion d’une méthodologie en faveur
de l’éco-réhabilitation dans le sud-
ouest européen.
Le recensement exhaustif des maté-
riaux, des techniques et des savoir-
faire traditionnels utilisés sur ces
territoires a permis de définir une
vision commune du développement
durable appliqué à la réhabilitation
de bâtiments dans des contextes
ruraux et sur des chemins d’itinéran-
ce.
Si ce recensement favorise la pré-
servation d’un certain héritage cultu-
rel, la notion de durabilité implique
également l’utilisation de nouveaux
matériaux, liés dans la mesure du
possible aux ressources locales et
permettant une économie d’énergie.
Finalement, la habilitation durable
doit être un processus ouvert à tous
les acteurs impliqués et doit miser
sur la formation de ses agents, ainsi
que sur la diffusion des connaissan-
ces acquises. Ce n’est qu’ainsi
qu’une vision commune et durable
de l’éco-réhabilitation pourra s’éla-
borer.
A Eco-réhabilitation / Réhabilita-
tion durable
Le concept d’Eco-réhabilitation re-
pose sur l’association des connais-
sances et pratiques de réhabilitation
avec celles du développement dura-
ble. La mise en œuvre de ce
concept est à l’ordre du jour de l’A-
genda international. Mais pourquoi
cet intérêt ?
D’après la Communication de la
Commission européenne du 19 oc-
tobre 2007 intitulée « Agenda pour
un tourisme européen durable et
compétitif », outre la consommation
de matériaux et d’énergie lors de la
construction de bâtiments, le princi-
pal impact environnemental survient
pendant la phase d’exploitation ou
d’utilisation, notamment en termes
de consommation énergétique. En
Europe, la consommation énergéti-
que des bâtiments constituerait près
de 40 % de la consommation éner-
gétique totale.
L’Agenda Habitat et la Charte de la
Terre et, surtout, l’Agenda 21 pour
la Construction Durable, compren-
nent des orientations et des lignes
d’action qu’il est important de mobi-
liser. Parmi celles-ci, ressort la né-
cessité d’ « appliquer les concepts
de développement durable au cycle
global des interventions, depuis l’ex-
traction et la valorisation des matiè-
res premières, jusqu’à l’aménage-
ment urbain et la gestion des dé-
chets, entre autres ».
Outre l’intérêt pour la durabilité envi-
ronnementale, notamment la réduc-
tion et la réutilisation des matériaux
et pour la diminution de la consom-
mation énergétique pendant la du-
rée de vie des bâtiments, apparaît
également un intérêt pour la préser-
vation des ressources patrimoniales
et culturelles associées à la cons-
truction vernaculaire.
L’éco-réhabilitation revêt un intérêt
particulier dans la mesure où elle
permet d’aborder conjointement la
réhabilitation du patrimoine bâti ain-
si que la préservation et la sauve-
garde du patrimoine naturel.
Le territoire du sud-ouest européen
concerné par le projet Eco-Arq, pos-
sède un patrimoine bâti susceptible
d’être réhabilité. Ce patrimoine pos-
sède une identité forte qui peut de-
venir une ressource économique
grâce au développement touristi-
que, d’une part, et à la création de
nouveaux marchés pour les entre-
prises de construction/réhabilitation,
d’autre part. En outre, la population
est de plus en plus sensibilisée à la
protection de l’environnement et,
dans le cas concret du logement,
elle est de plus en plus exigeante
en termes de consommation éner-
gétique et de salubrité/santé. En
réponse à cela, les techniques d’é-
co-construction se développent et
progressent, tandis que les autorités
locales apportent leur soutien à des
projets qui respectent les contrain-
tes écologiques.
L’éco-réhabilitation est transversale
et multisectorielle. Le défi des pro-
chaines années réside dans l’éco-
réhabilitation du patrimoine bâti, en
tenant compte, tout d’abord, des
questions environnementales. L’éco
-réhabilitation soulève des ques-
tions techniques et de conception
qui requièrent une conciliation entre
savoir-faire local et techniques plus
innovantes. La question de la né-
cessité pour les entreprises d’ac-
quérir des compétences est égale-
ment soulevée. Le patrimoine archi-
tectural ancien doit être réhabilité,
en améliorant sa salubrité, tout en
réduisant son impact environne-
mental et sa consommation d’éner-
gie. Il est également important de
valoriser les compétences locales
(artisans) dans toutes les phases.
L’Eco-réhabilitation doit être envisa-
gée comme un processus de déve-
loppement local, intégré et cumula-
tif, garantissant les actions suivan-
tes :
Protection et valorisation du patri-
moine et de la mémoire
Intégration de politiques de déve-
loppement économique et social
Participation d’acteurs à différents
niveaux (régional, municipal, com-
munautaire)
A p p r o c h e p u b l i c - p r i v é
(partenariats)
Mise en œuvre d’actions pour la
création interactive de connais-
sances et dapprentissages
(innovation)
Appropriation des bénéfices par la
communauté (propagation)
4
B- Réhabilitation et architecture
traditionnelle
La réhabilitation revêt une importan-
ce croissante dans le monde entier
car elle favorise la préservation des
valeurs culturelles, la protection de
l’environnement et apporte des
avantages économiques. D’un point
de vue culturel, les bâtiments ont
une grande valeur pour l’histoire des
lieux où ils se situent, car ils reflètent
l’évolution des différents modes de
vie des populations au fil du temps.
Ils constituent également le support
physique des divers mouvements
esthétiques, de l’architecture et de
l’art, érudits ou populaires, au fil des
années.
L’architecture traditionnelle constitue
une part essentielle du patrimoine
culturel de nos communautés rura-
les, représentant les modes de vie
historiques sur chaque territoire. Elle
est un authentique symbole de leur
identité, le cœur de nos paysages
culturels ruraux, devenant ainsi une
ressource fondamentale, culturelle et
économique, qui doit être associée à
un développement durable approprié
du monde rural et, plus particulière-
ment, à un tourisme rural responsa-
ble.
Cette architecture s’appuie sur les
matériaux de construction disponi-
bles sur chaque territoire, ainsi que
sur les techniques de construction
artisanales locales, en utilisant ces
connaissances dans le respect des
conditions ographiques et climati-
ques du lieu concerné. Elle repré-
sente un véritable paradigme de la
construction durable, par l’utilisation
de dispositifs climatiques passifs
basés sur la forme et les caractéristi-
ques du bâtiment et par l’intégration
de dispositifs actifs, tels que la cha-
leur, l’aération, l’humidité ou la régu-
lation variable de l’exposition solaire,
associés à la réutilisation de tous les
anciens matériaux de construction.
En outre, l'architecture traditionnelle
représente une mine de connaissan-
ces techniques, fondées sur l'expéri-
mentation depuis des générations,
concernant les qualités intrinsèques
des matériaux et des techniques de
chaque région. Ces connaissances
sont directement applicables pour
des travaux de restauration ou de
réhabilitation mais également pour
les nouvelles constructions.
A l'heure actuelle, la situation est
telle que l'architecture traditionnelle
est menacée, en raison de la dispa-
rition des métiers et des techniques
traditionnels de construction et du
manque de connaissances et de
valorisation des utilisateurs et des
techniciens. C'est pourquoi il faut
appeler à sa préservation et sa ré-
utilisation en éco-réhabilitation pour
qu'elle puisse être utilisée à l'avenir
tout en conservant ses symboles et
les éléments architectoniques de
base formant son identité. Il faut
réhabiliter cette architecture avec
les principes du respect de l'envi-
ronnement en s'inspirant de son
propre processus créatif décrit pré-
cédemment.
Il faut ainsi tenir compte des as-
pects suivants pour développer et
m e t t r e e n œ u v r e l ' é c o -
réhabilitation :
Il est indispensable de former les
acteurs intervenant dans le pro-
cessus de construction, en s'inté-
ressant particulièrement aux arti-
sans et aux techniciens en cons-
truction. Cette formation pourrait
permettre de conserver les maté-
riaux et techniques de construc-
tion traditionnels, ainsi que d'inté-
grer de nouveaux matériaux et
systèmes de nature écologique et
compatibles avec cette architectu-
re.
Il est nécessaire d'approfondir la
formation et la spécialisation des
techniciens en construction pour
pouvoir leur fournir un savoir-faire
et les inciter à valoriser cette ar-
chitecture et les applications d'éco
-réhabilitation.
Il est nécessaire d'encourager la
société à apprécier cette architec-
ture et les concepts et applications
d'éco-réhabilitation dans le monde
rural, et en particulier auprès de
ses utilisateurs actuels et poten-
tiels.
Il faut développer le recyclage des
matériaux de construction, en les
réutilisant dans les processus de
réhabilitation et en évitant de gé-
nérer des résidus et des déchets.
Il faut également envisager la pos-
sibilité de créer des banques de
matériaux ou d'éléments de cons-
truction facilitant leur réutilisation
au niveau local.
Il faut développer la fabrication et
l'utilisation de matériaux locaux,
qu'ils soient traditionnels ou nou-
veaux, en se basant sur les res-
sources renouvelables de chaque
région ou sur la création de petites
entreprises spécialisées en cons-
truction.
Le développement de la systéma-
tisation de l'éco-réhabilitation per-
mettra en particulier de réduire en
continu la consommation énergéti-
que des bâtiments qui intègrent
d'autres systèmes complémentai-
res écologiques.
Il faut encourager la recherche sur
les matériaux de chaque région et
le développement de nouveaux
matériaux basés sur des produits
locaux, en faisant travailler les
communautés locales et régiona-
les en collaboration avec les cen-
tres et les équipes de recherche
spécialisés.
Cette démarche doit s'inscrire grâce
à la participation de tous les acteurs
intervenant dans les procédés de
construction, à savoir les artisans,
les techniciens et les utilisateurs, en
s'intéressant en particulier à la po-
pulation locale qui permettrait d'as-
sumer socialement les concepts et
les applications de l'éco-
réhabilitation.
5
C Projet ECO-ARQ
Le projet Eco-Arq est de la
concertation entre de nombreux ac-
teurs du développement local au
Portugal, en Espagne et en France.
L’objectif de ce projet était de pro-
mouvoir la réhabilitation durable du
patrimoine bâti de petite dimension,
afin d’apporter de la valeur ajoutée
en termes économiques aux che-
mins d’itinérance.
Dans ce contexte, le projet Eco-Arq
a contribué à la protection du patri-
moine bâti et du savoir-faire tradi-
tionnel local, à la valorisation des
bonnes pratiques en matière d’éco-
réhabilitation et à la mise à disposi-
tion de celles-ci à un ensemble de
territoires du sud-ouest européen.
En outre, Eco-Arq a permis l’identifi-
cation et la valorisation du patrimoi-
ne présent autour des chemins d’iti-
nérance dans lesquels sont impli-
qués les partenaires transnationaux.
Les résultats du projet sont de natu-
res diverses, notamment en ce qui
concerne la sensibilisation de la po-
pulation locale et des acteurs qui
travaillent dans le domaine de réha-
bilitation. Cette sensibilisation s’est
accompagnée d’une formation de
professionnels à l’éco-réhabilitation,
permettant ainsi aux entreprises du
secteur de se positionner sur une
nouvelle niche de marché. Les terri-
toires intéressés par léco-
réhabilitation devront, dans la lignée
de ce projet, travailler conjointement
dans le but de développer une offre
touristique spécifique.
Eco-Arq s’est inscrit dans un proces-
sus transnational, depuis sa concep-
tion jusqu’à l’identification des princi-
pales problématiques soulevées par
l’éco-réhabilitation au Portugal, en
Espagne et en France. Néanmoins,
les expériences menées sur chaque
territoire dans ce contexte de coopé-
ration internationale sont applicables
à l’ensemble des territoires du sud-
ouest européen.
Objectifs :
- Promouvoir la réhabilitation durable
du patrimoine bâti comme axe de
valorisation économique des che-
mins d’itinérance
- Identifier et valoriser le patrimoine
autour des chemins d’itinérance,
plus particulièrement par la création
d’une offre touristique en réseau
- Rassembler et valoriser les bon-
nes pratiques en matière d’éco-
réhabilitation et les mettre à la dis-
position de tous les territoires du
sud-ouest européen
- Sauvegarder le patrimoine bâti et
le savoir-faire traditionnel des diffé-
rents territoires
Le projet Eco-Arq a tenté d’apporter
une réponse aux questions suivan-
tes :
Démonstration et propagation des
avantages de l’adhésion des en-
treprises, des propriétaires et des
décideurs aux principes d’éco-
réhabilitation
Équilibre entre développement
durable (économique, énergéti-
que) et identité culturelle
(matériaux, techniques)
Intégration de nouveaux matériaux
et compétences aux savoirs et
techniques traditionnels
Certification des comtences
pour les entreprises travaillant
dans le domaine de la réhabilita-
tion
Association du monde scientifique
et technologique à la thématique
de l’éco-réhabilitation
Tout au long du projet Eco-Arq, des
sessions de débat ont été organi-
sées au niveau local avec des ac-
teurs identifiés :
Artisans
Entreprises de construction
Municipalités
Propriétaires
Entreprises de matériaux de cons-
truction
Architectes
Ordre des architectes / Associa-
tions professionnelles
Universités
Centres technologiques
Écoles professionnelles
Agences de promotion touristique
locales/régionales
Des sessions de sensibilisation ont
également été organisées afin d’a-
border les aspects suivants :
Identification de la méthodologie à
appliquer en matière de réhabilita-
tion
Avantages de la construction du-
rable
Présentation de solutions innovan-
tes pour les types de matériaux à
utiliser
Privilégier les savoirs en conser-
vant et en entretenant ce qui exis-
te déjà en tant qu’éléments de
l’identité
Les partenaires
du projet ECO-ARQ :
ADECO-CAMINO - Asociación para
el Desarrollo Rural de las Comar-
cas circundantes al Camino de
Santiago entre Castrojeriz y Fro-
mista (Espagne)
ADXTUR - Agência para o Desen-
volvimento Turístico das Aldeias do
Xisto (Portugal)
Consejería de Cultura y Turismo /
Junta de Extremadura (Espagne)
SOTUR - Sociedad de Promoción
del Turismo de Castilla y León /
Junta de Castilla y León (Espagne)
UNCEAR - Unión de Centros de
Acción Rural (Espagne)
MACEO/APAMAC - Association
pour la Promotion de l’Artisanat du
Massif Central (Françe)
MACEO-UCCIMAC - Union des
Chambres de Commerce et d’In-
dustrie du Massif Central (France)
Pour plus d’information sur le projet
et ses partenaires voir le site Inter-
net www.eco-arq.eu
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