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Diminuer les conséquences
du diabète
3.Prévention secondaire /
personnes diabétiques
Axe principal: Diminuer les risques de com-
plications liées au diabète, notamment par
le dépistage précoce (identification,
contrôle et intervention visant à modifier
les modes de vie (comportements).
Des cibles précises de traitement, établies
par des experts en fonction des nouvelles
données cliniques disponibles, ont été
publiées en 2008 par l’Association cana-
dienne du diabète. Mais il ne suffit pas
de s’approcher des cibles désirées, en-
core faut-il les atteindre et même, idéalement, les dé-
passer pour obtenir des bénéfices réels sur la santé et le
bien-être à court et à long terme. Chaque patient devrait
connaître et comprendre ses cibles de traitement. Il est de la
responsabilité des différents professionnels de la santé im-
pliqués dans le traitement du diabète de les communiquer
aux patients le plus clairement possible. Il faut ajuster le trai-
tement lorsque les cibles ne sont pas atteintes. Malheureu-
sement, la grande majorité des patients diabétiques
québécois n’atteignent pas les cibles de traitement.
Une étude récente faite auprès des médecins de famille,
l’étude DICE (Diabetes In Canada Evaluation), a montré que
le diabète était de moins en moins contrôlé suivant la durée
de la maladie. Alors que 70% des personnes diagnostiquées
depuis moins de cinq ans arrivent à atteindre un bon contrôle
glycémique, ce pourcentage tombe à 40 % après 10 ans. La
fréquence des complications micro et macrovasculaires aura
triplé pendant la même période.
Par ailleurs, en prévention secondaire, le dépistage précoce
demeure essentiel. Dès lors, il est fondamental d’accorder
une grande importance à l’intervention interdisciplinaire cen-
trée sur la modification des habitudes de vie de la personne
et le suivi rigoureux de la progression de la maladie.
L’enseignement aux patients
En fait, les patients connaissent peu leur maladie et bon nom-
bre d’entre eux négligent les recommandations de leurs mé-
decins. Le diabète est asymptomatique, évolue sour noi sement
et, souvent, les personnes atteintes tendent à relâcher leurs
efforts. Les centres d’enseignement pour patients diabétiques
disposent de ressources très limitées et ne peuvent pas répondre
à la demande, particulièrement dans les grands centres urbains
et en régions éloignées. L’enseignement aux personnes prédia-
bétiques et diabétiques, surtout pour le diabète de type 2, est
pourtant la clef de la responsabilisation individuelle (autono-
misation ou empowerment) à l’égard de sa maladie. Seulement
une personne sur dix en bénéficie,la plupart du temps à la suite
de complications, non pas en prévention.
Là encore, l’accès aux ressources médicales et interdiscipli-
naires reste difficile et devrait être amélioré si l’on veut ob-
tenir des résultats significatifs.
L’accès aux médicaments
Le choix des médicaments est encore fort limité pour le dia-
bète, contrairement à plusieurs autres maladies. Les médica-
ments pour le diabète sont souvent contraints à des critères
très stricts ou sont carrément refusés. En fait, il semble per-
sister une certaine incompréhension à l’égard de la nature et
de la qualité des traitements dont ont besoin les personnes
diabétiques, alors qu’elles auront à vivre plusieurs années
avec la maladie. Les nouveaux médicaments répondent à des
besoins spécifiques et ils apportent une approche novatrice
à des situations que ne peuvent pas toujours contrôler les
médicaments classiques.
L’accès inadéquat à tous les traitements médicamenteux
constitue un frein important à l’atteinte des objectifs de trai-
tement. Contrairement aux patients atteints d’hypertension
ou d’autres maladies cardiovasculaires, les patients diabé-
tiques n’ont pas accès aussi facilement aux deuxièmes et troi-
sièmes lignes de traitement. Des restrictions d’utilisation sont
appliquées à presque 100 % des nouveaux traitements dispo-
nibles. Selon les guides de traitement de l’Association cana-
dienne du diabète, les nouveaux traitements, comme les
sulfonylurées de 2
e
génération, les thiazolidinediones et les
incrétines soumis aux restrictions d’utilisation, devraient êtres
utilisés plus tôt dans le traitement des patients.
Cette situation est particulièrement discriminatoire quand on
sait que la majorité des patients atteints d’autres maladies
chroniques ont pleinement accès à leurs traitements recom-
mandés. Le fait qu’aucun médicament pour le diabète ne soit
apparu sur le marché durant les premières années du Régime
d’assurance médicament, alors que l’acceptation des nou-
veaux médicaments était plus généralisée, explique sans
doute cette situation. En effet, au lieu de comparer les nou-
veaux médicaments à des médicaments apparus dans les an-
nées 1990, le prix de ces derniers est strictement comparé