Rev Med Brux - 2006
S 402
continue spécifique en santé mentale ;
5. l’obstacle que représente la priorité d’apprentissage
plus technique.
Les recommandations formulées prennent en
compte :
1. l’instauration d’une meilleure communication entre
la première et la deuxième ligne ;
2. une révision des structures de soins ;
3. des recommandations relatives à la formation des
médecins généralistes en santé mentale, dont
l’utilisation de la technique des groupes Balint.
La question de la formation, de base et
continuée, en santé mentale est ainsi, à nouveau,
officiellement posée. L’initiative des ateliers Balint en
1988 répondait déjà de façon prophétique, mais limitée
par les moyens disponibles, en temps et en
financement, aux conclusions rendue en 2004 par cette
commission.
Les situations, en médecine générale, où le
relationnel intervient pour une part prépondérante dans
la création des conditions d’une prise en charge
adéquate sont légions. Citons par exemple l’abord de
situations de difficultés psychiques lors de crises de
vie, la prise en charge de patients qui présentent des
difficultés psychologiques plus spécifiques et avérées,
les situations médicales chroniques qui offrent
nécessairement un impact psychologique, les
différentes somatisations lors de phénomènes
dépressifs et anxieux, les prises de décision avec un
impact éthique…
CADRE ET OBJECTIFS
L’enseignement en cours traditionnel
ex cathedra
ou en séminaire semi directif ne permet que très
imparfaitement d’ouvrir à cette réalité multiforme. Les
étudiants s’y sentent mal préparés et risquent donc de
scotomiser ces aspects dans leur pratique
professionnelle. Les stages en médecine générale sont
organisés durant l’année en cours mais l’approche des
problèmes relationnels est fonction de la sensibilité des
maîtres de stages fréquentés à cette dimension.
La possibilité a donc été offerte aux étudiants de
fréquenter un séminaire de six séances de trois heures.
Celles-ci se tiennent sur six semaines consécutives en
début de quatrième doctorat. Les étudiants s’y
inscrivent de façon volontaire avec un engagement de
présence. Le groupe est fermé. L’atelier ne donne pas
lieu à une évaluation mais la présence est valorisée
pour le quota des heures de séminaire spécifique de
formation en médecine générale.
Le séminaire est animé actuellement par une
psychiatre travaillant en Centre de Guidance : le
Dr Nicole Calevoi et un Maître de Stages en médecine
générale, le rédacteur du présent article.
Le cadre externe est donc une activité organisée
par le D.M.G. mais originale dans son mode de
fonctionnement par rapport aux autres activités
habituelles, plus directives, d’enseignement du
département et greffées sur celles-ci.
Le cadre interne, dont les animateurs sont les
garants, vise à créer la confiance et à garantir la
confidentialité, bannit l’exposé de cas personnels ou
familiaux, permet à tous les participants de s’exprimer
dans un respect mutuel. Le rappel de la non-évaluation
est fait. La première séance permet aux animateurs de
préciser la méthode et les règles et aux participants
d’exprimer leurs attentes, motivations et objectifs. Le
travail de groupe s’axe sur des situations
professionnelles amenées par les participants,
situations où ils se sont trouvés en difficulté ou qui leur
ont posé questions. Souvent des intervenants traînent,
comme un boulet, des histoires traumatisantes dont,
jamais, nulle part, ne leur a été offerte la possibilité de
s’en débarrasser. Deux cas sont discutés par séance,
séparés par une pose de 30 minutes durant laquelle
les étudiants se retrouvent ensemble hors de la
présence des animateurs. Souvent les cas évoqués
s’inscrivent dans une dialectique mise en perspective
dans la synthèse proposée en fin de séance. L’objectif
n’est pas de trouver une solution de type opérationnelle
mais une mise en commun, en partage, des réflexions,
questions, associations, évocations dégagées par les
membres du groupe. Cette démarche amène
progressivement les participants à s’ouvrir aux enjeux
inconscients du travail en atelier mais aussi de la
consultation.
De séance en séance se construit ainsi un
questionnement sur l’identité professionnelle du
généraliste et sur l’aspect multiforme de la consultation
médicale, un partage d’émotions portées par le groupe.
Mettre des mots, le soutien du groupe, l’écoute active
et empathique, l’identification chez les autres des
mêmes types de difficultés sont les outils utilisés pour
la levée des défenses.
Déconstruction de fantasme de toute-puissance
et capacité à fixer ses limites, acceptation et
cicatrisation de blessure narcissique, mise en évidence
par l’exemple des situations exposées de la signification
du mécanisme du transfert et contre-transfert, au sens
le plus large du terme, avec le contre-transfert le plus
souvent premier, lecture symbolique du symptôme4,
appréhension de combien l’idéologie interfère avec les
décisions, difficulté de fixer une bonne distance et
approche de ce que empathie veut dire sont quelques-
unes des thématiques abordées au hasard de la
casuistique.
Une illustration des quelques aphorismes
balintiens peut aussi apparaître. Par exemple :
• A une question, on n’obtient, au mieux, qu’une
réponse.
• Quand un médecin se résout à prescrire un
anxiolytique, c’est qu’il ferait bien d’en prendre lui-
même.
• Le médicament de beaucoup le plus fréquemment
utilisé en médecine générale est le médecin lui-