Etudes d`histoire de la psychologie

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Etudes d'histoire de la psychologie
Collection Encyclopédie Psychologique
dirigée par Serge Nicolas
La psychologie est aujourd'hui la science fondamentale de l'homme
moral. Son histoire a réellement commencé à être écrite au cours du XIX.
siècle par des pionniers dont les œuvres sont encore souvent citées mais
bien trop rarement lues et étudiées. L'objectif de cette encyclopédie est de
rendre accessible au plus grand nombre ces écrits d'un autre siècle qui ont
contribué à l'autonomie de la psychologie en tant que discipline
scientifique. Cette collection, rassemblant les textes majeurs des plus
grands psychologues, est orientée vers la réédition des ouvrages
classiques de psychologie qu'il est difficile de se procurer aujourd'hui.
Dernières parutions
Pierre JANET, La pensée intérieure et ses troubles (1826), 2007.
Pierre LEROUX, Réfutation de l'éclectisme (1839), 2007.
Adolphe GARNIER, Critique de la philosophie de Th. Reid (1840), 2007.
Adolphe GARNIER,Traité des facultés de l'âme (1852) (3 vol.), 2007.
Pierre JANET, les médications psychologiques (1919) (3 vol.), 2007.
J.-Ph. DAMIRON, Essai sur l'histoire de la philosophie (1828), 2007.
Henry BEAUNIS, Le somnambulisme provoqué (1886), 2007.
Joseph TlSSOT, Théodore Jouffroy, fondateur de la psychologie, 2007.
Pierre JANET, Névroses et idées fixes (vol. 1,1898),2007.
RAYMOND, & P. JANET, Névroses et idées fixes (vol. II, 1898),2007.
D. STEWART, Philosophie des facultés actives et morales (2 vol.) ,2007.
Th. RIBOT, Essai sur les passions (1907), 2007.
Th. RIBOT, Problèmes de psychologie affective (1910), 2007.
Th. RIBOT, Psychologie de l'attention (1889), 2007.
P. JANET, L'état mental des hystériques (3 vol., 1893, 1894,1911),2007
Hippolyte BERNHEIM, De la suggestion (1911), 2007.
Th. REID, Essais sur les facultés intellectuelles de l'homme (1785), 2007.
H. SPENCER, Principes de psychologie (2 volumes, 1872),2007.
E. COLSENET, Études sur la vie inconsciente de l'esprit (1880), 2007.
Th. RIBOT, Essai sur l'imagination créatrice (1900), 2007.
Ch. BENARD, Précis d'un cours élémentaire de philosophie (1845), 2007
E. LITTRE, Auguste Comte et la philosophie positive (1863), 2008.
A. BINET & Th. SIMON, Les enfants anormaux (1907), 2008.
A. F. GATIEN ARNOULT, Programme d'un cours de philosophie (1830)
V. BECHTEREV, La psychologie objective (1913), 2008.
A.M,J. PUY SÉGUR, Mémoires... du magnétisme animal (1784), 2008.
S. NICOLAS & L. FED!, Un débat sur l'inconscient avant Freud, 2008.
F. PAULHAN, Les phénomènes affectifs (1887), 2008.
E. von HARTMANN, Philosophie de l'inconscient (1877,2 vol.), 2008.
Serge NICOLAS
,
Etudes d'histoire
de la psychologie
L'Harmattan
Autres ouvrages récents du même auteur chez L'Harmattan:
Nicolas, S. (2005). Théodule Ribot: philosophe breton fondateur de
la psychologie française.
Nicolas, S. (2005). Les facultés de l'âme: une histoire des systèmes.
Nicolas, S. (2007). Histoire de la philosophie en France au XIX'
siècle: Naissance de la psychologie spiritualiste (1789-1830).
Nicolas, S., & Fedi, L. (2008). Un débat sur l'inconscient avant
Freud.
cg L'Harmattan, 2009
5-7, rue de l'Ecole polytechnique;
75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
[email protected]
harmattan [email protected]
ISBN: 978-2-296-07826-0
EAN : 9782296078260
PRÉFACE DE L'AUTEUR
À la demande de certains amis, je rassemble ici dans un volume
spécial quelques articles d'histoire de la psychologie', presque tous
publiés dans la revue L'Année Psychologiqui entre 1998 et 2005. C'est
durant cette période que j'avais décidé de développer cet axe de recherche
spécifique, étant surtout intéressé, de par mes fonctions de professeur de
psychologie expérimentale, par l'étude de l'origine de la psychologie
scientifique3. L'ouvrage présenté ici est articulé autour de deux grands
axes majeurs qui ont guidé mes recherches depuis le début de mes travaux
en histoire: 10 Les fondateurs de la psychologie scientifique (3 articles
sont ici rassemblés) ; 20 L'origine de la psychologie scientifique en
France (3 articles ont été ici choisis).
La première partie de l'ouvrage est ainsi consacrée à trois figures
fondatrices importantes de la psychologie du XIXe siècle: Fechner,
Wundt et Ribot. À l'origine, le premier article4, consacré à la
psychophysique de Gustav Theodor Fechner (1801-1887), avait été écrit
afin de marquer le bicentenaire de sa naissance. Il présente une analyse
minutieuse de son ouvrage fondamental sur la psychophysique (1860) qui
est encore cité comme une œuvre de référence en psychologie. Outre le
fait d'avoir montré que sa psychologie était bâtie tout entière sur les
1
2
J
Pour un petit livre à ce sujet: Nicolas, S. (2001). Histoire de la psychologie.
Paris: Dunod.
Revue dont je suis depuis quelques années déjà le directeur de rédaction.
Pour un livre récent: Nicolas, S., & Ferrand, L. (2008). Histoire de la psychologie
scientifique. Bruxelles: De Boeck. - Nicolas, S., & Ferrand, L. (2009). Les grands courants
théoriques de la psychologie moderne. Bruxelles: De Boeck (à paraître).
4
Nicolas, S. (2002). La fondation de la psychophysique de Fechner:
métaphysiques
aux écrits scientifiques
de Weber. L'Année Psychologique,
Des présupposés
102, 255-298.
travaux d'un de ses contemporains, Ernst Heinrich Weber, le texte avait
surtout souligné l'importance des fondements philosophiques et
métaphysiques de sa psychophysique ainsi que l'importance de la
distinction entre la psychophysique interne (science des rapports entre
l'âme et le corps) et la psychophysique externe (science des rapports entre
le monde mental et le monde physique externe). Si c'est avec Fechner que
la psychologie expérimentale a réellement débuté, celui qui va développer
cette branche du savoir fut Wundt. L'établissement par Wilhelm Wundt
(1832-1920) à Leipzig de l'Institut de psychologie expérimentale pendant
le semestre d'hiver 1879-1880 a été considéré comme une étape majeure
dans l'institutionnalisation de la psychologie en tant que science moderne.
Jusqu'à la publication de ce second article5, on avait peu d'informations
disponibles sur les circonstances qui avaient amené Wundt à établir et à
développer son laboratoire. Seule la date 1879 était rapportée dans
presque toutes les histoires de la psychologie et dans beaucoup de livres
introductifs à la discipline. L'utilisation des archives et des documents de
l'époque avait permis, pour la première fois, la reconstitution
chronologique de l'origine, du développement et de l'organisation du
laboratoire de Wundt. Cette psychologie allemande fut à l'origine du
développement plus tardif de la psychologie scientifique française qui
débute avec son fondateur: Th. Ribot (1839-1916). Dans ce troisième
article6, nous avions montré qu'en France cette reconnaissance avait été
tardive à cause de l'influence de la philosophie spiritualiste. Il a fallu la
valeur reconnue d'un homme (Ribot) ainsi qu'une volonté ministérielle
liée au développement des universités, et des appuis au niveau
académique, pour que la France se dote de ce nouveau type
d'enseignement. Après avoir exposé le contexte politique et philosophique
de l'époque, l'article présente les discussions qui se sont déroulées en
Sorbonne à propos de la fondation du premier cours de psychologie
expérimentale jamais professé en France. Cet article se termine avec la
leçon d'ouverture (1885) de Ribot à la Sorbonne qui présente un grand
intérêt pour l'histoire de la psychologie française.
5
Nicolas, S. (2005). Wundt et la fondation en 1879 de son laboratoire. Histoire
documentaire de la création et du développement
de Leipzig. L'Année Psychologique,
105,133-170.
6
de l'Institut
de psychologie
expérimentale
Nicolas, S. (2000). L'introduction de l'enseignement de la psychologie scientifique en
France:
Théodule
285-331.
Ribot (1839-1916)
à la Sorbonne
6
(1885).
L'Année
Psychologique,
100,
C'est d'ailleurs cette histoire de la psychologie française? qui fait
plus spécifiquement l'objet de la seconde partie de l'ouvrage. L'objectif
de la publication du premier article8 était de présenter l'origine et le
développement de « L'Année Psychologique» (AP), la première revue de
psychologie scientifique française, afin d'établir un point de comparaison
avec les conditions de fondation d'autres revues étrangères en
psychologie datant de la même l'époque. Les noms de Théodule Ribot
(1839-1916), Henry Beaunis (1830-1921) et Alfred Binet (1857-1911)
sont intimement associés à la fondation de la revue. C'est Beaunis qui
proposa à Ribot la création du premier laboratoire français de psychologie
expérimentale (1889). Sous la direction de Beaunis, ce laboratoire fut
établi à la Sorbonne et rattaché à l'École Pratique des Hautes Études
(EPHE). En 1893, les travaux du laboratoire vont être publiés dans une
revue annuelle: les 'Travaux du Laboratoire de Psychologie Physiologique' (2 volumes: 1893-1894). Mais Binet, insatisfait de la forme de cette
publication créera, en accord de Beaunis, l'AP en 1894 afin d'augmenter
la visibilité de la recherche du laboratoire. Le premier tome de cette revue
annuelle fut publié en 1895 et contenait des articles originaux, des revues
générales et des analyses bibliographiques. Le second article9 avait été
écrit à l'origine pour commémorer le centenaire de la création du
laboratoire de psychologie et de linguistique expérimentales (1896-1996)
par Benjamin Bourdon (1860-1943), que l'on peut certainement
considérer comme le premier grand psychologue expérimentaliste
français (dans le sens moderne du mot). Ayant décidé d'effectuer un
séjour d'étude en Allemagne, il fut reçu au laboratoire de Wundt à
Leipzig en 1887 grâce à une lettre d'introduction de Ribot et assista aux
expériences qui se déroulaient à l'époque. De retour en France, il inaugura
le premier enseignement de psychologie expérimentale dans une
université de province (1891) comme chargé de cours. Il installera
quelques années plus tard un laboratoire de psychologie (1896) qui fut le
premier créé dans le cadre d'une Université française (Rennes). Le dernier
7
Pour un livre à ce sujet: Nicolas, S. (2002). Histoire de la psychologie française.
Press.
8 Nicolas, S., Segui, 1., & Ferrand L. (2000). Les premières revues de psychologie:
de « L'Année psychologique».
L'Année Psychologique,
100, 7l-IIO.
9
Paris: ln
la place
Nicolas, S. (1998). Benjamin Bourdon (1860-1943) : Fondateur du laboratoire de
psychologie
et de linguistique
Psychologique,
98, 271-293.
expérimentales
à l'Université
7
de Rennes
(1896).
L'Année
article JOde cette seconde partie présente l'évolution de l'enseignement de
la psychologie en France à travers le cas d'Alfred Binet (1857-1911), une
des plus grandes figures de la psychologie moderne. Le texte montre que
les candidatures de Binet au Collège de France puis à la Sorbonne en
1902 vont être repoussées par les philosophes en place qui vont favoriser
respectivement celles de Pierre Janet et de Georges Dumas. Ainsi le livre
se termine sur un épisode peu connu de l'histoire de la psychologie
française qui demanderait à être écrite en détailll.
Serge NICOLAS
Professeur en histoire de la psychologie et en psychologie expérimentale
Université Paris Descartes
Directeur de L'Année psychologique
Institut de psychologie
Laboratoire Psychologie et Neurosciences cognitives
CNRS - UMR 8189
71, avenue Edouard Vaillant
92774 Boulogne-Billancourt Cedex, France
10
Nicolas,
S. (2000). Alfred Binet et l'enseignement
supérieur.
Cahiers Alfred Binet, n° 662,
37-62.
Il
J'ai commencé à écrire cette histoire en soulignant d'abord l'origine philosophique de la
psychologie française: cf. Nicolas, S. (2007). Histoire de la philosophie en France:
Naissance de la psychologie spiritualiste. Paris: L'Harmattan. Si le temps et les
circonstances me le permettent, je poursuivrai cette œuvre qui me tient à cœur.
8
LES FONDATEURS
PSYCHOLOGIE
DE LA
SCIENTIFIQUE
G.T. FECHNER
SUR L'ORIGINE MÉTAPHYSIQUE DE LA
PSYCHOPHYSIQUE12
(1860)
Le nom de Gustav Theodor Fechner (1801-1887) (pour une
biographie: Kuntze, 1892 ; Lasswitz, 1896 ; Wundt, 1901 ; en langue
française cf. Nicolas, 2001b, 2001c) est connu de tous les psychologues
de profession puisqu'il a été considéré par les psychologues expérimentalistes et les premiers historiens de la psychologie comme une figure
importante en psychologie (Boring, 1957 ; Brett, 1921 ; Hall, 1912 ;
Murphy, 1949 ; Perry, 1926). Bien que ceci puisse être critiqué, ils
considèrent que l'acte de fondation de la psychologie expérimentale est
constitué par son fameux ouvrage en deux volumes intitulé Elemente der
Psychophysik où Fechner (1860) crut établir la formule exacte de la
relation entre la sensation (psychique) et l'excitation (physique) en se
fondant essentiellement sur les travaux antérieurs de son collègue et
compatriote Ernst Heinrich Weber. Cette loi psychophysique (externe),
dite loi de Fechner, postule que la sensation (S) varie comme le
logarithme de l'excitation (I) (S = K log I ; où K est une constante). Si
cette fameuse loi a été discutée et fortement critiquée sur ses bases
mathématiques, philosophiques et expérimentales au cours du XIX. siècle
12
Le texte de ce chapitre a d'abord été publié sous fonne d'article. Cf. Nicolas,
La fondation de la psychophysique
de Fechner: Des présupposés métaphysiques
scientifiques de Weber. L'Année Psychologique,
J02, 255-298.
S. (2002).
aux écrits
et jusqu'à ces dernières années (Murray, 1990, 1993 ; Nicolas, 2001a ;
Nicolas, Murray & Farahmand, 1997), il reste que l'œuvre de Fechner est
toujours d'actualité (cf., Krueger, 1989 ; Laming, 1997 ; Murray, 1993).
Malgré tout, ses travaux originaux dans ce domaine restent peu connus en
langue française (cf. cependant Dupéron, 2000 ; Foucault, 1901) et les
ouvrages historiques généraux actuels où l'on en parle contiennent très
souvent des informations fragmentaires, peu nombreuses et parfois même
erronées. Cette méconnaissance est due à plusieurs raisons.
Premièrement, ses articles et ses livres, tous écrits en allemand, datent de
plus d'un siècle et ne sont pas facilement accessibles aux lecteurs
potentiels. Deuxièmement, ceux qui ont présenté son œuvre
psychophysique n'ont pas assez souligné que la fondation de cette
nouvelle science dérive de questions métaphysiques importantes à
l'époque. Cet aspect de l'œuvre de Fechner est souvent occulté de manière
délibérée au profit d'une présentation plus "scientifique" de ses travaux
(Brozek & Gundlach, 1988 ; Gundlach, 1987).
L'objectif du présent article est de marquer le bicentenaire de la
naissance de Fechner en traitant minutieusement des circonstances qui ont
conduit à l'élaboration de son ouvrage fondamental de psychophysique
(Fechner, 1860), qui est encore cité comme une œuvre de référence en
psychologie. Nous soulignerons les fondements philosophiques et
scientifiques de ses travaux afin de mieux comprendre la base et la
signification de sa psychophysique.
1 - LES FONDEMENTS MÉTAPHYSIQUES
PSYCHOPHYSIQUE DE FECHNER
DE L'ŒUVRE
Le mot de psychophysique a été pris dans plusieurs sens au cours
de l'histoire de la psychologie. Dans son sens primitif, il désigne la
science nouvelle que Fechner a fondée. C'était dans son esprit, et
conformément à l'étymologie, "une science exacte des rapports de l'âme
et du corps" (Fechner, 1860, J, p. 7). En divisant le monde corporel en
deux parties, le monde corporel interne ou physiologique et le monde
corporel externe ou physique, Fechner (1860, J, p. 10) distinguera deux
parties dans la psychophysique : la psychophysique interne et la
psychophysique externe. La psychophysique interne a pour objet l'étude
des rapports de l'âme avec le corps auquel elle est directement attachée,
c'est-à-dire les rapports des phénomènes psychologiques avec les
12
phénomènes physiologiques. La psychophysique externe a pour objet
l'étude des rapports de l'âme avec le monde physique, c'est-à-dire les
rapports des phénomènes psychologiques avec les phénomènes
physiques. À ces deux types de psychophysique vont se rattacher des
questions de nature métaphysique. Même si elle a été rejetée par ses
contemporains et si elle est tombée dans l'oubli de nos jours (Scheerer,
1991), la psychophysique interne était pour Fechner une question de toute
première importance et sans elle, a-t-il écrit (Fechner, 1882, p. 262), la
psychophysique n'est qu'un "appendice insignifiant à la physiologie". Si
l'on veut célébrer l'œuvre psychophysique de Fechner (1860), il est
impossible d'oublier sa psychophysique interne qui est à l'origine de toute
sa psychologie. Seule la psychophysique externe est basée sur
l'observation et l'expérimentation (Fechner, 1860, I, p. Il), la psychophysique interne n'est qu'inférentielle. Si la véritable psycho physique est,
pour Fechner, la psychophysique interne cette question est directement
liée à ses conceptions philosophiques et métaphysiques (cf., Dupéron,
2000; Marshall, 1982; Séailles, 1925; Woodward, 1972).
La métaphysique et la psychophysique
"interne"
Il est en effet incontestable que toute la psychologie de Fechner
ne peut être séparée de ses conceptions métaphysiques qui constituent un
prélude à son œuvre psychophysique. Cette métaphysique prend ellemême sa source dans l'œuvre des philosophes de la nature en particulier
dans celle de Friedrich Wilhelm von Schelling (1775-1854) et de son
disciple Lorenz Oken (1779-1851). En mettant l'accent sur le rôle de
l'inconscient et sur la nécessité d'une approche historique de l'étude des
phénomènes, la philosophie de Schelling inspira diverses orientations en
psychologie au cours du XIX. siècle (cf., Ellenberger, 1970/1974 ; Leary,
1980). On peut même trouver dans cette philosophie l'origine du
développement des investigations psychophysiques. En effet, selon la
philosophie de l'identité de Schelling (1803), à la fois le sujet et l'objet (ou
l'esprit et la nature) sont deux aspects d'une même réalité absolue. L'esprit
interne et la nature externe sont identiques même si leurs apparences
semblent montrer le contraire. Ainsi appliqué à la psychologie, ce postulat
d'inspiration spinoziste fut traduit en une proposition selon laquelle la
nature de l'esprit se reflète dans la structure du cerveau et le type de
personnalité se reflète dans la structure du corps. Bien que Fechner ait
13
toujours nié l'influence directe de la théorie de l'identité de Schelling sur
sa propre pensée, il souligna que l'inspiration originale de son travail lui
était venue de son disciple Oken. Dès 1820, Fechner avait été influencé
par la lecture du Traité de Philosophie de la Nature de Oken (1811) qui
proposait, sur la base des principes issus de l'idéalisme de Fichte et de
Schelling, une synthèse métaphysique des connaissances scientifiques.
L'idée qui séduisit Fechner à la lecture de cet ouvrage fut la tentative de
l'auteur de construire une vision unifiée du monde en rassemblant les
connaissances positives de l'époque sur le monde vivant.
Fechner considérait le monde comme une hiérarchie d'unités de
conscience réparties en groupes de plus en plus vastes et compréhensifs.
Au sommet de l'échelle est l'unité consciente de l'esprit divin qui relie
entre elles toutes les consciences inférieures; au-dessous viennent les
corps célestes et la terre même qui ont une conscience propre dans
laquelle s'unissent les consciences de toutes les créatures qui vivent à leur
surface. L'âme humaine est elle-même composée d'atomes inétendus et
imperceptibles; elle n'est pas d'ailleurs substantiellement distincte du
corps: âme et corps sont deux aspects irréductibles d'une même réalité,
comme le sont le côté concave et le côté convexe d'une même
circonférence. On peut concevoir, dès lors, une théorie exacte des
rapports entre l'âme et le corps, et, d'une manière générale, entre le monde
physique et le monde psychique. S'il est impossible d'analyser en détail,
dans le cadre d'un article, l'œuvre philosophique de Fechner, nous
pouvons tout de même donner un aperçu de ses orientations
métaphysiques à travers la présentation rapide de ses deux œuvres les plus
significatives. Son véritable premier livre de métaphysique intitulé Nanna
oder über das Seelenleben der Pflanzen (Nanna ou l'âme des plantes)
(Fechner, 1848) fut un effort pour étendre la vie de l'âme au-delà des
limites qu'on lui assigne ordinairement, en descendant vers les êtres
inférieurs. Dans la légende scandinave, Nanna est la femme de Baldur, le
dieu du printemps. Quand Baldur tombe sous les coups de l'aveugle
HOdhur, elle meurt avec son époux. Le symbole est transparent: l'aveugle
H6dhur est l'être sans clarté, le sombre hiver, Nanna est la vie facile qui
ne peut survivre qu'à la lumière. Fechner a donné pour titre à son ouvrage
le nom de la déesse dans le but de montrer l'analogie de type
psychologique entre Nanna et le monde végétal qui s'épanouit au
printemps et s'éteint en hiver. L'objectif de Fechner "était de montrer que
dans une nature tout entière animée par l'âme divine, les plantes
14
participent individuellement à cette animation (Beseelung), de leur
attribuer une âme propre et d'expliquer psychiquement leur commerce
avec la lumière" (Fechner, 1848, trad. p. viii). Pour restituer la vie
intérieure des plantes, pour imaginer quelles obscures sensations les
traversent et les émeuvent, il part des analogies (méthode classique des
philosophes de la Nature) que leur structure autorise. L'animal a un
système nerveux qui recueille les excitations, les transmet, les centralise;
sa vie est, pour ainsi dire, centripète. À l'inverse les plantes épandent et
projettent leurs organes (tige, rameaux, branches et feuilles) vers le
dehors, elles se développent dans un sens centrifuge. Cette différence
n'est pas une raison pour leur refuser toute conscience. Bien sûr, il leur
manque le système nerveux, cet organe de concentration et d'unité de
l'être, mais leur conscience peut être d'un type différent et répondre à
l'originalité de leur structure organique. Si chez l'homme la vie viscérale
reste souvent en dehors de sa conscience, on peut supposer que la
conscience des plantes doit être intimement liée à la vie. La fonction de la
plante est de capter l'air et la lumière avec ses feuilles, de faire proliférer
ses cellules, etc. Ainsi, sensations et sentiments peuvent être attribués aux
plantes. Elles doivent souffrir quand l'eau, la lumière et l'air leur
manquent ou quand elles viennent à perdre un de leurs attributs. Elles
doivent éprouver du plaisir lors de la fécondation ou de la floraison. Elles
doivent enfin posséder ce sentiment esthétique que délivre la beauté de
leur parure comme chez le lys ou la rose. Ce premier ouvrage de
métaphysique va être suivi d'un second, d'une plus grande importance
(Fechner, 1851), Zend Avesta, oder über die Dinge des Himmels und des
Jenseits (Zend-Avesta ou les choses du ciel et de l'au-delà), mais
directement relié au premier.
La première page du Zend Avesta (Fechner, 1851) s'ouvre par
l'affirmation suivante: "J'ai antérieurement soutenu contre l'opinion
commune que les plantes ont une âme; je soutiens aujourd'hui qu'il en est
de même des astres, avec cette différence que la vie spirituelle des astres
est supérieure, celle des plantes inférieure à la nôtre" (Fechner, 1851, I,
trad. p. i). Mais pourquoi Fechner a-t-il choisi pour titre de son livre Zend
Avesta. Il s'explique ainsi: "Zend Avesta veut dire: parole de vie, je
voudrais que ce livre fût une parole à la vie, une parole qui fit la nature
vivante. Son véritable objet est de faire passer la doctrine des créatures
célestes, auxquelles l'homme est subordonné, du domaine de la fable et de
la représentation indéterminée dans celui de la réalité concrète"
15
(Fechner, 1851, 1. J, trad. p. vii). L'idée que la nature tout entière est
animée d'une vie divine, que les astres sont des esprits supérieurs, des
dieux, n'a rien de nouveau; elle résume la doctrine des peuples primitifs.
Le but que se propose Fechner n'est rien moins que de rendre une valeur à
cette conception, en s'appuyant sur une méthode qui se veut objective. Le
livre comprend deux parties; Les choses du ciel (die Dinge des himmels)
- les choses de l'au-delà (die Dinge des Jenseits). La première expose la
doctrine des êtres célestes, des dieux, dont la hiérarchie élève jusqu'à
l'Être Suprême; la seconde expose la doctrine de la vie future, qui se
rattache étroitement à la première. Dans cet ouvrage, Fechner tente de
concilier les méthodes objectives de la science et les spéculations
philosophiques en élaborant une métaphysique qui se réfère à
l'expérience. "Ma méthode repose sur l'observation des phénomènes, et
cela en un double sens, d'abord elle laisse les spéculations a priori, pour
s'appuyer sur l'observation des choses de la nature telles qu'en fait elles
se présentent;
en second lieu, elle prend pour point de départ les
phénomènes matériels et leurs relations, pour montrer, il est vrai, dans
ces relations et dans leur ordre, l'expression d'une nature spirituelle"
(Fechner, 1851, J, trad. p. vi). C'est à partir des faits de la vie individuelle
que l'on comprendra le fonctionnement de l'âme qui elle-même nous
amènera vers Dieu. En effet, Fechner ne prétend pas descendre de Dieu
vers le monde, mais au contraire creuser les degrés qui peuvent nous
élever vers lui. Il se propose d'établir que le monde est un être vivant
ayant un esprit en s'appuyant sur la méthode inductive et l'analogie.
"Généraliser par l'induction et l'analogie, embrasser rationnellement les
vérités générales ainsi obtenues, telles sont, à mon avis, les seules
méthodes théoriques qui, aussi bien dans le domaine de la réalité
spirituelle que dans celui de la réalité matérielle, peuvent conduire à des
principes qui se tiennent logiquement et qui peuvent dans l'expérience
trouver des applications fécondes" (Fechner, 1851, J, trad. p. xv). Dans
ses spéculations sur la vie des astres, Fechner reste fidèle à l'esprit
scientifique. Il n'est pas question ici d'analyser en détail cet ouvrage qui
d'ailleurs ne se laisse pas facilement résumer par quelques formules
abstraites. Il est plus important pour notre propos de le voir comme un
résumé de sa philosophie et un prélude à l'œuvre psychophysique.
Fechner ne part pas d'idées a priori, d'une hypothèse préconçue sur l'âme
universelle, il emploie les procédés d'induction et d'analogie. Pour établir
la vie des astres, il commence par étudier, selon sa méthode analogique, le
16
seul astre que nous connaissons vraiment: la Terre. La Terre est un vivant ; tout vivant se compose d'un corps et d'une âme, dont les
phénomènes se déroulent selon un rigoureux parallélisme psychophysique. Voilà exprimée son hypothèse fondamentale du parallélisme.
Le corps de la terre comprend tous les éléments qui la composent et qui y
vivent. La Terre n'est pas faite d'éléments juxtaposés, indépendants les
uns des autres; toute la matière qui la compose, comme celle de notre
corps, forme un tout dont les parties sont constamment en interaction. La
terre suit une évolution qui n'est pas sans analogie avec celle que suit
notre propre corps. En effet, les phénomènes circulaires et périodiques de
notre propre organisme ne sont que des rythmes secondaires compris dans
le grand rythme des processus de la vie planétaire. S'il existe des
analogies entre la terre et nos corps, on trouve aussi des différences qui
dérivent du fait que la terre est le corps dont nous ne sommes que les
organes. Ainsi, la terre est plus puissante, plus durable, de plus haute
valeur que l'homme, elle est plus riche dans ses phénomènes (cycles plus
vastes, etc.) et dans ses rapports. Dans Nanna, Fechner a étendu la vie de
l'âme au-delà des limites qu'on lui assigne ordinairement, en descendant
vers les êtres inférieurs; dans le Zend Avesta, il reprend le même thème,
mais dans une direction contraire, en montant vers les êtres supérieurs,
vers les êtres célestes, et d'abord vers la terre, dont la grande âme
enveloppe les âmes de toutes ses créatures. L'âme de la terre, comme son
corps, diffère qualitativement de l'âme humaine. Elle est composée de
l'ensemble des âmes (humaines et non humaines) qui l'habitent, et ainsi
nous sommes enveloppés dans une même âme, l'âme de la terre, comprise
elle-même dans l'âme divine. L'âme de la terre contient donc nos propres
âmes et les connaît du dedans. Entre l'homme et la terre s'établit une
incessante et nécessaire collaboration. L'homme n'est pas seulement un
organe de réception sensorielle; il ne fournit pas seulement à la terre les
matériaux, il les élabore de façon à ce que la terre les mette à profit.
Comme notre corps s'oppose à d'autres corps semblables, le corps de la
terre s'oppose aux autres corps célestes qui tout à la fois lui ressemblent et
s'en distinguent. Fechner montre que le corps de la terre présente avec le
nôtre des analogies qui permettent de conclure qu'il est un organisme
individuel, et des différences qui, par la supériorité même de cet
organisme, attestent la supériorité de l'âme qui l'anime. C'est dans un écrit
ultérieur (Fechner, 1879), auquel se référera William James (1909), que
17
Fechner offrira au public sa version panpsychique définitive du monde
(cf., Woodward, 1972).
Lorsque Fechner présente le contenu de son ouvrage Zend
Avesta, il écrit ceci: "À l'arrière plan de tout cet écrit, se trouve une vue
sur les rapports de l'âme et du corps qui, poussée dans ses conséquences,
peut prendre une valeur philosophique universelle et paraît propre à
concilier les conceptions contradictoires que la philosophie se fait du
monde" (Fechner, 1851, J, trad. p. xii). Sa conception philosophique est
celle du parallélisme psycho-physique (Dupéron, 2000) qui fut le point de
départ de toute son œuvre psychologique. Dans ses éléments de
psychophysique, Fechner (1860) fait œuvre de science pure, mais dans les
préliminaires il expose encore le principe de métaphysique qui l'a conduit
à ses recherches et dont elles apportent, pour lui, la preuve, à savoir que
l'opposition entre le corps et l'esprit ne vient que d'une différence de point
de vue. Les formules du monisme que Fechner a présentées sont
empruntées telles quelles à Leibniz. "Figurez-vous, disait Leibniz, deux
horloges ou deux montres qui s'accordent parfaitement. Or, cela peut se
faire de trois façons. La première consiste dans l'influence mutuelle d'une
horloge sur l'autre; la seconde dans le soin d'un homme qui y prend
garde; la troisième dans leur propre exactitude. La première façon, qui
est celle de l'influence, a été expérimentée par feu M Huyghens à son
grand étonnement (le phénomène découvert par Huyghens était celui de
la résonance)... La seconde manière de faire toujours accorder deux
horloges bien que mauvaises, pourra être d'y faire toujours prendre
garde par un habile ouvrier, qui les mette d'accord à tous moments: et
c'est ce que j'appelle la voie de l'assistance. Enfin, la troisième manière
sera de faire d'abord ces deux pendules avec tant d'art et de justesse,
qu'on se puisse assurer de leur accord dans la suite; et c'est la voie du
consentement préétabli. Mettez maintenant l'âme et le corps à la place de
ces deux horloges. Leur accord ou sympathie arrivera aussi par une de
ces trois façons..." (Leibniz, 1994, Lettre de 1696 au Journal des
Savants). Reste, selon Fechner (1860, J, trad. p. 4), que "Leibniz a oublié
un autre moyen, le plus simple de tous. Il se pourrait aussi que les deux
horloges donnent la même heure, et néanmoins ne divergent jamais,
parce qu'elles ne sont pas deux horloges différentes. Dans ces conditions
onfait l'économie du support commun, de l'ajustementmutuelpermanent,
de l'artificialité du montage initial. Ce qui apparaît à l'observateur
extérieur comme une horloge organique, avec un fonctionnement et un
18
mouvement fait de rouages et de leviers organiques (ou plutôt comme sa
partie la plus importante et la plus essentielle) apparaît à l'horloge ellemême d'une manière bien différente, comme son propre esprit, animé de
sentiments, de désirs et de pensées. Il ny a aucun affront à considérer ici
une horloge comme un homme". Spinoza (1632-1677), dans son
"Éthique", avait déjà recouru à un stratagème analogue pour se tirer du
dualisme cartésien. La pensée et l'étendue, disait-il, quoique irréductibles
en apparence, reviennent au même dans le fond, n'étant que deux attributs
de la Substance unique, laquelle d'ailleurs en a une infinité, mais ne nous
présente que ceux-là. Le parallélisme métaphysique porte parfois le nom
de Néo-Spinozisme. Fechner a reconnu ouvertement le patronage de
Spinoza (cf. Fechner, 1851, t. 2, p. 155), dont le monisme a joui d'une
vogue extraordinaire au tournant du XX. siècle. Dans l'exemple cité cidessus, nos deux horloges s'accordent perpétuellement parce que, à la
vérité, elles n'en forment qu'une seule. Cette horloge est matière pour
l'observateur qui la voit du dehors. "Vue du dedans", elle se manifeste à
elle-même comme esprit. Donc ce qui du point de vue intérieur paraît être
l'esprit, l'esprit de l'individu lui-même, du point de vue extérieur, paraît le
substratum corporel de cet esprit. C'est que pour Fechner, il est tout
différent de penser avec un cerveau ou de considérer le cerveau de l'être
pensant. Ce parallélisme peut être universel, il implique alors le
panpsychisme dont Fechner a revêtu sa métaphysique. Pour Fechner, ce
parallélisme idéaliste se recommande à la fois au point de vue scientifique
et au point de vue philosophique. La multiplicité des êtres de l'univers
s'unifie dans le sein de l'Être absolu, la vraie substance, qui est l'âme du
monde. C'est de cette hypothèse du parallélisme qu'est partie toute la
psychophysique de Fechner.
L'intérêt de Fechner pour la psychophysique vint relativement
tardivement dans sa vie. Il avait 59 ans quand les deux volumes de ses
Elemente der Psychophysik (Éléments de Psychophysique) furent publiés
(Fechner, 1860). On a cependant souvent écrit de manière erronée avec
Stevens (1960, 1961, 1975) et Piéron (1960) que la formule logarithmique
qui lie la sensation au stimulus (psychophysique externe) avait été
découverte dès 1850. Mais dans le second volume de cet ouvrage, il nous
dit plutôt que c'est l'idée de la relation entre l'activité mentale et son
corrélat physique ou physiologique qui lui est venue dans son lit le matin
du 22 octobre 1850 (Fechner, 1860, II, p. 554). Comme le note Scheerer
(1987), c'est bien de la psychophysique interne dont Fechner parlait, c'est19
à-dire la relation entre le monde corporel interne et le monde mental, et
non pas de la psychophysique externe comme l'ont écrit Stevens (1975, p.
7) et beaucoup d'autres par la suite. En 1850, la question de la
psychophysique externe n'était pas encore explicitement formulée même
si, comme il le dit lui-même, la formule fondamentale et la loi
logarithmique étaient là, "comme si elles flottaient librement dans l'air"
(Fechner, 1860, II, p. 556). Les principales idées sur la psychophysique
interne dérivées de son rêve du 22 octobre 1850 furent tout d'abord
exprimées dans le "Zend Avesta" (Fechner, 1851) écrit dix ans avant la
parution des "Éléments de psychophysique" (Fechner, 1860).
En effet, on ignore trop souvent, bien que cela ait été souligné
par quelques auteurs (cf. Ellenberger, 1970/1974; Scheerer, 1991), que Ie
premier exposé de la psychophysique (interne) se trouve dans son grand
traité de métaphysique Zend Avesta (Fechner, 1851) où est exposée l'une
des thèses fondamentales du système fechnérien : l'hypothèse du
parallélisme psychophysique. "Je désire appeler particulièrement
l'attention des psychologues et des physiologistes, qui sont en même
temps mathématiciens, sur un nouveau principe de psychologie
mathématique, que je rattache à cette vue fondamentale
(du
parallélisme), en appliquant la méthode mathématique à l'ensemble des
rapports de l'âme et du corps. Il y a là une vue qui me paraît féconde,
bien qu'elle demande des preuves et des recherches nouvelles. Telle que
je l'ai exposée, elle peut être examinée et critiquée en elle-même,
indépendamment du contenu de cet ouvrage" (Fechner, 1851, I, trad. p.
xiii). C'est dans la seconde annexe du deuxième volume de son "Zend
Avesta" que Fechner (1851, II, pp. 373-386) examine ce qu'il nommera
plus tard la psychophysique interne considérée comme la science des
relations entre l'âme et le corps. Dans cette annexe, on trouve l'idée selon
laquelle les processus neuronaux opèrent selon le principe d'oscillation
(modèle ondulatoire). Comme Herbart et son école, il affirme que la
psychologie mathématique est possible mais qu'elle doit être fondée sur
l'observation des phénomènes physiques. Comme il existe une
interdépendance des phénomènes physiques et psychiques, il est possible
d'en écrire l'équation. Les formulations logarithmiques que l'on trouve
dans cette annexe concernent la psychophysique interne et ne sont pas
encore dérivées de la loi de Weber mais sont plutôt basées sur diverses
observations montrant que les intensités mentales s'accroissent à un
rythme plus lent que les intensités physiques correspondantes. Il souligne
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