N° 2014-04
Avril 2014
sommaire
P.2-3 FOCUS
-Aucune employée de
maison n’est illégale
P.4 GENEVE
-P.Pierre Onel Feliatus
P.5 ANNONCE
-Mort et enfance à
Montbrillant
P.6-7 GENEVE
-Fondation Caritas in
Veritate, rencontre
avec Mathias Nebel
P.8 ANNONCE
-Le Christ aux prises avec
notre humanité
P.9-10 GENEVE
-Mgr Morerod à
Champ-Dollon
-Caritas collecte du 11 mai
P.11 COURRIER LECTEURS
P.12-13 CES
Lettre pastorale de Carême
P.14-15 GENEVE
Appel décisif
P.16-17-18 EN BREF
P.19 MGR FARINE
P. 20 AGENDA
Le Courrier pastoral
Une publication de l’ECR
Vicariat Episcopal
13, rue des Granges
1204 Genève Tél. 022 319 43 47
silvana.bassetti@cath-ge.ch
Edito
J’avais tout faux
Je ne savais pas que le chemin vers le baptême était si long et si beau
pour un adulte. Samedi 8 mars, j’ai eu l’opportunité de participer à la
célébration de l’Appel décisif au cours de laquelle 56 adultes de tout le
Diocèse ont été accueillis par l’Église et ont confirmé leur engagement à
recevoir le baptême (p.14-15). Aux antipodes d’une décision précipitée,
leur choix de suivre le Christ dans l’Église est l’aboutissement d’un exi-
geant travail de discernement.
J’étais informée du constant déclin du pourcentage de la population en
Suisse qui déclare une appartenance religieuse. De 1970 à 2012, la part
de la population résidente de 15 ans et plus «sans confession» est en
effet passée de 1,2 % à 21,4 %, avec une progression de 10,2 points de-
puis 20001. Et aujourd’hui, dans le canton de Genève, l’Église catholique
romaine et les personnes sans appartenance religieuse arrivent en tête
avec des parts respectives de 36,7 % et 35,1 %1 . C’est ainsi que le Père
Pierre Onel Feliatus (p.4) constate dans son vécu auprès des jeunes
«qu’il n’est pas toujours facile d’afficher sa propre religiosité dans le
monde global que nous vivons».
J’en concluais donc que l’Église n’allait pas «faire la fine bouche» et sur-
tout qu’elle n’allait pas démotiver les personnes venant frapper à sa por-
te pour demander le baptême en leur annonçant un long chemin à par-
courir au préalable. Mais j’avais tout faux. Certes l’Église les accueille,
mais elle ne brade pas ses sacrements pour faire du chiffre. Les catéchu-
mènes doivent «endurer» deux-trois ans d’initiation à la vie chrétienne
avant d’accéder aux sacrements du baptême, de l’eucharistie et de la
confirmation. Un défi, une aventure, avec au bout une victoire, non pas
contre quelqu’un ou quelque chose, mais plutôt contre... courant.
Dans ce numéro, nous avons aussi le plaisir de vous présenter la Fonda-
tion Caritas in Veritate, active dans la Genève internationale auprès du
nonce apostolique (p. 6-7), mais également les raisons de l’engagement
des Églises dans la campagne «Aucune employée de maison n’est illéga-
le» (p.2-3) et les réponses de Mgr Morerod à nos questions après sa visi-
te pastorale à la prison de Champ-Dollon (p.9).
Bonne lecture et joyeuses Pâques!
Silvana Bassetti
1 Office fédéral de statistique Relevé structurel 2012 - Depuis 2000, la part des catholiques
romains et des réformés évangéliques a légèrement diminué (respectivement de 4,1points et de
7,0points), à l’inverse de celle des musulmans (+ 1,3point). La part des communautés juives a
très légèrement augmenté (+ 0,1), celle des personnes sans confession a progressé de 10,2
points.
2
Économie domestique, l’Église a son mot à dire
«À l’égard des travailleurs en provenance d’autres pays ou d’autres régions qui apportent leur concours
à la croissance économique d’un peuple ou d’une province, on se gardera soigneusement de toute espè-
ce de discrimination en matière de rémunération ou de condition de travail. De plus, tous les membres
de la société, en particulier les pouvoirs publics, doivent les traiter comme des personnes et non comme
des simples instruments de production, et faciliter la présence auprès d’eux de leur famille.» 1
À Genève…
Plus de 7’000 employées de maison 2 (appelées
également «sans papiers»), travaillent à Genève
sans avoir d’autorisation de séjour elles lavent,
nettoient, repassent, cuisinent, prennent soin de
nos enfants et s’occupent des personnes âgées,
malades et/ou dépendantes. Grâce à leur travail,
de nombreuses personnes peuvent continuer à
vivre à leur domicile et de nombreux parents par-
viennent à mieux concilier vie professionnelle et
vie familiale.
Dans ce secteur économique, le travail des Suisses
et des personnes migrantes ayant un permis ne
parvient pas à combler l’ensemble des besoins des
ménages privés. Alors, ce sont des personnes pro-
venant principalement d’Amérique latine et des
Philippines qui effectuent ce travail. Comme ces
migrantes sont de nationalité extra-européenne, la
législation suisse ne leur permet pas d’obtenir des
permis de séjour. À Genève, on estime que plus de
la moitié des personnes qui travaillent dans ce sec-
teur n’ont pas d’autorisation de séjour.
Conscient de la situation injuste et inacceptable
vécue par les em-
ployées de maison et
des importants be-
soins économiques et
sociaux du canton, le
gouvernement gene-
vois avait, en 2005,
demandé à la Berne
fédérale une régulari-
sation en faveur des
employées de mai-
son. Cette requête est
restée lettre morte.
Ainsi, la majorité des
travailleuses/eurs
d’un secteur écono-
mique continuent d’être privé-e-s de droits so-
ciaux importants. Nos autorités fédérales condam-
nent ces femmes migrantes à vivre dans l’insécuri-
té, la précarité permanente et les exposent à des
situations d’exploitation grave et d’abus en tout
genre.
Aujourd’hui, la Suisse, et Genève en particulier,
ont un besoin croissant d’employées de maison. Le
vieillissement de la population, l’activité profes-
sionnelle des deux parents, l’insuffisance des in-
frastructures publiques (notamment les crèches et
les établissements médico-sociaux), les différentes
formes de flexibilité exigées dans le monde du tra-
vail, ainsi que l’inégale répartition du travail do-
mestique entre les hommes et les femmes en sont
les principaux facteurs. Ces femmes migrantes
sans statut légal effectuent un travail utile et indis-
pensable, dans des conditions de vie et de travail
qui ne sont pas dignes de la Suisse et d’une ville
comme Genève, siège de nombreuses organisa-
tions internationales.
A cela s’ajoute, l’incongruité de la situation. En ef-
fet, le secteur de l’économie domestique fonction-
ne en grande partie grâce aux employées de mai-
Genève
3
son sans autorisation de séjour, alors que ces mi-
grantes peuvent être condamnées pour séjour illi-
cite. Par ailleurs, des ménages privés qui sont cor-
rects avec les employées de maison (respect du
droit du travail et déclaration des salaires aux as-
surances sociales) se font eux aussi sanctionner
pour employer des personnes sans autorisation de
séjour. Cette situation est totalement inadmissible
et en porte-à-faux avec la demande de régularisa-
tion déposée en 2005.
La campagne «Aucune employée de maison n’est
illégale» a demandé le 13 mars dernier aux autori-
tés genevoises de soutenir la pétition qui a été dé-
posée le 5 mars 2014 à Berne, revendiquant des
autorisations de séjour pour les travailleurs-euses
sans autorisation de séjour avec une attention par-
ticulière pour les employées de maison. Aussi de
réactiver la demande de régularisation en faveur
des employées de maison faite en 2005.
La parole de l’Église
La tradition chrétienne la Bible, les pères de l’É-
glise et l’enseignement social — a une parole clai-
re vis-à-vis des étrangers. L’Église souligne à plu-
sieurs reprises l’incohérence du droit internatio-
nal, qui reconnaît un droit à l’émigration, sans rien
dire du droit à l’immigration.
Les églises suisses s’engagent à défendre la dignité
de ces personnes qui en laissant leurs pays se re-
trouvent dans une situation d’extrême vulnérabili-
té tout en contribuant au bien-être de la société
helvétique.
Jean-Paul II affirmait: «L’Église est le lieu où les
immigrés en situation illégale eux aussi sont recon-
nus et accueillis comme des frères». Il ajoutait: «Le
premier service que les chrétiens sont invités à
rendre à ces personnes est de les aider à obtenir la
régularisation de leur situation… Pour le chrétien,
l’accueil et la solidarité envers l’étranger ne consti-
tuent pas seulement un devoir humain d’hospitali-
té, mais une exigence précise qui découle de la
fidélité même à l’enseignement du Christ.» 3
Texte collectif
(1) Gaudium et spes, 66
(2) Nous utilisons la forme féminine, car plus de 90 % des
personnes travaillant dans ce secteur sont des femmes, les
hommes employés de maison sont inclus dans cette expres-
sion.
(3) Message du Pape Jean Paul II, Journée mondiale des Mi-
grants, 1996
Photos p.2 Brunella Colombelli p. 3 Ines Calstas
Genève
Apocalypse - signe des
temps : avec
Mgr Morerod, samedi 12 avril
De15h à 18h à L’ESPACE CULTUREL
FRANÇOIS DE SALES , 30, rue de Candolle.
Dans le cycle de conférences et de films
proposés par l’Espace culturel François
de Sales pour l’année 2014-2015 sur le
thème de l’Apocalypse :
Mgr. Charles MOREROD, notre évêque, et
le Pasteur Vincent SCHMID, de la Cathé-
drale Saint Pierre, donneront une confé-
rence à deux voix, suivie d’un débat
avec le public sur le thème
APOCALYPSE- SIGNES DES TEMPS :
DU DESESPOIR A L’ESPERANCE.
4
N
euvième de onze enfants, P.Pierre Onel
Feliatius parle d’une enfance où il était
tout à fait normal d’aller à la messe
avec les parents. «Nous y étions obli-
gés», se souvient-il. Mais l’obligation est vite de-
venue une sorte d’élan. «Je me suis engagé com-
me enfant de chœur et je me suis occupé de la
pastorale des jeunes. Avec joie. Cela a influencé
mon choix de sacerdoce. J’ai connu les Pères scala-
briniens à Port-au-Prince en 2000 et un an après
j’ai commencé mon parcours de formation» .
Un engagement auprès des jeunes
Il connaissait déjà Genève. «En 2010, alors que j’é-
tudiais à Rome, j’avais été appelé auprès de la
communauté multiculturelle de Genève pour tra-
vailler avec les jeunes». «Et aujourd’hui encore je
m’occupe de l’animation de la pastorale des jeu-
nes de l’Unité pastorale multiculturelle des com-
munautés de langue italienne, espagnole et portu-
gaise. Dans la Mission catholique italienne, j’ac-
compagne particulièrement les jeunes adultes (25-
35 ans) et les adolescents». Père Feliatus apprécie
les échanges avec les jeunes. «Ce n’est pas tou-
jours facile d’afficher sa propre religiosité dans le
monde global que nous vivons. Voir ces jeunes di-
re tout haut “je suis catholique” me donne beau-
coup d’enthousiasme. Ils ont une très grande liber-
té», témoigne-t-il. «Leur expérience de foi
est forte. Parfois, je me suis dit que j’ai beaucoup
de travail à faire pour être comme eux. Je prie aus-
si pour qu’ils puissent voir en moi quelqu’un en qui
ils peuvent trouver le Seigneur», confie-t-il.
Le 9 février 2014, une mauvaise surprise
Le «oui» du peuple suisse à l’initiative de l’Union
démocratique du centre (UDC) «Contre l’immigra-
tion de masse» a surpris le jeune prêtre haïtien.
«Je ne connais pas bien la réalité migratoire de la
Suisse - prévient-il - mais j’ai ressenti une certai-
ne préoccupation pour le résultat de la votation
auprès de certaines personnes, surtout des per-
sonnes dans des situations précaires. Personnelle-
ment, je ne pense pas que s’opposer à la migration
de masse soit une solution dans un monde global
comme celui où nous vivons aujourd’hui. Je pense
qu’il faut un esprit d’ouverture».
Genève, un contexte pas toujours facile
Les paroissiens de la mission italienne l’ont beau-
coup aidé à s’intégrer, mais le contexte genevois
est très différent de celui de Haïti. « Là-bas lorsque
nous organisons une activité pastorale les gens se
déplacent. Ici c’est différent. Les personnes ne
viennent pas toujours. C’est à nous d’aller vers
eux et cela peut être complexe», explique-t-il. Pè-
re Feliatus a donc choisi une attitude d’ouvertu-
re. «Avec les personnes que je rencontre, j’essaye
de signaler ma totale disponibilité à les accompa-
gner. Aussi je cherche à trouver en eux les valeurs
chrétiennes qui peuvent les aider à grandir dans la
foi». (Sba)
BIO EXPRESS
29 juillet 1978 -Naissance à Marmelade (Haïti)
1999- Études à l’Université en Science Humaine à l’Universi-
té de Port-au-Prince. (Haïti)
Août 2001 - Entrée au séminaire - études philosophiques au
Grand séminaire de Notre Dame de Cazeau (Haïti)
Nov.2005 à Nov.2006 - Noviciat et vœux temporaires à Haïti
2007-2010 - Études théologiques à Rome à l’Université Pon-
tificale de Saint Jean de Latran
2010 - Stage pastoral à Genève
2010-2013 Maîtrise en Pastorale de la mobilité humaine-
Université Pontificale Urbanienne de Rome
20 nov.2011 -Vœux perpétuels à Rome
6 janv. 2013 - Ordonné Diacre à Rome
21 juil.. 2013- Ordonné prêtre à Port-au-Prince (Haïti
Oct. 2013 -Arrivée à Genève
Genève
Père Pierre Onel Feliatus
«Ici c'est à nous d'aller vers les personnes»
"Je viens d'un Pays où les personnes viennent vers nous. Ici c'est à nous d'aller vers les
personnes. C'est très différent". Ordonné prêtre l’été dernier, Père Pierre Onel Feliatus
est né en Haïti d'une famille catholique et nombreuse. Il se préparait à partir au Brésil.
Mais c’est à Genève qu’il a été appelé. «C’est pendant les vacances que j’ai été informé
que j’étais destiné à Genève», nous a-t-il dit .
UNITE PASTORALE MULTICULTURELLE Elle comprend les
missions de langue italienne, espagnole et portugaise. Elle
a été constituée en 2008 par Mgr Bernard Genoud pour
unir dans une seule réalité pastorale les trois communautés
guidées par les Missionnaires Scalabriniens.
5
Annonces
Mort et enfance
Spectacle, débat et conférence à Montbrillant
Des événements tragiques, comme la mort d’un enfant, d’une maman, d’un papa, ont touché ces
derniers mois le quartier Cropettes-Trembley-Genêts. Ces événements soulèvent des questions exis-
tentielles dans les classes d’école et dans les familles qui vont au-delà de la région. La mort est une
réalité dont il est difficile de parler. C’est la raison pour laquelle, les églises catholique et protestante
proposent trois rencontres pour parler de la mort sous le titre « Dis, c’est quoi la mort ? ».
Lundi 7 avril à 20h.
Table ronde : La mort à travers les religions
Avec Sylvie Dunant, pasteure, aumônerie HUG protestante ; Abbé Giovanni Fognini, aumônerie HUG
catholique ; Omar Seck, aumônerie HUG musulmane ; Vénérable Tawalama Dhammika, moine boudd-
histe ; Rabbin François Garaï.
Modération: Jean Claude Basset, pasteur.
Jeudi 10 avril de 16h30 à 17h30.
Parlotte des Théopopettes : « La mort, c’est pour longtemps ? »
Spectacle de marionnettes pour enfants et adultes, discussion et goûter.
Théo et Popette sont deux marionnettes espiègles qui discutent à propos de tout et de rien. Ce jour, ils
se posent des questions sur un sujet très particulier : la mort. Mais peut-être que les enfants en ont
aussi ? Ils pourront parlotter avec Théo et Popette, discuter avec Madame Florence, et prendre un
grand goûter !
www.theopopettes.ch
Mardi 29 avril à 19h30
Conférence : « Dis, c’est quoi la mort ? Comment parler de la mort aux enfants »
Conférence d’Alix Noble-Burnand, conteuse, formatrice d'adultes et thanatologue.
www.alixraconte.ch
Informations pratiques
Lieu : Maison de paroisse de Montbrillant, Rue Baulacre 14, 1202 Genève.
Prix : Entrée libre, chapeau à la sortie. Pas de réservations.
Contact : Katharina Vollmer Mateus, 022 734 65 56, kat[email protected]
Organisation : Eglise protestante de Genève, Eglise catholique de Genève.
Avec ou sans papiers, l'étranger est une personne.
La dignité de chaque personne ne se discute pas, elle se respecte.
Notre silence le crie.
Cercle de silence à Genève
samedi 12 avril de 12h à 13h
devant l’Eglise du Sacré-Cœur (Plaine de Plainpalais)
RESERVEZ LA DATE DU DIMANCHE 31 MAI 2015
pour une Journée d’Église placée sous le thème de la Joie
Inauguration du Chemin de Joie et 75e anniversaire de Mgr Farine
à suivre...
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