Du temps pour l’investigation
Sur la droite du site internet, couleur rouge vermillon et au “cœur battant de l’actualité” pour slogan, le fil
d’information en continu donne l’actualité immédiate 24H/24. “C’est la seule rubrique consultable
gratuitement”, précise le directeur de la publication. “Le reste du site se construit autour du cheminement de
l’information, très important pour nous.”
La “Newsroom” propose des articles sur l’actualité du jour avec des angles approfondis et particuliers. “En clair”
offre des décryptages sur les grandes questions d’actualité. “Grand angle” rassemble les enquêtes au long
cours réalisées par les journalistes de l’unité d’investigation. On y trouve, par exemple, un dossier sur la
question “extrêmement sensible” du Sahara occidental. “L’objectif était de décrire la situation aujourd’hui, avec
des données et des cartes précises, au-delà du bruit de la propagande officielle de Rabat et d’Alger qui bien
souvent ne correspond pas à la réalité.” Autres articles d’investigation à découvrir sur le Desk : un reportage
sur la migration des Marocains aux Balkans, l’implication du Maroc dans le conflit au Yémen, etc. “Nous tenions
tous à réhabiliter un genre en désuétude qui est l’investigation.” Enfin, une rubrique “désintox” passant au
crible les rumeurs, hoax et fausses informations, ainsi qu’une section “data” traitant l’actualité par les données,
complètent l’arborescence du journal. “Pour l’instant, l’équipe du Desk se compose d’une bonne vingtaine de
personnes : moitié journalistes, ¼ technique (designers, graphistes, développeurs, etc.) et ¼ administration et
commercial”, détaille le directeur du journal.
Une censure double
Fabriqué pendant deux ans, réfléchi depuis bien plus longtemps, le Desk vient “d’une intuition et d’une
nécessité”, explique Ali Amar quand on l’interroge sur la genèse du projet. La maturité du secteur des télécoms
et la modernité du système bancaire font que les Marocains consomment de plus en plus sur les sites
marchands en ligne. “Nous avons donc décidé de surfer sur cet alignement de planètes et d’être le poisson-
pilote, voire peut-être même les cobayes d’une expérience qui, si elle réussit, pourrait pousser d’autres
confrères à s’engouffrer dans la brèche.” “Nécessité” car la censure existe encore au Maroc, poursuit le
journaliste. “La confrontation avec le pouvoir persiste et la publicité est très souvent utilisée comme une arme
d’abattage contre la presse.” Face à ces pressions, seul le modèle payant permet de résister. Depuis son
lancement, le site a enregistré plus de 500 souscriptions d’abonnement. Deux possibilités existent pour
s’abonner : l’utilisation de la carte de crédit ou d’un compte PayPal. L’offre annuelle s’élève à 480 dirhams
(environ 45 euros), alors que l’offre mensuelle à 60 DH (environ 5 euros). “Le prix d’un McDo à Casablanca”,
compare, malicieusement, Ali Amar.
N. R.